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Question écrite concernant les jeunes en errance en Région de Bruxelles-Capitale

de
Emin Özkara
à
Elke Van den Brandt et Alain Maron, membres du Collège réuni en charge de l'action sociale et de la santé (question n°575)

 
Date de réception: 22/04/2022 Date de publication: 07/07/2022
Législature: 19/24 Session: 21/22 Date de réponse: 09/06/2022
 
Date Intitulé de l'acte de Référence page
06/05/2022 Recevable Bureau élargi de l'Assemblée réunie
 
Question   

Je souhaiterais revenir sur la problématique des jeunes en errance ballottés d’un centre d’accueil à un autre. Parfois mêmes laissés pour compte par des institutions ou des structures auxquelles ils s'adressent et qui n'arrivent plus, voire pas à les aider.

Mes premières questions sont les suivantes :

  1. Quelles sont les principales causes d'errance pour les jeunes actées par vos services ?

  2. Depuis 2018, année par année, commune par commune, quel est le nombre de jeunes en errance ? Quelles sont les communes où l'on retrouve le plus de jeunes en errance ?

  3. Confirmez-vous une augmentation des jeunes en errance ? Des nuances sont-elles à apporter aux chiffres en votre possession ?

Je souhaiterais vous poser les questions supplémentaires suivantes pour les institutions publiques, parapubliques et associatives qui relèvent du champ de vos compétences ou de votre tutelle :

  1. Quels sont les offres de service ou projets destinés à aider les jeunes en errance :

  1. disponibles actuellement ?

  2. en voie d’agrément ?

  3. à l’étude par la Cocom ?

  4. en cours de réflexion dans votre cabinet ?

 

 
 
Réponse    Concernant les principales causes d’errance pour les jeunes, je vous renvoie aux nombreuses auditions qui ont eu lieu au sein de la commission des Affaires générales et résiduaires, de la Cohésion sociale et des Infrastructures sportives qui a procédé, en ses réunions des 19 mai, 16 et 30 juin, 15 juillet, ainsi que des 22 septembre et 13 octobre 2020, à des auditions relatives à la thématique des « Jeunes en errance ».
Je vous renvoie également au rapport produit le 16 mars 2021 qui inclut des recommandations.
Ces auditions et les constats des acteurs de terrain pointent des difficultés familiales, la migration, le décrochage et la méfiance vis-à-vis des services et institutions ainsi qu’une surreprésentation des jeunes LGBTQIA+.

A côté de ces éléments sont également pointés d’autres paramètres tels que l'augmentation de la précarité financière (nombreuses dettes, difficultés pour trouver un travail/suivre une formation, etc.) et la crise du logement en Région bruxelloise. 

Concernant l’objectivation du phénomène en Région bruxelloise, il ressort du dernier dénombrement réalisé par l'asbl Bruss’help le 9 novembre 2020 que 933 mineurs étaient logés dans des centres d’urgence, maisons d’accueil et squats alors qu’ils étaient 612 en 2018, soit une augmentation de 50,7%. Parmi ces mineurs, 31,3% ont de 0 et 3 ans, 48,2% sont âgés de 4 et 12 ans, 20,5% ont entre 13 et 18 ans.
Plus d’une personne sans-abri ou en situation de mal logement sur cinq est un enfant ou un adolescent.
Les deux tiers des mineurs recensés par Bruss’help étaient des enfants accompagnant leurs parents, tandis que le tiers restant était des adolescents dont 75% accompagnaient leurs parents.

L’objectivation du phénomène de jeunes en errance est par définition complexe étant donné que de nombreux jeunes passent « sous les radars ». Ils sont par ailleurs très mobiles (passant d’une région à l’autre, d’une ville à l’autre, d’une commune à l’autre), soit parce qu’ils sont hébergés par de la famille ou des amis, soit parce qu'ils fréquentent des structures d’accueil pour quelques nuits.
Les communes de 1000 Bxl, d’Anderlecht et de Saint-Gilles comptent beaucoup de jeunes en errance en raison de la présence de nombreux MENA en errance et jeunes majeurs sans-papiers autour de la gare du Midi. 

Concernant l’évolution de ce phénomène et la répartition par commune, il est impossible de l’objectiver pour les raisons évoquées supra.

