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Question écrite concernant la diminution du nombre de bénéficiaires du dispositif des chèques langues.

de
Clémentine Barzin
à
Bernard Clerfayt, Ministre du Gouvernement de la Région de Bruxelles-Capitale chargé de l'Emploi et de la Formation professionnelle, de la Transition numérique, des Pouvoirs locaux et du Bien-Être animal (question n°453)

 
Date de réception: 24/09/2020 Date de publication: 15/12/2020
Législature: 19/24 Session: 20/21 Date de réponse: 29/10/2020
 
Date Intitulé de l'acte de Référence page
02/10/2020 Recevable p.m.
 
Question    Depuis 2018, le constat d’une diminution du nombre de bénéficiaires de Chèques Langues a été fait. Lors d’une précédente question parlementaire, une des raisons que vous aviez évoquées pour expliquer cette baisse était des changements organisationnels internes à Actiris.

Selon vos informations, une étude explicative a été confiée à View.brussels à cet égard.

Je souhaiterais dès lors vous poser les questions suivantes :

- L’étude explicative confiée à View.brussel a-t-elle déjà été lancée ? Est-elle déjà terminée ? Dans la négative, pour quand est prévue sa parution ? Que ressort-il de cette étude ? Quelles sont les raisons pour lesquelles les chèques langues connaissent une diminution du nombre de bénéficiaires ?

- Vu la baisse de l’utilisation de ces chèques langues et eu égard à la crise du COVID, la Région compte-t-elle intensifier les cours en ligne, moins onéreux que les chèques langues, notamment à travers l’application Brulingua ? Si oui, comment ? Quels seront les moyens mobilisés ? Selon quel agenda ?

- Sinon, eu égard à la crise du covid, la Région compte-t-elle amplifier le dispositif des chèques langues pour faciliter le retour à l’emploi de personnes l’ayant fraîchement perdu ?

- Comme précité des changements organisationnels internes à Actiris seraient la conséquence de cette diminution. Quels sont ces changements ? Pour quelle raison n’a-t-on pas évalué au préalable les potentielles répercussions que pourraient avoir ces changements sur ce dispositif ?

- Quelles pistes de réflexion ont été identifiées pour remédier à cette situation ? Quelles mesures seront mises en œuvre à cet égard ? Quels seront les moyens mobilisés ? Selon quel agenda ?

- En ce qui concerne le parcours d’octroi de ces chèques langues, une des solutions apportées était de pouvoir le fluidifier. Pour quand est prévue la digitalisation du test langues ELAO ? Quels sont les freins encore existants à cette digitalisation ?

- Dans la même ligne, le passage à un accompagnement digital est-il à l’ordre du jour ? Quand sera-t-il effectif ? Que manque-t-il pour permettre ce passage à un accompagnement digital ? Quelles mesures seront mises en œuvre ? Quels seront les moyens mobilisés ? Selon quel agenda ?

- A l’instar de l’étude qui a été menée concernant la diminution du nombre de bénéficiaires de ce dispositif, est -il prévu de mener une étude sur la mise à l’emploi de ce dispositif ? Dispose-t-on au sein d’Actiris de données ou autres indications permettant de déterminer l’efficacité de cet outil ? Si oui, quels sont-ils ? Quels sont les résultats produits de ces chèques sur la mise à l’emploi ?
 
 
Réponse    View.brussels a réalisé l’étude qui lui a été confié et il apparait que la diminution du nombre de bénéficiaires des chèques langues en 2018 et 2019 s’explique par la diminution de la fréquentation du nombre de chercheurs d’emploi en antenne.

Cette diminution de la fréquentation des antennes est due aux modifications organisationnelles survenues en 2018, en particulier par la mise en place progressive du « tout sur rendez-vous » en antenne à partir de juillet 2018 et l’arrêt du système de sur-convocation dans le cadre de l’accompagnement individuel des chercheurs d’emploi.

Le « Nouvel Accompagnement », à partir de mars 2019, avec des entretiens de 60 minutes au lieu de 40 (réduction de 33% du nombre possible d’entretiens de Bilan Professionnel) a eu pour conséquence que moins d’accompagnements ont pu être entamés.


Suite à la pandémie et aux conséquences de au cours de ces derniers mois, l’accent a été mis sur les formations en ligne, entre autres, avec Brulingua.
Actiris utilise divers moyens pour promouvoir la plateforme, tels que les réseaux sociaux, les sessions d’informations, les salons, le site public d’Actiris, les newsletters envoyées aux chercheurs d’emploi.

Pendant le confinement, Actiris a constaté une hausse très importante tant en termes d’inscriptions que d’utilisation de Brulingua.

Depuis fin août 2020, Brulingua est également disponible via une application mobile pour smartphone, ce qui devrait inciter les utilisateurs à des connexions plus régulières.

