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Question écrite concernant le point sur les projets pilotes de minibus autonomes

de
Bianca Debaets
à
Elke Van den Brandt, Ministre du Gouvernement de la Région de Bruxelles-Capitale, chargée de la Mobilité, des Travaux publics et de la Sécurité routière (question n°805)

 
Date de réception: 26/02/2021 Date de publication: 23/04/2021
Législature: 19/24 Session: 20/21 Date de réponse: 20/04/2021
 
Date Intitulé de l'acte de Référence page
09/03/2021 Recevable p.m.
 
Question    Il y a quelque temps, j’ai déjà eu l’occasion de vous demander de faire le point sur les minibus autonomes testés sur le campus de la VUB à Jette (cf. QE n° 219 à Mme Van den Brandt et n° 66 à Mme Trachte).

Votre réponse à l’époque indiquait que la deuxième phase de ce projet pilote (impliquant une augmentation de la capacité et des essais sur la voie publique) se déroulerait jusqu’en avril 2020 et qu’elle serait évaluée par un comité de suivi externe. Au moment de la réponse, un test portant sur de petits véhicules autonomes était également en cours à la STIB.

Je voudrais dès lors vous poser les questions suivantes :

- Pouvez-vous faire le point sur le projet pilote de minibus autonomes testés sur le campus de la VUB à Jette ? Combien de trajets tests ont-ils déjà eu lieu au total (ventilés par phase) ? Les essais prévus sur la voie publique ont-ils effectivement eu lieu ? Dans l’affirmative, sur quels constats et conclusions ces tests ont-ils débouché ? Quel budget chaque partenaire impliqué a-t-il apporté à cette deuxième phase ? Des moyens européens ont-ils été débloqués à cette fin ?
- Pouvez-vous faire le point sur l’évaluation de ce projet pilote ? Comment et sur la base de quels critères la deuxième phase a-t-elle été évaluée ? Quels sont les constats ou les conclusions qui en découlent ? Quelles démarches supplémentaires ont-elles été entreprises par le comité de suivi externe et Innoviris à la suite de cette évaluation ?
- Avez-vous entre-temps examiné si et comment le code de la route doit être adapté à ces minibus autonomes ? Dans l’affirmative, pouvez-vous expliquer les modifications nécessaires et le calendrier que vous prévoyez pour ces modifications ?
- Pouvez-vous faire le point sur les autres tests de minibus autonomes dans notre Région, comme celui mené par la STIB par exemple ? Pouvez-vous détailler les lieux, les trajets, les horaires et les évaluations de ces tests ? Y a-t-il également des accords ou des projets communs avec d’autres acteurs de la mobilité à cet égard ? Dans l’affirmative, pouvez-vous également les détailler ?
- Pouvez-vous faire le point sur la concertation avec la STIB au sujet de l’utilisation future (éventuelle) de véhicules autonomes dans les transports publics ? Des calendriers ou des accords ont-ils déjà été établis pour l’utilisation de véhicules autonomes sur son réseau ?
 
 
Réponse    1.
Le projet pilote a duré du 1/1/2018 au 31/12/2020. En raison de la situation aiguë concernant le Covid-19, une suspension du test à partir du 12 mars 2021 a été décidée en concertation avec Innoviris. Le rapport final a été soumis à Innoviris et une réunion finale du comité avec Innoviris a eu lieu le 5/2/2021.

Phase 1 (pas sur la voie publique) : 520 passagers uniques, 784 voyages.
Phase 2 (sur la voie publique) : 110 passagers uniques, 241 voyages.

