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Question écrite concernant Le nombre de jeunes qui finissent aux urgences à cause de l’abus d’alcool

de
Bianca Debaets
à
Elke Van den Brandt et Alain Maron, membres du Collège réuni en charge de l'action sociale et de la santé (question n°30)

 
Date de réception: 10/12/2019 Date de publication: 17/12/2019
Législature: 19/24 Session: 19/20 Date de réponse: 04/02/2020
 
Date Intitulé de l'acte de Référence page
12/12/2019 Recevable p.m.
 
Question    Il ressort de récentes statistiques de l’Agence intermutualiste (AIM) que, chaque jour, 6 jeunes Belges en moyenne (de 12 à 17 ans) finissent à l’hôpital suite à un abus d’alcool. Leur nombre a certes légèrement baissé en 2018 (2.234) par rapport à 2017 (2.334), mais il reste très élevé – jusqu’à trois fois plus élevé qu’aux Pays-Bas. Dans 116 cas, il s’agissait en outre de jeunes âgés de 12 à 13 ans, ce qui constitue une évolution alarmante.

Selon des experts, les personnes qui commencent à boire jeunes risquent également davantage de développer ultérieurement une assuétude. L’abus d’alcool peut en outre provoquer des lésions cérébrales permanentes, une cirrhose du foie, des maladies cardiovasculaires et différentes formes de cancer.

D’après l’AIM, la prévention et la réglementation devraient aider à lutter contre l’abus d’alcool chez les jeunes. La limite d’âge pour pouvoir acheter de l’alcool pourrait être relevée à 18 ans, comme c’est déjà le cas actuellement dans la majorité des pays de l’UE. De son côté, la sensibilisation a également un rôle important indéniable à jouer.

Je voudrais dès lors vous poser les questions suivantes :

- Disposez-vous des statistiques spécifiques à Bruxelles au sujet de l’abus d’alcool chez les jeunes ? Combien d’admissions aux urgences des hôpitaux bruxellois sont-elles dues à l’abus d’alcool chez les jeunes de 12 à 17 ans ? Pouvez-vous ventiler ces chiffres par âge et par sexe ? Dans combien de ces cas ne s’agit-il pas d’une première hospitalisation d’urgence pour abus d’alcool ? Les hôpitaux ont-ils constaté une augmentation de ces chiffres ces dernières années ?
- Quelle politique menez-vous afin de lutter contre l’abus d’alcool chez les jeunes ? Ciblez-vous spécifiquement les jeunes avec les campagnes de sensibilisation en la matière, ou faites-vous également appel à la responsabilité des parents ? Quels moyens prévoyez-vous à cette fin ? Collaborez-vous aussi activement avec les autres Communautés et le fédéral afin de pouvoir lutter efficacement contre ce problème ?
- Envisagez-vous de faire suivre les jeunes admis aux urgences pour abus d’alcool afin d’éviter de telles situations à l’avenir ? Dans l’affirmative, quel calendrier et quels moyens prévoyez-vous à cette fin ?
 
 
Réponse    1) Disposez-vous de statistiques bruxelloises spécifiques concernant l'abus d'alcool chez les jeunes ? Combien d'admissions aux urgences des hôpitaux bruxellois sont liées à l'abus d'alcool chez les 12-17 ans ? Pouvez-vous ventiler ces chiffres par âge ? Pouvez-vous ventiler ces chiffres par sexe ? Dans combien de cas ne s'agit-il pas d'une première admission d'urgence pour cause d'abus d'alcool ? Les hôpitaux ont-ils constaté une augmentation de ces chiffres ces dernières années ?
L’étude de l’Agence intermutualiste (AIM) fournit des données pour la Belgique mais aussi par province et, pour Bruxelles, au niveau régional. En 2018, 133 admissions de personnes âgées de 12 à 17 ans pour intoxication alcoolique ont été enregistrées à Bruxelles, soit l’équivalent de 18 admissions pour 10.000 habitants. A titre de comparaison, le nombre d’admissions pour 10.000 habitants dans la même tranche d’âge dans chaque province se présente comme suit :

Anvers : 28

Namur : 37

Hainaut : 41

Flandre orientale : 29

Limbourg : 24

Brabant flamand : 22

Liège :32

Brabant wallon : 27

Luxembourg : 46

Flandre occidentale : 37



D’autres données issues du Résumé hospitalier minimum (RHM) existent mais les plus récentes datent de 2014. Au cours de cette année, on a enregistré 15 admissions pour intoxication alcoolique de patients bruxellois de 12 à 17 ans aux urgences, suivies d’une hospitalisation d’au moins une nuitée. Etant donné que les admissions non suivies d’une hospitalisation ne sont pas enregistrées, il s’agit d’une sous-estimation. Les données de l’AIM, plus récentes, sont par conséquent plus précises pour rendre compte des admissions pour intoxication alcoolique.

