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Question écrite concernant les étapes du déconfinement de la politique de mobilité.

de
Anne-Charlotte d'Ursel
à
Elke Van den Brandt, Ministre du Gouvernement de la Région de Bruxelles-Capitale, chargée de la Mobilité, des Travaux publics et de la Sécurité routière (question n°405)

 
Date de réception: 20/04/2020 Date de publication: 13/07/2020
Législature: 19/24 Session: 19/20 Date de réponse: 13/07/2020
 
Date Intitulé de l'acte de Référence page
05/06/2020 Recevable p.m.
 
Question    A mesure que les modalités du déconfinement se dessinent, il conviendra, dans les prochains mois, de mettre en place une stratégie pour que notre économie puisse redémarrer. Pour ce faire, notre tissu économique tout entier aura grandement besoin d’une politique de mobilité novatrice et adaptée aux circonstances exceptionnelles que nous connaissons. Il est donc primordial de prévoir dès aujourd’hui tous les outils qui nous permettront d’être, à chaque phase de ce déconfinement, les plus préparés afin de mettre de manière la plus efficace et sécurisée possible notre mobilité au service des travailleurs et travailleuses qui reprendront le chemin du travail.

Les modalités du déconfinement seront susceptibles d’être adaptées en fonction de la réalité du terrain. Cependant je m’interroge d’ores et déjà sur la méthode que vous semblez déployer en matière de mobilité au regard des impératifs énoncés. De manière générale, pourriez-vous nous éclairer concernant la méthodologie que vous poursuivez pour accompagner les différentes phases du déconfinement ?

- Quels sont les différents scénarios que vous envisagez dans le cadre d’une reprise progressive de l’activité, même partielle ? Quelles sont ces phases annoncées ? Quels sont les scénarios identifiés et quelles sont les réponses que vous y apportez afin de rendre la politique de mobilité la plus flexible possible ?

- Des simulations par ordinateur de flux automobiles, par exemple, sont-elles possibles à l’avance sur la base de ces différents scénarios ? Travaillez-vous avez Bruxelles Mobilité à ce sujet ?

- Avez-vous décidé d’adapter au fur et à mesure la fréquence des feux de signalisation ? Si oui, sur la base de quels critères ? Qu’est ce qui est prévu ?

- Pour enrichir votre travail et vous préparer au mieux, réalisez-vous ou bénéficiez-vous de projections sur les taux de télétravail qui sont envisagés pour chacune de ces phases, de la fréquence accrue nécessaire de transports en commun ou encore des conséquences d’un transfert modal des usagers des transports publics vers d’autres modes de transport, notamment la voiture, et de la création d’embouteillages ?

- La zone 20 du Pentagone pose questions. Qu’avez-vous prévu en amont pour l’annoncer ? Quels aménagements avez-vous prévus ? Comment allez-vous la faire respecter ? Avez-vous évalué en amont les conséquences de la mise en zone 20 du Pentagone à Bruxelles ? Ainsi que la fermeture du Bois de la Cambre ? De quelle façon ? Avez-vous effectué des comptages au sein de la zone 20 du Pentagone, sur les grands axes régionaux ou aux entrées de ville afin d’adapter, le cas échéant, votre politique ? Si non, quelle est la méthode qui retient votre préférence ?

- Avez-vous évalué en amont les conséquences de la reprise de grands chantiers sur les flux automobiles entrants à Bruxelles, telle que celui qui justifie la fermeture du tunnel Léopold II et qui a déjà causé des embarras de circulation durant le confinement ? Des scénarios alternatifs ont-ils été établis ? Comment avez-vous décidé de prioriser les différents chantiers qui doivent reprendre pour ne pas congestionner la ville ?
 
