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Question écrite concernant la détérioration persistante de l'ancienne brasserie Atlas à Anderlecht et les risques de disparition d'un riche patrimoine industriel.

de
Gaëtan Van Goidsenhoven
à
Pascal Smet, Secrétaire d'État à la Région de Bruxelles-Capitale, chargé de l'Urbanisme et du Patrimoine, des Relations européennes et internationales, du Commerce extérieur et de la Lutte contre l'Incendie et l'Aide médicale urgente (question n°339)

 
Date de réception: 01/02/2021 Date de publication: 10/03/2021
Législature: 19/24 Session: 20/21 Date de réponse: 08/03/2021
 
Date Intitulé de l'acte de Référence page
05/02/2021 Recevable p.m.
 
Question    L’ancienne brasserie Atlas, située rue du Libre Examen, à la lisière du quartier de Cureghem à Anderlecht, constitue un magnifique témoignage du passé industriel et brassicole bruxellois.

Le bâtiment principal, qui date des années 1920, comprend notamment une tour de brassage d’une trentaine de mètres décorée d’un fronton Art déco, particulièrement remarquable sur le plan patrimonial.

Après la cessation de l’activité de brassage en 1952, le bâtiment servit d’entrepôt pour stocker les bouteilles de bière des marques « Atlas Pils » et « Mill’s Stout », qui continuèrent d’être brassées jusqu’en 1980. (1)

En 1989, les bâtiments furent rachetés par l’association « La Poudrière », qui les utilisa pendant longtemps comme entrepôt.

Etant donné sa valeur architecturale indéniable, la bâtiment a été inscrit sur la liste de sauvegarde en 2001. (2)

Le bâtiment n’ayant pas fait l’objet dé rénovation depuis sa construction, il se trouve actuellement dans un état de dégradation avancée. Pour cette raison, l’association « La Poudrière » a d’ailleurs été contrainte de quitter les lieux, ceux-ci étant devenus bien trop vétustes pour leur permettre de continuer à exercer leurs activités.

Différents projets immobiliers se sont pourtant succédés ces dernières années pour tenter de réhabiliter le lieu en lui trouvant une nouvelle affectation.

Malheureusement, les demandes de permis qui ont été déposées dans ce contexte ont toutes été rejetées par la Région. La dernière demande de permis a donné lieu à une Commission de concertation en 2019, qui a débouché sur un avis positif conditionné de la part de la Commune d’Anderlecht. Ce projet portait sur une réhabilitation du bâtiment et de sa tour afin d’y construire des logements et des ateliers. Cette dernière demande de permis a également été rejetée par la Région.

Depuis lors, plus aucune demande de permis n’a été déposée et le lieu continue à se dégrader dangereusement. (3)

Dès lors, Monsieur le Secrétaire d’Etat, j’aurais souhaité vous poser les questions suivantes.

Comment expliquez-vous que les dernières demandes de permis pour une réaffectation du site ont toutes été rejetées par la Région ?

Quel est actuellement l’état des discussions entre la Région, la commune d’Anderlecht et le propriétaire du site ?

Il semblerait que le M aître-Architecte s’occupe actuellement du suivi du dossier et qu’un concours d’architecture soit envisagé. Pourriez-vous nous donner davantage de détails ?

En tant que Secrétaire d’Etat en charge du patrimoine, entrevoyez-vous un usage particulier pour le futur du site ? Un nouvel usage industriel est-il selon vous souhaitable ?

Outre les projets de réhabilitation sur le long terme, une nouvelle occupation temporaire du site est-elle envisageable ? Ou, au contraire, l’état de dégradation du site est tel qu’aucune activité, même temporaire, n’est plus susceptible de s’y implanter ?

Nonobstant les réponses que vous voudrez bien me fournir à ce propos, je me permets d’insister sur le caractère urgent de la réhabilitation de cette ancienne brasserie. Nous sommes en effet confrontés à la mise en danger de l’intégrité de ce patrimoine.

Or, si aucune solution n’est trouvée prochainement, il y a lieu de craindre que les coûts de la réhabilitation deviennent trop élevés et que plus aucun promoteur ne souhaite investir pour la réhabilitation du lieu.

