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Question écrite concernant le soutien accordé aux organisations d’aide aux personnes durant la crise du coronavirus.

de
Bianca Debaets
à
Elke Van den Brandt et Alain Maron, membres du Collège réuni en charge de l'action sociale et de la santé (question n°94)

 
Date de réception: 08/04/2020 Date de publication: 25/05/2020
Législature: 19/24 Session: 19/20 Date de réponse: 20/05/2020
 
Date Intitulé de l'acte de Référence page
10/04/2020 Recevable p.m.
 
Question    Les mesures prises par le gouvernement fédéral sont nécessaires, équitables et consensuelles. La restriction drastique des contacts physiques interpersonnels est le seul moyen de freiner la propagation du virus. L'effet secondaire préjudiciable est toutefois que les personnes confinées souffrent plus rapidement de troubles psychosociaux ou que les problèmes à la maison sont amplifiés. Des sentiments d’anxiété, de solitude, de stress, de dépression,... émergent plus rapidement.

Ces troubles sont déjà perceptibles dans la population en bonne santé, mais la situation devient encore plus précaire quand on examine certains groupes cibles. Les personnes qui ont problèmes psychologiques ou sociaux ont plus de difficultés aujourd'hui. En plus de l’éventuel problème de santé mentale, les prestataires de soins doivent en l’occurrence également tenir compte du risque d'infection.

Des chiffres français ont également révélé que dans les villes en confinement, les plaintes pour violences domestiques ont augmenté de façon alarmante ; à Paris par exemple, elles ont augmenté de plus de 35%. En soi ce problème est déjà plus répandu dans les ménages socio-économiquement vulnérables et la violence domestique affecte souvent les femmes et les enfants. Les conditions d'un confinement (
lockdown) augmentent les risques de violence domestique et de maltraitance à l’égard des enfants.

Je voudrais dès lors vous poser les questions suivantes :

- Quelles mesures prenez-vous afin de sensibiliser aux risques psychosociaux qui vont de pair avec le confinement ? Quand ces actions seront-elles déployées et sur quoi mettront-elles l’accent ? Promouvra-t-on des initiatives telles que l’app Quarantinechat ?

- Plus le confinement se prolongera, plus le nombre de plaintes augmentera. Quels moyens sont-ils dégagés afin de limiter à un minimum les plaintes afférentes au bien-être psychologique ? La Cocom se concerte-t-elle avec les Communautés et le fédéral afin de proposer une offre rationalisée et de conclure des accords de communication à ce sujet ?

- Les membres du Collège compétents ont-ils donné instruction de suivre les chiffres concernant le nombre de demandes introduites, en particulier durant la période de confinement dans le cadre de la crise du coronavirus ?

- Des mesures spécifiques ont-elles été prises afin d’assurer le suivi du parcours d’accompagnement des personnes traitées pour des problèmes psychosociaux et le suivi des cas de violences intrafamiliales signalés ? De quels suivi et accompagnement adaptés les patients actuels bénéficient-ils durant la crise actuelle ?

- Les personnes les plus vulnérables de la société (comme les SDF et les sans-abri, mais aussi les demandeurs d'asile, les personnes âgées, les personnes porteuses d’un handicap mental ou physique,…) risquent de devenir les victimes invisibles de la crise du coronavirus. Quelles mesures sont-elles prises afin de faciliter la présence physique là où le besoin est le plus grand, tout en respectant les règles d'hygiène et de distanciation sociale ?

- Les Bruxellois les plus vulnérables, en premier lieu les personnes en situation de pauvreté et/ou d'isolement, souffrent souvent d’un retard numérique. Vous concertez-vous avec le ministre de la numérisation afin de trouver une solution pour les ménages défavorisés qui pourraient tirer profit d'une assistance numérique mais qui n'ont actuellement pas accès à un ordinateur et/ou à Internet ?
 
 
Réponse    L’entièreté des initiatives prisent afin de pallier aux problématiques que vous mentionnez sont reprises sur le site coronavirus.brussels à la rubrique ‘services à votre écoute en cas de violence, problème psychique…’.

Plusieurs lignes d’écoute et de soutien psy ont été créés (toutes reprises sur le site coronavirus.brussels) : pour les professionnels de la santé et du social, pour les particuliers, les proches et les familles, certaines sont généralistes d’autres pour des violences ou des troubles spécifiques et deux d’entre elles sont destinées aux ados et/ou aux jeunes adultes : Allô ! Pédopsy (HUDERF) et Psycampus, spécialisé dans le suivi des jeunes adultes.

Les services de santé mentale ont assuré la continuité des soins depuis le début de la crise principalement par téléphone et nous avons soutenu la création d’une ligne téléphonique de soutien et d’écoute psychologique, coordonné par la LBFSM, afin d’offrir un soutien supplémentaire à la population en soirée et durant weekend. L’appui proposé permet d’éclaircir ou résoudre une situation compliquée, orienter vers le service compétent ou simplement écouter les personnes pour qui les mesures de confinement ou les conséquences de l’épidémie sont plus difficiles à gérer. Des équipes pluridisciplinaires des services de santé mentale bruxellois sont présentes au bout du fil. Elles sont composées de psychologues, médecins psychiatres et pédopsychiatres, logopèdes, travailleurs sociaux.

Nous n’avons pas créé d’« app Quarantinechat » mais par ailleurs nous avons renforcé les services de télé-accueil qui travaillent et assurent un suivi, parmi d’autres dispositifs, par chat. Ce dispositif a été davantage sollicité depuis le début de la crise.

En ce qui concerne les violences conjugales, étant donné la volonté d’offrir à toute personne confrontée à une situation de violence entre partenaires, une écoute et une orientation adéquate vingt-quatre heures sur vingt-quatre, tous les jours de l’année, une convention de collaboration entre « Ecoute Violences Conjugales » et la Fédération des centres de Télé-Accueil permet de donner suite aux appels chaque jour ouvrable entre 19 heures et 9 heures, ainsi que durant les 24 heures de chaque jour du week-end et de chaque jour férié.

Pour ce qui concerne les personnes âgées, en plus du numéro d’écoute d’Infor Home qui est bien connu de tous, un numéro d’écoute psychologique a été lancé. Le Service de Santé Mentale de l’ULB, a mobilisé ses psychologues afin d’offrir une écoute spécifique aux résidents des MR-MRS. Toutes les MR-MRS ont été informées de la création de ce numéro.

Enfin, et plus largement, nous avons également lancé un numéro vert « urgence sociale » le 30 mars 2020, avec la collaboration active de la Fédération des Services Sociaux (FdSS). Ce numéro fonctionne 7 jours sur 7. Ce sont des assistants sociaux des Centres d’Aide aux Personnes et des Centres d’Action Sociale Globale qui répondent aux appels dans les deux langues nationales. Chaque semaine, la FdSS nous fait un rapport détaillé de la nature des appels, des demandes et des difficultés.

Nous enregistrons en moyenne 40 appels par jour, autant d’hommes que de femmes dont les problématiques les plus fréquentes sont :

- Les problèmes liés au logement
- Les problèmes liés à la perte de revenu (activités moindre, retard dans les paiements de revenus de remplacement, sachant que l’économie souterraine est elle aussi à l’arrêt)
- L’aide alimentaire

Globalement, le travail des assistants sociaux dans ce cadre consiste à :

- Apporter une écoute
- Donner de l’information
- Mais aussi et surtout réorienter vers les services compétents pour une prise en charge complète, en fonction de la problématique décrite durant l’entretien.