 
Réponse    Un monitoring hebdomadaire des déplacements pour les différents modes (trafic automobile, vélo, transport public) a été mis en place. Concernant les transports publics, les mesures sanitaires ont été prises et l’offre est adaptée en fonction de l’évolution de la reprise des déplacements. Etant donné les capacités de facto limitées du transport public et les craintes de certains usagers d’y recourir, il a été nécessaire d’anticiper le développement d’un réseau cyclable performant et sécurisé afin d’accueillir un nombre grandissant de déplacements à vélo. Les mesures d’appropriation de l’espace public par les modes actifs (zones de rencontre, rues cyclables, …) ont également été accélérées pour permettre la distanciation physique. Après évaluation, certaines mesures seront pérennisées en cohérence avec les ambitions d’apaisement des quartiers du plan régional de mobilité.

Bruxelles Mobilité a estimé les flux de déplacements attendus sur les différents réseaux sur base d’hypothèses de déplacements prises pour chacune des phases de déconfinement (normes de télétravail, possibilités d’étaler les heures de pointe, reprise très marginale de l’enseignement, …). Ces analyses doivent bien sûr être actualisées lors des différentes phases de déconfinement.

Afin de s’adapter à la diminution du trafic automobile, à la part modale plus importante de la marche à pied et aux mesures d’hygiène (éviter les contacts avec les boutons-poussoirs piétons), certains cycles de feux ont été adaptés directement suite aux mesures de confinement. Avec le déconfinement et la reprise du trafic automobile, nous analysons cas par cas les modifications à apporter. Certains carrefours à feux, problématiques en termes de mobilité, sont déjà revenus à une situation de pré-confinement. Sur les carrefours à feux où la modification n’est pas problématique pour la mobilité, celle-ci sera conservée. Nous basons nos réflexions sur les plans stratégiques (comme Good Move) et des critères objectifs tels que les temps de parcours automobile, la congestion, les remontées de files, le trafic de transit, la sécurité routière, etc.

Bruxelles Mobilité n’a pas eu de données spécifiques par rapport aux différentes conditions de télétravail envisagées dans les différents secteurs mais diverses enquêtes ont été analysées afin d’appréhender les modifications de comportements attendus suite à cette période de confinement.

Le Pentagone étant voirie communale, il appartient à la Ville de Bruxelles de prévoir les dispositifs nécessaires au respect de la zone 20, ainsi que le processus d’évaluation. Bruxelles Mobilité a placé les panneaux de signalisation le long de la petite ceinture et nous participons au groupe de travail pour suivre et ajuster le projet où nécessaire.

J'ai déjà répondu en détail aux questions concernant le Bois de la Cambre lors de la Commission Mobilité du 9 juin, que vous présidez.

Comme mentionné précédemment, un monitoring hebdomadaire des déplacements pour les différents modes (trafic automobile, vélo, transport public) a été mis en place.

J'ai déjà amplement répondu, lors des dernières Commissions Mobilité, à toutes les questions concernant le chantier du tunnel Léopold II.

Il va sans dire que l’ensemble des chantiers autorisés par l’Administrateur de la voirie régionale sont discutés et étudiés a priori au sein de la Commission de la Coordination des Chantiers.

Dans le cadre de cette question spécifiquement et concernant les flux automobiles entrants à Bruxelles sur l’avenue Charles Quint par rapport à la fermeture du tunnel Léopold II, l’association externe de bureaux spécialisés a estimé que maximum 800 véhicules par heure peuvent être autorisés sur cet axe en direction du Centre-Ville sans que cela crée une situation ingérable. Ce chiffre a uniquement n’a été atteint pendant 2 jours à la fin mai. Il est à noter qu’une partie du trafic a probablement emprunté des axes parallèles tels que la chaussée de Gand et la chaussée de Ninove. La situation sur le boulevard Léopold II est la suivante : les temps de parcours montrent que les usagers en voiture perdent actuellement entre 10 et 15 minutes pour effectuer le trajet par rapport à la situation avant le confinement quand le tunnel Léopold II était ouvert.

Dans l’autre sens (sur la Petite Ceinture direction Basilique), la fermeture du tunnel Léopold II a augmenté les temps de parcours entre 55% et 60% par rapport à la situation avant le confinement quand le tunnel Léopold II était ouvert.

