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Question écrite concernant le chantier de rénovation du tunnel Léopold II

de
Geoffroy Coomans de Brachène
à
Elke Van den Brandt, Ministre du Gouvernement de la Région de Bruxelles-Capitale, chargée de la Mobilité, des Travaux publics et de la Sécurité routière (question n°1031)

 
Date de réception: 20/09/2021 Date de publication: 26/10/2021
Législature: 19/24 Session: 21/22 Date de réponse: 22/10/2021
 
Date Intitulé de l'acte de Référence page
22/09/2021 Recevable p.m.
 
Question   

Depuis quelques années déjà, les riverains du tunnel Léopold II – prochainement rebaptisé tunnel Annie Cordy – subissent les nuisances liées à la fermeture de celui-ci entre 22h et 6h du matin, sauf les nuits de vendredi et samedi.

Ce chantier occasionne pourtant de fortes perturbations après la fermeture, étant donné que l’augmentation du trafic automobile ne se limite pas au boulevard Léopold II. Les automobilistes cherchant des alternatives encombrent également les petites rues des communes avoisinantes, ce qui provoque également des embouteillages et une mauvaise qualité de l'air.

Dès lors, je souhaiterais vous poser les questions suivantes :

  1. Par quels biais Bruxelles Mobilité a-t-elle communiqué la fermeture du tunnel durant une si longue période ? (communiqués, spot radio, Internet, toutes-boîtes, …)

  2. Les riverains ont-ils été dûment informés des dates et heures de fermeture, mais également des nuisances liées au bruit et à la qualité de l’air notamment ?

  3. Pourquoi le site Internet de Bruxelles Mobilité ne mentionne-t-il pas de date pour la fin estimée du chantier1 ? Faut-il en déduire que Bruxelles Mobilité ne dispose pas d’évaluation sur la fin du chantier de rénovation ?

  4. Après l’important chantier de remise en état voici quelques années, Bruxelles Mobilité a-t-elle aurait-elle à nouveau découvert de nouvelles dégradations au sein du tunnel ? Si oui, peut-on en connaitre l’ampleur, et les conséquences éventuelles sur le timing et le budget ?

  5. La fermeture dès 22h semble poser de nombreux problèmes de mobilité dans les quartiers avoisinants, la Région a-t-elle étudié la possibilité de post-poser cette fermeture d’une heure, soit 23h, afin de permettre de diminuer les impacts pour les riverains ?

  6. Existe-t-il une évaluation sur la diminution de qualité de l’air que représente cette fermeture à 22h plutôt qu’à 23h ? Disposez-vous de capteurs permettant d’évaluer la qualité de l’air à proximité du tunnel ? Si oui, quels en sont les résultats ?

  7. Disposez-vous de données sur les retards que cette circulation nocturne occasionne pour les transports en commun de surface ? Si non, une évaluation est-elle au moins en cours afin de tenter de minimiser ces impacts ?

  8. Concernant les véhicules d’urgence, Bruxelles Mobilité a-t-elle connaissance de problèmes d’accessibilité pour les quartiers avoisinants après 22h étant donné le report massif de trafic en surface ? Des solutions ou alternatives ont-elles été proposées le cas échéant ?

  9. Quel est le montant estimatif de la rénovation actuelle du tunnel Léopold II ? Pouvez-vous ventiler ce coût ?

  10. Si le chantier devait commencer une heure plus tard, pourriez-vous me dire précisément quelles en seraient les répercussions financières ? Cette proposition avait-elle été étudiée préalablement par Bruxelles Mobilité ? Si oui, les volets « qualité de l’air » et « nuisances sonores » ont-elles été prises en compte ?

