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Question écrite concernant La situation relative à la crise du COVID-19 dans le secteur des services actifs en matière de toxicomanie.

de
Gladys Kazadi
à
Elke Van den Brandt et Alain Maron, membres du Collège réuni en charge de l'action sociale et de la santé (question n°98)

 
Date de réception: 02/04/2020 Date de publication: 19/05/2020
Législature: 19/24 Session: 19/20 Date de réponse: 18/05/2020
 
Date Intitulé de l'acte de Référence page
10/04/2020 Recevable p.m.
 
Question    Il est évident que la situation actuelle est gravissime sur le plan sanitaire. Elle est d’autant plus grave qu’elle a de lourdes conséquences humaines et sociales qui touchent tous les Bruxellois. Dans ce contexte, les services d’aide aux usagers de drogues continuent à se mobiliser afin de participer à l’effort de ralentissement de la propagation du Covid-19. D’autant plus que les usagers de drogues et d’alcool sont plus à risques que les autres de développer les complications du virus.

C’est dans ce cadre que je vous soumets, en date du lundi 6 avril 2020, les questions suivantes :

- Qu’avez-vous mis en place pour accompagner au mieux le secteur face à la crise sanitaire du COVID-19 et pour assurer la continuité des services ainsi que la protection des usagers et des travailleurs ? Des circulaires/instructions particulières ont-elles été transmises au secteur depuis le début de la crise mi-mars ?

- Dans quelle mesure la continuité des services a-t-elle pu être assurée ?
Connaissez-vous le taux d’absentéisme ?

- Savez-vous si les mesures de confinement ont eu pour conséquence d’augmenter les demandes auprès des services ? Dans l’affirmative, les services ont-ils été en capacité de répondre à ces nouvelles demandes ?

- Les centres d’hébergement sont-ils toujours ouverts ? Dans l’affirmative, comment fonctionnent-ils ? Combien de personnes sont actuellement hébergées ? Combien par chambre ? Des chambres restent-elles disponibles ? Toutes les précautions sont-elles prises pour les usagers et le personnel ?
Dans l’affirmative encore, au sein de ces centres, combien de cas COVID-19 ont été enregistrés ? Combien sont suspectés ?

- Comment identifier parmi ce public fragilisé ceux qui ont le coronavirus et ceux qui ne l’ont pas ? Le secteur a-t-il reçu des tests ?

- Qu’en est-il maintien du lien social et du suivi habituel, notamment pour les usagers atteints de pathologies lourdes ?

- Qu’en est-il du comptoir de réduction des risques ?

- Avez-vous distribué à ces travailleurs de première ligne du matériel de protection ? Quand ? Quel type de matériel a été distribué et en quelle quantité ?

- Quels sont les contacts que votre cabinet et l’administration entretiennent avec le secteur ? Selon quelle fréquence ?
 
 
Réponse    1.
Des instructions ont été transmises aux secteurs afin d’assurer la continuité des soins en tenant compte du contexte sanitaire lié à la crise.

Des circulaires et des FAQ ont été transmises aux services et sont toutes reprises sur le site d’Iriscare :
http://www.iriscare.brussels/fr/professionnels/covid-19-coronavirus/consignes-aux-services-agrees-et-subventionnes-par-la-cocom-cocof/ ainsi que sur le site coronavirus.brussels.

Ces informations ont été largement diffusées et notamment relayées par la fédération des services de toxicomanie et la PFCSM.


2.
Une partie du secteur à maintenue ses activités sur site et c’est à ce jour l’entièreté de celui-ci qui envisage de reprendre les
consultations peu à peu parce que les suivis par téléphone ne suffisent pas.

La FEDITO, en collaboration avec le Lama, la MASS, Infor-Drogues, le RAT, le réseau Hépatite C, Enaden, a créé une page Web spécifique (https://feditobxl.be/en/2020/03/covid-19-etat-des-lieux-des-services-daide-aux-usagers-de-drogues/):
Covid-19 : Informations à destination des médecins généralistes en relation avec des patients consommateurs de drogues, en complément de la HOTLINE « ASSUÉTUDES » (Info Drogues) d'appui aux professionnels santé bruxellois.

