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Question écrite concernant l'impact du Brexit sur la Région de Bruxelles-Capitale et la stratégie des autorités bruxelloises visant à attirer des entreprises dans le cadre du Brexit.

de
Geoffroy Coomans de Brachène
à
Pascal Smet, Secrétaire d'État à la Région de Bruxelles-Capitale, chargé de l'Urbanisme et du Patrimoine, des Relations européennes et internationales, du Commerce extérieur et de la Lutte contre l'Incendie et l'Aide médicale urgente (question n°207)

 
Date de réception: 06/07/2020 Date de publication: 02/10/2020
Législature: 19/24 Session: 19/20 Date de réponse: 17/07/2020
 
Date Intitulé de l'acte de Référence page
10/07/2020 Recevable p.m.
 
Question    Depuis le 31 janvier 2020, le Royaume-Uni ne fait plus partie de l'Union européenne.

L’UE et le Royaume-Uni ont toutefois négocié un accord de retrait ordonné prévoyant notamment une période de transition qui prolonge la situation actuelle jusqu’à la fin 2020. La nature de la relation entre le Royaume-Uni et l'UE au 1er janvier 2021 dépendra de la signature d'un accord de libre-échange (ALE) entre les deux parties d’ici la fin de cette année.

Londres et Bruxelles ont convenu ce lundi 15 juin 2020 de la nécessité d’accélérer leurs discussions pour obtenir un accord d’ici la fin de l’année. Le risque d'un Brexit sans accord subsiste néanmoins si les négociations lancées pendant la période de transition ne devaient pas aboutir d’ici au 31 décembre 2020, en l’absence de prolongation de la période de transition tel qu’annoncé par le gouvernement britannique.

Au niveau fédéral, le SPF Economie a lancé le « Brexit Impact » afin de préparer les entreprises basées en Belgique à mieux anticiper les risques, en dressant l’inventaire des répercussions d’un tel scénario sur les activités.

Pour ces raisons, je souhaiterais vous poser les questions suivantes :

1. Selon les analyses les plus récentes qui sont à votre disposition, quel est l’impact d’une absence d’accord dans le cadre du Brexit pour le commerce extérieur bruxellois ?

2. Une concertation a-t-elle eu lieu entre vos services et le service SPF Économie suite au lancement de « Brexit Impact » ?

3. Une adresse-mail avait été mise à disposition des sociétés bruxelloises afin de recueillir leurs éventuelles questions. En septembre dernier, vous aviez fait remarquer qu’aucune question n’avait été posée et qu’aucune mesure n’avait été demandée par les opérateurs économiques. Faites-vous le même constat actuellement ?

4. Si c’est toujours le cas, faut-il en déduire que le tissu économique et social bruxellois s’est déjà adapté aux risques liés au Brexit ?

5. Quelles sont les stratégies que vous avez adopté avec le Commissaire du gouvernement bruxellois à l’Europe et aux organisations internationales ?

6. Quelles sont les résultats de l’Union Professionnelle du Secteur Immobilier (UPSI) pour répertorier les bâtiments disponibles à Bruxelles et susceptibles d’accueillir les agences et entreprises ciblées dans le contexte du Brexit ? Voyez-vous une dynamique positive ?


Depuis le 31 janvier 2020, le Royaume-Uni ne fait plus partie de l'Union européenne.
Néanmoins, la Belgique reste le 4ème partenaire européen de ce pays, exportant près de 30 milliards d’€ outre-Manche.

Certes, le Brexit est un risque pour nos entreprises et notre tissu économique, mais aussi une opportunité de mettre en œuvre de nouvelles stratégies afin d’attirer davantage les entreprises britanniques et internationales dans notre capitale.

Durant la dernière législature, la Région avait lancé une plate-forme afin de contribuer à attirer ces entreprises basées en Grande-Bretagne, avec des résultats plutôt contrastés jusqu’à présent.

Qu’en est-il aujourd’hui de cette stratégie visant à attirer ces entreprises, sociétés et organismes souhaitant rester au sein de la zone euro ?

La Région s’était positionnée pour récupérer le siège de l’Agence Européenne des Médicaments (EMA) : partie à Amsterdam !

La Région s’était également positionnée pour récupérer le siège de l’Autorité Bancaire Européenne (ABE) : partie à Paris !

Alors que nous sommes pourtant une terre d’accueil idéale pour les institutions et agences européennes, les stratégies mises en place auront manifestement été insuffisantes… voire défaillantes.

