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Question écrite concernant le suivi de la population de chauves-souris en Région bruxelloise.

de
Jonathan de Patoul
à
Alain Maron, Ministre du Gouvernement de la Région de Bruxelles-Capitale chargé de la Transition climatique, de l'Environnement, de l'Énergie et de la Démocratie participative (question n°275)

 
Date de réception: 09/04/2020 Date de publication: 26/05/2020
Législature: 19/24 Session: 19/20 Date de réponse: 26/05/2020
 
Date Intitulé de l'acte de Référence page
17/04/2020 Recevable p.m.
 
Question    Souvent méconnues et mal aimées les chauves-souris sont généralement victimes de fables et de légendes en tout genre. Elles constituent pourtant le deuxième plus grand groupe de la classe des mammifères, après les rongeurs et jouent un rôle-clé dans l’équilibre écologique.

Il en existe plus de mille espèces, chacune ayant son propre habitat et son propre mode de vie. D'après Bruxelles Environnement, 20 espèces ont été recensées sur le territoire bruxellois où elles sont protégées.

Protégées mais pas sans danger ! BE nous informe également qu'en septembre 2016, une chauve-souris (sérotine commune, Eptesicus serotinus) a été constatée positive à la rage des chauves-souris dans la commune de Bertrix.

Monsieur le Ministre, depuis quelques semaines, il ne se passe plus un jour sans que nous ne parlions du Covid-19, cette terrible maladie provoquée par le virus SARS-CoV-2, qui s'est propagée à grande vitesse à travers le monde.

Une chauve-souris, du genre
Rhinolophus, serait suspectée d’héberger le virus responsable de la pandémie de Covid-19, et de l’avoir transmis, probablement indirectement à l'être humain via un hôte intermédiaire.

La place des
zoonoses (ces maladies transmises par les animaux) en santé publique ne cesse de croître. On estime désormais qu’environ 75% des maladies émergentes apparues depuis le début du XXe siècle relèvent de cette catégorie. Il y a évidemment lieu de réfléchir aux causes de ce constat. La déforestation et la dégradation de la biodiversité ainsi que des milieux naturels à travers le monde n'y sont vraisemblablement pas étrangers. Il serait en effet peu convaincant de faire endosser la responsabilité de la pandémie à des animaux... Mais cela nous éloigne de nos mammifères volants bruxellois.

Monsieur le Ministre, il me semble utile de pouvoir rappeler que nos chauves-souris occupent une niche écologique précieuse et jouent un rôle primordial, voire vital, dans le fonctionnement de la biosphère. Néanmoins, il ne faudrait pas éluder la question de leur rôle possible comme réservoirs riches en virus pathogènes pour l’homme.

Pouvez vous donc me dire:

- A-t-on une estimation du nombre de chauves-souris en Région bruxelloise ? Quel suivi est réalisé par rapport à cette population ?

- Des études visant à identifier et caractériser les potentiels virus hébergés par les chauves-souris à Bruxelles et les risques de transmission aux êtres humains ont-elles été réalisées ?

- Compte tenu du contexte ambiant et des nombreuses légendes et superstitions entourant nos petits mammifères volants, quelles actions sont entreprises pour rassurer la population par rapport à une cohabitation harmonieuse et nécessaire entre les habitants et les chauves-souris ?
 
 
Réponse    1)
En raison du mode de vie nocturne de ces animaux et de la difficulté de localiser les sites exacts des colonies dans l'environnement urbain densément bâti, il est très difficile de déterminer les nombres exacts. Par conséquent, le monitoring se concentre davantage sur la présence et l'absence d'espèces de chauves-souris et sur l'identification des tendances de l'intensité acoustique du comportement de chasse (plutôt que de compter les individus, on mesure l'activité). Des analyses récentes (Brabant, Nyssen & Weiserbs, 2020) indiquent que pour les points d'écoute, il y a une tendance positive pour la Pipistrelle, la Sérotine et la Noctule de Leisler. Pour la Noctule commune et les espèces Myotis, les tendances sont moins claires.

Toutes les chauves-souris indigènes sont protégées et font partie des espèces d'intérêt communautaire (annexe II de l’ordonnance du 1
er mars 2012 relative à la conservation de la nature). La Région de Bruxelles-Capitale doit faire rapport à la Commission européenne tous les 6 ans sur l'état de conservation de ces espèces, conformément à la directive "Habitats".

Le monitoring sur site est assuré par Natagora et Natuurpunt, qui ont conjointement remporté le contrat d'études actuel.

Dans le cadre de cette mission, des points d'écoute sont échantillonnés dans des biotopes terrestres et le long d’étangs. Pour ce type de monitoring avec points d'écoute, la Région de Bruxelles-Capitale est par ailleurs une référence européenne : nulle part ailleurs il n'existe un ensemble de données de monitoring aussi long et régulier !

En outre, les zones moins bien documentées de la région font l'objet d'un examen plus approfondi, principalement au moyen d'inventaires acoustiques (avec le détecteur de chauves-souris). Pour le reste, la présence de chauves-souris est étudiée dans une liste de bâtiments établie annuellement. Le transfert des spécimens morts à Sciensano pour le suivi épidémiologique fait également partie de cette mission.


2)
Historiquement, le suivi épidémiologique des chauves-souris concerne principalement le suivi des lyssaviroses (rage). L'ancien Institut Pasteur (devenu WIV-ISP et maintenant Sciensano) a mis en place un réseau de collecte des carcasses de chauves-souris depuis plus de 15 ans. Celles-ci sont testées pour la rage et sont conservées congelées pour former une sorte de bibliothèque pour les chercheurs qui souhaitent effectuer des tests pour d'autres maladies.

Bruxelles Environnement est depuis le début impliqué dans la collecte des animaux morts sur le territoire de la Région de Bruxelles-Capitale. En fait, il n'est pas si facile de trouver des spécimens morts qui sont encore assez frais pour être analysés. Chaque année, Sciensano rédige un rapport. Je peux vous confirmer par la présente qu'aucune chauve-souris n'a jamais été testée positive pour la rage dans la Région de Bruxelles-Capitale. En fait, une seule chauve-souris positive a été trouvée dans toute la Belgique, à savoir à Bertrix en 2016.


3)
De plus amples informations sur les chauves-souris sont disponibles sur le site web de Bruxelles Environnement : https://environnement.brussels/thematiques/espaces-verts-et-biodiversite/la-biodiversite/faune/mammiferes/les-chauves-souris.

Sur cette page web, vous pouvez également télécharger la nouvelle brochure de Bruxelles Environnement "Les chauves-souris : connaître et protéger".

Depuis 1999, Bruxelles Environnement participe à la Nuit européenne des chauves-souris le dernier week-end d'août. Des visites guidées sont organisées sur site. Au cours des dernières années, la Fête de la chauve-souris au Rouge-Cloître à Auderghem a pu attirer jusqu'à 1200 visiteurs. Malheureusement, il semble que nous ne serons pas en mesure d'organiser l'événement en 2020.

Enfin, les citoyens peuvent également contacter le Département Biodiversité de Bruxelles Environnement ou Natagora ou Natuurpunt par téléphone ou par e-mail pour obtenir des explications ou un soutien concernant ces animaux fascinants.

Et toute personne qui souhaite participer en tant que bénévole aux inventaires nocturnes est la bienvenue - pour autant que les mesures relatives au COVID-19 le permettent.