Concernant l’offre de services et les projets destinés à aider les jeunes en errance, je tiens avant toute chose à préciser que le travail considérable qui a été réalisé par le Parlement en 2020 et 2021 mettait en évidence qu’il faut éviter de s’engouffrer dans une logique d’hyperspécialisation des services.
En effet, il est indispensable d’œuvrer à ce que l’ensemble des services de première ligne et seconde ligne soient en mesure de toucher aussi ce public de jeunes en errance. Ceci nécessite de travailler plusieurs axes :
- La sensibilisation et la formation des professionnels
- Favoriser les logiques de travail en réseau et une coopération efficace entre institutions
- Favoriser les logiques de travail « hors les murs »
- Accompagner les jeunes vers un réaccrochage à leurs droits

Plusieurs projets à destination des jeunes en errance existent actuellement :

- L'asbl Macadam a été constituée le 25 novembre 2020 et a pour objectif de contribuer à mettre fin au sans-abrisme des jeunes de moins de 26 ans à Bruxelles.
A cet effet, elle a créé un centre d'accueil de jour situé à Anderlecht pour lequel elle a bénéficié d'un subside de 240.000 € de la Cocom pour la période du 01/07/2021 au 30/09/2022, lui permettant notamment de financer certains travaux mais aussi d'assurer :
- un accompagnement psycho-social des jeunes en situation d’errance et leur réinscription dans un système d’aide capable de les soutenir et les accompagner dans leur trajectoire de sortie de rue ;
- des maraudes à destination des jeunes sans-abri.

- Le projet KAP de l'asbl CEMO vise à offrir un hébergement autonome provisoire à des jeunes sans-abri, âgés entre 16 et 25 ans, et à créer les conditions nécessaires à un accompagnement éducatif et psycho-social. À cet effet, les jeunes reçoivent un accompagnement intensif à l'autonomie. Un travail global portant sur la résolution de la situation est assuré. L'asbl tente également de soutenir les perspectives d'avenir (situation familiale, scolarité, autonomie fonctionnelle, etc.) afin de sortir durablement les jeunes du sans-abrisme. 20 unités de logement sont mises à disposition des jeunes. L'asbl est financée depuis 2021 pour ce projet (107.738,00 € en 2021 et en 2022).

- L’asbl New Samusocial est chargée d’une mission d’insertion de type Housing First en faveur des jeunes sans-abri de 18 à 25 ans qui présentent une problématique d’addiction ou de souffrance psychologique ou psychiatrique. Cette mission est réalisée selon les modalités suivantes :
- rechercher des logements en faveur des jeunes sans-abri et assurer un accompagnement dans la recherche de logement stable et de longue durée, en faisant notamment appel au à la plateforme logistique centralisée ;
- offrir à un minimum de 40 jeunes sans-abri un accès à un logement, par le biais de la conclusion d’un contrat de location avec un tiers propriétaire ou par la conclusion d’un contrat de location ou sous-location avec l’asbl ;
Dans ce cadre, l'asbl New Samusocial s'engage, conformément à la convention de partenariat conclue entre la Ville de Bruxelles, l’asbl Le Refuge Bruxelles/Het Opvanghuis Brussel, la Cocom et l'asbl Bruss'help, à assurer l'accompagnement des jeunes LGBTQIA+ au sein des logements mis à disposition par la ville de Bruxelles.

- De nombreux projets de relogement (notamment dans le cadre de l’action 27 du Plan d’Urgence Logement) visent notamment des jeunes
- Une convention de partenariat a été conclue entre la Cocom, le CPAS de Bruxelles et l'asbl Bruss'help relative à l'hébergement et l'accompagnement de jeunes sans-abri et de MENA solos au sein de deux dispositifs hôteliers. Cette convention a été conclue pour la période du 18/10/2021 au 30/04/2022 et est actuellement en cours de reconduction en ce qui concerne le public de jeunes sans-abri. Ce projet s'inscrit dans le cadre de l'appel à manifestation d'intérêt qui a été adressé au secteur hôtelier par Bruss'help.

- Un appel à projets pour la désignation d’un opérateur assurant des missions de gestion et d'accompagnement au sein d'une maison d'accueil pour 14 jeunes LGBTQIA+ victimes d’exclusion de leur milieu familial a été lancé le 25 mars 2022. Cet appel à projet s'inscrit dans le cadre de l’action 26 vdu Plan d'Urgence Logement (PUL) adopté le 19 décembre 2020 par le Gouvernement de la Région de Bruxelles-Capitale.


L’ensemble de ces projets ont vocation à être pérennisés et/ou agréés dans le cadre de l'entrée en vigueur, le 1
er janvier 2023, de l'arrêté du Collège réuni du 9 mai 2019 relatif à l’agrément et au mode de subventionnement des centres d’aide d’urgence et d’insertion.