Depuis les dernières élections régionales, l’enthousiasme et les timides initiatives du gouvernement bruxellois à l’égard de secteurs-clés semblent avoir été rapidement oubliés.
Pourtant, même si notre Région a manqué de proactivité sur la première vague des départs annoncés, il n’est encore trop tard pour les secondes et troisième vague. Pour autant que les initiatives soient prises évidemment !

Pour ces raisons, je souhaiterais vous poser les questions suivantes :

7. Quelles initiatives ont été prises par le gouvernement bruxellois depuis la nouvelle législature concernant le Brexit ? Quelle méthodologie utilisez-vous pour cibler les entreprises ? Et comment sont-elles approchées ? Y a-t-il des secteurs-clés en particulier ?

8. Avez-vous ciblé des organismes internationaux qui pourraient se délocaliser mais n’auraient pas pris de décision quant au choix de la délocalisation ?

9. Quels sont les budgets 2019 et 2020 pour les actions liées au Brexit ? Ces budgets font-ils partie de Invest-Export.brussels ?

10. Sachant que vous avez beaucoup mis en avant votre volonté d’un meilleur city-marketing pour Bruxelles, avez-vous déjà lancé des campagnes média vis-à-vis de publics spécifiques à Londres et au Royaume-Uni en général ?

11. Comme c’est le cas pour Invest-Export.brussels, existe-il une équipe « Brexit » sur le terrain afin d’aider les entreprises souhaitant obtenir des informations ? Sinon, un numéro de téléphone ou une adresse-mail permet-elle ce relais auprès de vos services ?

12. Quelles sont les stratégies que vous avez adopté avec le Commissaire du gouvernement bruxellois à l’Europe et aux organisations internationales ?
Quels sont les immeubles ou quartiers actuellement mis en avant l’Union Professionnelle du Secteur Immobilier (UPSI) dans le cadre du déménagement possible vers Bruxelles dans le contexte du Brexit ?
 
 
Réponse    1

697 entreprises sur les 4300 exportateurs bruxellois ont déclaré à hub.brussels exporter ou avoir exporté au Royaume-Uni.

Ces entreprises cumulent 38.000 emplois sur base des chiffres disponibles aux comptes annuels de ces sociétés.

L’estimation de l’impact de l’absence d’accord est quasiment impossible à faire, on ne peut connaître l’élasticité de la demande c’est-à-dire l’influence qu’aura l’augmentation de prix des produits bruxellois suite à l’application des droits de douanes - dont on ne connait pas encore l’ampleur précise aujourd’hui - sur les volumes vendus.

Le Royaume-Uni ne pèse que pour 300 Mio EUR, soit à peine 4% des exportations totales de la région en 2019.

Les PME bruxelloises y exportent quasiment exclusivement des produits haut de gamme de niches principalement alimentaires.

Même pour l’automobile qui domine nos exportations, la production bruxelloise est premium et électrique.

Pour les consommateurs anglais à hauts revenus et pout autant que seul le prix intervienne dans leurs achats, les produits bruxellois devraient être moins sensibles à des accroissements de prix liés à l’imputation de droits de douanes que ceux bien plus communs.

Compte-tenu du positionnement de nos produits et de la relative faiblesse de nos échanges, un BREXIT dur aurait un impact peu important sur les exportations de biens bruxelloises et donc sur l’emploi dans la région.


2

Cette concertation se fait depuis 2016 au travers du Brexit High Level Group réuni par le Ministre fédéral en charge de l’Economie, qui aide les entreprises à s’y préparer. L’outil « Brexit Impact Scan » a été largement diffusé auprès des exportateurs bruxellois et présenté lors de séminaires consacrés au Brexit.


3

C’est toujours le cas maintenant, cette adresse n’est pas utilisée par les entreprises.


4

Nous ne le pensons pas, cela signifie que le tissu économique bruxellois, comme ailleurs, ne sait toujours pas quelle sera la formule finale de négociations et attend les réponses définitives ou se tourne vers d’autres marchés, ce que semblent montrer les statistiques d’export de marchandises de 2019. La gestion de la crise COVID-19 est la préoccupation vitale des entreprises en ce moment.


5

Les collaborations entre le CBEOI et BI&E puis hub.brussels pour attirer des organisations basées au Royaume-Uni existent sur le terrain depuis le référendum sur le Brexit. Par exemple, la partie bruxelloise des dossiers de candidatures belges pour attirer les agences EMA et EBA a été réalisée conjointement par les deux institutions.

