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Question écrite concernant la navigabilité sur le canal Anvers-Bruxelles-Charleroi.

de
Aurélie Czekalski
à
Alain Maron, Ministre du Gouvernement de la Région de Bruxelles-Capitale chargé de la Transition climatique, de l'Environnement, de l'Énergie et de la Démocratie participative (question n°202)

 
Date de réception: 10/02/2020 Date de publication: 04/05/2020
Législature: 19/24 Session: 19/20 Date de réponse: 29/04/2020
 
Date Intitulé de l'acte de Référence page
13/03/2020 Recevable Bureau élargi du Parlement
 
Question    La presse a récemment fait allusion aux données de trafic sur la voie d’eau publiées par le Port de Bruxelles se rapportant à l’exercice 2019.

Si le trafic propre au Port de Bruxelles n’a connu quasi aucune évolution par rapport à 2018, on constate une chute prononcée du trafic de transit. C’est, effectivement, au niveau du trafic de transit que les questions doivent se poser quand on observe une chute de 31,8 % du trafic de transit, c’est-à-dire le trafic de marchandises transitant par Bruxelles via le canal. On passe en effet de 2,060 millions de tonnes en 2018 à 1,404 millions de tonnes en 2019 (soit -31,8 %).

Alors que la Port publie des statistiques tous le 6 mois, ce dernier n’a pas fait mention au début ni dans le courant de l’année 2018 à une variation vers le bas des tonnages en transit au Port de Bruxelles. Pour perdre plus de 30 % de trafic de transit, le port a dû percevoir déjà dans le courant de l’année 2018 que la situation posait question.

C’est assez surprenant qu’un organisme comme le Port ne se soit pas rendu compte d’une raréfaction du transport de transit par la voie d’eau.

Alors que la voie d’eau recèle un nombre quasi inépuisable de possibilités d’y faire plus de transports, et que le port fait appel à un expert en transport, il est difficile d’accepter les chiffres décevants du trafic sur le canal.

Venons- en aux préoccupations qui devraient pouvoir recevoir une réponse :

- L’axe Anvers – Bruxelles – Charleroi a-t-il connu au cours de l’été des conditions où le tirant d’eau n’a plus été suffisant pour permettre une bonne navigabilité sur le canal ?

- Existerait-il sur cet axe ABC des zones où les dragages ont été insuffisants et contraint dans ce cas les bateliers à faire choix d’autres routes fluviales ?

- Existerait-il une concurrence sur les prix amenant les bateliers à recourir à des voies d’eau alternatives ?

- Des restrictions particulières seraient-elles d’application sur l’axe ABC le rendant moins, voire plus du tout attractif ?
 
 
Réponse    L’axe Anvers – Bruxelles – Charleroi a-t-il connu au cours de l’été des conditions où le tirant d’eau n’a plus été suffisant pour permettre une bonne navigabilité sur le canal ?

Existerait-il sur cet axe ABC des zones où les dragages ont été insuffisants et contraint dans ce cas les bateliers à faire choix d’autres routes fluviales ?

Existerait-il une concurrence sur les prix amenant les bateliers à recourir à des voies d’eau alternatives ?

Des restrictions particulières seraient-elles d’application sur l’axe ABC le rendant moins, voire plus du tout attractif ?

Le trafic de transit a en effet connu une diminution significative de 32% entre l’année 2018 et l’année 2019. Celle-ci a été particulièrement marquée à partir de mars 2019 pour atteindre un niveau au plus bas en juillet et août, avant de reprendre doucement en octobre.

Cette période coïncide avec la période de basses eaux des voies navigables en Europe, qui a commencé au deuxième semestre 2018 pour perdurer jusqu’à l’automne 2019.

En ce qui concerne le secteur de la navigation intérieure européenne, on peut lire dans le rapport 2019 d’observation du marché que le niveau des eaux fluviales revêt une importance considérable pour le transport des marchandises.

Des variations importantes obligent les utilisateurs de la voie d’eau à trouver des alternatives, soit plus onéreuses (en remplissant moins les barges), soit plus chronophages (en faisant des détours), soit en optant pour un report modal sur la route.

En Belgique, l’ensemble des voies navigables a été impacté par ce phénomène.

A titre d’exemple : nos collègues flamands nous ont rapporté que la navigabilité entre les écluses de Ruisbroek et d’Ittre a été affectée par des eaux trop basses. Le tronçon entre les écluses de Lembeek et de Halle a connu, pendant 18 jours, un tirant d’eau maximum de 2,30 m.

Nombre de bateliers ont préféré emprunter une autre voie d’accès, par l’Escaut, pour acheminer leurs cargaisons dans le bassin hennuyer.

Ce changement de flux a principalement concerné les transports chargés, les bateaux vides de cargaison ayant continué à transiter par Bruxelles.

En effet, le type de bateaux utilisés pour le transport des marchandises est très variable et certains bateaux nécessitent un tirant d’eau bien supérieur à d’autres. L’exemple le plus évident est celui des produits pétroliers. Ceux-ci nécessitent des bateaux à haut gabarit, entrainant donc un tirant d’eau important. A Bruxelles, le trafic de produits pétroliers a chuté de 90% entre 2018 et 2019.

Le résultat de ces faibles tirants d’eaux a été l’augmentation importante des prix pour certaines livraisons par voie d’eau du fait de l’impossibilité de respecter le gabarit théorique de 1350 t : bateaux moins remplis ou un « grand » remplacé par deux « petits » (exemple de surcoût : 10.200 € pour une livraison de 25.000 t).

Notons également que les entretiens et réparations des infrastructures (écluses, ponts, ascenseur) rythmant l’axe ABC entrainent inévitablement des fermetures, qui peuvent aller de quelques heures à plusieurs semaines.

La navigabilité incertaine sur l’axe ABC explique donc la diminution généralisée du trafic de transit. Je rappelle que la voie d’eau en Région Bruxelloise ne représente qu’un peu plus de 10% de l’axe total ABC, et que le Port de Bruxelles, n’a pas la maîtrise de ce qui s’y passe en amont et en aval.

Vos questions concernant le dragage dans les autres régions ou la concurrence sur les prix en matière de droits de navigation, bien qu’intéressantes, demandent de mobiliser des données que je n’ai pas, à l’heure actuelle, à ma disposition.

Des courriers seront cependant envoyés aux autres gestionnaires des eaux belges afin de les inciter à prendre les mesures nécessaires pour garantir des installations permettant de limiter les basses eaux. Le dossier sera porté à l’ordre du jour de la Commission Axe ABC, issue de l’accord de coopération entre les gestionnaires des voies navigables, dont le Port de Bruxelles est partie prenante.

Il reste donc à espérer, pour le transport fluvial comme pour le reste, que nous arriverons à limiter les effets dû à la sécheresse et à améliorer la gestion des eaux.