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Question écrite concernant l'augmentation du prix de l'isolation

de
Geoffroy Coomans de Brachène
à
Alain Maron, Ministre du Gouvernement de la Région de Bruxelles-Capitale chargé de la Transition climatique, de l'Environnement, de l'Énergie et de la Démocratie participative (question n°477)

 
Date de réception: 14/09/2020 Date de publication: 29/10/2020
Législature: 19/24 Session: 19/20 Date de réponse: 21/10/2020
 
Date Intitulé de l'acte de Référence page
16/09/2020 Recevable p.m.
 
Question    L’un des grands projets du Gouvernement bruxellois – mais également de la Ville de Bruxelles – pour respecter les objectifs de leur Plan Énergie Climat passe par un vaste plan d’isolation des bâtiments.

Sur une période de trente ans, la stratégie rénovation sera amenée à mobiliser près de 30 milliards d’euros pour la rénovation et la restauration du bâti existant.

La presse annonce ce 18 août 2020 (dans le journal l’Echo notamment) que le coût d’isolation des maisons devrait devenir nettement plus cher en raison d’une pénurie de MDI (méthylène diphényle disocyanate), l’un des matériaux de base les plus importants des isolants. Dès lors, tous les fournisseurs de matériaux d’isolation ont annoncé adapter leurs prix. Si l’on évoque une hausse d’une dizaine de pourcent, la situation pourrait encore s’aggraver en septembre où certains experts s’attendent à une conjonction de facteurs négatifs qui pourrait conduire à une flambée des prix du MDI de 20 à 30%.

En vertu de ces informations, pouvez-vous m’apporter des réponses aux questions suivantes :

1. Sachant l’ambition régionale en matière d’isolation du bâti, le Gouvernement bruxellois avait-il anticipé ces augmentations importantes ?

2. Disposez-vous d’alternatives à l’utilisation de MDI pour l’isolation du bâti bruxellois ?

3. Les budgets vont-ils être adaptés en fonction de ces augmentations afin d’éviter de ne devoir revoir les objectifs d’isolation à la baisse de l’ordre de 20 à 30% ?

4. Dans le cas contraire, le Gouvernement bruxellois va-t-il postposer certains travaux d’isolation en attendant que le prix des matériaux d’isolation ne baisse à nouveau ?

5. Afin de maintenir un rythme élevé d’isolation du bâti bruxellois et limiter l’empreinte environnementale de notre Région, avez-vous déjà eu des contacts avec les autorités fédérales afin de proposer une défiscalisation, ou du moins une diminution importante de la TVA sur les matériaux d’isolation ?
 
 
Réponse    1/

L’évolution tendancielle du prix des matériaux d’isolation ne fait pas l’objet d’un suivi rapproché de la part de mon administration.

Ceci étant, au sein d’un marché mondial libéralisé, comme pour beaucoup de matière dont les échanges commerciaux se font sur des marchés internationaux, il y a d’incessantes fluctuations, parfois très marquées, et il est difficile de faire une prévision tendancielle à moyen ou long terme.

Vu que la mise en œuvre de la stratégie de rénovation se déploiera sur une période de 30 ans (2020-2050), c’est l’évolution du prix lissé à moyen et long terme du MDI (méthylène diphényle disocyanate) qui est un facteur impactant, bien plus que le prix du MDI au dernier trimestre de 2020.


2/

Le MDI est un produit de base qui entre dans la composition des isolants de polyuréthane, que ce soit sous la forme de panneaux rigides ou de mousse projetée.

Les isolants de polyuréthane représentent une part conséquente du marché des isolants thermiques, notamment du fait de certaines caractéristiques avantageuses (coefficient de conductivité thermique très faible qui nécessitera donc une faible épaisseur d’isolant, bonne résistance à la compression pour les panneaux,…), et sont également soutenus par un réseau de producteurs actifs et d’une commercialisation très développée.

Néanmoins, il existe une multitude d’autres isolants thermiques pour lesquels le MDI n’entre pas dans la composition de fabrication.

