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Question écrite concernant l'agression homophobe à la place Flagey.

de
Marie Lecocq
à
Nawal Ben Hamou, Secrétaire d'État à la Région de Bruxelles-Capitale en charge du Logement et de l'Égalité des Chances (question n°734)

 
Date de réception: 03/09/2021 Date de publication: 13/12/2021
Législature: 19/24 Session: 20/21 Date de réponse: 23/11/2021
 
Date Intitulé de l'acte de Référence page
25/10/2021 Recevable p.m.
 
Question   

« Il s’est levé, il m’a craché au visage, a commencé à crier et m’a donné un coup de poing dans l’œil. Il a voulu donner d’autres coups, mais mon ami est intervenu et a évité le pire”.

Madame la Secrétaire d'état, ce témoignage, c'est celui de Tom, 25 ans, agressé avec son compagnon le 21 aout dernier à 14H00 sur la place Flagey en plein centre de Bruxelles. Permettez-moi tout d'abord au nom du groupe Ecolo de condamner une nouvelle fois cet acte de violence à caractère homophobe, mais également d'apporter notre soutien et notre solidarité à l'égard des victimes. Chaque agression cause des traumatismes chez les personnes concernées, a fortiori lorsqu'elles sont attaquées pour ce qu'elles sont. Il faut tout faire pour éradiquer cette violence.

Rappelons également que dans notre Région chacun peut vivre dignement et en sécurité, quelle que soit son orientation sexuelle ou son identité de genre. C'est en ce sens qu'avec plusieurs collègues de la majorité mais également de l'opposition nous avons déposé une résolution déclarant la Région bruxelloise "zone de libertés pour les personnes LGBTQIA+".

Cette nouvelle agression nous rappelle que le combat contre l'homophobie et la transphobie n'est pas encore gagné et que nous devons continuer à tout mettre oeuvre pour que ces violences n'aient plus lieu. 

  • Concernant le volet sensibilisation, vous nous annonciez en novembre dernier que l’augmentation conséquente du budget consacré à  « l' Egalité des Chances » pour les prochaines années devait vous permettre d’accroître et d’élargir la politique régionale en matière de soutien aux associations de terrain. Quand est-il aujourd'hui ? Quels sont les moyens attribués spécifiquement à la lutte contre l'homophobie et la transphobie ?

  • De manière générale, quels sont les dispositifs mis en place par votre cabinet afin de lutter contre les violences à l'égard des personnes LGBTQIA+ ?

  • Concernant le volet judiciaire et le traitement des plaintes, quand est-il de la mise en place par Brusafe du pôle de compétences/experts sur le thème des discriminations devant procéder à un recensement des dispositifs didactiques déjà en place, et de proposer, s’il échet, de nouvelles formations mono- et multidisciplinaires ?

 

 
 
Réponse    J’ai l’honneur de vous adresser les éléments de réponse suivants:

Tout comme vous, j'ai pris connaissance du terrible incident qui s'est produit le 21 août dernier dans les transports publics près de la place Flagey et, plus récemment, de l'agression homophobe contre le journaliste Riad Bahri, qui a eu lieu le 10 septembre dernier. J’ai d’ailleurs publiquement exprimé mon soutien à Monsieur Bahri.

Bien que la Belgique obtienne toujours de bons résultats en matière d'égalité des droits, notamment en ayant terminé 2
ème sur 49 pays dans le classement annuel de l'ILGA-Europe, la réalité quotidienne de nombreuses personnes LGBTQIA+ est différente, en raison du manque d'acceptation sociale qu’elles subissent dans de nombreux domaines.

Dès lors, pour lutter efficacement contre ces violences, il va de soi que l'égalité des droits est une première étape nécessaire, mais elle n'est pas suffisante. Cela a été clairement mis en évidence dans la deuxième enquête menée par la FRA, l'Agence des droits fondamentaux de l'Union européenne, auprès de 140.000 répondants dans l'Union européenne, en 2019.

