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Question écrite concernant les personnes sans-abri et mise en oeuvre des décisions adoptées dans le contexte du Covid-19

de
Céline Fremault
à
Elke Van den Brandt et Alain Maron, membres du Collège réuni en charge de l'action sociale et de la santé (question n°93)

 
Date de réception: 02/04/2020 Date de publication: 19/05/2020
Législature: 19/24 Session: 19/20 Date de réponse: 18/05/2020
 
Date Intitulé de l'acte de Référence page
10/04/2020 Recevable p.m.
 
Question    Le Covid-19 a engendré une crise humaine et sanitaire qui frappe encore plus durement les plus démunis de notre société. Selon mes contacts avec différents acteurs de terrain, trouver un toit, un peu de nourriture et des soins médicaux et sanitaires primaires est devenu une gageure pour des centaines de sans-abris.

Dès lors, et dans mon souci constant de ne laisser personne de côté et certainement pas les plus faibles d’entre-nous, j’aimerais vous demander de faire un état des lieux des actions menées dans le cadre de la crise du Covid-19 pour le secteur du sans-abrisme en date du 6 avril 2020.

Dans la note aux membres du Gouvernement de la Région de Bruxelles-Capitale concernant les mesures compensatoires pour les secteurs bruxellois dits du « non-marchand » relevant des collèges de la Commission communautaire française et de la Commission communautaire commune, et la création de dotations spéciales permettant de subvenir aux besoins extraordinaires des opérateurs en conséquence de la crise du COVID-19, il est détaillé des mesures (1) de renforcement des acteurs existants et (2) de création de dispositifs de crise ainsi que (3) des mesures particulières pour les migrants.

En date du 6 avril, je souhaiterai donc vous poser des questions relatives à la mise en œuvre de ces mesures.


(1) Renforcement des acteurs existants

- La fourniture de produits et matériel de protection aÌ l'ensemble des opérateurs (gel hydro-alcoolique, désinfectant, lunettes, gants, tabliers, thermomètres) (50.000 euros) :

Des distributions ont-elles été effectuées ? Si oui quel type de matériel a été distribué, en quelle quantité, à quels opérateurs et selon quelle procédure ? Pouvez-vous également indiquer quelles sont les carences actuelles et où ?

- La mobilisation d’un lieu centraliseì pour y organiser douches et sanitaires (160.000 euros) :

Est-ce opérationnel ? Combien de personnes peuvent être accueillies ?

- Le renforcement de Bruss'help pour permettre la coordination de l'ensemble des acteurs Bruxellois (50.000 euros) :

Ce renforcement est-il effectif ? De quel type de renforcement s’agit-il ?

- Le renforcement des centres de jour (9 opérateurs) (200.000 euros) :
Des centres de jour ont-ils effectivement été renforcés ? Lesquels ? De quel type de renforcement s’agit-il ? Combien de bénéficiaires supplémentaires ce dispositif permet-il d’accueillir ?

- Le renforcement des maisons d'accueil (notamment transformation du 12h/24 en 24h/24) (250.000 euros) :

Des maisons d'accueil ont-elles effectivement été renforcées ? Lesquelles ? De quel type de renforcement s’agit-il ? Combien de bénéficiaires supplémentaires ce dispositif permet-il d’accueillir ?

- Le renforcement des maraudes et du travail de rue (4 opeìrateurs) (150.000 euros) :

De quels opérateurs s’agit-il ? Ont-ils effectivement été renforcés ? De quel type de renforcement s’agit-il ? Combien de bénéficiaires supplémentaires ce dispositif permet-il d’aider ?

- Le renforcement du New Samusocial et centres d'accueil d'urgence (Centre Ariane et Pierre d'Angle) pour assurer la capaciteì d'accueil de base - 3 opeìrateurs (500.000 euros) :

Ces opérateurs ont-ils effectivement été renforcés ? De quel type de renforcement s’agit-il ?


(2) Creìation de dispositifs de crise

- La création, en collaboration avec les 19 communes bruxelloises, de 400 places supplémentaires d'accueil de nuit (permettant notamment de pallier la diminution de capaciteì de certains centres vu les aménagements en vue de la seìparation des suspects/contamineìs) (675.000 euros) :

Ces 400 places ont-elles été créées ? Si oui où sont-elles situées ?

- La creìation d'une capaciteì de 150 places d'accueil pour personnes sans abri diagnostiqueìes covid (700.000 euros) :

Ces 150 places ont-elles été créées ? Si oui où sont-elles situées ?

- La creìation d'une capaciteì de 165 places d'accueil pour personnes sans-abri diagnostiqueìes covid (900.000 euros) :

Ces 165 places ont-elles été créées ? Si oui où sont-elles situées ?

- La mise en place d’un service mobile d'intervention (120.000 euros) :

Ce service a-t-il été créé ? Combien de personnes a-t-il déjà mené vers des hôpitaux et combien vers des centres d’accueil ?


(3) Migrants

- Augmentation de la capaciteì d'accueil des migrants en transit de 120 places (300.000 euros pour 3 mois) :

Cette augmentation est-elle effective ? Si oui, où ces places supplémentaires sont-elles situées ?

