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Question écrite concernant le point sur la création d’un centre de recherche bruxellois sur l’intelligence artificielle.

de
Bianca Debaets
à
Barbara Trachte, Secrétaire d'État à la Région de Bruxelles-Capitale, en charge de la Transition économique et de la Recherche scientifique (question n°237)

 
Date de réception: 24/09/2020 Date de publication: 24/11/2020
Législature: 19/24 Session: 20/21 Date de réponse: 20/11/2020
 
Date Intitulé de l'acte de Référence page
02/10/2020 Recevable p.m.
 
Question    Parallèlement au développement technologique de notre capitale, l’intelligence artificielle joue également un rôle de plus en plus important dans notre société. Début 2019, le ministre-président a annoncé que Bruxelles doit devenir la capitale de l’intelligence artificielle, ce qui s’est déjà traduit par une première édition du « Printemps numérique ». S’inspirant de Montréal au Canada, on a également développé l’ambition de construire un centre de recherche interdisciplinaire où au minimum les quatre universités bruxelloises, la communauté des start-up et les grands acteurs technologiques pourraient se rencontrer et s’inspirer mutuellement.

La déclaration de politique mentionne également l’ambition d’un printemps numérique plus large et le déploiement d’une politique de la ville intelligente. L’intelligence artificielle devrait notamment être mise au service de la transition écologique de l’économie et aider des secteurs stratégiques tels que l’e-santé, la fintech et la logistique dans leur transition. Pour citer un passage de la déclaration de politique : « Le gouvernement soutiendra les initiatives visant à développer à Bruxelles un centre de recherche intégrée dédié à l’intelligence artificielle, en partenariat avec le monde académique et le monde de l’industrie numérique. »

Je voudrais dès lors vous poser les questions suivantes :

- Pouvez-vous faire le point sur l’élaboration de vos projets concernant ce centre de recherche en intelligence artificielle ? Quelles étapes doivent-elles encore être entreprises à cet égard ? Quel calendrier et quels moyens prévoyez-vous à cette fin ?

- Pouvez-vous expliquer quels sont les sites potentiels actuellement retenus pour ce centre de recherche ? Sur quels critères reposera le choix effectif du site ? Pouvez-vous également indiquer les coûts associés afférents à chaque site potentiel (acquisition du bâtiment/site, travaux de rénovation, etc.) ? Pouvez-vous expliquer quelles sont les alternatives envisagées au cas où aucun centre physique ne serait prévu, mais où on opterait plutôt pour un « réseau virtuel » en vue du développement ultérieur de la politique d’IA en Région de Bruxelles-Capitale ?

- S’est-on déjà concerté avec les différentes parties prenantes, telles que les universités, les écoles supérieures et les entreprises de Bruxelles, en ce qui concerne les besoins et l’aménagement d’un tel centre de recherche ? L’objectif est-il de le construire au moyen d’un partenariat public-privé ?

- En ce qui concerne le développement régional d’une politique d’IA, a-t-on déjà mis en place un conseil consultatif (ou un organe similaire) au sein duquel les scientifiques, l’industrie et les autres parties prenantes puissent se concerter de façon structurelle ? Dans l’affirmative, à quelle fréquence se réunit-il et quels avis a-t-il déjà émis ?

- Pourriez-vous donner un aperçu de toutes les initiatives en matière de politique régionale d’IA déjà prises au cours de l’année 2020 ? Pouvez-vous également indiquer quels budgets ont été prévus à cette fin ?
 
 
Réponse    Je vous remercie pour cette question au sujet des initiatives de la Région bruxelloise dans le domaine de l’intelligence artificielle. Il s’agit en effet d’une technologie en développement, dans laquelle beaucoup d’acteur.rice.s économique.s placent de grands espoirs, mais qui, si elle avance sans orientations politiques fortes et précises, risque de se développer tout azimut. Des balises politiques sont donc importantes, et c’est ce que je m’efforce de mettre en place, en prônant le développement d’une intelligence artificielle au service de la transition, consciente de son impact environnemental, qui travaille à le réduire, une intelligence artificielle inclusive, et démocratique. Les réponses fournies ci-dessous sont toutes basées sur cette vision fondamentale.

