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Question écrite concernant les effets du Covid sur la pauvreté.

de
Véronique Jamoulle
à
Elke Van den Brandt et Alain Maron, membres du Collège réuni en charge de l'action sociale et de la santé (question n°261)

 
Date de réception: 02/11/2020 Date de publication: 14/01/2021
Législature: 19/24 Session: 20/21 Date de réponse: 09/12/2020
 
Date Intitulé de l'acte de Référence page
03/11/2020 Recevable p.m.
 
Question    La pandémie de Covid-19 va précipiter dans l'extrême pauvreté entre 88 et 115 millions de personnes supplémentaires dans le monde cette année, selon le dernier rapport de la Banque mondiale, qui souligne que de plus de en plus de citadins sont concernés.

En effet, la crise que nous traversons est « une bombe à retardement » selon les dires de nombreux CPAS.

Il semblerait que pour l’instant, la crise du coronavirus n’ait pas provoqué une hausse significative du nombre de bénéficiaires du revenu d’intégration sociale (RIS) mais on s’attendrait hélas à un effet à retardement. En Wallonie, la Fédération des CPAS évoque une hausse de 15 % d’ici 2022. Nous ne disposons pas de chiffres à ce stade pour notre région. À cette crise s’ajoute les fermetures récentes de firmes comme Wibra et Lunch Garden qui vont avoir des répercussions importantes. Il y aura aussi certainement un nouveau public qui sera obligé de se retourner vers les CPAS, qu’est le secteur de l’Horeca et de la Culture mais aussi les indépendants de façon générale.

Voici mes questions :

- Disposez-vous de données sur une éventuelle hausse du nombre de demande revenus d’intégration et de demande d’aides dans les CPAS ?

- La fédération bruxelloise du CPAS vous a-t-elle fait part de la situation actuelle en matière de pauvreté dans notre région ?

- Qu’en est-il des informations sur « un effet à retardement » comme le craignent les CPAS ?

- Hormis les aides financières allouées par le Gouvernement fédéral et régional, qu’est-il mis en place pour faire face à un afflux de demandes en termes d’outil, de personnel au sein des CPAS ?

- Finalement, ils existent toute une série de marqueurs et de signaux qui nous alertent sur l’augmentation de l’endettement en ce qui concerne les factures impayées au sein des organismes régionaux. Les CPAS fournissent un soutien notamment pour les factures d’eau, d’électricité ou encore de loyer. Vous avez également en charge les compétences en matière de l’eau et de l’énergie pour notre région.

- Disposez-vous d’information sur le nombre d’impayés via les CPAS en ce qui concerne Sibelga et à Vivaqua ?
 
 
Réponse    Il faut être prudent avec les données statistiques disponibles :
- d’une part parce qu’elles ne restituent qu’une image partielle. Les données statistiques ne comptabilisent que les personnes déjà bénéficiaires et les personnes nouvellement précarisées qui ont fait une demande qui a été acceptée. Mais toute une série de personnes n’osent pas aller au CPAS, refusent d’y aller, attendent de ne vraiment plus avoir d’autre choix ou ne parviennent pas à faire valoir leur droit. Une étude sur le non-recours aux droits sociaux, publiée par l’Observatoire de la Santé et du Social en 2017, a déjà montré et explicité les facteurs qui expliquent spécifiquement les raisons du non-recours au droit à l’aide sociale en Région bruxelloise. Ces facteurs sont aujourd’hui amplifiés par la crise sanitaire.
- d’autre part, ces données ne donnent qu’une « image indicative » des effets de la première vague et du premier confinement. Il n’y a pas de possibilité, au niveau régional, de disposer d’une image “en temps réel”. Les chiffres du RIS ainsi que le monitoring du SPP Intégration sociale (enquête mensuelle) seront récoltés chaque mois jusqu’en décembre.

Néanmoins, les données disponibles du SPP Intégration sociale entre les mois de janvier et juin inclus montrent que oui, il y a bien une hausse significative : du nombre de demandes du revenu d’intégration de demandes d’aide sociale dans les CPAS de la Région bruxelloise depuis le mois de mars.

Concernant le nombre absolu de Bruxellois.es avec un revenu d’intégration sociale (SANS les ERIS), il est passé, entre février et juin en Région bruxelloise de 41.430 à 42.984 (soit environ 1550 personnes en plus).

Par rapport aux années précédentes, le taux de croissance du RIS a lui aussi augmenté de + 3,8% (contre -0,5% en 2018 et -0,7% en 2019 à la même période de l’année). Il s’agit donc d’une hausse anormale en comparaison avec la baisse enregistrée pour les deux années précédentes entre février et juin.

Il faudra attendre le début de l’année 2021, afin d’avoir des données statistiques complètes de l’année 2020. Ces données d’enquête actualisées du SPP IS offriront une image plus complète et plus fiable de l’impact de la première vague et du 1er confinement (ainsi que des impacts de cette 2de vague/2ème confinement) sur l’appauvrissement des Bruxellois.

Le Bureau du Plan a fait une étude sur la base de l’étude du Monitoring du SPP IS, et constate une augmentation prévisible de 10% au minimum allant vers les mêmes proportions d’augmentation qu’en 2008 après la crise financière. Il est possible que l’augmentation soit supérieure. Cette probabilité se voit renforcée par le fait que nous vivons une seconde vague et un second confinement qui auront également des effets de précarisation et de diminution du revenu des Bruxellois.


Par rapport à votre deuxième question, la Fédération des CPAS bruxellois a fait part de quelques constats relatifs à la situation à la mi-juillet, lors d’un entretien avec l’Observatoire de la Santé et du Social sur les effets sociaux de la 1ère vague et du 1er confinement. Ceci, dans le cadre de la phase exploratoire d’une future recherche de la FWB sur l’impact social de la crise sanitaire.

La Fédération a fait part de certaines difficultés d’accès dans plusieurs CPAS (lors du 1er confinement) mais a insisté sur la globale continuité des services des 19 CPAS pour les usagers déjà connus ainsi que pour les nouvelles demandes.

Les aides fédérales et régionales ont permis d’aider concrètement les personnes en pouvoir d’achat, en aides diverses dont notamment l’aide alimentaire lors de la 1ère vague et du 1er confinement. Des problèmes similaires vont émerger de cette seconde vague et second confinement.

Tous les CPAS ont vu augmenter leurs demandes, cependant difficile à dire à raison de combien sur la Région à ce stade en raison d’absence de données centralisées sur les nouvelles demandes dans les 19 CPAS.

La Fédération des CPAS bruxellois explique qu’à ce stade les 19 CPAS se sont adaptés à une demande en augmentation, et ont rapidement dû s’équiper en matériel et former les collaborateurs afin de pouvoir rendre effectif le télétravail généralisé. Le nombre de collaborateurs actuellement en quarantaine ou positifs au Covid-19 augmente encore davantage la charge de travail du personnel encore actif en télétravail ou en présentiel.

Par rapport au nombre d’impayés en ce qui concerne Vivaqua et Sibelga il n’existe actuellement pas de registre centralisé de listing des impayés. Vivaqua envoie des listings des impayés aux CPAS et Sibelga envoi des listings aux CPAS pour les clients protégés et les personnes en fourniture hivernale. Ce sont donc eux qui ont une vue centralisée à ce sujet (en sachant qu’il y aura aussi les impayés auprès des fournisseurs commerciaux).