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Question écrite concernant le revenu de formation pour les demandeurs d'emploi.

de
Ridouane Chahid
à
Bernard Clerfayt, Ministre du Gouvernement de la Région de Bruxelles-Capitale chargé de l'Emploi et de la Formation professionnelle, de la Transition numérique, des Pouvoirs locaux et du Bien-Être animal (question n°348)

 
Date de réception: 08/07/2020 Date de publication: 02/10/2020
Législature: 19/24 Session: 19/20 Date de réponse: 14/09/2020
 
Date Intitulé de l'acte de Référence page
10/07/2020 Recevable p.m.
 
Question    Dans la déclaration de politique régionale, le gouvernement bruxellois annonçait une indemnité de stage, appelé désormais revenu de formation, de 4 euros brut au lieu d’1 euro brut. Ma collègue, Isabelle Emmery, vous avait questionné sur ce montant au mois d’octobre de l’année passée. Vous aviez alors mentionné que le montant de 4 euros brut était compliqué à mettre en place, que cela ne se ferait pas tout de suite et que cela commencerait simplement avec une indexation de ce montant d’un euro brut, ce qui correspondrait environs à 1,87 euro brut. Mon Groupe n’a par ailleurs pas hésité à revenir vers vous concernant ce projet important pendant le confinement, dans la perspective des craintes pour l’avenir en termes de pertes d’emplois.

La formation des demandeurs d’emploi est une priorité dans l’accord de gouvernement. En effet, ces formations sont importantes pour la remise à l’emploi de personnes peu qualifiées. Et dans le contexte actuel de crise post-covid qui touche particulièrement l’emploi des jeunes travailleurs, la formation des demandeurs d’emploi est d’autant plus un enjeu crucial. Or, certains demandeurs d'emploi optent pour la recherche d'emploi intense sans passer par ces formations. Ils rentrent ainsi dans un cercle vicieux puisque la non-qualification est souvent sujette au rejet de la candidature pour l’emploi concerné. Des études scientifiques dénonçant l’absurdité et le caractère contre-productif de la logique de la dégressivité des allocations chômage existent, alors que d’aucuns veulent encore l’accentuer.

Il convient encore de relever que selon un article de la DH, datant du 2 octobre 2019, environs 20% des demandeurs d’emploi bruxellois abandonnent leur formation pour des questions de précarité liées aux transports, à la garde des enfants… C’est ce que l’on appelle la pyramide de Maslow : on accorde toujours la priorité au besoin le plus basique.

Par rapport à cela, je souhaiterais vous poser les questions suivantes :

·
Qu’en est-il de ce revenu de formation actuellement ? Avez-vous des échéances plus précises sur la mise en place de ces 4 euro brut de l’heure ?

· Le gouvernement a-t-il mis en place ou va-t-il mettre en place suite au contexte de crise post-covid des moyens afin de valoriser ces formations auprès des demandeurs d’emploi, de manière à leur permettre de terminer leur parcours ?

· Existe-t-il des campagnes de sensibilisation afin d’inciter les demandeurs d’emploi à se former ? dans l’affirmative, ces campagnes visent-elles plus particulièrement les métiers en pénurie ?

· Avez-vous des chiffres sur le taux d’abandon des formations et les raisons invoquées par rapport à ces abandons ?

Comment le gouvernement prévoit-il de remédier à ces questions de précarité qui poussent les demandeurs d’emploi à abandonner leur formation ?
 
 
Réponse    Pour rappel, l’indemnité de 1 € par heure de formation a été élargie au 1er septembre 2019 à tous les stagiaires de Bruxelles Formation et de ses partenaires.

En fonction des moyens budgétaires disponibles, la mise en œuvre des accords de gouvernement Région et COCOF pourrait se faire en deux temps :

- d’abord, procéder, pour toutes les formations régies par Bruxelles Formation, à une indexation de l’indemnité actuelle, ce qui la porterait à 1,87€, voire la faire passer à 2€ ;
- ensuite, établir un revenu de formation s’élevant à 3€ pour tous les stagiaires signant un contrat parcours dont l’objectif est une formation professionnalisante comme incitant à la poursuite d’un parcours de formation menant à l’emploi et s’élevant à 4€ pour les seuls stagiaires ayant réussi cette formation.

A ma demande, Actiris et Bruxelles Formation travaillent ensemble à l’établissement des conditions permettant cette mise en place progressive du revenu de formation prévu par l’accord de gouvernement.

