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Question écrite concernant la violence juvénile

de
Hasan Koyuncu
à
Rudi Vervoort, Ministre-Président du Gouvernement de la Région de Bruxelles-Capitale, chargé du Développement territorial et de la Rénovation urbaine, du Tourisme, de la Promotion de l'Image de Bruxelles et du Biculturel d'intérêt régional (question n°782)

 
Date de réception: 05/03/2022 Date de publication: 26/04/2022
Législature: 19/24 Session: 21/22 Date de réponse: 20/04/2022
 
Date Intitulé de l'acte de Référence page
10/03/2022 Recevable Bureau élargi du Parlement
 
Question   

La violence juvénile fait de plus en plus souvent les gros titres dans la presse nationale. Les actes de violence augmentent et il n'est pas rare que le sang coule.

1. Disposez-vous de chiffres qui mettent en évidence un lien entre la pandémie et l'augmentation de la violence juvénile ?

2. Quelles sont les mesures prises pour remédier à cette situation préoccupante ?

 

 
 
Réponse    J’ai l’honneur de vous adresser les éléments de réponse suivants :

1.
Disposez-vous de chiffres qui mettent en évidence un lien entre la pandémie et l'augmentation de la violence juvénile ?

Le Rapport annuel 2020 de l’Observatoire présente l’évolution des statistiques relatives à l’activité du Parquet de la jeunesse (pp. 51-52).


On y observe en 2020 une forte augmentation des affaires de « faits qualifiés infraction » (FQI) commises par des mineurs par rapport à 2019 (+18%). Cette augmentation est cependant uniquement due aux infractions aux mesures prises dans le cadre de la crise sanitaire (ex. obligation de port du masque, interdiction de rassemblements…) qui représentent un tiers des affaires FQI en 2020.

Si l’on exclut cette catégorie « santé publique », on observe à l’inverse une diminution de 21% des affaires FQI entrées au Parquet de la jeunesse de Bruxelles entre 2019 et 2020. Cette diminution concerne tant les affaires de stupéfiants et dopage (-5%) que les atteintes aux biens (-23%) ou aux personnes (-21%), ou encore les infractions en matière d’ordre public et de sécurité publique (-16%). NB : Ce constat vaut aussi pour l’évolution des statistiques policières en 2020, en hausse mais uniquement en raison du nombre d’infractions aux mesures sanitaires – les autres faits étant par ailleurs en baisse.


Par ailleurs, concernant la jeunesse, à côté de la question de la violence juvénile – dont les chiffres 2020 n’illustrent pas une hausse, se pose la question des mineurs en danger, situations particulièrement préoccupantes et difficiles à détecter dans un contexte de crise sanitaire marqué par des confinements et des fermetures d’école (voir aussi à ce sujet les 2 focus de l’Observatoire dédiés aux violences intrafamiliales pendant la crise sanitaire). Le rapport 2020 de l’Observatoire aborde aussi de ce point de vue les mineurs comme catégorie de victimes particulièrement vulnérables en matière d’atteintes aux personnes et de traite des êtres humains.

2. Quelles sont les mesures prises pour remédier à cette situation préoccupante ?

Dans un contexte de mesures prises dans le cadre de la crise sanitaire, le Parlement bruxellois adopte le 18 décembre 2020 une résolution visant à l’amélioration des relations entre citoyens et forces de l’ordre et entre forces de l’ordre et citoyens, et enjoignant notamment BPS à rassembler et diffuser les meilleures pratiques en matière de community policing, ou encore de créer un forum où police et (organisations de) citoyens se rencontrent régulièrement et échangent leurs expériences, en collaboration avec les six zones de police bruxelloises. Dans cette optique, BPS a établi depuis septembre 2021 un Groupe de travail Citoyen-Police se réunissant régulièrement en présence de représentants des 6 Zones de Police (ZP) bruxelloises et dont l’objectif est de donner une visibilité et une appréciation aux pratiques locales existantes ainsi que promouvoir l'échange entre la police et les citoyens (organisations) sur ces pratiques. Les jeunes, et les relations entre ceux-ci et la police, y sont abordés comme un thème spécifique de ce groupe de travail.