Ce sont des médecins expérimentés dans l'accompagnement des usagers de drogues qui offrent :

- un soutien et des conseils, en ligne, pour toutes questions relatives aux consommations de drogues et aux traitements ;

- une orientation, dans la mesure du possible, vers un lieu de consultation spécialisé (Traitement de Substitution aux Opiacés, benzodiazépines, neuroleptiques -lyrica-,...) Ce dispositif s’adresse aux médecins, infirmiers et professionnels de la santé de première ligne (dont les nouveaux lieux d'hébergement, confinement, hubs...)

En ce qui concerne les services :

- Infor Drogues, tout en poursuivant ses permanences téléphoniques avec le public, est l’acteur qui coordonne la Hotline « assuétudes » précitée et mise en mouvement depuis le jeudi 2 avril, en collaboration avec des médecins spécialistes et autres acteurs du secteur (Enaden, Pélican..) Maintien des consultations sur place en cas d’urgence depuis le début de la crise.

- Dune a poursuit ses activités. Par ailleurs ce service a été plus impacté par la crise en termes d’augmentation du volume de travail, et de part un taux d’absentéisme pour divers raison plus important. Cette équipe est touchée par le COVID-19 : deux travailleurs sont suspectés et en congé maladie, un troisième a perdu son père du COVID-19. La coordination du centre a organisé des roulements dans le personnel pour leur laisser des temps de repos.

- Ambulatoire Forest : a été sollicité par la prison de Forest pour organiser la réouverture des consultations au sein de la prison. Ces consultations ont donc repris après une période d’arrêt. La prison voulant éviter la multiplication des intervenants, les consultations assurées par les travailleurs d’Ambulatoire Forest sont ouvertes au tout venant, et non pas uniquement aux toxicomanes. Ambulatoire Forest assure également une permanence téléphonique pour tous les patients de la file active habituelle.

- Le Réseau Hépatite C ne pouvant plus intervenir à l’hôpital a du trouvé un accord avec ce dernier pour amener les traitements à domicile. Beaucoup de patients attendaient d’entrer en traitement avant le Covid 19 ; le service travaille actuellement à mettre en place les nouveaux traitements pour ces patients et essaye de soutenir ces derniers sur le plan psychologique.

- La Trace a cessé toutes ses activités de stages durant la période de confinement. L’équipe assure une permanence téléphonique de 9h30 à 17h. Les messages sur ce répondeur sont relevés plusieurs fois par semaine. L’équipe a aussi renforcé sa présence via la page facebook et via la messagerie msn. Elle continue les suivis par téléphone afin de s'assurer que le public soit entouré et conseillé, elle a réalisé quelques accompagnements urgents.

- Enaden : ce centre assure une permanence téléphonique de 10h00 à 17h00 avec trois travailleurs : social + médecin + accueil. Pour assurer la continuité des traitements : elle envoie les prescriptions par voie électronique vers les pharmacies plutôt que les patients et cela se passe bien. Les médecins et les Assistants sociaux continuent les consultations par téléphone, et le service appelle les usagers pour prendre des nouvelles. Les centres d’accueil de crise et de court séjour ont maintenu leurs activités.

- Interstices : l’équipe continu à faire beaucoup de domicile dans les familles suivies et constate une accentuation de la violence qu’il faut gérer. Les consultations au sein de l’espace Alizées sont maintenues moyennement quelques accommodements. L’équipe ne fait plus à manger (en temps normal, petite restauration) parce que ça incite les gens à rester mais donne des gaufres, sert du café, du thé et on autorise à remplir les bouteilles d’eau. En ce moment, la préoccupation : la recherche des petits pots de nourriture pour les bébés.

- Lama : les consultations par téléphone ont été instaurées : elles portent sur la prolongation des traitements de substitution, les contacts avec les pharmacies. En marge du travail clinique réalisé dans le cadre du traitement de substitution, les usagers ne vont pas bien pour des raisons médicales ou psy. Dans ces cas-là, ils sont relayés vers les spécialistes.

- Le Pélican : l’ensemble des consultations face à face du PÉLICAN ont été suspendues. Toutefois, l’équipe assure une écoute et/ou un soutien psychologique via un entretien téléphonique ou via des chats en ligne (e-permanence).