Les tests sur la voie publique (phase 2) ont eu lieu début 2020 (110 passagers uniques, 241 voyages). La deuxième phase a connu quelques problèmes techniques au démarrage qui ont entraîné des mises hors service temporaires. La situation Covid-19 a mis un terme prématuré au test en mars ce qui explique le nombre relativement faible de tests lors de cette phase. Les constatations suivantes ont été faites spécifiquement lors de la phase 2 liée à la voie publique :
- La maturité technologique de la navette exigeait des situations en voirie univoques et des infrastructures routières clairement définies.
- Sur la voirie, la navette se comporte bien mais une situation inattendue qui nécessite une action de l'opérateur pour un bon fonctionnement du service (objets sur la route comme des feuilles, comportement illégal d'autres usagers de la route) peut toujours se présenter. La sécurité reste garantie à tout moment.
- En raison de la vitesse relativement faible de la navette (20km/h maximum), une limitation de la vitesse des autres automobilistes à 30km/h est une mesure importante pour éviter l'irritation et l'impatience des automobilistes.
- Aucune perturbation du nœud pour transports publics n'a été constatée ; cependant, une meilleure intégration de la navette et des arrêts de bus/tram est nécessaire.
- Les personnes à mobilité réduite ont particulièrement apprécié la navette.

Le projet est un projet de recherche financé à 100% par les partenaires (VUB, ULB). L'UZ Brussel, qui fait partie de la VUB, a apporté sa contribution à l’aide pour les aspects opérationnels sur le campus de l'hôpital.

Dans le prolongement du projet Innoviris, une proposition de projet a été soumise à la Commission européenne, mais pour des raisons budgétaires, elle ne peut (pour l'instant) être financée par la Commission.

2.
Lors de la phase 2 comme lors de la phase 1, l'expérience utilisateur a été évaluée par les passagers par le biais d'une enquête réalisée après le trajet. Cette enquête a été élaborée sur la base des critères courants en matière d'acceptation des usagers tels qu'ils sont utilisés dans la littérature scientifique sur les navettes autonomes. La Covid-19 a mis fin prématurément au service et donc à cette forme de collecte de données.


En réponse à la situation Covid-19, le consortium, en accord avec Innoviris, a développé une piste de recherche alternative pour la période mai - décembre 2020, composée des éléments suivants :
- Une collecte de données effectuée dans le cadre d'une enquête de mobilité en ligne par l'UZ Brussel auprès de son personnel au cours de l'été 2020.
- Entre septembre et novembre 2020, un parcours de cocréation a été mis en place avec l'UZ Brussel et la VUB, ainsi qu'avec des acteurs de la mobilité de la Région de Bruxelles-Capitale. Sur la base des enseignements tirés des tests et de la littérature scientifique, cinq scénarios prospectifs avec transport autonome (horizon 2025) ont été élaborés.
- Ces scénarios ont également été testés par le consortium du point de vue technique et du modèle commercial. Ils ont également fait l'objet d'une enquête auprès des Bruxellois et des navetteurs quant aux motivations à utiliser ces services (prix, distance, temps d'attente).

On a également réalisé une analyse technique et une analyse de l'impact spatial des navettes autonomes sur la base des expériences de test, avec des informations et des recommandations pour le contexte de la Région de Bruxelles-Capitale.

Les résultats ont également été traduits en recommandations politiques sur la manière de tester les navettes autonomes dans la Région.

Le rapport final a été soumis à Innoviris et une réunion finale du comité avec Innoviris a eu lieu le 5/2/2021.

3.
Le Gouvernement fédéral a publié l’arrêté royal du 18 mars 2018 relatif aux essais avec des véhicules automatisés. Cet arrêté est entré en vigueur le 1er mai 2018. Son intérêt principal est d’insérer un nouvel article 59/1 dans l’arrêté royal du 1er décembre 1975 : « Le ministre qui a la Circulation routière dans ses attributions ou son délégué peut, à titre exceptionnel, pour les véhicules de test utilisés dans le cadre d’essais avec véhicules automatisés, aux conditions et pour une durée limitée qu’il détermine, autoriser des dérogations aux dispositions du présent règlement ».