En ce qui concerne l’évolution dans le temps, les données de l’AIM relatives aux jeunes de 12 à 17 ans pour Bruxelles sont relativement stables même si l’on constate une légère augmentation ces deux dernières années en nombres absolus (voir tableau ci-dessous). Entre 2008 et 2018, le nombre d’admissions a varié de 16 à 23 pour 10.000 habitants. Les années présentant les nombres les plus élevés sont 2009 et 2010.

Année N/10.000 habitants N absolu 2008 18 119 2009 21 137 2010 23 151 2011 19 132 2012 18 125 2013 17 122 2014 17 123 2015 16 116 2016 15 108 2017 17 130 2018 18 133

L’étude de l’AIM révèle également qu’au niveau belge, la consommation abusive d’alcool s’observe davantage parmi les jeunes bénéficiant de l’intervention majorée, ce qui indique l’existence d’inégalités sociales déterminant ce phénomène. Par contre, l’étude montre peu de différences selon le genre.
2) Quelle est votre politique pour lutter contre l'abus d'alcool chez les jeunes ? Ciblez-vous les campagnes de sensibilisation spécifiquement sur les jeunes, ou incluez-vous également la responsabilité des parents dans ce domaine ? Quels moyens prévoyez-vous pour y parvenir ? Coopérez-vous aussi activement avec les autres communautés et les autorités fédérales afin de pouvoir lutter vigoureusement contre ce problème ?
Les campagnes de prévention et de promotion de la santé au sujet des drogues légales et illégales étant soutenues par les entités mono-communautaires compétentes, il convient d’éviter la prolifération des initiatives sur le même sujet.


A titre d’exemple, un site d’information et d’accompagnement en ligne est soutenu du côté francophone par la Cocof et la Région wallonne (aide-alcool.be) et du côté néerlandophone par la Communauté flamande (alcoholhulp.be). Il constitue un outil intéressant pour toute personne souhaitant évaluer sa consommation ou désireuse d’obtenir une aide en ligne dans l’anonymat.

La Cocof soutient plusieurs programmes de réduction des risques en matière d’alcool chez les jeunes, notamment :
- le groupe porteur « jeunes, alcool et société » coordonné par l’asbl Univers santé, qui élabore des outils pédagogiques pour les jeunes et leur entourage ;
- le projet « Drink different » mis en œuvre par l’asbl Modus vivendi, qui vise l’ancrage d’actions de réduction des risques en milieu étudiant (universités et Hautes écoles) en collaboration avec les cercles étudiants et les autorités académiques.


D’autres asbl abordent la consommation de drogues légales et illégales selon une approche globale, en milieu scolaire et extra-scolaire (Infor-drogues et Prospective Jeunesse notamment).

La Communauté flamande soutient plusieurs initiatives dans ce domaine, mises en œuvre notamment par le Vlaams expertisecentrum alcohol en andere drugs (VAD – www.vad.be), le Centrum Algemeen Welzijn Brussel et le Lokaal Gezondheidsoverleg Brussel (logobrussel.be).


La concertation au sujet de cette problématique avec l’autorité fédérale et les autres entités fédérées prend place dans le cadre de la Cellule politique générale en matière de drogues et de la Conférence interministérielle santé publique. Au cours des deux législatures précédentes, les ministres de la santé (niveaux fédéral et entités fédérées) ainsi que d’autres ministres représentés au sein de la Cellule (premier ministre, ministre de l’économie, de la mobilité, etc.) ont tenté de trouver un accord concernant l’élaboration d’un « Plan alcool » dont l’objectif était la lutte contre les consommations abusives d’alcool. Selon les recommandations de l’OMS, un tel plan doit à la fois agir sur la réduction de la demande (en menant des actions de prévention, de dépistage et de soins) mais aussi sur le marketing, la publicité et la réduction de l’offre (en réduisant l’accès à l’alcool, notamment pour les jeunes). Aucun accord n’a pu être trouvé, principalement en raison de profondes divergences de vues entre ministres concernant les mesures de réduction de l’offre. Les principales mesures de ce volet étaient les suivantes : interdiction de la vente le long des autoroutes et dans les distributeurs automatiques, fixation d’un prix minimum, régulation plus stricte de la publicité, clarification de la loi interdisant la vente aux mineurs.


3) Envisagez-vous un suivi supplémentaire des jeunes qui se retrouvent dans les services d'urgence à cause de l'abus d'alcool afin d'éviter de telles situations à l'avenir ? Si oui, quel est votre planning et quels moyens envisagez-vous ?

Il n’y a actuellement pas de projet ou service chargé spécifiquement d’une orientation de ce public depuis les urgences vers des services spécialisés.

Dans le cadre de la réforme du secteur de la santé, il est prévu de mieux organiser le lien entre l’hôpital et la première ligne de soins. Il sera demandé que pour chaque passage à l’hôpital, si le patient l’autorise, une information soit envoyée à son médecin généraliste et s’il n’a pas de médecin généraliste de référence, il soi