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Question écrite concernant l'écosystème "climate tech" à Bruxelles.

de
Véronique Lefrancq
à
Barbara Trachte, Secrétaire d'État à la Région de Bruxelles-Capitale, en charge de la Transition économique et de la Recherche scientifique (question n°451)

 
Date de réception: 07/09/2021 Date de publication: 16/11/2021
Législature: 19/24 Session: 20/21 Date de réponse: 09/11/2021
 
Date Intitulé de l'acte de Référence page
24/09/2021 Recevable p.m.
 
Question   

Dans son édition du 21 août 2021, l’hebdomadaire The Economist consacrait un article au business de la décarbonation. Il pointait justement que selon une étude du consultant PWC, les investissements dans le domaine des climate tech’ ont été multiplié par 5 entre 2013 et 2020. En 2021, ces investissements représentaient 60 milliards de dollars, soit 36 milliards de plus qu’en 2020. Loin d’être une bulle exceptionnelle, l’hebdomadaire estime qu’il y a là un potentiel de croissance durable.

En effet, plusieurs grandes entreprises, tant outre Atlantique qu’en Europe, procèdent à des investissements massifs pour rendre leurs activités moins polluantes. L’on peut mentionner ainsi Microsoft qui vise à compenser en 2050 les émissions de gaz à effet de serre depuis sa création, ou encore la Commission européenne qui a conclu un accord d’un milliard de dollars avec Breathrough Energy Catalyst pour la mise en œuvre de projets technologiques propres du point de vue environnemental.

On le sait, Madame la Secrétaire d’État, les efforts environnementaux doivent se faire de concert avec le développement de nos sociétés et les entreprises semblent enfin adhérer à ces objectifs sociétaux.

  • Pouvez-vous nous donner un aperçu de l’état de cet écosystème « climate tech » à Bruxelles ? Est-ce un secteur en croissance à Bruxelles ?

  • Nous savons que l’économie circulaire se développe à Bruxelles, notamment dans le secteur de la construction et de la rénovation. Qu’en est-il de la recherche et de l’innovation en technologie propre à Bruxelles ? Disposez-vous de chiffres à ce sujet ?

  • Disposez-vous d’un fonds de soutien ou de recherche consacré à ces domaines ? Si oui, pouvez-vous partager les lignes et montants correspondant dans le budget régional ?

 


 

 
 
Réponse    De nombreuses entreprises et de nombreux projets bruxellois.e.s sont actif.ve.s dans les climate tech. A titre d’exemples, je citerai quelques projets récents qui ont bénéficié de subsides d’Innoviris pour leurs projets de recherche et d’innovation dans le domaine :
§ Le développement de technologies alternatives pour la capture et la conversion du CO2 mobilisant plasmas, micro-ondes et approches électrochimiques (fruit d’une collaboration interuniversitaire en collaboration avec Solvay) ;
§ Le développement d’une assistance en temps réel pour améliorer la qualité et la quantité du processus de refurbishing d’électroménagers, tout en permettant la mise à l’emploi de main d’ouvre peu qualifiée ou en résinsertion professionnelle ;
§ Le développement de solutions d’amélioration de la maintenance des parcs éoliens mobilisant l’intelligence artificielle ;
§ La conception d’un « chauffe-eau » photovoltaique autonome permettant d’exploiter des surfaces réduites de toiture voire de façades.
§ Etc.

Ces projets sont portés par une diversité d’acteurs illustrant le dynamisme de l’écosystème bruxellois : universités, petites, moyennes et grandes entreprises, secteur associatif, centres de recherche collectifs, travaillant régulièrement en collaboration effective sur des projets communs.

Plus généralement, nous maintenons nos efforts pour que le soutien régional soit mobilisé en priorité pour les projets de recherche et de développement qui démontrent un impact environnemental positif. Concrètement, ceci se traduit par l’attention particulière qui est portée sur ces critères lors de l’évaluation des projets qui sont soumis et par la mobilisation d’une série d’instruments qui permettent de stimuler les secteurs porteurs, dont celui sur lequel porte votre question. Je reviendrai sur ces instruments plus loin.

Cela dit, malgré l’importance des enjeux liés à la décarbonation de nos modèles économiques, et donc à l’importance de stimuler, entre autres solutions innovantes, les « climate techs », l’exercice de quantification se heurte à une difficulté de taille, à savoir l’absence de définition claire de ce secteur qui, par ailleurs, ne correspond à aucune classification sur base des codes NACE.

Je voudrais néanmoins mettre en évidence ici les actions prises en Région de Bruxelles-Capitale et illustrer votre question afin de disposer d’une vue plus précise de cet écosystème au sein de la Région.

Tout d’abord, permettez-moi de revenir sur les choix stratégiques de la Région validés dans le nouveau Plan Régional pour l’Innovation (PRI) 2021-2027, approuvé par le Gouvernement bruxellois en juin 2021. En particulier, parmi les 6 domaines d’innovation stratégiques (DIS), celui consacré au
« Climat : Bâti et Infrastructures résilients » cadre particulièrement avec le développement de solutions « climate tech » à Bruxelles.

