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Question écrite concernant le programme de dépistage du cancer du col de l’utérus en 2021

de
Aurélie Czekalski
à
Elke Van den Brandt et Alain Maron, membres du Collège réuni en charge de l'action sociale et de la santé (question n°540)

 
Date de réception: 21/01/2022 Date de publication: 25/03/2022
Législature: 19/24 Session: 21/22 Date de réponse: 24/03/2022
 
Date Intitulé de l'acte de Référence page
28/01/2022 Recevable Bureau élargi de l'Assemblée réunie
24/03/2022 Annexe à la réponse p.m. Annexe
 
Question   

Le cancer du col de l’utérus est la deuxième cause de mortalité chez les femmes en âge reproductif. Pourtant, il s’agit d’un cancer que l’on peut prévenir et souvent guérir grâce la vaccination et au dépistage précoce. L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a choisi de faire du mois de janvier, le mois de sensibilisation à la prévention de cette maladie.

Le cancer du col de l’utérus est le 4ème cancer le plus important chez les jeunes femmes belges. En 2018, 640 femmes en Belgique ont appris qu’elles étaient atteintes d’un cancer du col utérin et 235 femmes sont décédées de la maladie.

Permettez-moi de vous poser les questions suivantes :

  1. Quel est le bilan en 2021 du programme de dépistage à Bruxelles ?

    1. En quoi ce programme a consisté ?

    2. Qu’est-ce qui a été mis en place ?

  2. Quel est, pour l’année 2021, le taux de couverture de personnes mineures ayant fait l’objet d’une vaccination contre le VPH dans les écoles ?

  3. Quel est, pour l’année 2021, le taux de couverture de personnes majeures ayant fait l’objet d’une vaccination contre le VPH ?

  4. Combien de dépistage ont lieu en 2021 ? Suite à ces dépistages, combien de diagnostiques se sont avérés positifs en 2021 ? Quelle est la ventilation par communes bruxelloises ?

  5. Quelle a été l’influence de la Covid-19 sur ces dépistages et vaccinations ?

  6. Les jeunes garçons doivent également se faire vacciner. Quelle stratégie a été mise en place pour la vaccination des garçons ?

  7. Sur base de ces constats, quelles actions en matière de prévention, de sensibilisation et de communication sont entreprises par vos départements pour améliorer la situation et faire baisser encore plus ces chiffres ?

  8. Quel budget est octroyé aux campagnes de prévention en 2022 ? Et via quels canaux ?

 

 

 
 
Réponse   

Q1

 

En Belgique, le dépistage du cancer du col de l'utérus se fait aujourd'hui par l'examen cytologique (Pap test) d'un frottis cervical. La nomenclature de l'INAMI prévoit le remboursement de cet examen tous les trois ans.

 

En Flandre, un dépistage du cancer du col de l'utérus est organisé depuis 2013, invitant les femmes qui n'ont pas été dépistées récemment, avec enregistrement de la participation, des résultats du dépistage et du suivi des femmes dont les résultats du dépistage sont anormaux.

En Région wallonne, un projet pilote de dépistage est en cours d'élaboration dans 3 hôpitaux.

 

A Bruxelles, il n'existe actuellement pas de programme de dépistage du cancer du col de l'utérus organisé. Le dépistage par frottis cervical se fait de manière spontanée et individuelle tous les trois ans lors d'une consultation gynécologique ou chez le médecin traitant.

 

Une réflexion est actuellement menée au sein du groupe de travail intercabinet consacré à la prévention, mis sur pied dans le cadre de la Conférence interministérielle Santé publique (CIM). Ce groupe est notamment chargé d'élaborer un plan d'actions décrivant la mise en œuvre de la transition prévue par la Conférence Interministérielle Santé publique en 2018. En effet, sur la base des preuves scientifiques que le papillomavirus humain (HPV) peut causer le cancer du col de l'utérus, et que le test HPV pour le dépistage du cancer du col de l'utérus est plus efficace que la cytologie cervicale[1], la CIM a pris la décision en 2018 de passer de l'examen cytologique (frottis conventionnel[2]) au test HPV[3] pour le dépistage du cancer du col de l'utérus. Pour les femmes âgées de 30 à 64 ans, un test HPV est prévu tous les 5 ans, et pour les femmes âgées de 25 à 29 ans, un examen cytologique reste indiqué tous les 3 ans car dans cette tranche d'âge, de nombreux résultats faussement positifs sont attendus avec le seul test HPV.