  11. Combien de personnes travaillent actuellement dans le tunnel durant les 5 nuits de fermeture du tunnel ? Des solutions ont-elles été proposées afin de diminuer la durée du chantier en augmentant le nombre d’équipes actives sur place ? Étant donné la longueur du tunnel dans les 2 sens, Bruxelles Mobilité a-t-elle évalué le nombre d’équipes adéquates pour travailler efficacement tout en optimisant le timing du chantier ? Outre les personnes travaillant sur le chantier, pourriez-vous me préciser le nombre et le type de véhicules de chantier actuellement utilisés sur le cadre de cette rénovation ?

 

1 https://mobilite-mobiliteit.brussels/fr/chantiers?tid=All&tid_1=All&body=&page=2

 

 

 
 
Réponse    Bruxelles Mobilité a informé les riverains et les navetteurs de la fermeture du tunnel Léopold II via une conférence et des communiqués de presse, son site internet et de grandes campagnes de communication. Ces dernières se sont adressées aux publics cibles avec les moyens suivants : l’affichage en rue et sur des véhicules de transports en commun ; des toutes-boîtes distribués dans les boites aux lettres et dans les rues/aux carrefours ; sur les routesplanner et systèmes de GPS ; les spots radio et les médias sociaux, etc.

Les riverains ont été prévenus des perturbations par des toutes-boîtes en fonction de l’évolution du chantier.

A l’heure actuelle, la fin des travaux de rénovation du tunnel est prévue pour début 2022.

Le chantier actuel de rénovation a débuté en mai 2018. Depuis cette date, des interventions non prévisibles au moment de la rédaction du cahier des charges ont été réalisées suite à la découverte de certains états des structures de génie civil :
- Vétusté des plafonds : après l’enlèvement des anciens équipements électromécaniques et le nettoyage des plafonds, il est apparu que les surfaces des plafonds à traiter étaient très importantes et présentaient des états de dégradations variables selon les endroits du tunnel. Une méthodologie de réparation, la protection cathodique, uniforme sur l’ensemble du projet a alors été étudiée et mise en œuvre permettant d’avoir une garantie de résultat et une possibilité de monitoring pour les années à venir, ce qui limitera fortement le risque de futures dégradations et donc de fermetures du tunnel. Cette méthodologie de réparation a également permis de limiter l’impact du délai de ces travaux supplémentaires.
- Dégradation du radier : après enlèvement de la couche de roulement de la voirie et de sa fondation lors des fermetures d’été du tunnel (été 2019 et 2020), il a été constaté des dégradations sur le radier support de cette couche de roulement. Ces dégâts ont été réparés avant réalisation de la nouvelle chaussée.
- Dégradation des murs emboués et murets : après enlèvement des équipements électromécaniques et le désamiantage des murets, un contrôle exhaustif des surfaces a pu être réalisé et des problèmes d’étanchéité et de dégradations des bétons avec des zones où les fers de structures étaient apparents ont été constatés.
- Egout du tunnel : les nuits de fermeture du tunnel ont permis de réaliser un état exhaustif de l’égouttage des 2 tubes du tunnel. Celui-ci s’est avéré dans un état très dégradé nécessitant des investigations plus poussées et des réparations nécessaires devant se faire avec un tunnel fermé à la circulation (curage du réseau et réparation de tronçons abimés).
- Egout du tunnel métro suspendu au plafond du tunnel routier : une importante fuite de l’égouttage de la stations Simonis suspendu dans le tunnel routier s’est produite durant l’été 2019, nécessitant son diagnostic complet depuis les ouvrages métro et une réparation par chemisage depuis le tunnel, sous fermeture partielle.
- Bretelle Sainte-Anne (entrée Simonis) : l’analyse des sondages réalisés sur la bretelle pour permettre les travaux de renouvellement de la chaussée a abouti à la conclusion que la résistance de la dalle n’était plus aux normes actuelles et que des travaux de renforcement structurel étaient nécessaires (travaux nécessitant par ailleurs l’intervention depuis le tunnel métro).
Le délai supplémentaire des travaux de rénovation du tunnel – le délai initial de 39 mois est passé à 47 mois – est dû en partie à ces imprévus mais également à d’autres, dont l’impossibilité de respecter les conditions du permis de base pour la construction de 6 issues de secours dans le parc Elisabeth et la prise en charge du déplacement d’un égout principal sur le boulevard Léopold II afin de permettre la construction d’une issue de secours dans son emprise.