- L’Orée : les activités sur site ont été suspendues et a été mis en place un suivi téléphonique avec leur patientèle.

- Prospective Jeunesse :
la permanence téléphonique est maintenue du lundi au vendredi de 9:30 à 17:00. Les consultations psychologiques sont également maintenues à distance. Le psychologue est à disposition en soutien à d’autres équipes. Les bureaux sont fermés, toutes les formations et interventions sont reportées.

- Capiti :
des permanences téléphoniques sont organisées du lundi au vendredi de 9h à 17h, pour soutenir les patients en difficulté ; un retour dans la prison de Forest est organisé (Voir plus haut, cf. Ambulatoire Forest). Les consultations sur site pour les accompagnements psychologiques sont ouvertes.

- L’Equipe (Babel / La Pièce) (cette équipe n’a pu être contactée par téléphone ; répondeur) :
les activités des Centres de Jour et du Club sont interrompues. Une permanence téléphonique est assurée de 10 à 16 h. Babel est joignable par téléphone uniquement.

- Modus Vivendi / Modus Fiesta :
les bureaux de Modus Vivendi sont fermés. Une permanence téléphonique est assurée du lundi au vendredi de 9h à 17h au 02/644.22.00. Les permanences physiques de Modus Fiesta sont fermées mais une permanence virtuelle (https://www.facebook.com/modus.fiesta/) est possible durant les heures de permanence les lundis et mercredis de 16h à 20h et les vendredis de 18h à 22h. Nous proposons aussi des permanences téléphoniques aux mêmes heures au numéro suivant: 02/503.08.62. Pour les résultats d’analyses de produits psychotropes, il est toujours possible d’envoyer un mail. L’asbl poursuit également son travail de distribution de matériel d’échange de seringues et veille à diffuser les conseils de réduction des risques autour de la consommation de drogues pour les malades du Covid 19.

- R.A.T. 
assure une permanence téléphonique qui permet de poursuivre les suivis psycho-sociaux. Des consultations ont encore lieu dans les maisons médicales partenaires. Le Rat contacte aussi régulièrement ses usagers pour s’assurer qu’ils vont bien.

- MASS :
les activités ont été maintenues sur site et ont aussi été adaptées afin d’apporter un renfort au secteur bas seuil.

- CATS :
les activités ont été maintenues et les résidents ont continué à être pris en charge.


3.
D’une manière générale, on peut noter que les premières semaines de confinement ont demandé un effort d’adaptation énergivore comme dans de nombreux secteurs de l’aide et du soin et le taux d’absentéisme a légèrement augmenté sans pour autant mettre à mal les dispositifs en place à l’exception de deux équipes qui ont compté dans leur membre des personnes porteuses du virus, à notre connaissance et à ce jour.


4.
Oui et la nature de leur travail a changé. Ce dernier se fait davantage en rue et entre autre en partenariat avec les structures d’hébergement et le secteur du sans-abrisme. Il faut noter aussi qu’en cette période, tous les problèmes auxquels est confrontée la majeure partie des services en temps normal, sont rendus plus aigus par le confinement. C’est pour cette raison, afin de renforcer le secteur et en particulier pour les plus précaires, les plus affectés en cette période, un financement supplémentaire de plus de 400 000 euro (COCOF-COCOM) leur a été octroyé. Il a pour objectif de renforcer leurs initiatives d’
outreach, de RDR, de traitement de substitution et de travail d’appui à la première ligne ainsi qu’avec les structures d’hébergement.