 

Q2

 

La vaccination des personnes mineures contre le HPV relève des compétences des entités mono-communautaires.

Les dernières données disponibles concernant la couverture vaccinale contre le HPV datent de 2016-2017. Le rapport 308B du KCE[4], paru en 2019 indique qu'en 2017, la couverture vaccinale en Fédération Wallonie-Bruxelles (FWB) était estimée entre 36 et 50% alors que la couverture vaccinale en Flandre était de 91% en 2016.

Une nouvelle enquête de couverture vaccinale a été menée en 2019-2020 en FWB chez des élèves fréquentant l'école. Ces nouveaux chiffres devraient être bientôt disponibles via l'Office de la Naissance et de l'Enfance (ONE) qui est compétent pour la vaccination des jeunes de moins de 18 ans.

En Flandre, une nouvelle enquête de couverture vaccinale était prévue pour 2021.

 

Q3

 

L'Administration ne dispose pas d'informations concernant la vaccination chez les personnes de plus de 18 ans.

 

Q4

 

L'atlas de l'Agence InterMutualiste[5] fournit des données relatives au pourcentage de femmes entre 25 et 64 ans ayant reçu une attestation suite à une cytologie réalisée sur un frottis de dépistage dans une période de trois années calendrier (année, année -1, année -2). Ces données sont disponibles pour Bruxelles et pour la Wallonie jusqu'en 2017 (tableau 1).

Pour l'année 2017, le pourcentage de femmes entre 25 et 64 ans ayant reçu une attestation suite à une cytologie réalisée sur un frottis de dépistage tourne autour de 50% dans toutes les communes bruxelloises (41,3% étant le pourcentage le plus bas à Saint-Josse-Ten-Noode et 52,5% étant le pourcentage le plus élevé à Watermael-Boitsfort).

Concernant le nombre de diagnostics positifs, les derniers chiffres datent de 2019 et sont fournis par la Fondation registre du cancer[6].

Dans le tableau ci-dessous, sont présentés les chiffres relatifs au nombre de nouveaux cas de cancer cervical (N), au taux d'incidence bruts (CR) et à l'incidence standardisée selon la répartition par âge de la population européenne standard (WSR). En 2019, les taux bruts d'incidence (nombre de nouveaux cas de cancers diagnostiqués/100.000) sont moins élevés à Bruxelles que dans les deux autres régions. Cependant, après avoir standardisé pour l'âge (sur base de la population européenne standard), les différences entre régions se réduisent. Ce tableau nous indique également que l'âge moyen au moment du diagnostic est de 54,4 ans à Bruxelles.

Q5

 

Les chiffres présentés dans un article publié en 2021 par le Registre du Cancer[1] relatif au déclin des diagnostics de cancers durant l'épidémie de COVID-19 en Belgique montrent qu'il n'y a pas eu de diminution significative du nombre de diagnostics de cancers du col de l'utérus depuis le début de l'épidémie de coronavirus. Dans cet article, il n'y a pas de distinction entre les différentes régions.

Le graphique ci-dessous provient de la mise à jour de cet article[2] et montre que le nombre de diagnostics pour le cancer du col de l'utérus en Belgique a décliné de 13% en avril 2020 en comparaison d'avril 2019. Un rebond de diagnostics a par contre été observé avec 11% de diagnostics supplémentaires sur l'année 2020 par rapport à l'année 2019. Cette tendance a l'air de se confirmer au vu des chiffres comparant les mois de janvier à août 2021 par rapport aux mêmes mois de l'année 2019, avec une augmentation de 7% de diagnostics.