Concrètement, le SPF Mobilité et Transports peut autoriser des dérogations au Code de la route pour la réalisation de tests de voitures autonomes, y compris dans des conditions réelles de circulation. Un véhicule pourrait donc évoluer de manière autonome dans la circulation réelle, sous la supervision d’un opérateur situé à distance .
Ces dérogations sont obtenues sur dossiers, lesquels prévoient une analyse de risque préalable.
Les modifications à introduire dans le Code de la route sont toutes de compétences fédérales et sont déjà bien intégrées dans les réflexions en cours autour de la modification du code de la route. Il est en effet prévu dans la modification du code de la route pour sa partie fédérale, d’introduire la définition d’un véhicule autonome et de modifier l’article 8.1 pour intégrer l’absence de conducteur dans les véhicules autonomes.

4.
La STIB a jusqu’à présent réalisé 2 tests de navettes autonomes :
- Pendant environ 3 mois durant l’été 2019 dans le Parc de Woluwe.

Ce premier essai dans un environnement sans voiture a permis à la STIB de former son personnel et de prendre en main le système de conduite autonome.


Il a également constitué une très belle expérience de relations avec ses voyageurs, l’atmosphère « détendue » de ce magnifique parc bruxellois étant propice à la découverte et à l’échange autour de la mobilité du futur.

Plus de 5.000 voyageurs ont ainsi essayé les 2 navettes autonomes (qui ne circulaient que les vendredis, samedis et dimanche après-midi), avec une forte appréciation positive (94 % des 444 personnes interrogées ont donné un avis favorable sur les navettes).

- Ensuite pendant environ 3 mois, de mi-novembre 2019 à mi-février 2020, sur le site de l’entreprise Solvay à Neder-Over-Heembeek.


La STIB a choisi ce site car il constitue un excellent terrain d’apprentissage technique, celui-ci possédant un réseau interne de voiries parcourues par les véhicules des employés, de livraison, etc.

Ce test a permis de mesurer l’écart qu’il subsiste encore entre les technologies disponibles et la complexité des circulations urbaines. Les enjeux à résoudre sont par exemple ceux des freinages d’urgence (la navette est « trop » prudente), ou des véhicules mal garés (empêchant la navette de passer).


- Suite à cela, la STIB a commencé la préparation d’un 3
e test à l’hôpital Brugmann, mais sa concrétisation a été stoppée net en mars 2020 par la crise sanitaire liée au COVID-19.
La STIB a l’ambition de reprendre ce test là où il s’est arrêté dès que les conditions sanitaires le permettront, avec l’objectif de relier la station de métro Houba-Brugmann à l’intérieur de l’hôpital, réalisant ainsi le test d’un service de mobilité de « last mile » essentiellement destiné à un public moins / peu valide.

La STIB réalise ces tests avec une approche pragmatique, centrée sur l’utilité potentielle de telles technologies pour améliorer son service au client.
La STIB veille à développer et à entretenir d’excellentes relations avec une famille de partenaires, en Belgique (VUB, De Lijn, TEC, Vias, Labbox, etc.) mais aussi à l’étranger (RATP, Keolis Lyon, Transdev Rouen, Transport Public de Genève, etc.). La STIB est également membre d’un projet européen et bénéficie ainsi d’un soutien financier. L’objectif est bien entendu de mutualiser les enseignements. La STIB est, par exemple, partenaire du TEC dans son test qui vient de débuter à Louvain-la-Neuve.

5.
La STIB estime qu’il est actuellement prématuré de s’avancer sur un éventuel usage permanent (hors période de test) de navette autonome sur son réseau à court terme (dans les 3 à 5 ans qui viennent).
À ce titre, la STIB reste attentive aux expériences plus longues qui se déroulent dans d’autres pays (Suisse, France, Allemagne…).
L’enjeu actuel est en effet de continuer à apprendre et à tester, dans des environnements de complexité croissante reflétant de mieux en mieux les conditions réelles de circulations.
Cette approche pragmatique se déploie dans un environnement dynamique où, d’une part les technologies progressent, et, d’autre part, où la ville également évolue (zones 20/30, mailles « apaisées » du plan Good Move, attention accrue sur la sécurité routière, etc.).