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Question écrite concernant le soutien, par la réalisation d'une étude et l'établissement d'une liste, des métiers dépréciés et des métiers à plus-value sociale

de
Pepijn Kennis
à
Bernard Clerfayt, Ministre du Gouvernement de la Région de Bruxelles-Capitale chargé de l'Emploi et de la Formation professionnelle, de la Transition numérique, des Pouvoirs locaux et du Bien-Être animal (question n°884)

 
Date de réception: 24/01/2022 Date de publication: 22/02/2022
Législature: 19/24 Session: 21/22 Date de réponse: 18/02/2022
 
Date Intitulé de l'acte de Référence page
26/01/2022 Recevable Bureau élargi du Parlement
 
Question   

L'Assemblée citoyenne bruxelloise, un groupe de 45 Bruxellois tirés au sort, a passé plusieurs mois à discuter de l'emploi à Bruxelles. Elle cherchait une réponse à la question de savoir comment donner accès à chaque Bruxellois à un emploi adapté et valorisant. Après s'être informée et s'être concertée, l'Assemblée a fait des propositions. Il m’appartient de relayer ses idées, ses propositions et ses demandes ici au Parlement. C'est ainsi que nous montrons qu'une démocratie peut être inclusive, délibérative et participative.

On parle souvent des métiers en pénurie et de la nécessité évidente d’en faire la promotion. Vous avez vous-même libéré un budget de 3.700.000 euros pour résoudre le problème des métiers en pénurie. L'Assemblée citoyenne bruxelloise ne se concentre pas nécessairement sur ces métiers, mais plutôt sur les métiers dépréciés (peu attrayants) et/ou les métiers à plus-value sociale, dans le but de les revaloriser.

Selon l'Assemblée citoyenne, les métiers dévalorisés sont des métiers pour lesquels il n'existe peut-être pas de besoin économique immédiat mais qui sont considérés comme socialement inférieurs, tels que les métiers physiques, lourds, faiblement rémunérés, avec des horaires et des conditions de travail difficiles (par exemple : éboueur, infirmier, travailleur social, aide ménagère, etc.)

Les métiers à plus-value sociale sont ceux qui contribuent au bien-être de la population, servent l'intérêt général ou ont un impact positif sur la société sans être suffisamment valorisés (par exemple, garde forestier, travailleur social, infirmier, aide ménagère, enseignant, etc.)

Il y a encore fort à faire pour revaloriser ces métiers. L'Assemblée citoyenne bruxelloise demande au gouvernement de réaliser une étude afin de dresser une liste des métiers peu attrayants et des métiers à plus-value sociale, puis de soutenir ces métiers.

Dans l'accord de gouvernement, vous parlez vous-même de "la promotion des métiers en manque d’image". J'aimerais donc savoir si les métiers que vous avez retenus, les "métiers en manque d’image" sur lesquels vous voulez travailler sont également "dépréciés" ou "à plus-value sociale" au sens où l’entend l'Assemblée citoyenne bruxelloise.

  • Quels sont selon vous les métiers "en manque d’image" ? Où trouve-t-on cette liste ?

  • Ces métiers ont-ils aussi une plus-value sociale ? Sont-ils dépréciés ? Sur la base de quels critères établissez-vous la liste ?

  • Envisagez-vous d'évaluer ces critères ? S'ils n'en font pas encore partie, envisagez-vous d'inclure la plus-value sociale dans les critères d'évaluation ?

  • Les métiers dépréciés et les métiers à plus-value sociale figureront-ils dans la même liste ? Envisagez-vous d'étudier ces deux catégories de métiers et de dresser une liste pour chacune de ces catégories ?

 
 
Réponse    Je vous remercie pour votre question.

Quelles sont les professions que vous considérez comme "peu attrayantes" ? Où peut-on trouver cette liste ?

Il n’existe pas de liste de professions « peu attrayantes » ni de liste de professions à « valeur ajoutée sociale ». La notion d’attractivité est multidimensionnelle. Chaque travailleur évalue en fonction de ses besoins et de sa situation la valeur à attribuer à chacun des critères qu’il considère comme attractif, notamment le salaire, les horaires, la notion de responsabilité, etc.

Par ailleurs, aujourd’hui il n’y a pas de consensus pour établir ce qu’est une liste de professions à « valeur ajoutée sociale ».

Chaque année, view.brussels, l’Observatoire bruxellois de l’emploi et de la formation, établit un inventaire des fonctions critiques en Région bruxelloise sur la base des offres d’emploi reçues chez Actiris. Des fonctions sont considérées comme critiques lorsque les offres d’emploi sont moins facilement satisfaites et que le processus de recrutement est jugé trop long.

Les causes à l’origine du caractère critique sont souvent multiples, plusieurs facteurs devant être pris en compte pour juger des difficultés de recrutement dans telle ou telle fonction. Les conditions de travail et l’image du métier sont des dimensions qui peuvent jouer parmi d’autres.


Ces professions ont-elles aussi une valeur ajoutée sociale ? Sont-ils sous-évalués ? Quels critères utilisez-vous pour établir la liste ?

Les difficultés de recrutement en lien avec les conditions de travail concernent 31 des 111 fonctions critiques en 2020.

Elles touchent principalement les métiers de la vente, de l’artisanat (boucher, boulanger – pâtissier), des services aux personnes (coiffeur, spécialiste en soins de beauté), de l’Horeca, du transport et de la logistique ainsi que la fonction d’ouvrier de production spécialisé en industrie chimique, le personnel soignant et le personnel enseignant.

Ces fonctions se caractérisent par des horaires, une pénibilité ou des statuts qui n’incitent pas forcément les chercheurs d’emploi à s’y engager ou à y rester. Notons que pour les fonctions liées aux soins (notamment les infirmiers et les médecins généralistes) et à l’enseignement (entre autres maître spécial en néerlandais et instituteur primaire), les difficultés de recrutement sont également renforcées par une réelle pénurie de candidats qualifiés sur le marché de l’emploi.

Envisagez-vous l'évaluation de ces critères ? S'ils ne font pas encore partie de la liste, envisagez-vous d’inclure les éléments de la valeur ajoutée sociale dans les critères d'évaluation ?

Je ne prévois actuellement pas d’évaluation de ces critères.

De plus, il semble aujourd’hui difficile d’établir ce qu’est un métier à valeur ajoutée sociale et donc d’inclure cet élément dans des procédures d’évaluation.

Les professions sous-évaluées et les professions à valeur ajoutée sociale seront-elles incluses dans la même liste ? Envisager-vous d’étudier ces deux catégories de professions et compiler une liste pour les deux ?

View.brussels établit chaque année une liste des fonctions critiques et en analyse les causes.

Il n’y a pas à ce jour de liste des métiers sous-évalués ou de professions à valeur ajoutée sociale. Néanmoins, la question des conditions de travail est une des trois causes pouvant expliquer le caractère critique des fonctions. La dimension est largement abordée dans le rapport annuel sur les fonctions critiques.


Par ailleurs, view.brussels travaille à l’élaboration d’une étude complémentaire à l’analyse annuelle des fonctions critiques. Une attention accrue sera portée à des facteurs comme l’attractivité des métiers ou des secteurs, en abordant la distinction faite durant la crise sanitaire entre métiers essentiels et métiers dits non-essentiels.