Les utilisateurs ont, dès lors, également accès à la communauté d’échange linguistique en ligne « Speaky ». « Speaky » allie une mise en relation simple et efficace (de type « Facebook® ») avec des outils facilitant l’interaction et la communication tant écrite (instantanée ou non) qu’orale (vidéoconférence un à un ou en groupe).

Parallèlement, Actiris a mis en place durant le confinement, en collaboration avec plusieurs de ses partenaires chèques langues, la possibilité de suivre des cours à distance/en ligne (cours initialement donnés en présentiel). C’est le cas des partenaires des mesures « Transition vers l’emploi » et de plusieurs écoles de Promotion sociale.

Finalement, il est à noter que l’offre linguistique d’Actiris via les chèques langues est multiple et variée afin de proposer différentes alternatives qui puissent correspondre au mieux aux différents profils et besoins des chercheurs d’emploi.

Brulingua fait partie de l’offre mais n’a pas pour vocation de remplacer les formations en présentiel dont peuvent bénéficier les chercheurs d’emploi avec les chèques langues.


Pour le moment, il n’est pas prévu d’augmenter le budget du dispositif chèques langues mais plutôt de finaliser la réflexion en cours sur le dispositif actuel afin d’étoffer l’offre et surtout, d’adapter et de fluidifier le chemin vers l’octroi de chèques afin de toucher un maximum de chercheurs d’emploi et d’exploiter au mieux le potentiel de la mesure.

Des pistes ont été identifiées afin de fluidifier le parcours d’octroi des chèques langues comme la digitalisation du test langues ELAO et le passage à un accompagnement digital.

Au niveau de l’agenda, le renouvellement du marché public pour l’utilisation des tests langues ELAO (et son extension a une version en ligne) est prévu pour 2021. Cela donnera la possibilité aux chercheurs d’emploi de ne pas avoir à se déplacer en antenne pour passer leur test langue. Il sera également nécessaire d’adapter les procédures chèques langues en interne afin de s’assurer que l’implémentation de cette alternative se fasse dans les meilleures conditions.

Il est à noter que cette alternative viendra s’ajouter au passage du test langues en présentiel et n’a pas pour but de le remplacer. En effet, si cette alternative va permettre à une partie des chercheurs d’emploi de passer leur test langues à distance, il est nécessaire de maintenir le test langues classique sur pc (en Antenne/Espace langues) pour les chercheurs d’emploi qui le désirent ou qui ne sont pas en mesure de le passer à distance pour diverses raisons.


La question de l’accompagnement digital se fait de manière progressive et ne concerne pas seulement le dispositif des chèques langues mais s’inscrit dans un cadre plus large. Le Dossier unique qui est la première étape de la digitalisation de l'accompagnement du CE et de son parcours vers l'emploi est déjà en place depuis mars 2019 et continue d’être amélioré.

Pour ce qui est des compétences linguistiques, il est par exemple prévu la création d’un Pop-up informatif lors de l’encodage des compétences linguistiques afin d’inciter les chercheurs d’emploi à l’existence des tests/chèques langues (à priori pour 2021).


La question de la corrélation entre le dispositif chèques langues et la mise à l’emploi n’est pas simple et requiert d’autres éléments de contexte qui font l’objet d’études spécifiques par View.brussels.

En juin 2020, View.brussels a réalisé une analyse longitudinale afin de vérifier le lien entre les connaissances linguistiques des demandeurs d’emploi et les probabilités de sortir du chômage.

Les chercheurs d’emploi qui étaient inscrits chez Actiris en janvier 2019 ont été suivis pendant une période de 12 mois. Pour cette ‘cohorte’, il a été calculé le pourcentage de sortie vers l’emploi ou le taux de mise à l’emploi sur une période de 1 an. À noter que l’ensemble des actions de travail, quelle que soit la durée du contrat, a été pris en considération afin de déterminer le taux de sortie vers l’emploi.

Globalement, il est fait le constat que les chercheurs d’emploi possédant une connaissance moyenne de la deuxième langue nationale ont un taux de sortie vers l’emploi supérieur à la cohorte qui a des connaissances faibles ou pas de connaissances linguistiques, à savoir respectivement 44,5% et 34,0%.


Etant donné la crise que nous connaissons et que nous allons connaître encore pendant plusieurs mois avec ses conséquences sur l’offre d’emploi, je souhaite que le contrôle de la disponibilité des chercheurs d’emploi s’axe principalement sur la formation, dont les formations en langue et non pas uniquement sur le recherche d’emploi.

Pour cela, des contacts avec le Ministre fédéral de l’Emploi, Pierre Yves Dermagne sont en cours car le contrôle des chômeurs fait l’objet d’un cadre normatif entre le Fédéral et les Régions et il y a donc lieu d’avoir un accord préalable à ce sujet.