Ces matériaux isolants peuvent ou sont déjà régulièrement intégrés par les professionnels de la construction dans leurs projets de rénovation et d’isolation des bâtiments.

De manière globale, il existe des isolants thermiques qui ne contiennent pas de MDI dans les 3 grandes catégories de matériaux isolants, à savoir :
- Pour les isolants synthétiques dérivés de la pétrochimie : le polystyrène expansé ou extrudé, la mousse phénolique ;
- Pour les laines minérales : laine de verre, laine de roche ;
- Pour les isolants bio-sourcés (également dénommé isolants « naturels » ou « écologiques ») : ouate de cellulose, laine ou panneaux de bois, de liège, de chanvre, de lin, de coton, la paille, les isolants issus du recyclage de textiles,…

Remarquons par ailleurs que certains de ces matériaux sont des isolants à la fois thermiques et acoustiques, ce qui n’est pas le cas des panneaux de polyuréthane rigide qui sont sur le plan acoustique inefficaces.


3/

La question sous-tend un raccourci erroné : une augmentation des prix de 20 à 30 % du composant MDI ne signifie pas une augmentation de 20 à 30 % des coûts des opérations de rénovation car :
- Le MDI entre pour environ 70% dans la composition du PU (et pas 100%) ;
- On peut choisir un autre type d’isolant que le PU ;
- Le coût du matériau d’isolant ne représente qu’une fraction des coûts de rénovation (complétés par les coûts des autres matériaux, de la main d’œuvre, de la préparation du chantier, de la gestion des déchets, etc.).

Il n’est donc a priori pas envisagé d’adapter les objectifs soutenus au sein de la stratégie de rénovation.

Si l’augmentation du prix des matériaux isolant devait se confirmer durablement et impacter de façon significative le coût de l’isolation, c’est au niveau des soutiens financiers de la Région (tels que les primes énergie) qu’il faudra alors chercher une solution pour refléter cette nouvelle réalité, et non au niveau de la révision des objectifs.

Comme vous le savez certainement, le Gouvernement a déjà décidé de renforcer substantiellement son soutien aux primes énergie en dégageant un budget supplémentaire de 8 millions d'euros qui vient compléter celui de 18 millions d'euros, déjà alloué à ces mêmes primes.

Ce budget additionnel renforce le système actuel de primes de septembre 2020 jusqu'à la fin de l'année.

Un budget additionnel de 8 millions d'euros est également prévu en 2021.

Le budget alloué aux primes énergie en 2020 et 2021 en Région bruxelloise est ainsi augmenté de près de 50%.

En outre, le bonus primes énergie accessible pour les travaux ayant une facture dont la date se situe entre le 01/09/2020 et 01/09/2021 pallie, en partie, à l’augmentation de certains coûts.

En effet, les primes isolation (toit, murs, sol et vitrage) ont été augmentées de 25% en catégorie C (faibles revenus) par rapport au montant du régime de primes énergie 2020.

De plus, la surprime existante de 10€/m² en cas d’isolation utilisant des matériaux naturels a elle aussi été augmentée de 50%, soit 15€/m².


4/

Je fais écho à la réponse que je donne à votre troisième question.

Si une telle augmentation du prix du MDI devait se pérenniser, c’est du côté du financement qu’il faudra chercher des solutions, pas du côté des objectifs.

La transition vers un parc de bâtiments performants à l’échelle de notre Région requiert la mobilisation de tous les leviers de financement : produits bancaires attractifs, incitations fiscales, tiers-investissement, financements participatifs, activation de fonds européens, épargne citoyenne, …


5/

Le Plan Energie Climat de la Région de Bruxelles Capitale prévoit que la RBC plaide auprès du fédéral pour une diminution de la TVA sur les travaux de rénovation énergétique et les isolants écologiques.

A ce stade, des contacts seront pris au plus vite avec les autorités fédérales en tenant compte de la formation très récente du Gouvernement fédéral.