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Question écrite concernant la précarité numérique chez les femmes.

de
Margaux De Ré
à
Barbara Trachte, Secrétaire d'État à la Région de Bruxelles-Capitale, en charge de la Transition économique et de la Recherche scientifique (question n°149)

 
Date de réception: 04/05/2020 Date de publication: 16/09/2020
Législature: 19/24 Session: 19/20 Date de réponse: 15/09/2020
 
Date Intitulé de l'acte de Référence page
16/06/2020 Recevable p.m.
 
Question    La crise sanitaire que nous traversons et les mesures de confinement qui en découlent nous poussent à utiliser les outils numériques pour maintenir le lien. Enseignement, travail, contact avec les administrations : ces activités qui viennent rythmer notre quotidien se sont rapidement digitalisées.

Si toutes les couches de la société ont dû s’adapter à ce changement de paradigme, l’adaptation est plus difficile pour certains publics. Les personnes précarisées en sont les plus touchées. Les femmes, Monsieur le Ministre, sont aussi une catégorie de personnes particulièrement atteintes. On estime qu’elles sont par exemple 12% de moins que les hommes à utiliser Internet (UNICEF). Les stéréotypes sexistes véhiculés disant que les femmes seraient moins douées dans des compétences numériques contribuent à cette fracture existante.

Dans ce contexte, j’aimerais vous poser les questions suivantes :

- Avez-vous des données chiffrées sur le nombre de femmes touchées par la précarité numérique dans la région ?
- Quelles sont les mesures mises en place pour pallier la fracture numérique chez les femmes en période de confinement et au-delà ?
- La déclaration de politique régionale engage le gouvernement à être attentif aux enjeux de précarité numérique chez les femmes, ainsi quel est l’état d’avancement de la campagne de sensibilisation via “Women in Business” ? Qu’en-est-il également du plan “STE(A)M” ?
 
 
Réponse    Pour compléter les réponses apportées par mon collègue Bernard Clerfayt, je vous prie de trouver ci-dessous les éléments concernant l’action Women in Business.brussels et le plan STE(A)M.

Dans la Déclaration de politique générale, le Gouvernement a indiqué qu’il entendait soutenir l’entrepreneuriat féminin en accompagnant les femmes dans la « 4e révolution industrielle » (notamment la numérisation et la digitalisation).

Pour ce faire, le Gouvernement bénéficie de l’action de Women in Business.brussels et Women in Tech.brussels, les deux plateformes qui relèvent du service 1819, hébergé par hub.brussels, et qui ont notamment pour mission de stimuler l’entrepreneuriat féminin et l’inclusion des femmes dans l’économie digitale à Bruxelles et d’encourager les femmes à participer aux dispositifs d’appui à la création d’entreprise et aux formations STE(A)M (Science, Technology, Engineering, Arts and Mathematics).

Women in Business et Women in Tech agissent principalement via deux leviers :
· Le premier est le renforcement de l’accompagnement des femmes entrepreneures dans les nouveaux métiers du numérique ;
· Le second porte sur l’évolution des mentalités : pour susciter l’envie d’entreprendre chez les jeunes femmes, nous devons mettre en valeur des modèles féminins auxquelles elles puissent s’identifier, y compris dans les métiers techniques et scientifiques, dans lesquels les femmes sont encore largement minoritaires.

Dans le cadre du plan NextTech, via les actions « Women in Tech » , Innoviris a œuvré à la promotion des femmes dans les TIC, en les encourageant à entreprendre des tâches informatiques complexes. En plus de l'informatique en tant que compétence, l'innovation exige en effet de mettre l'accent sur l'informatique en tant que science. Une autonomisation des jeunes filles dans l'éducation secondaire (générale) dans ce domaine est donc nécessaire.

Par ailleurs, une stratégie de soutien pour la sensibilisation des femmes à l’entrepreneuriat et aux nouvelles technologies portée par Women in Business et Women in Tech est en cours d’élaboration. En parallèle, la Région bruxelloise est activement impliquée dans la rédaction d’une stratégie inter-fédérale intitulée Women in Digital, qui vise à développer des actions de sensibilisation à l’importance de la maîtrise des outils digitaux tout au long de la vie.

Conformément à la mise en œuvre de la Déclaration de Politique Régionale, un nouveau plan stratégique de sensibilisation, le plan STE(A)M, sera élaboré d'ici novembre 2020. Il visera à promouvoir les matières STE(A)M auprès des jeunes filles et des femmes.

Une analyse réalisée en 2018 par Innoviris (Van Laethem & Verstraete) avait déjà montré que bien que les femmes représentent plus de la moitié de la population étudiante dans l'enseignement supérieur à Bruxelles, elles sont généralement sous-représentées dans les cours STEM (scientifiques et techniques). C'est dans les TIC (6 % de femmes dans l’enseignement supérieur non-universitaire et 22 % en universitaire) que cette sous-représentation est la plus élevée, suivies par le génie civil, les sciences naturelles et les sciences industrielles et technologiques (toutes avec moins de 30 % de femmes) et les disciplines des mathématiques, de la chimie et de la géologie (environ 30 % de femmes).

C’est pour participer, à son échelle, au redressement de cette tendance qu’Innoviris propose des actions destinées à rendre les femmes plus visibles dans les sciences. Citons par exemple le prix Brussels Science Ambassadress, visant à mettre en lumière une scientifique bruxelloise et son travail, ou le fait qu’Innoviris incite activement les acteurs et actrices scientifiques à inclure la dimension genre dans les projets de sensibilisation aux sciences qu’ils et elles soumettent à financement.

Un des principaux objectifs de nombreuses actions de sensibilisation aux sciences soutenues par Innoviris est de démontrer que les jeunes filles peuvent également s'occuper de tâches informatiques complexes. C’est le cas par exemple des ateliers de codage organisés dans le cadre du « Women in Code festival », dans lesquels des tâches cognitives complexes sont enseignées de manière pratique et dans le cadre d'un discours éducatif non sexiste. Ces activités permettent aux jeunes filles de renforcer leur confiance en leurs compétences dans ce domaine et de les motiver à entreprendre. Cet objectif sera l’une des bases du futur plan STE(A)M.

Enfin, Innoviris souhaite focaliser son aide aux jeunes socialement vulnérables en apportant les sciences et techniques dans des environnements où elles sont généralement moins présentes. Par exemple, Innoviris a développé le fablab mobile (« Techtruck ») pour atteindre les jeunes (femmes) des quartiers défavorisés. Innoviris finance également des acteurs et actrices de terrain qui se concentrent sur l'égalité des chances, comme l’asbl Maks, qui vise à combler la fracture numérique en proposant des activités pour les jeunes (femmes) des quartiers défavorisés. Notons que la future Cité des Sciences et de l’Innovation aura également un rôle important à jouer dans ce domaine et je veillerai à ce que cette dimension y soit bien présente.