- Eìlargissement de l'accueil aÌ la porte d'Ulysse 24/24 h : (7.000 euros pour 2 ETP par mois personnel d'entretien, 15.000 euros achat forfaitaire matériel d'infection, 47.000 euros par mois pour repas de midi pour 325 personnes pendant 30 jours) (210.000 euros pour 3 mois) :

Cet élargissement est-il effectif ?
 
 
Réponse    L’ensemble des mesures à destination du secteur de l’aide aux personnes sans abri et personnes migrantes (prévues par la note aux membres du Gouvernement de la Région de Bruxelles-Capitale concernant les mesures compensatoires pour les secteurs bruxellois dits du « non-marchand » relevant des collèges de la Commission communautaire française et de la Commission communautaire commune, et la création de dotations spéciales permettant de subvenir aux besoins extraordinaires des opérateurs en conséquence de la crise du COVID-19) ont en effet été mises en œuvre.

Concernant le fourniture de produits et matériel de protection : Iriscare centralise l’achat de l’ensemble du matériel, notamment à destination des opérateurs de l’aide aux personnes sans abri. La liste des masques distribués est tenue à jour et accessible sur le site d’iriscare. (https://www.iriscare.brussels/fr/professionnels/covid-19-coronavirus/plus-dinformations/). Pour la distribution auprès des opérateurs de l’aide aux personnes sans abri, Bruss’help se charge de la distribution.

Concernant la mobilisation d’un lieu centralisé pour y organiser douches et sanitaires : ce lieu, organisé à l’auberge de jeunesse Jacques Brel est opérationnel depuis le 10 avril 2020. Les personnes sans-abri et les personnes en extrême précarité peuvent y prendre une douche, un repas, y faire une lessive et profiter d’un espace de repos avec des lits dans un espace safe. Sous l’impulsion de Bruss’help, ce sont 5 acteurs qui y coordonnent leurs forces vives : Rolling Douche, Bulle, La Source et le Centre Athéna Centrum. La coordination et la gestion de ce centre sont assurées par Médecins du Monde.

Ce dispositif accueille un public « bas seuil », c’est-à dire éloigné ou en difficulté d'accès aux services sociaux, il accueille une moyenne de 100 personnes par jour. Le public est assez mixte : tant des hommes que des femmes (familles moins saillantes), des belges (30%), ressortissants UE (40%) et migrants extra-européen (30%).

Concernant le renforcement de Bruss’help : le volume et la qualité du travail accompli par Bruss’help en cette période de crise est remarquable. Bruss’help assure en effet la coordination pour l'ensemble des fonctions (déploiement des dispositifs, screening des sites, matériel, lignes directrices, orientation, etc.). Actuellement 12 personnes travaillent pour Bruss'help dont deux dispatchers. Un montant de renforcement a été réservé pour couvrir les coûts qui ne pourraient être couverts par la dotation dont dispose Bruss’help pour l’année 2020.

Concernant le renforcement des centres de jour, celui-ci est effectif par le biais d’une prolongation, jusqu’au 30/6/2020 de la subvention du dispositif hivernal 86.400.

Concernant le renforcement des maisons d’accueil, celui-ci est bien effectif, à l’instar des deux centres d’hébergement d’urgence. Ces institutions bénéficient d’un budget supplémentaire pour la période du 11 mars au 30 juin 2020 consistant en une augmentation de 25% des frais de fonctionnement  visant à couvrir le remplacement des travailleurs, dès leur 1er jour d’absence pour maladie et l’ensemble des frais exceptionnels liés aux adaptations nécessaires permettant de respecter les mesures de distanciation sociale ou la mise en œuvre d’un éventuel isolement. L’octroi de ce budget supplémentaire permet aux services de procéder à de nouvelles admissions, tenant compte des mesures sanitaires.

Le renforcement des maraudes et du travail de rue s’opérationnalise par le biais :

- De la mise en place d’un service mobile d'intervention (incluant du personnel médical et actif en journée et soirée) organisé par le New Samusocial et permettant d’assurer le transport sécurisé vers l’hôpital ou les places d’accueil destinées aux personnes diagnostiquées covid. Une maraude sanitaire venant au contact des personnes éloignées des centres d'aide et en rue est également organisée.


- De l’intervention de Diogenes et Infirmiers de Rue dans l’accompagnement psychosocial des personnes dans les capacités hôtelières créées

Concernant les dispositifs permettant d’accueillir les personnes sans abri diagnostiquées covid, 269 places ont été créées dans 3 lieux (sur les sites de Tour et taxis, rue du petit rempart et dans un hôtel situé sur le territoire de la ville de Bruxelles).

Concernant les dispositifs de crise : les capacités déployées dans les hôtels, auberges et dans les locaux mis à disposition par le parlement européen  est à ce jour de 820 places réparties dans 11 lieux.

Enfin, concernant la capacité d’accueil des personnes dites migrantes en transit : avant la crise, la capacité d’accueil des personnes dites transmigrantes était de 350 places, à la Porte d’Ulysse (en complément de nombreuses initiatives d’accueil assurées par des citoyens). En étroite collaboration avec le Ministre Président Rudi Vervoort, les mesures de protection et de distanciation ont amené à la création de 200 places supplémentaires dans deux hôtels, partiellement financées par le fédéral. L’accueil à la porte d’Ulysse s’est en outre transformé en un accueil 24h/24 pour éviter que les personnes n’aient à se déplacer dans la ville en journée.