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Question écrite concernant les projets pilotes éventuels en matière de récupération de chaleur durable

de
Bianca Debaets
à
Alain Maron, Ministre du Gouvernement de la Région de Bruxelles-Capitale chargé de la Transition climatique, de l'Environnement, de l'Énergie et de la Démocratie participative (question n°851)

 
Date de réception: 11/06/2021 Date de publication: 12/08/2021
Législature: 19/24 Session: 20/21 Date de réponse: 28/07/2021
 
Date Intitulé de l'acte de Référence page
07/07/2021 Recevable p.m.
 
Question    Fin mai, la capitale néerlandaise Amsterdam a annoncé qu’elle collabore avec le fournisseur d’énergie suédois Vattenfall à la construction d’un grand chauffe-eau électrique qui devrait fournir une énergie durable à la ville et à a périphérie. Le chauffe-eau électrique ne fonctionnera que lorsque le mix d’électricité sera durable, avec une grande partie de l’énergie provenant de l’énergie éolienne ou solaire.

Le chauffe-eau devrait être pleinement opérationnel en 2024 et ses heures de fonctionnement seront systématiquement étendues à mesure que de nouveaux parcs éoliens et solaires y seront raccordés. Le chauffe-eau électrique s’inscrit également dans le cadre de l’ambition d’Amsterdam de n’utiliser que de la chaleur durable d’ici 2040.

La construction de ce chauffe-eau met également en péril la précédente piste d’une centrale à biomasse. Le chauffe-eau prévu a une capacité supérieure à celle de la centrale à biomasse, ce qui signifie que - si elle voit le jour - elle sera probablement plus petite que ce qui était prévu initialement.

Je voudrais dès lors vous poser les questions suivantes :

- Avez-vous pris connaissance de cette initiative d’Amsterdam ? Avez-vous déjà donné instruction à votre administration d’étudier ce projet de plus près afin de développer éventuellement un projet similaire en Région de Bruxelles-Capitale ?
- Quels projets (pilotes) de récupération de chaleur durable avez-vous déjà lancés ou soutenus depuis le début de cette législature ? Quels sont les moyens et le calendrier prévus pour chacun d’entre eux ? Sur quels résultats ou conclusions (provisoires) ces projets (pilotes) ont-ils déjà débouché ?
- En particulier, pouvez-vous indiquer si, dans le cadre de ce dossier plus large sur la récupération de chaleur durable, vous avez déjà étudié la manière dont cela a ou peut avoir un impact sur la construction prévue d’une centrale à biomasse en Région bruxelloise ? Dans l’affirmative, pouvez-vous donner plus de détails ? Pouvez-vous également faire le point sur le dossier relatif à la construction éventuelle d’une centrale à biomasse à Bruxelles (suite à ma précédente question sur le sujet, cf. QE n° 551) ?
 
 
Réponse    1)

Des études ont débuté dans le cadre des travaux actuellement en cours et relatifs à l’implémentation de la contribution bruxelloise au Plan National Energie-Climat (PNEC) et à la rédaction du futur Plan Air-Climat-Energie (PACE) : une étude en vue d’évaluer comment faire évoluer les vecteurs énergétiques utilisés par les installations techniques des bâtiments (chauffage, eau chaude sanitaire, climatisation et ventilation) et une étude pour explorer comment rehausser les ambitions climatiques de la Région de Bruxelles-Capitale.

Dans ce cadre, Bruxelles Environnement réalise actuellement un « benchmarking » des projets de décarbonation et des bonnes pratiques en cours en Belgique et dans d’autres pays.

Les bonnes pratiques mises en place aux Pays-Bas et en particulier, le projet E-boiler Diemen de la société Vattenfall ont été « épinglés » dans ces deux recherches afin d’évaluer une éventuelle transposition au niveau de la Région de Bruxelles-Capitale. La description de ce projet est accessible via le lien internet suivant :
https://group.vattenfall.com/nl/wat-we-doen/onze-activiteiten/stadswarmte/e-boiler-diemen. Les résultats de ce projet seront également suivis dès qu’ils seront disponibles (après 2024).

Il s’agit d’une technologie connue basée sur le stockage, sous forme de chaleur, d’énergie produite par des panneaux solaires photovoltaïques (appelée PV Heater), ainsi que des éoliennes.

En ce qui concerne l’adaptation de cette technologie à Bruxelles, je peux déjà vous affirmer que vu le potentiel éolien très faible, voire inexistant, au niveau de la Région de Bruxelles-Capitale, cette partie de l’approvisionnement énergétique n’est pas réplicable. Mais Bruxelles a choisi de mettre la priorité sur le solaire et l’augmentation de l’énergie solaire dans le mix énergétique de l’électricité de la Région.


2)

Le projet E-boiler Diemen ne constitue pas une récupération durable de la chaleur, mais une production de chaleur par des chaudières électriques. La quantité de chaleur délivrée dépendra du fonctionnement d’éoliennes et de panneaux solaires. Cette chaleur viendra en appoint de productions de chaleur alimentées au gaz.

Pour rappel, la récupération de chaleur concerne l’utilisation de chaleur fatale ou résiduelle. De ce point de vue, nous pouvons citer la récupération de la chaleur résiduelle des fours de l’incinérateur de déchets, partiellement captée dans un réseau de chaleur qui s’étend maintenant jusqu’aux serres royales de Laeken, ainsi que les projets de riothermie de Vivaqua.

Pour rappel encore, pour être rentable, la récupération de chaleur doit se faire à proximité immédiate des utilisateurs.

D’autres sites disposent par ailleurs déjà d’un réseau de chaleur : les sites universitaires et hospitaliers (ULB Solbosh, ULB & VUB Plaine, UCL Saint-Luc, Hôpital Brugmann site Horta, AZ-VUB Laarbeek), le quartier Bervoets à Forest et Tivoli à Laeken.

L’ordonnance relative à l’organisation des réseaux d’énergie thermique adoptée le 6 mai 2021 donne désormais un cadre au développement des réseaux de chaleur performants.

Cette ordonnance est accompagnée d’études destinées à préciser les quartiers de la Région de Bruxelles-Capitale où le placement d’un réseau de chaleur chaleur performant est intéressant.


3)

Le projet à l’étude au niveau de la région concerne le placement d’une unité de biométhanisation afin de produire du biométhane à partir de la fermentation anaérobie de la fraction organique des déchets. Il ne s’agit pas d’une centrale électrique alimentée par de la biomasse.

En ce qui concerne cette dernière, il convient d’analyser l’usage de biomasse à la lumière de critères tant économiques qu’environnementaux : l’utilisation de biomasse pour la combustion génère une pollution liée aux particules fines qui viendrait contrer les efforts d’amélioration de la qualité de l’air.

L’étude sur le potentiel d’efficacité en matière de chaleur et de froid renouvelable en Région de Bruxelles-Capitale terminée le 31 mars 2021, a identifié les principales sources de chaleur fatale actuellement disponibles dans la Région, les cogénérations et les installations de géothermie actuellement actives, ainsi que l’évolution de la production d’énergie renouvelable.

Ce rapport est accessible à l’aide de ce lien :
https://document.environnement.brussels/opac_css/elecfile/STUD_potentielEfficacite_chaleurFroid_RBC

Ce rapport, mais aussi l’étude mentionnée à la première question alimentera les réflexions sur des propositions de mesures pour concrétiser la décarbonation des installations techniques et de la production de chaleur et de froid à Bruxelles.