Logo Parlement Buxellois

Question écrite concernant les chiffres des exportations des entreprises bruxelloises.

de
Bianca Debaets
à
Pascal Smet, Secrétaire d'État à la Région de Bruxelles-Capitale, chargé de l'Urbanisme et du Patrimoine, des Relations européennes et internationales, du Commerce extérieur et de la Lutte contre l'Incendie et l'Aide médicale urgente (question n°167)

 
Date de réception: 08/06/2020 Date de publication: 06/07/2020
Législature: 19/24 Session: 19/20 Date de réponse: 06/07/2020
 
Date Intitulé de l'acte de Référence page
10/06/2020 Recevable p.m.
 
Question    Début mai, le Voka a publié des chiffres alarmants sur les exportations des entreprises flamandes : pas moins d’un tiers du niveau normal ces deux derniers mois. Et le Voka s’attend à ce que le ralentissement des exportations persiste également au cours des quatre prochains mois.

C’est pourquoi l’organisation patronale demande qu’une stratégie de relance soit définie pour les exportations et qu’on veille à lever les obstacles apparus durant la crise du coronavirus, comme le fait qu’un grand nombre d’entreprises ont souffert des restrictions de la circulation professionnelle internationale des personnes.

Le Voka lui-même a déjà lancé « Mercurio », un nouveau programme de soutien destiné aux entreprises désireuses de s’internationaliser.

L’Awex a déclaré cette semaine que la situation en Wallonie est également sombre : on s’y attend à une baisse de 13 à 18% dans les chiffres des exportations wallonnes. Certains secteurs, tels que l’aviation, ont été plus durement frappés que d’autres.

C’est pourquoi l’Awex prévoit quelques actions ciblées, de nouveaux mécanismes de financement et une présence à des salons virtuels.

Je voudrais dès lors vous poser les questions suivantes :

- Disposez-vous de chiffres ou d’estimations concernant la perte d’exportations des entreprises bruxelloises ? Pouvez-vous indiquer combien d’emplois sont menacés en conséquence ?

- Êtes-vous en contact avec les organisations patronales ou la Chambre de commerce de Bruxelles ? Quelles plaintes ou entraves les entreprises bruxelloises ont-elles relevées en matière d’exportation ? Avez-vous décidé de soutenir la Chambre de commerce de Bruxelles dans l’élaboration de programmes nouveaux ou novateurs visant à accompagner les entreprises exportatrices ?

- Le gouvernement a-t-il pris des mesures afin de permettre une reprise des exportations ? Quand escomptez-vous la présentation d’un nouveau plan d’action pour le commerce international ? En connaissez-vous déjà les lignes de force ?

- Vous concertez-vous avec vos collègues des autres Régions et avec le gouvernement fédéral en vue d’organiser des actions communes, telles qu’une campagne de promotion ?
 
 
Réponse    Il est encore un peu tôt pour évaluer la perte d’exportations pour les entreprises bruxelloises car seuls les chiffres jusqu’au mois de mars 2020 sont actuellement disponibles. Néanmoins, voici ce que l’on peut en déduire :

- Les chiffres d’exportations et importations pour la RBC ont augmenté au 1
er trimestre 2020 par rapport au T1 2019 (et sont plus ou moins similaires, bien que légèrement inférieurs, à ceux du T1 2018).

(en millions d’EUR

in miljoen EURO)

T1 2020

T1 2019

T1 2018

Import Bruxellois

Brusselse import

3 425

3 168

3 508

Export Bruxellois

Brusselse export

1 858

1 733

1 879



- En y regardant de plus près, ce sont surtout les mois de janvier et février qui contribuent à cette augmentation (en les comparant aux mêmes mois de 2019), tandis qu’une diminution est observable au mois de mars. Cela est également visible pour les autres régions belges. Bien sûr, cela se base sur des observations de données mensuelles qui sont plus sujettes à variations. Néanmoins, si l’on se base sur un communiqué de presse de la BNB publié le 15 juin, cette tendance à la baisse à partir de mars se confirmerait également en avril (les chiffres portent seulement sur la Belgique) :

« Depuis le début de la crise sanitaire, le mois d’avril 2020 est le premier mois complet sur lequel les mesures prises dans le cadre de la pandémie de COVID-19 et qui ont le plus grand impact sur l’économie ont fait effet, tant en Belgique que chez la plupart de nos partenaires commerciaux. Par rapport à la situation qui prévalait en avril 2019, les premières estimations provisoires pour avril 2020 font état d’une baisse historique (-24,0 %) des exportations et d’une chute encore plus importante (-28,8 %) des importations. En mars 2020, mois durant lequel les mesures prises dans le cadre de la pandémie de COVID-19 ne l’ont été que durant seconde quinzaine du mois, les baisses étaient demeurées relativement limitées, tant pour les exportations (-6,1 %) que pour les importations (-8,8 %).De tels chiffres négatifs n’avaient plus été enregistrés depuis le creux de la crise financière de 2008 : en avril 2009, les exportations avaient chuté de 26,1 % et les importations de 28,4 %. »

Quant aux emplois menacés, il est une nouvelle fois difficile de faire une estimation réaliste car il est quasi-impossible d’identifier toutes les entreprises bruxelloises qui exportent et surtout quelle est la part de leur personnel affectée au chiffre d’affaires à l’export.

