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Question écrite concernant le soutien au secteur du livre dans le cadre de la relance après la crise du coronavirus.

de
Bianca Debaets
à
Barbara Trachte, Secrétaire d'État à la Région de Bruxelles-Capitale, en charge de la Transition économique et de la Recherche scientifique (question n°158)

 
Date de réception: 08/06/2020 Date de publication: 04/02/2022
Législature: 19/24 Session: 19/20 Date de réponse: 15/09/2020
 
Date Intitulé de l'acte de Référence page
02/07/2020 Recevable p.m.
 
Question    La crise du coronavirus porte également un coup particulièrement dur à l’industrie du livre. Pour de nombreux auteurs, les temps sont difficiles, avec l’annulation de lectures et d’événements littéraires, la diminution des ventes de livres suite à la fermeture obligatoire des librairies et des bibliothèques. Les librairies ont ainsi perdu environ 50 % de leur chiffre d’affaires, selon les chiffres récents de Boek.be. Comme il fallait s’y attendre, l’achat de livres s’est presque entièrement déplacé vers les canaux de vente en ligne (+52 %) et les supermarchés (+17,5 %). En conséquence, le marché général du livre a connu en mars une baisse de chiffre d’affaires de 15 % par rapport à la même période l’an dernier. Tous les genres de livres ont connu une baisse, à l’exception des livres pour enfants, qui a enregistré une augmentation de chiffre d’affaires de 4,3 % en mars. Les livres autres que de fiction ont connu le recul le plus prononcé (‑34 %).

Depuis la fermeture obligatoire de leur point de vente physique, de nombreuses librairies locales restent en contact avec leurs clients par le biais de boutiques en ligne, de livraisons à domicile et d’autres actions originales. La période de validité des bons d’achat a été prolongée de trois mois pour permettre aux clients de les utiliser plus tard. Des actions comme « Verspreid het leesvirus » et la promotion de l’achat local sensibilisent les consommateurs à l’importance de soutenir les entrepreneurs locaux de leur quartier. Néanmoins, la fracture numérique – avec les acteurs étrangers en particulier – s’avère énorme.

Immédiatement après l’annonce du confinement, les éditeurs ont également observé une baisse nette du chiffre d’affaires. Non seulement les activités commerciales ont été quasiment mises à l’arrêt, mais les exportations ont également diminué à vue d’œil. Les éditeurs estiment déjà la perte totale de chiffre d’affaires annuel entre 30 et 47 millions d’euros. La majorité des éditeurs ayant participé à l’enquête de Boek.be, souvent des petites et moyennes entreprises de moins de 50 salariés, ont évalué la baisse entre 21 et 35 % de leur chiffre d’affaires annuel total. 30 % ont même estimé leur perte de chiffre d’affaires à plus de 51 %.

Les auteurs tirent souvent leurs revenus de diverses sources (par exemple, droits d’auteur, revenus professionnels en tant qu’indépendant à titre complémentaire, subventions, revenus salariaux à temps partiel, régime des petites indemnités ou allocations de chômage dans le cadre du statut d’artiste). En raison de la situation actuelle, ces revenus se réduisent de part et d’autre et, souvent, il n’y a pas directement de réponse appropriée pour compenser l’impact financier. Par exemple, en Flandre, Literatuur Vlaanderen continue d’apporter un soutien direct aux auteurs grâce aux « bourses de travail » (werkbeurzen), et grâce aux ressources numériques et au dévouement des commissions d’avis, il n’y a eu aucun retard dans le processus d’octroi, même en ces temps exceptionnels. En outre, un soutien est également offert par d’autres canaux : en particulier pour la perte de revenus due à l’annulation des lectures d’auteurs, Literatuur Vlaanderen a développé un régime de compensation et des subventions temporaires sont également disponibles pour les conférences qui ont lieu en ligne. Le lien entre le lecteur et l’auteur doit être préservé sous quelque forme que ce soit.

Bruxelles mise fortement sur la littérature, notamment grâce à de magnifiques librairies comme on en trouve galerie Bortier ou, par exemple, Passa Porta et Filigranes. Cela doit être préservé autant que possible afin de continuer à soutenir la réputation de Bruxelles en tant que capitale du livre et de la bande dessinée.

Nous avons également entendu la semaine dernière que la Communauté française mobilise 2,67 millions d’euros pour le secteur du livre à travers cinq mesures.

Je voudrais vous poser les questions suivantes à ce sujet :

1. Quel soutien spécifique le gouvernement a-t-il apporté au secteur des lettres (auteurs, librairies, éditeurs, etc.) dans la crise du coronavirus actuelle, car on ne trouve sur le site Web concerné aucune rubrique fournissant des informations concrètes à ce sujet ? Disposez-vous de chiffres sur les préjudices causés au secteur des lettres de la RBC par la crise du coronavirus ?

2. Dans quelle mesure les Communautés ont-elles été associées aux mesures spécifiques pour le secteur des lettres ? Quelles propositions politiques ont-elles été convenues sur l’évaluation des préjudices et l’indemnisation du secteur du livre entre les plans de la Région et des Communautés ? Idem pour les mesures concernant le commerce électronique ?

3. Quel est le calendrier à cette fin, et quels autres partenaires sont-ils impliqués ?
 
 
Réponse    J’ai bien pris la mesure de l’impact de la crise COVID-19 sur l’écosystème bruxellois des Industries Culturelles et Créatives. C'est pourquoi, comme vous le savez certainement, j’ai approuvé avec mes collègues du Gouvernement bruxellois, de la VGC et de la COCOF, des mesures de soutien spécifiques pour le secteur Culturel et Créatif pour un montant de 8,4 millions d’euros.
Le soutien que nous pouvons apporter se fait dans le cadre de mes compétences économiques. Un certain nombre d’acteurs du secteur ont pu bénéficier des prime unique de 4000 EUR et compensatoire de 2000 EUR. Ils sont également éligibles aux outils de prêt (notamment Recover) que nous avons mis en place au sein de Finance&Invest.brussels. Je tiens également à rappeler la mission déléguée aux coopératives d’emploi, comme la SMART, qui abrite également beaucoup d’opérateurs culturels et créatifs.
En ce qui concerne la vente en ligne, plusieurs programmes de soutien, mis en place avant la crise, ont été renforcés. Plusieurs projets expérimentaux ont également été lancés (entre autres le projet MaZone avec Urbike). Cela permet de tester des solutions de logistique et distribution alternatives. D’autres mesures sont prévues dans le cadre du plan de relance et redéploiement. Je vous invite à consulter la réponse à votre question écrite n° 125. Le sujet est également abordé dans les questions n° 129 de Madame Bertrand et n° 137 de Madame Barzin.
Enfin, comme vous le mentionnez vous-même, le Gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles a adopté différentes mesures afin de soutenir la chaine du livre, pour un montant global de 2,67 millions d'euros.
Soyez toutefois assurée que je suis la situation de très près. Nous faisons tout ce qui nous est possible pour aider ce secteur, dans le cadre des compétences économiques dont j’ai la charge.
Depuis le début de la crise, nous avons été en contact rapproché avec nos homologues des autres niveaux de pouvoir. Ainsi, dans le cadre des mesures de soutien au secteur des ICC, nous nous sommes concertés avec les communautés afin de vérifier que les mesures prises ne fassent pas doublon avec celles mises en œuvres par la Fédération Wallonie Bruxelles et la Vlaamse Gemeenschap.