 

[1] https://kankerregister.org/Statistiques_publications#COVID-19

Peacock HM, Tambuyzer T, Verdoodt F, Calay F, Poirel HA, De Schutter H, Francart J, Van Damme N & Van Eycken L. Decline and incomplete recovery in cancer diagnoses during the COVID-19 pandemic in Belgium: a year-long, population-level analysis. ESMO Open. 2021 Aug;6(4):100197. doi: 10.1016/j.esmoop.2021.100197.

[2] covidupdateaug2021_versionFR.pdf (kankerregister.org)

[1] https://kce.fgov.be/sites/default/files/atoms/files/KCE_238Bs_depistage%20cancer%20du%20col_Synthese_.pdf

[2] L'examen cytologique s'intéresse uniquement à la morphologie des cellules. Celles-ci sont examinées au microscope afin de détecter d'éventuelles anomalies.

[3] Le test HPV est également un frottis du col de l'utérus mais sur lequel va être recherché la présence d'ADN de virus HPV qui sont considérés comme directement associés au cancer du col de l'utérus.

[4] https://kce.fgov.be/sites/default/files/atoms/files/KCE_308B_Vaccination_HPV_garcons_Synthese_0.pdf

[5] IMA Atlas - Atlas AIM - Cytologie - Communes (jusqu'en 2018) van Région Bruxelles-Capitale (aim-ima.be)

[6] Cancer_Fact_Sheet_CervicalCancer_2019.pdf (kankerregister.org)

Il est cependant important de noter que les auteurs de cet article incitent à la prudence concernant l'interprétation de ces chiffres : "L'interprétation des données relatives au cancer du col de l'utérus est difficile en raison du petit nombre de tumeurs invasives ; l'augmentation globale observée de 11% des diagnostics correspond à environ 65 diagnostics supplémentaires en 2020 par rapport à 2019. Il est possible que ce groupe d'âge relativement jeune ait particulièrement bien répondu aux campagnes encourageant les personnes présentant des symptômes à consulter un professionnel de la santé et à se faire dépister."

Dans un autre article[1] ayant étudié l'impact des mesures prises par le gouvernement belge sur le dépistage du cancer, au travers de l'évaluation de la charge de travail d'un laboratoire d'histo- et cyto-pathologie, la conclusion est que "les mesures anti-COVID-19 ont diminué de manière significative tous les échantillons liés au dépistage, tels que les biopsies du côlon, les biopsies du sein et les cytologies cervicales."

 

Q6

 

La vaccination contre le HPV est incluse dans le programme de vaccination des entités fédérées et est proposée aux filles (et depuis 2019 également aux garçons) de 9 à 14 ans inclus soit de la première année de l'enseignement secondaire en Flandre et de la deuxième année de l'enseignement secondaire en Wallonie et à Bruxelles (2 doses à 6 mois d'intervalle). Cette vaccination a lieu dans les écoles via les Services de Promotion de Santé à l'Ecole (PSE) qui sont sous la tutelle de l'ONE.

Outre les programmes de vaccination organisés par les entités fédérées, les vaccins anti-HPV sont également largement remboursés par l'INAMI pour les jeunes filles âgées de 12 à 18 ans (2 ou 3 doses), sauf si elles ont déjà été vaccinées par le biais de la vaccination de routine organisée. Une vaccination de rattrapage pour les personnes âgées de 15 à 26 ans inclus peut être proposée sur base individuelle par le médecin traitant[2].

 

Q7

 

A l'heure actuelle, la Cocom ne soutient aucune action spécifique en matière de prévention, sensibilisation ou communication

 

Q8

Aucun budget n'est prévu en 2022.

 

[1] The Impact of the COVID-19 Pandemic and the Associated Belgian Governmental Measures on Cancer Screening, Surgical Pathology and Cytopathology - Abstract - Pathobiology 2021, Vol. 88, No. 1 - Karger Publishers

[2] https://www.health.belgium.be/sites/default/files/uploads/fields/fpshealth_theme_file/fiche_9181_vaccination_hpv_fr.pdf