La question de la valorisation de l’euro de l’heure sera sur la table des négociations budgétaires du Gouvernement à la rentrée.


Etant donné l’augmentation de nouveaux chercheurs d’emploi attendue suite la crise Covid-19, le Gouvernement bruxellois a déjà décidé d’augmenter les budgets pour renforcer l’offre de formation en 2020 et 2021. Ce budget complémentaire va nous permettre d’étoffer l’offre de formation et ainsi permettre à un plus grand nombre de chercheurs d’emploi d’acquérir de nouvelles compétences.

En janvier 2019, Bruxelles Formation a lancé une campagne de communication pour sensibiliser les chercheurs d’emploi à la formation. Les 5 métiers mis en avant sont ceux de développeur.NET, dispatcheur, coffreur ferrailleur, agent de maintenance et codeur d’applications mobiles.


Ces 5 formations ont été choisies parce que 4 d’entre elles sont liées directement à des fonctions critiques à Bruxelles, identifiées par l’Observatoire bruxellois de l’Emploi et de la Formation, autrement dit des professions pour lesquelles les offres d'emploi sont difficiles à pourvoir en Région bruxelloise. Selon l’étude de 2018, les professions de codeur, développeur, agent de maintenance et dispatcheur sont ainsi considérés comme des fonctions critiques.

Quant à celle de coffreur ferrailleur, elle fait partie des professions en forte demande dans le secteur de la construction. Ces 5 professions sont couvertes par une ou plusieurs formation(s) organisée(s) par Bruxelles Formation ou l’un de ses partenaires.

En janvier 2020, Bruxelles Formation a lancé une nouvelle campagne de formation pour sensibiliser les chercheurs d’emploi à la formation professionnelle et mettre en avant son catalogue de 300 formations gratuites, dans 18 domaines différents.

Par ailleurs, pendant la période de fermeture des locaux de formation, une stratégie a été mise en place, dès le 17 mars, impliquant le call center de Bruxelles Formation, Bruxelles Formation et la Cité des métiers et Actiris, afin d’aiguiller les chercheurs d’emploi vers des formations en ligne adaptées à leurs besoins. La promotion de l’information sur les formations en ligne a fait l’objet d’une campagne de communication commune de Bruxelles Formation et Actiris. Elle a été diffusée sur leurs réseaux sociaux et sites respectifs ainsi que sur ceux de la Cité des métiers.

Le taux d’achèvement des formations en 2019 est de 89,5 % à Bruxelles Formation et de 84,9 % chez les partenaires de Bruxelles Formation. Il a légèrement diminué par rapport à 2018 (91,2% pour BF et 86,7% pour les partenaires en 2018), tant pour les hommes que pour les femmes, mais reste au-dessus de la cible de 85%.
Dans le contexte du retour progressif en formation sur les sites de Bruxelles Formation, force est de constater que l’immense majorité des stagiaires est présente et très motivée.

L’étude sur la précarité du public en formation professionnelle en Région bruxelloise disponible sur le site de Bruxelles Formation a montré que les demandeurs d’emploi sortis de formation professionnelle à Bruxelles Formation et chez ses partenaires sont nombreux à être dans une situation de difficulté financière et que la situation socio-économique du stagiaire est déterminante dans la réussite du parcours de formation.

C’est partant de ce constat que Bruxelles Formation a établi en février 2019 le Plan de lutte contre la précarité des stagiaires en formation, qui comprend un ensemble de 16 mesures visant à améliorer la situation financière des stagiaires et l’accompagnement des usagers devant faire face à des situations de précarité.

Ces 16 mesures concernent :
- les avantages financiers des stagiaires et au bien-être en formation ;
- l’accompagnement des stagiaires et à la sécurisation de leur parcours ;
- l’information des stagiaires ;
- la compréhension des questions de pauvreté en formation ;
- le parcours de formation ;
- l’accompagnement psychosocial et à la guidance.
La mise en œuvre de ces pistes a démarré dès le mois de janvier 2020 : rencontres d’associations et d’organismes actifs dans la prise en charge des problématiques vécues par nos stagiaires ; développement d’une base de données thématique faisant lien avec les outils déjà existant ; préparation d’une séance d’information sur la formation professionnelle à la Cité des Métiers à destination des travailleurs de différents services sociaux dans le but de croiser les secteurs ; réflexion quant à la mise en place d’ateliers de soutien collectifs de nos stagiaires présentant des difficultés d’apprentissage (via un marché public adressé à des logopèdes/neuropsys), etc.