La Région bruxelloise travaille à la mise sur pied d’un
digital innovation hub à Bruxelles. En effet, dans le cadre du programme européen Digital Europe, les États-Membres ont été invités à participer au processus de constitution de Digital Innovation Hubs européens (EDIH). L’objectif de ses hubs d’innovation est d’accompagner les secteurs privé et public dans leur transformation digitale et de valoriser les développements dans les technologies de pointes telles que l’intelligence artificielle (IA) ou le high performance computing (HPC). Le programme Digital Europe s’étale sur la période 2021-2027 et prévoit le financement des EDIH pour une période de 3 à 7 ans. Seuls les candidats sélectionnés par la Commission européenne seront co-financés par la Région de Bruxelles-Capitale.

Prenant le lead des régions belges, Innoviris, hub.brussels et Bruxelles Économie et Emploi (BEE) ont donc lancé un appel à expression d’intérêts en avril 2020 (cfr.
https://innoviris.brussels/fr/european-digital-innovation-hubs), auquel un consortium a répondu pour constituer ce pôle. Cette proposition, centrée sur l'IA au service de la transition environnementale, sociale et digitale de l’économie a reçu le soutien du Gouvernement bruxellois en octobre 2020 et sera ajouté à la liste belge d’EDIH qui sera transmise à la Commission européenne pour décision.

Le plan par étapes et le déroulement de la procédure ultérieure dépendent fortement du calendrier de la Commission européenne, mais à ce stade, si l’EDIH bruxellois est sélectionné par la Commission, sa mise en place peut être envisagée fin 2021 début 2022. Concernant la procédure de sélection, le financement et le calendrier détaillé, je vous invite à consulter la page d'information de la Commission européenne suivante :
https://ec.europa.eu/digital-single-market/en/digital-innovation-hubs

Si le consortium menant l’EDIH bruxellois est retenu par la Commission européenne, il est prévu d’héberger le hub au sein des locaux d’un des partenaires du consortium. Hormis des coûts de fonctionnement, il n’y aura pas de coûts spécifiques liés au bâtiment, le lieu étant déjà existant.

Dans le cadre de l’appel à expression d’intérêts, une réunion d’information a été organisée en février dernier, à laquelle était convié l’ensemble des acteurs du digital à Bruxelles (dont les universités, centres de recherche et fédérations d’entreprises). Il convient de noter que le projet est soutenu par un consortium d’universités, centres de recherche, fédérations d’entreprises et incubateurs.

Il n'existe actuellement pas de conseil consultatif sur le développement régional de la politique d'IA. Néanmoins, le Conseil de la Politique Scientifique de la Région de Bruxelles-Capitale (CPSRBC), qui a pour mission de conseiller le Gouvernement de la RBC dans la préparation de la politique scientifique régionale et qui regroupe des représentant.e.s des institutions d’enseignement universitaire et supérieur implantées en RBC, des organisations représentatives des employeurs siégeant à BruPartners, des organisations représentatives des travailleurs siégeant à BruPartners ainsi que des représentant.e.s du Gouvernement peut rendre des avis, y compris sur les questions d’intelligence artificielle. Je vous invite à consulter les pages consacrées au CPSRBC sur le site d’Innoviris :
https://innoviris.brussels/fr/cps/fonctionnement


Un aperçu détaillé de toutes les initiatives prises en matière d’IA dans la région de Bruxelles-Capitale a été établi par Innoviris, en collaboration avec hub.brussels (cet inventaire peut être consulté à l'adresse suivante :
http://artificialintelligence.brussels/ ). Il constitue un ouvrage de référence complet pour les entreprises, mais aussi pour les chercheur.e.s, les citoyen.ne.s et les étudiant.e.s, qui souhaitent commencer à travailler avec l'IA ou approfondir leurs connaissances sur le sujet. Cette étude a été réalisée par PWC, à la suite d'un marché public. Innoviris a mis à disposition un budget de 47.300€ pour cette étude.

Innoviris n'a pas lancé d'appel à projets spécifique en matière d'IA cette année – comme ce fut le cas en 2017 et 2018 (pour un montant total d'environ 12 millions d'euros) parce que la vision développée par ce Gouvernement n’est pas celle de la technologie comme une fin en soi, mais de la technologie comme moyen pour arriver à une fin. Innoviris a donc ouvert plusieurs appels à destination de projets de recherche ou de sensibilisation où l’IA est considérée pour les appuis qu’elle peut apporter à la transition. C’est le cas, par exemple, de l'appel
Joint R&D "L'industrie de demain : verte, humaine et intelligente" ou des Chèques Sciences.