Par ailleurs, le 14 janvier 2021, le gouvernement bruxellois adopte le Plan Global de Sécurité et de Prévention (PGSP) 2021–2024, établissant les priorités de la région en termes de prévention et sécurité. Ce plan adresse directement les problématiques de violence, intégrité physique des personnes, ainsi que des relations entre citoyens et forces de l’ordre. La mesure 2.3 du PGSP 2021-2024 vise ainsi spécifiquement « Le développement d’initiatives et de campagnes visant à promouvoir la confiance et le respect réciproque entre la police et les citoyen∙ne∙s, comme le monitoring systématique des processus sociaux et des méthodes de police influant sur la relation entre la police et les citoyen∙ne∙s, ainsi que les rencontres systématiques entre services de sécurité et (organisations de) citoyen∙ne∙s. ».

Dans ce cadre, afin de solliciter l’expérience et l’expertise du monde associatif pour la mise en œuvre des objectifs du PGSP, BPS publie un appel à projets aux associations sans but lucratif (ASBL) pour la mise en œuvre de projets contribuant à la réalisation des mesures du plan. C’est ainsi que BPS soutient plusieurs projets contribuant à l’amélioration des liens entre jeunes et police, et à la prévention des violences par et envers les jeunes. Les projets suivants ont été soutenus en 2021 :


- ASBL AtMOsphères avec le projet « Police et jeunesse : l’espace public comme lieu de vie et de sécurité » visant à répondre aux tensions dans l’espace public entre policiers et jeunes via la mise en place d’espaces de dialogue entre policiers et jeunes à travers différentes méthodes d’animation qui visent à permettre le dépôt d’une parole bienveillante et libérée ; la formation des jeunes à leurs droits et obligations dans l’espace public ; la formation des travailleurs sociaux aux questions relatives aux droits des jeunes face à la police en incluant la participation de la police à ces formations afin de permettre des échanges et la prise en considération des difficultés pouvant exister sur le terrain et ainsi envisager des pistes pour « déminer ces situations » ; l’organisation d’animations dans les écoles sur la question « jeunes-police-espace public » afin de sensibiliser les jeunes et les enseignants à ces thématiques ; la création d’une permanence juridique gratuite pour les jeunes afin de (re)nouer la confiance dans les institution.


- ASBL JES avec le projet « Je kiffe Bruxelles: Aan de Slag met Jongeren in de Grootstad » visant le renforcement de la relation entre les jeunes, la police et le secteur de la jeunesse par le biais d'une formation de deux jours intitulée "Je kiffe Bruxelles : se mettre au travail avec les jeunes dans la grande ville" afin d'initier les policiers bruxellois au contexte métropolitain et hyper-diversifié de Bruxelles, au monde des jeunes et leur donner des outils pour interagir avec le public urbain.


Concernant la question de la jeunesse comme victime, et particulièrement des mineurs en danger, BPS a pris des initiatives relatives à la prévention et prise en charge de la problématique des violences intrafamiliales dans le contexte de la crise sanitaire :

- Une concertation a été établie entre BPS, equal.brussels, les Cabinets ministériels compétents et l’Union Professionnelle des Pharmaciens de Bruxelles (UPB) afin d’élaborer une brochure, contribuant effectivement à la mise en place d’un dispositif « Relais » dans les pharmacies. Celle-ci donne des conseils sur les postures et réactions à prendre par les pharmacien·ne·s face aux victimes de VIF qui se présenteraient dans leur officine, et indique les services spécialisés ou d’urgence disponibles vers lesquels ils peuvent orienter les victimes.

- BPS, à travers son appel à projets aux ASBL, soutient l’ASBL Fédération laïque des Centres de Planning familial (FLCPF) afin d’appuyer l’amélioration de la détection des violences conjugales et sexuelles, de la prise en charge et de l’orientation des victimes par la co-construction d’un
dépliant d’information et de sensibilisation destiné aux professionnel∙les de première ligne, y compris son édition, diffusion et promotion larges (via notamment des ateliers de présentation).