Les horaires de fermeture du tunnel sont approuvés par le gestionnaire de voirie sur base des concertations tenues au sein de la commission régionale de coordination des chantiers et de sa sous-commission spécifiquement dédiée au projet, lesquelles rassemblent entre autres les représentants des communes concernées.

La commission de coordination des chantiers et sa sous-commission spécifique rassemblent également des représentants de la STIB et de De Lijn (les TEC n’étant pas impactés par les chantiers réalisés dans la zone d’hypercoordination). Les mesures d’accompagnement et les horaires du chantier sont établis sur base de leurs avis et des échanges tenus entre leurs membres.

Le SIAMU est représenté en commission de coordination des chantiers et en sous-commission. Les mesures d’accompagnement sont établies sur base de son avis et des échanges tenus entre leurs membres.

Le montant du contrat au démarrage des travaux se ventile comme suite (TVAC) :
- 265 M€ de rénovation,
- 13 M€ de maintenance pendant la rénovation,
- 180 M€ de maintenance pendant 25 ans après la rénovation,
- 5,45 M€ d’intérêts.
Auxquels s’ajoutent les modifications liées aux imprévus et les indemnités liées à la prolongation de 8 mois du délai initial, dont une partie du montant total de 59 M€ est en cours de négociation.

L’étude initiale du planning a été établie sur base de 8 heures de fermeture du tunnel permettant de travailler un minimum de 6 à 7 heure effectives, le reste du temps étant nécessaire pour fermer, nettoyer et contrôler la sécurité du tunnel avant réouverture. Le délai initial de la rénovation du tunnel de 39 mois, estimé sur cette base, pouvait être réduit d’environ 5 mois en le calculant sur base de la durée journalière habituelle des travaux réalisés en voirie, soit 8 heures de travail effectives.
Le tunnel reste par ailleurs ouvert à la circulation du vendredi à 6h00 du matin au dimanche à 22h00.
Les volets mobilité et qualité de l’air du projet figurent dans le rapport d’incidences et dans le permis d’environnement.

En moyenne, une centaine d’ouvriers a travaillé et travaille actuellement dans le tunnel chaque nuit. Ce nombre est monté à 200 durant les travaux réalisés sous fermetures estivales complètes.
Le nombre d’équipes a suivi une logique d’enchainement des travaux (désamiantage, dépose des équipements anciens, purge des bétons, réparations des bétons, pose des nouveaux équipements …), de disponibilité du matériel (le nombre de nacelles devant tenir compte des emprises disponibles dans le tunnel et du passage toujours nécessaire des véhicules de travaux qui les alimentent en matériaux) et de sécurité des ouvriers (travaux dans un milieu confiné qui empêchent la multiplication du nombre de nacelles, par exemple). Durant la phase de travaux intenses, l’entreprise a optimisé au mieux ses équipes en fonction de ces contraintes.

Les véhicules de chantier utilisés sont des véhicules utilitaires classiques et des nacelles élévatrices. Certaines de ces nacelles, camions plateforme, ont été conçues spécifiquement pour un travail en tunnel nécessitant un retrait complet avant réouverture : elles ont un plateau large – permet de multiplier les compagnons et le matériel – et des vérins permettant de désaxer le plateau par rapport à la base du camion, ce qui permet de limiter chaque nuit les déplacements et réglages, sources de perte de rendement et de temps. On compte en moyenne 4 camions plateforme et 16 nacelles ciseaux actuellement sur le site, sachant que les volumes de travaux les plus importants sont à l’heure actuelle achevés.