Deux autres DIS permettront de cibler le soutien à la recherche et au développement de solutions
climate tech : « Utilisation optimale des ressources » et « Flux urbains efficaces et durables pour une gestion inclusive de l’espace urbain ».

Outre les domaines d’innovation stratégique et les perspectives d’appels à projets thématiques qu’ils ouvrent, le plan d'action du PRI contient également des initiatives spécifiques qui sont pertinentes dans ce contexte, notamment :

· L’accompagnement à l’innovation durable dans la construction ;
· La stimulation de projets innovants d’expérimentation exploitant les gisements urbains ;
· Développement d’une plateforme d’innovation autour du transport cargo intra-urbain.

J’en profite pour vous rappeler que le PRI est disponible en ligne et que vous y trouverez tous les détails sur ces domaines d’innovation stratégiques (voir :
https://innoviris.brussels/sites/default/files/documents/innoviris_plan_regional_innovation_pri_digital_fr_1.pdf notamment pp. 24-26).
Ces priorités en matière de recherche et d’innovation sont à mettre en résonance avec la stratégie d’investissement de finance&invest.brussels, qui compte parmi ses 5 thèmes d’investissements prioritaires le « urban well-being & health », regroupant entre autres la prévention et le contrôle des pollutions mais aussi les énergies renouvelables ou encore l’efficacité des ressources et énergétique.

J’en viens maintenant aux instruments régionaux qui sont mobilisés dans le cadre de la stimulation de ces secteurs. En considérant une définition large de « clean tech », à savoir
« toute technologie ayant une valeur ajoutée environnementale, quel que soit le secteur d'activité », les projections budgétaires pour 2021 s’élèvent à environ 6M euros pour les seuls programmes industriels d’Innoviris.
Plusieurs appels à projets participent à la stimulation de cet écosystème, soit par la nature même des programmes soit au travers des thématiques spécifiques qui sont définies. Je citerai ici Be.Circular, le nouvel instrument pour la valorisation des gisements urbains, mais aussi les récentes thématiques retenues pour les projets de recherche collaboratifs entre industrie et établissements de recherche (
« The Industry of Tomorrow : Green, Human & Smart » ; « Towards Carbon Neutral Energy »).

Le secteur de la construction et de la rénovation joue évidemment un rôle central dans le développement et la mise en œuvre des climate tech, et plus largement pour l’atteinte des objectifs fixés par la Région. Si le ministre Alain Maron pourra mieux que moi vous détailler le détail des mesures prises à ce niveau, il me semble utile d’évoquer plusieurs actions sectorielles qui, elles aussi, stimulent une dynamique régionale forte :
- Le Centre scientifique et technique de la construction (CSTC) est financé par Innoviris pour des missions de guidance technique/technologique dans divers domaines cités plus haut, offerts à tous les acteurs bruxellois du secteur ;
- Le cluster bruxellois de la construction durable ecobuild.brussels ;
- L’accélérateur pour start-ups durables Greenlab.

Innoviris était également impliqué dans le projet FEDER ‘Living Labs Brussels RETROFIT’, qui a pour but de favoriser la rénovation des logements bruxellois en créant des espaces privilégiés dédiés à l’expérimentation et à l’innovation. Ces « Living Labs » sont des environnements de tests où des consortiums multidisciplinaires travaillent ensemble à développer, tester et mettre en œuvre des innovations technologiques ou organisationnelles répondant aux défis de la rénovation énergétique des logements. A long terme, ces Living Labs doivent déboucher sur des solutions innovantes, utilisables à grande échelle sur le marché de la rénovation à Bruxelles.

Cinq Living Labs ont été sélectionnés lors de l’appel à projet lancé en septembre 2016 : Bruwatt, Modul’Air, Prio-Climat, Reno-lab C, WVDM. De septembre 2017 à décembre 2021, chacun de ces projets a travaillé au développement de processus innovants et appliquera ses recherches sur un projet de rénovation concret.

Notamment dans le cadre de Modul’Air, qui propose d’étudier l’application de façades préfabriquées pour la rénovation en les combinant avec des systèmes de ventilation intégrés, Innoviris a été impliqué dans l’élaboration d’une forme novatrice de marché public, qui a été adopté par la Société du Logement de la Région de Bruxelles-Capitale (SLRB) (voir :
https://www.livinglabs-brusselsretrofit.be/fr/modulair_fr/ ).

Pour ce qui concerne les perspectives budgétaires liées à la mise en œuvre du PRI, ainsi que les prévisions budgétaires pour chaque DIS, je me réfère à nouveau au PRI, plus spécifiquement à son annexe 3. La répartition des moyens par DIS fera par ailleurs l’objet d’un monitoring annuel permettant d’ajuster, le cas échéant, les priorités sur une base évolutive.

Enfin, au-delà des outils de soutien spécifiques à la RDI, je tiens à mentionner le fonds Bruseed pour les PME bruxelloises innovantes. Il s’agit d’une collaboration fructueuse entre Innoviris et finance&invest.brussels qui vise entre autres les secteurs de la construction, les énergies renouvelables et les ressources et déchets.