Logo Parlement Buxellois

Question écrite concernant les nuisances sonores provoquées par le Ring.

de
Marc-Jean Ghyssels
à
Elke Van den Brandt, Ministre du Gouvernement de la Région de Bruxelles-Capitale, chargée de la Mobilité, des Travaux publics et de la Sécurité routière (question n°693)

 
Date de réception: 23/11/2020 Date de publication: 16/02/2021
Législature: 19/24 Session: 20/21 Date de réponse: 08/02/2021
 
Date Intitulé de l'acte de Référence page
08/01/2021 Recevable p.m.
 
Question    La pollution sonore tue. L’Agence Européenne de l’Environnement alerte1 en ce sens : la pollution sonore se place juste derrière la pollution atmosphérique en termes de menace environnementale pour la santé. On estime qu’elle contribue à 12.000 décès prématurés par an et 48.000 nouveau cas de maladies coronariennes. Notre pays, doté d’une forte densite démographique, est ainsi particulièrement touché par cette pollution sonore. C’est encore plus vrai pour notre capitale qui se classe 4ème dans la liste des capitales européennes (derrière Vienne, Luxembourg et Nicosie) dont la population – à hauteur de 75% - est quotidiennement exposée à 55 décibels et plus, directement imputables aux nuisances sonores liées au trafic routier. Le confinement et les périodes de chaleur de cet été ont mis encore davantage en lumière le potentiel dérangeant de ces nuisances.

Le plan quiet.brussels reprend tous les objectifs de la Région pour réduire les nuisances sonores ainsi que les mesures pour y parvenir. Parmi celles-ci, la mesure n°6 décrit la façon dont la région entend assainir ou améliorer les zones de forte exposition au bruit routier, précisant notamment que des travaux seront entrepris pour le ring et les axes autoroutiers. Concernant la pose ou le renouvellement de murs anti-bruit, la Flandre apparaît plus proactive que notre région : ces deux dernières années, l’Agence flamande des routes et du trafic a entamé d’importants travaux pour équiper certaines portions du Ring de murs anti-bruit :
- Sur le Ring Est : entre Wezembeek-Oppem et Kraainem, ainsi que le long de la E411 à Overijse
2
- Sur le Ring Ouest : entre Drogenbos et Huizingen
3

Madame la Ministre, je ne vous apprends rien, la moitié des communes bruxelloises jouxtent le ring
4. Cette nuisance sonore impacte donc un nombre important de Bruxellois et Bruxelloises.

- Des études d’exposition au bruit du Ring ont-elles déjà été menées pour chaque commune ?

- Des études d’opportunité en équipements anti-bruit ont-elles déjà été menées ? Si oui, quelles en sont les conclusions ?

- Quelles portions du Ring sont jugées prioritaires afin de protéger les Bruxellois et Bruxelloises les plus exposés ?

- Bruxelles Mobilité et Bruxelles Environnement échangent-elles avec l’Agence flamande des routes et du trafic pour un retour d’expérience sur les équipements placés par celles-ci ?

- Des marchés publics conjoints ont-ils été envisagés ou sont-ils prévus ?

- Quels sont les objectifs précis et définis de notre Région en matière de murs anti-bruits pour cette législature ?

- Dans le cadre des échanges avec la Région flamande sur l’optimisation du Ring, un volet équipements anti-bruit, lié au dossier, existe-t-il ?

- Quelles sont les demandes la Région dans ce cadre ?


1 Un environnement sain, une vie saine : comment l’environnement influe sur la santé et le bien-être en Europe, Agence Européenne de l’Environnement, Aout 2020, https://www.eea.europa.eu/publications/healthy-environment-healthy-lives, consulté le 25 septembre 2020.
2 https://www.lesoir.be/308072/article/2020-06-18/bruxelles-des-perturbations-importantes-attendues-sur-le-ring-des-samedi
3 https://www.drogenbos.be/fr/detail-de-nouvelles/259/placement-nouveaux-murs-anti-bruit-ring-interieur-drogenbos
4 Forest, Anderlecht, Ganshoren, Berchem, Jette, Bruxelles, Evere, WSP, WSL, Auderghem, etc.

 
 
Réponse    En 2017, Bruxelles Environnement a actualisé la cartographie du bruit des transports sur le territoire de la Région bruxelloise et cela conformément à la directive 2002/49/CE relative à l'évaluation et à la gestion du bruit dans l'environnement. Cette cartographie régionale a également été déclinée à l’échelle communale. A termes, ces cartes doivent permettre d’aider les communes dans l’élaboration et la mise en œuvre de leur politique locale de prévention et de lutte contre le bruit des transports.

Il ressort de cette analyse que le tronçon du Ring Ouest, situé sur les communes d’Anderlecht et de Forest (dont Bruxelles Mobilité a la gestion) est effectivement un axe routier très bruyant. Les niveaux sonores engendrés par le trafic routier présent sur le ring sont très élevés (>75 dB(A) Lden) et se propagent relativement loin aux alentours du ring et de ses bretelles d’accès, en raison essentiellement de l’absence d’obstacle et de sa situation en viaduc. Ainsi, des niveaux sonores > 60 dB(A) Lden sont observés à plus de 500 m du ring, par exemple dans le quartier des Trèfles à Anderlecht. Par contre, la propagation du bruit est atténuée côté ouest du ring, là ou des murs anti-bruit sont déjà installés.