Afin de tirer le meilleur parti de cette collaboration, j’ai souhaité l’intégrer dans la collaboration plus structurelle qui inclut également visit.brussels et Brussels International, afin d’avoir une approche compréhensive notamment de tous les aspects de la promotion de Bruxelles sur la scène internationale.

Cette collaboration structurelle a fait l’objet d’un Accord-cadre de coopération signé par les quatre organismes en mai 2020.


6

L’offre de l’UPSI mise en avant dans le cadre du Brexit est reprise sur le site www.business2belgium.be. La grande majorité des immeubles concernés se trouve en Région bruxelloise.

Même s’il n’y a plus d’agence européenne à attirer du Royaume-Uni, la collaboration avec l’UPSI a toujours été positive. La Région a d’ailleurs contribué financièrement à la création du site mentionné ainsi qu’à son contenu.


7

La stratégie lancée au cours de la législature précédente a porté ses fruits, puisque, selon les chiffres du dernier baromètre de l’attractivité d’EY, le flux des investissements britanniques vers Bruxelles a quasiment doublé depuis lors.

Celle-ci reste donc inchangée et nous continuons à viser les entreprises des secteurs de la Finance, l’Audiovisuel et la Pharma, trois secteurs particulièrement réglementés par des directives européennes et donc potentiellement plus impactés par les conséquences du Brexit.

Dans notre approche, outre les multiples atouts de Bruxelles que nous connaissons et qui font partie de notre argumentaire générique, nous mettons en avant la compétence et l’attitude « Business-friendly » des autorités règlementaires belges (BNB, FSMA, IBPT, AFPMS) amenées à contrôler ces entreprises une fois qu’elles seront installées chez nous. Cet élément est en effet un point déterminant dans leur choix de localisation.

J’ai ainsi fait prolonger la campagne de communication lancée par le Gouvernement de la législature précédente en faisant réaliser une étude comparative sur les cadres réglementaires applicables à Bruxelles et dans 3 villes concurrentes, dans le domaine de l’audiovisuel. Celle-ci a mis en avant la situation privilégiée de Bruxelles et a été reprise dans plusieurs media spécialisés britanniques.


8

L’UE n’a plus d’agence basée au Royaume-Uni. La réalisation du dossier de candidature de la Belgique pour l’accueil d’organisations internationales est une compétence du SPF Affaires étrangères. La partie bruxelloise du dossier est en général coordonnée par le CBEOI avec la contribution des autres institutions bruxelloises concernées (hub.brussels, BI, Innoviris…), comme c’est le cas actuellement avec le Centre européen de compétences en matière de cybersécurité, que la Belgique cherche à attirer sur son territoire.


9

- INVEST :


En juin 2019, à l’issue de la campagne Brexit commandée sous la précédente législature, il restait un solde de 93.745€, sur un budget initial de 400.000€. J’ai demandé que ce solde soit réaffecté à une nouvelle phase de communication Brexit déjà évoquée au point 7, qui visait spécifiquement le secteur britannique de l’audiovisuel.

En 2019 et 2020, des budgets respectifs de 57.000 et de 35.000 EUR ont été alloués à la prospection Invest au Royaume-Uni, dont chaque action contient un volet spécifique Brexit.

Ces différents montants ont bien été alloués à hub.brussels.

- EXPORT :

Pour l’export, hub.brussels a organisé 2 séminaires consacrés au BREXIT en collaboration avec BECI et les douanes belges et diffusé les conseils de préparation sur le site de hub.brussels, du 1819 et sur les réseaux sociaux ; aucun budget spécifique n’a été dégagé pour cette sensibilisation.


10

Oui : la campagne menée à Londres à la fin de l’année dernière dans le secteur de l’audiovisuel (cf point 7 et 9).


11

Le premier point de contact sur le terrain reste l’Attaché économique et commercial de la RBC basé à Londres. Depuis le 1er novembre 2019, ce poste a été renforcé par l’engagement d’un assistant Invest. Son rôle n’est pas d’attendre des mails ou coups de téléphone sur un numéro vert, mais de renforcer la prospection directe des entreprises britanniques susceptibles de devoir se relocaliser en UE suite au Brexit.


12

Voir point 5


13

Voir point 6. L’offre de l’UPSI mise en avant dans le cadre du Brexit est reprise sur le site www.business2belgium.be. La majorité des immeubles concernés se trouve en Région bruxelloise.