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Question écrite concernant l'exploitation de la géothermie à Bruxelles.

de
Aurélie Czekalski
à
Alain Maron, Ministre du Gouvernement de la Région de Bruxelles-Capitale chargé de la Transition climatique, de l'Environnement, de l'Énergie et de la Démocratie participative (question n°59)

 
Date de réception: 04/11/2019 Date de publication: 20/12/2019
Législature: 19/24 Session: 19/20 Date de réponse: 10/12/2019
 
Date Intitulé de l'acte de Référence page
15/11/2019 Recevable p.m.
 
Question    Bruxelles compte peu d’installations géothermiques. Plus ou moins une cinquantaine d’après les chiffres de Bruxelles Environnement.
Dans l’accord de gouvernement, nous ne trouvons aucune référence à la géothermie. Cependant, vous annoncez dans la presse que : « un soutien sera intégré dans la réflexion qui sera menée sur le futur de la géothermie durant la législature, même si actuellement aucune mesure spécifique n’est inscrite dans le PNEC (plan national intégré énergie-climat). »

A la lecture de cette réponse, permettez-moi de vous poser les questions suivantes:

· Quel budget est prévu pour le soutien à la géothermie ?
· Des campagnes sont-elles prévues pour promouvoir l’exploitation de la géothermie à Bruxelles ? Si oui, lesquelles ?
· Des installations géothermiques sont-elles prévues pour les bâtiments publics régionaux ? Si oui, lesquelles ?
· Quelle est la part de l’exploitation géothermique à Bruxelles ?
· Existe-t-il des freins à l’exploitation de cette technologie en Région de Bruxelles-Capitale ? Et si oui, lesquels ?
 
 
Réponse    Il faut distinguer la géothermie profonde de la géothermie (très) peu profonde. L’exploitation de la géothermie profonde est définie comme étant l’exploitation de l’énergie thermique présente dans la croute terrestre, sous forme d’eau chaude ou de vapeur, et utilisable pour la production électrique ou directement dans des réseaux de chaleur, sans l’intervention d’une source énergétique externe. La géothermie (très) peu profonde consiste à valoriser, grâce à des pompes à chaleur, l’énergie de la roche, du sol ou de l’eau souterraine comprise à une profondeur de 0 à -300 mètres.

Ceci étant clarifié, il n’y a actuellement aucun projet de géothermie profonde en RBC. La raison principale est que le gradient géothermique est faible en Région de Bruxelles Capitale, de sorte qu’il serait nécessaire de réaliser des puits de captage à plus de 1.000 mètres de profondeur. Par ailleurs, les nappes aquifères à ces grandes profondeurs ne sont pas suffisamment caractérisées d’un point de vue (hydro)géologique et n’ont probablement pas le débit suffisant pour être utilisées.

1) Quel budget est prévu pour le soutien à la géothermie ?

Les systèmes géothermiques peu profond ( max. 300m) sont soutenus via le dispositif des Primes Energie, dont le budget total est de 18 millions d’euros toutes primes confondues :
• l’installation d’une pompe à chaleur (PAC) géothermique est éligible pour une prime énergie. Le montant de la prime, pour la production de chauffage dans le résidentiel varie de 4.250€ à 4.750€ avec un maximum de 50% des coûts éligibles de la facture. Ces montants varient de 1.400€ à 1.600€ dans le cas d’une production d’eau chaude sanitaire - toujours avec le maximum de 50%. Pour le secteur tertiaire, le montant de la prime pour l’installation d’une PAC pour le chauffage correspond à 25% des coûts éligibles de la facture.
• En 2018, 35 primes ont été octroyées pour des pompes à chaleur, toutes technologies confondues, pour un montant total de 152.694€. La répartition par technologie n’est pas connue de Bruxelles Environnement.

2) Des campagnes sont-elles prévues pour promouvoir l’exploitation de la géothermie à Bruxelles ? Si oui, lesquelles ?