Nous risquerions alors de perdre définitivement ce riche patrimoine qui, outre ses caractéristiques esthétiques indéniables, demeure encore aujourd’hui emblématique du passé industriel bruxellois.

https://bruxellesfabriques.be/auto-draft-11/
https://monument.heritage.brussels/fr/Anderlecht/Rue_du_Libre_Examen/15/36334
https://bx1.be/anderlecht/anderlecht-les-discussions-relancees-autour-de-la-renovation-des-brasseries-atlas/
 
 
Réponse    1/ Ce n’est pas tout à fait exact. Une demande de permis unique a été introduite à la Région en octobre 2013 par ATLAS PROJECT S.P.R.L., propriétaire à l’époque.
Cette demande a donné lieu au permis 01/PFU/493502, délivré le 03/03/2015.
Ce permis autorisait des travaux de restauration (extrêmement bien décrits dans le dossier de demande) et rénovation de l’ancienne brasserie Atlas, et une modification de la destination du bien (notamment vers du logement).
Outre la restauration et la réaffectation des bâtiments existants, le projet prévoyait également la construction de nouveaux volumes d’expression contemporaine (accueillant également du logement) et s’articulant autour d’espaces extérieurs de caractère minéral.
Ce projet n’a pas été mis en œuvre, pour des questions de rentabilité.
Une nouvelle demande de permis unique a été introduite en février 2018 par B & R Development, propriétaire actuel.
Ce nouveau projet prévoyait la restauration et réaffectation des bâtiments existants, et la construction d’une tour en intérieur d’ilot, à côté de la tour Art Déco. Il était prévu que le site accueille du logement, et des bureaux.
 


Les demandeurs ont bénéficié pour le développement de ce projet d’un accompagnement soutenu de la part de l’administration (réunions de projet, avis de principe, …).
Malheureusement, le projet n’a pas rencontré les exigences des instances régionales en termes de restauration et mise en valeur du patrimoine architectural , en termes d’intégration des nouveaux gabarits dans le tissu urbain environnant et en terme du choix de l’affectation.
Le projet a donc été abandonné (voir questions suivantes).
 
2/ Suite à la commission de concertation, la Région et la Commune ont poursuivi l’accompagnement proposé au demandeur.
Le Maître-Architecte s’est greffé à ce travail et assiste aux réunions portant sur le projet depuis mai 2020.
C’est dans ce contexte d’échanges et de collaboration que le propriétaire et le Maître-Architecte se sont entendus pour repartir d’une page blanche, et organiser un concours d’architecture.
 
3/ En effet, le Maître-Architecte travaille actuellement en collaboration avec le propriétaire du site et les différentes instances (communales et régionales) à l’élaboration d’un cahier des charges pour un concours d’architecture portant sur la réaffectation du site.
 
4/ Le fonctionnement de cet ancien complexe brassicole est centripète : les bâtiments formant les frontières du site sont principalement ouverts vers l’intérieur de l’ilot, vers la tour Art déco.
La cour autour de laquelle s’articulent les différents bâtiments du site constitue dès lors un espace minéral qui présente des qualités spatiales indéniables d’enclos préservé au sein du tissu urbain.
Dans ce contexte, nous sommes d’avis que prévoir des équipements offerts aux  habitants serait profitable ; du logement ne serait pas exclu. L’évaluation des affectations et l’éventuel retour à un usage industriel font l’objet du travail en cours avec le Maître-Architecte visant la définition du projet du concours d’architecture. Le dossier est mené en concertation avec les différents partenaires et nous sommes convaincus que le dossier évoluera positivement.
 

5/ Une occupation temporaire du site serait envisageable, pour les bâtiments à front de rue, dont l’état n’est pas préoccupant.
En revanche, l’état des bâtiments situés en intérieur d’ilot (tour Art déco et volume y accolé) ne permet pas d’envisager une occupation temporaire dans des conditions de sécurité suffisantes.
En cause, la vétusté des lieux et la présence de trous béants dans les dalles (suite à la disparition des cuves de brassage) générant des risques de chutes d’un étage à l’autre.