Le Conseil Économique et Social ainsi que la Chambre de Commerce de Bruxelles ont régulièrement transmis au Gouvernement les difficultés auxquelles (notamment) les entreprises faisaient face.

Dans le cadre de la crise du COVID-19, l’incertitude est le plus grand ennemi des exportateurs bruxellois : sa durée, son impact socio-économique, son évolution à vitesses différentes dans chaque pays, son influence sur les modèles de consommation…

Les plus grandes difficultés rencontrées par les exportateurs pour l’instant sont :

- La solvabilité : la crise ayant touché l’économie mondiale, les exportateurs bruxellois doivent faire face à des dus non-perçus et à un carnet de commandes moins rempli. Ceci met en péril la solvabilité et la trésorerie des exportateurs bruxellois.
- La clientèle : des clients existants ont annulé ou retardé leurs commandes et la prospection de nouveaux clients est rendue extrêmement difficile.
- Le manque de mobilité de biens et de personnes : la fermeture de frontières, de lignes aériennes et d’aéroports a rendu l’expédition de biens très compliquée, mais aussi l’importation de composantes nécessaires à la production. La distanciation sociale imposée a également ralenti les lignes de production et a également eu un impact négatif sur le secteur des services qui était tout de même moins touché par le COVID-19.

Afin d’outiller les exportateurs pour ces préoccupations principales, hub.brussels a organisé 9 webinars thématiques (e-commerce, entretenir sa relation client, se financer et s’assurer à l’international, conditions générales et logistiques) et géographiques (États du Monde par zone géographique) auxquels 448 personnes ont assisté au total, et qui ont été rediffusés via la newsletter internationale mensuelle. D’autres vont suivre en temps utile avec des sujets adaptés au rythme du déconfinement et de la reprise.

BECI m'a adressé une demande pour un subside cette année. Le dossier est encore à l'étude, comme nous souhaitons nous assurer que les actions de BECI et de hub.brussels pour accompagner les entreprises en ces temps de crise soient bien complémentaires.

D’un côté, le Gouvernement bruxellois travaille actuellement sur un plan régional de relance et de redéploiement contenant un bon nombre de mesures destinées à relancer l’économie bruxelloise, y compris ses exportations. Ce plan sera communiqué au grand public après (i) concertation avec les partenaires sociaux et (ii) adoption en 2
e lecture par le GRBC.

Sans attendre ce plan régional de relance et de redéploiement, une prime plafonnée à 2.500€ par entreprise a été instaurée pour couvrir les frais de préparation ou de participation à un salon commercial ou à une mission de prospection commerciale à l’étranger qui ont été engagés avant les mesures de contingentement sanitaire, c’est-à-dire avant le 19 mars 2020, et pour lesquels l’entreprise n’a pu obtenir aucun remboursement après avoir dû annuler ses réservations.

D’un autre côté, hub.brussels a réorienté son plan d’actions international (PAI) redéploiement, qui sera bientôt prêt.


Les grandes lignes de ce PAI redéploiement 2020 sont :

- Une cinquantaine d’actions en moins :
* Il s’agit d’abord de grands salons internationaux annulés par les organisateurs pour des raisons de sécurité/santé publique. Vu l’envergure des infrastructures nécessaires, il n’était généralement pas possible de déplacer ces grands événements à une date ultérieure.
* Des plus petites actions ont également été annulées par hub.brussels, si elles sont devenues moins pertinentes dans le contexte du COVID-19.
* De grandes actions coûteuses d’image – telles que les missions princières, les visites d’État et des Brussels Days hors Europe – ont été annulées

Étant en confinement pendant plusieurs mois et faisant face à de nombreuses incertitudes post-COVID-19, hub.brussels a investi dans la digitalisation permettant (i) l’organisation de webinars au lieu des séminaires traditionnels et (2) la virtualisation des missions économiques et journées de B2B. Ceci permet aux entreprises bruxelloises de s’informer sur des thématiques/opportunités et de nouer des contacts avec des potentiels clients/partenaires étrangers tout en minimisant leurs déplacements et frais.

Une attention particulière est portée aux néo-exportateurs. En temps de crise il est d'autant plus important de diversifier ses marchés afin de garantir des ventes. L'export limitrophe et intra-européen sera relancé en premier, notamment dans le cadre d'une Europe se voulant moins dépendante. C’est précisément ce type d’exportation qui est le plus accessible aux néo-exportateurs, qui sont principalement des TPE, plus vulnérables aux effets de la crise. Il importe donc de leur apporter un accompagnement renforcé afin de compléter des débouchés (momentanément) amoindris sur le marché belge.

Recentrage sur l’Europe : 62,5% des actions (contre 55% des actions dans le PAI2020 initial).

Les 3 Régions et le Fédéral se sont mis d’accord pour renforcer en 2021 le programme de Visites d’État et de Missions princières. Il y en aura 5, au lieu des 4 traditionnelles, pendant lesquelles nous pourrons faire la promotion du savoir-faire et des atouts belges. Plus précisément il y aura 3 missions princières, dont 1 en Europe mais hors U.E., ce qui est un précédent, justifié par la situation exceptionnelle suite au COVID-19.