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Question écrite concernant la mise en place de pièges à plastique sur les rivières et voies d'eau bruxelloises

de
Bianca Debaets
à
Alain Maron, Ministre du Gouvernement de la Région de Bruxelles-Capitale chargé de la Transition climatique, de l'Environnement, de l'Énergie et de la Démocratie participative (question n°61)

 
Date de réception: 18/11/2019 Date de publication: 20/12/2019
Législature: 19/24 Session: 19/20 Date de réponse: 20/12/2019
 
Date Intitulé de l'acte de Référence page
20/11/2019 Recevable p.m.
 
Question    Dans sa lutte contre les déchets plastiques, la ville de Bruxelles a d’ores et déjà lancé un signal positif en interdisant les produits en plastique jetables lors des événements organisés dans la capitale. L’extension prévue du sac PMD classique au sac PMD+ en Région de Bruxelles-Capitale contribuera également à lutter contre la montagne de déchets plastiques.
On a pourtant encore fort à faire pour endiguer le flux continu de déchets plastiques, surtout sur les voies d’eau. La pollution des mers, rivières et autres voies d’eau par le plastique est monnaie courante, et elle est évidemment préjudiciable à la qualité de l’eau, à la faune et à la flore locales ainsi qu’à la qualité de vie en général. Les coupables sont tant les déchets plus volumineux que les fameux « microplastiques ».
Dans la capitale néerlandaise d’Amsterdam, une première « Bubble Barrier » a déjà été installée récemment pour lutter contre les déchets plastiques sur les voies d’eau. Cette « barrière de bulles » vise à éliminer le plastique de l’eau des canaux amstellodamois, qu’elle filtre ainsi avant qu’elle continue de s’écouler vers la mer. Un tuyau posé sur le fond émet des bulles d’air qui poussent vers la surface de l’eau, où ils sont collectés dans un bac, les déchets plastiques qui flottent et qui dérivent. La barrière de bulles fonctionne 24 heures sur 24 et ne gêne ni la navigation, ni les poissons.
Des initiatives similaires font également leur apparition en Flandre. Dans le
Doeldok du port d’Anvers, un grand bras collecteur censé éliminer toutes sortes de déchets de l’eau du dock sera opérationnel à la fin du mois. Evergem, Temse, Bornem, Dendermonde et Vilvorde s’engageront également plus avant dans la lutte contre les déchets plastiques à travers des projets de De Vlaamse Waterweg.
Je voudrais dès lors vous poser les questions suivantes :
- Quelles mesures la Région de Bruxelles-Capitale prend-elle afin de limiter et réduire au maximum la quantité de déchets plastiques dans le canal et la Senne ?
- Actuellement, combien de kilos de déchets plastiques collecte-t-on chaque année dans les eaux bruxelloises ? Pouvez-vous expliquer l’évolution de ces chiffres ?
- Les stations d’épuration d’eau sont-elles impactées négativement par la quantité de déchets plastiques qui se trouvent dans les eaux ? Cela a-t-il déjà causé des problèmes techniques ou ces installations sont-elles équipées pour filtrer le plastique ?
- Un système tel que « Bubble Barrier » ou un autre dispositif similaire sont-ils à l’examen en vue d’une utilisation sur les eaux bruxelloises ? Dans l’affirmative, quels sont le calendrier et le planning prévus ? Quel budget est-il dégagé à cet effet ?
- Avez-vous déjà eu des contacts avec la Wallonie et la Flandre afin que la quantité de déchets plastiques dans les cours d’eau respectifs entre, d’un côté, les deux Régions et, de l’autre, la Région de Bruxelles-Capitale puisse être suffisamment contrôlée et limitée ?
 
 
Réponse    1. Quelles mesures la Région de Bruxelles-Capitale prend-elle pour réduire la quantité de déchets plastiques sur le Canal et dans la Zenne et pour les réduire au minimum ?
Le Port de Bruxelles lutte de manière globale contre la présence de déchets dans le Canal, dont la pollution plastique fait partie.
La mise en place des bateaux (dits « Castor ») est une mesure concrète pour diminuer la présence de déchets flottants en surface sur le Canal. Le Port de Bruxelles affecte quasi quotidiennement deux bateaux nettoyeurs à la collecte des déchets.
Cette mesure s’inscrit pleinement dans le cadre du Plan de gestion de l’eau 2016-2021, lequel prévoit dans son programme de mesures l’action prioritaire 1.34 «  Assurer la propreté du Canal par élimination des déchets solides ».

Sur base annuelle, ces déchets en tout genre représentent environ 200 m³ qui sont envoyés au centre de collecte et de tri de SITA/SUEZ. Se rajoutent à cela les déchets récoltés lors des campagnes de dragage (soit les opérations d’extration des déchets sur le fond du plan d’eau).