La zone étudiée comporte de nombreux logements qui sont parfois exposés à des niveaux sonores supérieurs à la valeur du seuil d’intervention. A noter également, que les alentours du ring à cet endroit font l’objet de gros enjeux actuels et à venir en termes de logements, d’espaces verts et bleus et d’établissements scolaires.

La priorité de la Région Flamande réside principalement dans la rénovation du Ring Nord, qui a fait l'objet de consultations régulières au niveau administratif depuis le début de la législature. Au niveau politique, elle se concentre dans un premier temps sur la négociation d'un Memorandum of Understanding entre les deux régions sur les grands projets de mobilité. Une éventuelle coopération autour du Ring ouest-sud est également à envisager dans ce contexte.

Dans le cadre du programme d'étude Ring Nord, ‘de Werkvennootschap’ étudie déjà les effets sonores des différentes variantes et les mesures d'accompagnement supplémentaires qui peuvent réduire les nuisances sonores.

Comme vous l’avez mentionné, la mise en œuvre du plan quiet.brussels, reprise dans la DPR, prévoit dans sa mesure 6, d’assainir ou d’améliorer les zones de forte exposition au bruit routier, définies sur base de la cartographie du bruit et des plaintes. Outre l’assainissement acoustique du ring et des axes autoroutiers, les tunnels, le réseau AutoPlus, les limites des mailles apaisées et les lignes structurantes de transport public ont été identifiés.

Outre les actions visant à supprimer la source de bruit, qui restent la première démarche à étudier, réduire le bruit lors de sa propagation consiste le plus souvent à interposer des obstacles à cette propagation. Ces obstacles peuvent être des bâtiments, des murs existants, mais aussi des écrans antibruit que l’on place afin de réduire les incidences du bruit routier.

L’efficacité d’un mur anti-bruit dépend de sa hauteur, sa longueur, sa forme et les matériaux qui le composent. Ce qui signifie qu’il n’est pas toujours possible d’installer ce genre de dispositif en milieu urbain. La résolution de points noirs acoustiques doit donc se faire au cas par cas en tenant compte des caractéristiques du site à assainir.

La Ville 30 s’inscrit également dans la vision du plan quiet.brussels. Passer de 50 à 30 km/h diminue de moitié les nuisances sonores dues au trafic routier. C’est à dire entre 2,5 et 3.9 dB(A) selon le type de revêtement.

Dans cette même optique, la modification de la vitesse maximale de 120 à 100 km/h sur le R0 était une évolution importante.

Spécifiquement pour les équipements anti-bruit sur le Ring, les solutions techniques (dimensionnement des panneaux, nécessité ou non de les munir d’une crête absorbante, matériaux) sont connues et ne nécessitent par ailleurs pas de concertation spécifique entre Bruxelles Mobilité et AWV.

Bruxelles Environnement s’est tenu au courant de l’Agence flamande des routes (AWV) en assistant à la présentation des futurs travaux aux habitants des communes de Wezembeek-Oppem et Kraainem. En outre, Bruxelles Environnement a déjà eu, par le passé, des contacts avec l’Agence flamande des routes et du trafic dans le cadre de la définition d’une méthodologie commune visant à définir les points noirs routiers.

Bruxelles Environnement a confié à son facilitateur Bruit Voiries, le bureau De Fonseca, la mise à jour de l’étude acoustique concernant l’assainissement dans les zones du Neerpede, du quartier des Trèfles, de la Roue, du Ceria et du Vogelenzang, y compris donc aussi ce tronçon du Ring

Vu que les négociations avec la Région flamande sont encore en cours, il est trop tôt pour envisager des mesures précises sur ce Ring Ouest-Sud. Cette partie du Ring doit être étudié en sa totalité. Dans ce cadre-là, une option à envisager pourrait d’installer (5,3 km) de murs anti-bruit (24 éléments ou tronçons) le long du ring entre la rue de Neerpede et le boulevard de l’Humanité, en prolongation des murs déjà existants sur cette portion bruxelloise du ring, ainsi qu’une butte de terre dans le parc des Etangs, le long du boulevard Maurice Carême. Ce principe est également inclus dans le Plan Opérationnel de Neerpede.

Dans le cadre de son étude prospective, Bruxelles Environnement a associé Bruxelles Mobilité qui, en tant que gestionnaire de la voirie. Bruxelles Mobilité a, par ailleurs, procédé à un inventaire et un diagnostic des murs anti-bruit existants.

Actuellement, les murs envisagés sont, selon le même principe que ce qui existe déjà, des panneaux acoustiques métalliques perforés sur pieux battus en pleine terre ou sur fixation sur les ponts et bretelle. Une étude prospective sur des murs plus innovants alliant d’autres technologies environnementales (panneaux solaires, etc.) pourrait être menée.