5.
Globalement, la capacité d’accueil dans les 16 maisons d’accueil a dû être réduite de 11% (environ 75 lits) mais, à ce jour, de nouvelles admissions peuvent reprendre, notamment pour des personnes sortant des espaces de confinement pour personnes diagnostiquées COVID-19, une fois qu’elles ne sont plus contagieuses. Pour permettre aux Maisons d’accueil de faire face à l’ensemble des défis liés à la crise et leur permettre de poursuivre leur activité, le Collège de la COCOF a approuvé un arrêté octroyant une augmentation des subventions de fonctionnement de 25%. Ceci permet aux Maisons d’accueil de couvrir les frais relatifs au remplacement rapide du personnel malade en cas de taux d’absence important, les aménagements nécessaires pour permettre l’isolement des bénéficiaires malades, le matériel de protection et de désinfection, le personnel supplémentaire pour le nettoyage et la désinfection, le renforcement des présences du personnel les nuits et week-ends pour encadrer les bénéficiaires (...). La coordination de l’ensemble des dispositifs d’accueil de personnes sans abri sur le territoire bruxellois (en ce inclus les 750 places supplémentaires créées dans des hôtels et les 269 places accueillant en confinement les personnes diagnostiquées COVID-19 est assurée par Bruss’help qui garantit un monitoring régulier de l’ensemble des capacités disponibles et l’orientation des personnes vers les différentes dispositifs.

Concernant les cas suspectés ou avérés de covid-19 : les sites suivants ont été confrontés à des cas suspects : New Samusocial sites Botanique, Poincaré et Petit Rempart, Porte d'Ulysse, Foyer Bodegem et Foyer Georges Motte. Depuis le début de la crise, 185 personnes suspectes ont été orientées vers les capacités de confinement décrites supra. Les personnels infectés ont été principalement des travailleurs du New Samusocial. Concernant les chiffres exacts, via tests, nous n’avons pas encore assez de recul pour dénombrer les cas mais Bruss’help a recensé 20 d'hospitalisations depuis le début de la crise. La plupart des patients sont aujourd'hui sortis de la ligne hospitalière. Il s'agissait aussi bien de personnes dites migrantes en transit que de personnes sans-abri belges ou UE. Celles-ci provenaient majoritairement des centres du New Samusocial. A la sortie d'hospitalisation les personnes sont orientées via le dispatching conjoint du New Samusocial et de Bruss’help vers des hébergements au sein des Hôtels, des structures samusocial ou vers les maisons d'accueil. A ce jour, Bruss’help a recensé 4 décès, 3 en Hôpital et 1 en rue.

Concernant le testing, celui-ci a démarré le 27 avril, les tests sont réalisés prioritairement sur les sites au sein desquels de nombreux cas suspects ont été identifiés : les centres du New Samusocial, Poincaré, Petit rempart et au sein du poste médicalisé Croix Rouge. En une semaine, 400 tests ont été effectués auprès des usagers et du personnel symptomatique. Une circulaire définissant la stratégie et les modalités du testing pour l’ensemble des bénéficiaires et du personnel des structures d’accueil de personnes sans abri vient d’être diffusée par les Services du Collège Réunion ce 5 mai 2020. Nous aurons donc des chiffres dans les prochains jours.


6.
Au même titre que dans les autres structures résidentielles d’aide et de soin et conformément aux circulaires et FAQ mentionnées ci-dessus, les visites ont été suspendues en cette période de crise. Les structures ont redoublées d’effort afin de pallier à ces ruptures de liens temporaires.


7.
Le matériel est distribué tous les mercredis, en fonction des besoins connus par les services d’Iriscare et de la COCOM ainsi que les besoins exprimés via l’adresse mail prévue à cet effet, facility@iriscare.brussels. L’ensemble des structures du social et de la santé dépendant de la région ont reçu le matériel nécessaire à leur travail, soit via leurs fédérations, soit directement. Nous sommes en situation de pénurie pour différents types de matériel donc les services n’ont pas à leur disposition la quantité idéale pour un usage habituel, il y a cependant peu de situations de carence importante. Actuellement nous sommes également en mesure de distribuer du matériel fabriqué à Bruxelles, notamment des visières et des blouses réutilisables. Le matériel qui fait le plus défaut à l’heure où cette réponse est écrite (mais ça évolue très vite et souvent) sont les blouses, les gants, et les masques FFP2. La liste du matériel distribué, par secteurs, ainsi que celle du matériel commandé est disponible (ou le sera sous peu) sur le site d’Iriscare, et mise à jour chaque semaine suite à la distribution hebdomadaire.


8.
Nous sommes quotidiennement en contact avec le secteur, par téléphone, vidéo-conférence et via les fédérations concernées par ce dernier.