Par ailleurs, En Europe, pour la première fois depuis 2019, on a constaté un recul de l'égalité des droits en raison de la situation en Pologne et en Hongrie. En guise de contre-réaction, comme vous le mentionnez dans votre intervention, votre Parlement a voté une résolution déclarant la Région bruxelloise comme « zone de liberté pour les personnes LGBTQIA+ , ce à quoi, à mon initiative, le Gouvernement bruxellois a bien entendu donné suite.
*
En ce qui concerne le soutien à la société civile liée à cette thématique, je peux vous indiquer que par le biais du cycle de subventions générales et du cycle de subventions spécifiques LGBTQIA+ pour 2021, equal.brussels soutient 38 projets pour un total de 346.431 €, ce qui représente une augmentation significative par rapport à 2020 d'un peu plus de 35% des moyens pour les projets LGBTQIA+.

Concernant les dispositifs mis en place afin de lutter contre les violences à l’égard des personnes LGBTQIA+ :

S’il n’existe pas de chiffres spécifiques pour la Région, au niveau de la violence à l’égard de personnes LGBTQIA+, il y a eu par contre, en 2019, une Crime Survey, c’est-à-dire un sondage qualitatif pour mieux comprendre les chiffres existants.

L’un des éléments qui en est issu était la faible volonté des victimes, de signaler des délits de violence auprès de la police (autour des 20 %), et ce, pour différentes raisons, notamment la crainte de la police, la croyance que cela ne changera rien ou l'habitude de la violence et des discriminations quotidiennes.

Afin d'apporter une réponse au faible recours à la police, un projet pilote unique en Europe, a été lancé en collaboration avec l'OBPS et la RainbowHouse auxquels equal contribue financièrement. J’ai d’ailleurs déjà eu l’occasion à plusieurs reprises de parler de ce projet au sein de la commission Égalité des chances du Parlement régional bruxellois.

L'Observatoire prépare actuellement le premier rapport sur les résultats obtenus à ce jour. Au niveau international, ce projet a déjà reçu l'attention de la FRA et a été présenté à la préconférence d'EGIDES à Genève, le nouveau réseau LGBTQIA+ dans la francophonie.


Pour contribuer à lutter contre ce sous-rapportage, le futur plan bruxellois LGBTQIA+ qui a été approuvé en première lecture le mois dernier et est actuellement soumis aux avis des instances consultatives (Brupartners et CEFH) intègre la LGBTIQ Equality Strategy 2020-2025, adoptée fin 2021 par la Commission européenne et qui est une stratégie basée sur quatre piliers, à savoir :

La lutte contre la violence, la lutte contre la discrimination, une visibilité et une inclusion accrues, et enfin la solidarité internationale.

En outre, l'année prochaine, une nouvelle édition de la campagne Share the Color sera lancée par mes soins.

À présent, l'accent sera mis sur les quartiers extérieurs au centre-ville, où les événements et activités LGBTQIA+ sont moins nombreux, mais où vivent de nombreuses personnes LGBTQIA+.

Il est important que toute personne puisse et ose être elle-même, y compris à l'endroit où elle vit. Cette campagne se déroulera pendant quatre semaines, au mois de mai, en étroite collaboration avec la société civile.

Par ailleurs, au niveau international, nous participons activement au Rainbow Cities Network, qui prévoit un échange de bonnes pratiques entre les responsables de différentes villes et régions urbaines.
Enfin, BPL travaille depuis 2015 à la sensibilisation et à la formation du personnel communal à la situation des personnes LGBTQIA+. Pour ce faire, BPL a dispensé plusieurs années, la formation « All genders welcome » qui visait l’inclusion des personnes LGBTQIA+ tant au sein du personnel communal qu’à l’accueil bienveillant de toutes et tous.
En outre, une formation plus spécifique sur la législation et la sensibilisation de la situation des personnes transgenres a lieu depuis près de trois ans et est encore en cours actuellement.
Enfin,
votre dernière question relative à Brusafe, relève de la compétence de mon collègue le Ministre-Président Rudi Vervoort, qui m’a fourni les éléments de réponse suivants :

Une première rencontre sur le thème des discriminations a eu lieu le 21 octobre sous la forme d’un workshop préparatoire à la création du pôle « discriminations ». Equal et mon cabinet ont bien entendu participé à ce workshop.

Aux côtés de nos partenaires du monde académique pour les aider à baliser cette notion complexe sur le plan conceptuel, et notamment identifier des thèmes et des participants pour les travaux du futur pôle.
 

Fort de cette réflexion, Brusafe pourra par la suite, soumettre une proposition de composition du pôle, puis le lancer officiellement.