D’autre part, le Port met à disposition des bateliers un parc à déchets (tout-venant, bois, métal, huiles, solvants, pneus, PMC) à l'écluse de Molenbeek depuis 2012.

Plusieurs dispositifs permettent également de limiter la pollution provenant du réseau d’égouttage.

Certains déversoirs du réseau d’égouttage qui aboutissent dans le Canal ou dans la Senne sont dotés d’un filet de rétention. D’autres dispositifs sont également à l’étude.
A l’entrée de la Senne sous pertuis, il y a également un dégrillage (rue des vétérinaires) géré par VIVAQUA qui ôte une partie des déchets solides de la rivière à cet endroit.
2. Combien de kilos de déchets plastiques sont actuellement retirés des eaux bruxelloises chaque année ? Pouvez-vous expliquer l'évolution de ces chiffres ?
Il est à ce jour impossible de scinder la collecte de déchets plastiques des autres déchets.
L’évolution de l’ensemble des déchets récoltés dans le canal (hors dragage) au cours des 5 dernières années se présente comme suit:
- 2019 (en cours) : 195 m³
- 2018 : 195 m³
- 2017 : 95 m³
- 2016 : 110 m³
- 2015 : 137 m³
Divers facteurs peuvent influencer les quantités annuelles de déchets récoltés, parmi lesquels on peut citer :
- conditions météorologiques,
- épisodes de surverse,
- moyens en personnel,
- disponibilité du matériel (maintenance des bateaux, acquisition d’un 3ème piège à déchet en 2018, acquisition d’un 2ème bateau nettoyeur en 2019),
- fréquence d’évènements rassemblant le public le long du Canal,
- campagnes de sensibilisation : Pour sensibiliser la population locale à ne plus jeter ses déchets dans le canal et de manière générale dans les eaux bruxelloises, le Port va lancer une campagne de sensibilisation avec le slogan suivant « ne me jette pas, je ne sais pas nager ! ». La mise en œuvre de cette campagne débutera en décembre 2019.
Nous ne disposons pas de données équivalentes concernant la Senne. Le monitoring sur le cours d’eau n’inclut en effet pas en tant que tels les macro-déchets.
3. Les stations d'épuration des eaux usées sont-elles actuellement affectées par la quantité de déchets plastiques contenus dans l'eau ? Est-ce que cela a déjà entraîné des problèmes techniques ou ces installations sont-elles conçues pour filtrer le plastique ?
Les stations d’épuration (STEP) disposent de systèmes de dégrillage - première étape de séparation des déchets et particules non-désirables dans l’eau usée réalisée au moyen d’une grille - à l’arrivée des collecteurs aux stations qui permettent d’éviter les problèmes techniques que pourraient causer un afflux de déchets.
Il est à noter que ce sont surtout la quantité de lingettes retrouvées à ces grilles qui posent problème, plus que les plastiques. Aquiris, gestionnaire de la STEP Nord, recense 1800 tonnes/ an
de déchet dit de tamisage - soit des déchets solides de petite taille qui auraient échappé au traitement de dégrillage

4. Un système tel que le « Bubble Barrier » ou une alternative similaire seront-ils utilisés dans les eaux de Bruxelles ? Dans l'affirmative, quels sont la planification et le calendrier envisagés ? Quel budget sera mis à disposition à cette fin ?
Trois pièges à déchets sont déjà installés sur le Canal (2 sous le Pont Jules de Trooz et 1 plus récemment au niveau du Bassin Béco, devant le siège social du Port).
Le piège à déchets – dit « litter trap » - situé Bassin Béco est une installation flottante qui récupère les déchets flottants dans les eaux libres comme les ports et les canaux. Principalement constitué de plastiques recyclés, il a été développé par la Recycled Island Foundation (RIF) et financé en totalité par Audi Environmental Foundation, pour un montant global d’environ 50 000 €.
Actuellement, le placement d’une Bubble Barrier (« mur de bulles » pour guider les déchets dans le piège), similaire à celle installée à Amsterdam, n’est pas à l’étude au Port de Bruxelles. Le Port de Bruxelles a pour projet de réévaluer l’opportunité d’installer de nouveaux pièges à déchets (y compris une Bubble Barrier) sur le canal.
5. Avez-vous déjà eu des contacts avec la Flandre et la Wallonie afin de dûment contrôler et limiter la quantité de déchets plastiques dans les eaux respectives qui courent entre les deux régions, d'une part, et entre les deux régions et la Région de Bruxelles-Capitale, d'autre part ?
Dans le cadre de la Commission internationale de l’Escaut et des échanges avec les deux autres Régions, la question de la qualité des masses d’eau – de manière générale – est abordée, en ce compris la problématique de la présence des microplastiques dans l’eau.