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Question écrite concernant l'impact de la crise lié au Covid-19 sur le zéro déchet.

de
Gladys Kazadi
à
Alain Maron, Ministre du Gouvernement de la Région de Bruxelles-Capitale chargé de la Transition climatique, de l'Environnement, de l'Énergie et de la Démocratie participative (question n°319)

 
Date de réception: 25/05/2020 Date de publication: 01/07/2020
Législature: 19/24 Session: 19/20 Date de réponse: 30/06/2020
 
Date Intitulé de l'acte de Référence page
27/05/2020 Recevable p.m.
 
Question    Dans le cadre des mesures de sécurité et d’hygiène liées à la crise du Covid-19, nous sommes revenus à une utilisation plus accrue de produits emballés, de gants à usages unique, ... Certains commerçants n’acceptent plus les contenants extérieurs et des citoyens délaissent quelque peu l’achat en vrac.

À la vue du contexte que nous connaissons, ces actions sont compréhensibles mais il faut veiller à ce que cela reste temporaire et que tous les efforts menés jusqu’ici dans la lutte pour le zéro déchet ne soient pas balayés. En effet, adopter un mode de vie qui tend vers le zéro déchet, c’est se diriger vers une consommation plus durable et plus respectueuse de la planète. La population bruxelloise doit être conscientisée sur l’impact environnemental de sa consommation et ainsi adopter son comportement pour mieux consommer et pour réduire au maximum ses déchets.

Le mouvement zéro déchet s’inscrit totalement dans cette tendance puisque l’objectif poursuivi est de réduire considérablement la quantité des déchets produits par les habitants en sensibilisant, d’une part, sur l’importance d’adopter des habitudes bénéfiques à l’environnement et en créant, d’autre part, des liens sociaux et une solidarité entre les citoyens.

Dans ce contexte, je souhaite vous poser les questions suivantes :

- Remarque-t-on une recrudescence des déchets en Région bruxelloise durant cette période de crise ?

- Dans l’affirmative, une stratégie est-elle déjà mise en place pour de nouveau sensibiliser les citoyens à l’importance du zéro déchet ?
 
 
Réponse    1
Concernant la recrudescence des déchets, il est trop tôt pour tirer des conclusions tant que nous n’avons pas de chiffres explicités à disposition.

Tout d’abord, avec l’augmentation importante du télétravail, les habitants consomment davantage à domicile que sur leur lieu de travail.

Pour autant il n’y a pas spécialement de réduction ou d’augmentation globale des déchets.

De plus, un travailleur actif chez lui produira peut-être plus de déchets à domicile mais d’une autre nature que ceux qu’il aurait produits sur son lieu de travail.

Par contre, nous avons pu constater une utilisation plus intense des corbeilles publiques avec une augmentation de déchets à usage unique (canette, bouteilles,…) au fur et à mesure du (dé)confinement.

Pour autant, la quantité de déchets jetés dans ces mêmes poubelles avait nettement baissé pendant la phase la plus stricte du confinement.


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Le zéro déchet a été impacté par la crise du covid 19 notamment parce que certains gestes phares étaient déconseillés comme l’apport de leurs propres contenants par les consommateurs dans certaines catégories de commerces (ex : boucheries, boulangeries, traiteurs, ...) même si les emballages réutilisables pour les fruits et légumes étaient toujours autorisés.

Certains comportements n’étaient plus possibles du fait de la fermeture momentanée de certains commerces (acheter en 2e main, louer, emprunter et dans une moindre mesure la réparation).

Cet impact est confirmé par une enquête menée en mai 2020 par Bruxelles Environnement auprès des 200 familles participantes au Challenge Zéro Déchet ayant pour but d’aider à réduire drastiquement les déchets.

Le taux de réponse à cette enquête a été de 67 %.

Parmi eux, 65% déclarent que la crise a eu un impact « très défavorable » ou « défavorable » sur leur Challenge.

Ils sont 25 % à être en questionnement par rapport à leur participation au Challenge.

Le découragement des personnes motivées est donc perceptible même s’il s’agit de données qualitatives et non extrapolables à l’ensemble de la population.

Pendant la crise, le dispositif de sensibilisation au zéro déchet a été globalement maintenu mais adapté.

Le Rallye Zéro Déchet dans les quartiers, évènement drainant un large public, a été annulé.

Toutes les formations et coaching des différents acteurs partenaires (ménages impliqués dans le challenge, communes, cpas, associations, collectifs de citoyens) ont été proposées à distance ou reportées à l’automne.

Les messages autour du zéro déchet ont été adaptés pour être cohérents avec les mesures préconisées pour lutter contre le covid 19.

Les outils dédiés à la sensibilisation au zéro déchet (pages zéro déchet du site web de Bruxelles Environnement, page Facebook Bruxelles Zéro déchet gérée par Bruxelles Environnement et Newsletter Bruxelles Zéro déchet) ont été également adaptées pour reprendre les consignes de sécurité et des conseils très pratiques en lien avec la crise.

A titre d’exemple et pour dynamiser la communication, des tutoriels autour du « Do It Yourself @ Home » ont été postés en ligne.

Pour le grand public, une communication spécifique a été mise en place en ligne pour alerter de l’impact des déchets liés au covid 19.

L’objectif de cette communication est d’informer la population sur les impacts de la crise sur les quantités de déchets et les stations d’épurations tout en présentant différents moyens d’y remédier.

Cette campagne s’est basée sur une information « spéciale covid 19 » centralisée sur le site web de Bruxelles Environnement, des posts Facebook sur la page de Bruxelles Environnement et de Bruxelles-Propreté.

Après le déconfinement, la sensibilisation continuera et s’adaptera au fil des actualités.

A titre d’exemple, le 18 juin, Sylvie Droulans, la bloggeuse bruxelloise « zérocarabistouille » a été invitée à faire un « Facebook live » à partir de la page Bruxelles zéro déchet et ayant pour thème :
Zéro déchet et crise sanitaire, et après ?

Le dispositif de communication existant fait appel aux relations de presse et à la communication digitale.

Il est donc facile à adapter à l’actualité.

Cependant, différentes raisons sont susceptibles d’affecter les résultats de la politique de promotion du zéro déchet auprès des ménages à long terme, et dont il faudra tenir compte à l’avenir : la peur de la contamination, la banalisation de l’utilisation de certains objets de protections jetables (gants, masques, mouchoirs, incertitude sur la reprise de l’apport de ses propres contenant lors des achats alors que l’achat en vrac est perçu comme le geste représentant le zéro déchet, réintroduction du jetable dans la restauration, …).

Il faudra également tenir compte de l’impact de la crise sur la sécurité financière des citoyens et des commerces qui pourraient se recentrer sur certaines pratiques mieux connues d’eux.

Dès le moment où les consignes de sécurité concernant la vente en vrac et l’apport de contenants réutilisables seront clarifiées du point de vue du risque lié au covid 19, il sera par ailleurs nécessaire de soutenir les commerçants qui vendent en vrac notamment via une communication vers le grand public.