Pendant l’été 2019, Bruxelles Mobilité a comptabilisé en moyenne 18.000 véhicules par jour ouvrable dans le tunnel Botanique direction Basilique. Début juin 2020, les comptages indiquent que 22.000 véhicules par jour ouvrable prennent ce tunnel. À titre de comparaison, avant le confinement le tunnel Botanique en direction de la Basilique comptait 38.000 véhicules par jour ouvrable.

Par ailleurs, durant le confinement et compte tenu des analyses effectuées par des bureaux tiers pour l’aspect mobilité, la Commission de Coordination des Chantiers a autorisé l’entrepreneur en charge des travaux dans le tunnel Léopold II à poursuivre son chantier et de fermer le tunnel pendant cette période afin de réduire l’impact de la crise sur la durée du chantier. À la mi-mai, la Commission de Coordination des Chantiers a analysé l’opportunité de rouvrir le tunnel suite aux premières mesures de déconfinement. Toutefois, vu l’ampleur des travaux en cours et le temps nécessaire (3 semaines) pour rouvrir le tunnel en toute sécurité, il a été décidé, compte tenu de la fermeture estivale programmée pour cet été, de ne pas rouvrir le tunnel, d’autant plus que le seuil critique de 800 véhicules par heure par sens n’était pas atteint le 15 mai. En effet, l’entrepreneur aurait eu besoin de 3 semaines pour permettre une réouverture, ce qui aurait permis la réouverture à la mi-juin pour ensuite être refermé une à deux semaines plus tard. Cela aurait engendré un retard trop important pour un bénéfice quasi nul. Le 15 mai était donc une date charnière. Les analyses de flux ont été effectuées par une association de bureaux externes.

En ce qui concerne la seconde partie de la question, nous rappelons la réponse à l’une de vos questions précédentes portant sur la reprise des chantiers :

Dans le cadre de la gestion du déconfinement, Bruxelles Mobilité et la Commission de Coordination des Chantiers ont proposé un arrêté de pouvoirs spéciaux afin d’encadrer la poursuite des chantiers entamés avant et pendant le confinement ; mais également afin de gérer l’ensemble des chantiers prévus initialement à cette date et ceux qui se sont vus arrêtés par la crise et qui doivent reprendre.

Cet arrêté vise précisément à soutenir les entreprises actives dans le secteur la construction et leurs chantiers ayant un impact sur la viabilité de la voirie. Dans ce cadre, en collaboration avec les Administrateurs de voiries et les impétrants, Bruxelles Mobilité a établi, par le biais de cet Arrêté, un processus d’identification des chantiers prioritaires des différentes parties prenantes tout en facilitant au maximum l’obtention des autorisations pour ceux-ci ainsi que pour les autres chantiers ; et ce au travers d’une procédure simplifiée et standardisée (via OSIRIS).

Le premier objectif de l’arrêté est, par ailleurs, d’encadrer la reprise en évitant la saturation des voiries et des quartiers par un redémarrage anarchique de l’ensemble des chantiers en même temps. Une stratégie de relance a ainsi été transcrite dans l’arrêté. Celle-ci vise à identifier les axes et les zones économiques stratégiques de la Région et d’y organiser, par un système poche, l’activation des chantiers prévus dans ces zones tout en préservant au maximum l’accessibilité de celles-ci via les axes stratégiques identifiés.

Le second objectif est d’activer ces différentes zones au fur et à mesure afin de garantir l’approvisionnement de ces chantiers tout en préservant la viabilité des voiries tant pour les acteurs économiques que pour les services d’intervention d’urgence. Il s’agit également de permettre un contrôle et une maîtrise de la reprise des chantiers afin de préserver la reprise des activités socio-économique des autres acteurs situés dans ces différentes poches stratégiques.

Enfin, nous rappelons que ces mesures ont été concertées avec l’ensemble des parties prenantes afin d’éviter une situation chaotique où tous les chantiers redémarreraient en même temps. Le système proposé par l’arrêté susmentionné a véritablement pour objectif d’accompagner les entrepreneurs dans leurs chantiers tout en garantissant une hyper-coordination à l’échelle régionale sur les voiries de niveau 0 à 3.