Le projet BRUGEO promeut les systèmes géothermiques peu profonds. Ce projet a pour objectif d’évaluer et de valoriser le potentiel géothermique de la Région de Bruxelles-Capitale. Ce projet d’une durée de 4 ans (2016-2020) bénéficie d’un financement du Fonds de Développement Régional (FEDER) de la Région de Bruxelles-Capitale et de l’Union Européenne.
Vu les contextes géologique et urbain de Bruxelles, ce projet se concentre sur la géothermie peu profonde (profondeur < 300 mètres), et en particulier les systèmes fermés (échange thermique entre le sol et un fluide caloporteur circulant dans la sonde verticale) et les systèmes ouverts (pompage d’eau souterraine dans les aquifères), associés à une pompe à chaleur géothermique en surface.
De manière concrète, la valorisation du potentiel géothermique de la Région de Bruxelles-Capitale se fera au travers des actions suivantes :mise en commun par les différents partenaires des données et outils relatifs au sous-sol bruxellois permettant une meilleure caractérisation du sous-sol d’un point de vue géologique, hydrogéologique et thermique;
• réalisation de nouveaux essais de laboratoire et de terrain pour compléter la caractérisation du sous-sol bruxellois dans les zones précédemment moins explorées, mais présentant néanmoins un potentiel géothermique intéressant ;
• réflexion sur les risques environnementaux et les bonnes pratiques ;
• réalisation d’un « webtool » cartographique 2D/3D permettant entres autres :
o de renseigner les gestionnaires de projets sur les contraintes liées à un projet géothermique en fonction d’une adresse en RBC, sur les étapes à suivre (incluant les aspects réglementaires et de faisabilité) ;
o de renseigner les experts sur les données géologiques, hydrogéologiques et géothermiques utiles pour évaluer la faisabilité technique et procéder au dimensionnement d’une installation géothermique.
• développement d’un site web promouvant le recours à l’énergie géothermique à Bruxelles : http://geothermie.brussels/fr ;
• organisation d’une série d’événements de communication à destination des citoyens, des professionnels du secteur (architectes, bureaux d’étude, foreurs, installateurs) ou de l’administration et visant à les conscientiser à cette technologie.
Les données budgétaires de ce projet BRUGEO sont les suivantes :

img2

BE = Bruxelles Environnement
SGB = Service Géologique de Belgique
CSTC = Centre Scientifique et Technique de la Construction

3) Des installations géothermiques sont-elles prévues pour les bâtiments publics régionaux ? Si oui, lesquelles ?

Nous n’avons pas à notre connaissance de projets récents d’installations géothermiques.

4) Quelle est la part de l’exploitation géothermique à Bruxelles ?

Pour l’année 2017, les chiffres du bilan énergétique montrent une production de chaleur renouvelable associées aux PAC géothermiques de 1.26 GWh, soit 0,002% des énergies renouvelables disponibles pour la consommation finale de la Région.

5) Existe-t-il des freins à l’exploitation de cette technologie en Région de Bruxelles-Capitale ? Et si oui, lesquels ?

Les principaux freins au déploiement de la géothermie (très) peu profonde sont parfois d’ordre économique (coût d’installation élevé pour les petits bâtiments) et surtout d’ordre urbanistiques (surface disponible, nombreux réseaux en sous-sol).
Pour les aspects économiques la tendance est très différente selon qu’il s’agisse de petits bâtiments ou de grands projets de construction/rénovation.

Le coût est particulièrement élevé pour des maisons unifamiliales. En effet, il faut considérer un investissement qui se chiffre à quasiment le double de celui nécessaire pour la mise en œuvre d’une installation de chauffage classique venant du fait qu’il faut réaliser des forages (ex : 2 forages de 75 m de profondeur pour une maison familiale isolée conformément à la réglementation PEB – prix = env. 100 € / m foré auxquels il faut ajouter la pompe à chaleur et les équipements auxiliaires). Actuellement, seule la pompe à chaleur est subsidiée. Une réflexion pourrait être menée sur le subside des forages permettant d’améliorer considérablement l’efficacité de la pompe à chaleur par rapport à une installation aérothermique (utilisant l’air extérieur en entrée plutôt que le sous-sol comme source d’approvisionnement).

Il est à noter que pour des gros bâtiments, la géothermie est rentable avec un retour sur investissement inférieur à 10 ans et offre une indépendance aux énergies fossiles (et à la montée prévisible de leur prix dans les décennies à venir).

D’autres facteurs peuvent également représenter un frein :
• le temps disponible : il faut souvent plus d’un an pour réaliser un projet géothermique nécessitant la réalisation de tests sur les propriétés thermiques/hydrogéologiques du sous-sol, un dimensionnement, l’obtention de permis,… ;
• le morcèlement du nombre d’intervenants techniques : ingénieur spécialiste pour les calculs de dimensionnement énergétiques, géologue/hydrogéologue, foreur, installateur