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Question écrite concernant la lutte contre l’âgisme en Région bruxelloise

de
Françoise Schepmans
à
Bernard Clerfayt, Ministre du Gouvernement de la Région de Bruxelles-Capitale chargé de l'Emploi et de la Formation professionnelle, de la Transition numérique, des Pouvoirs locaux et du Bien-Être animal (question n°962)

 
Date de réception: 02/05/2022 Date de publication: 07/07/2022
Législature: 19/24 Session: 21/22 Date de réponse: 14/06/2022
 
Date Intitulé de l'acte de Référence page
16/05/2022 Recevable Bureau élargi du Parlement
12/06/2022 Annexe à la réponse p.m. Annexe
 
Question   

La population bruxelloise de plus de 55 ans ne cesse d’augmenter. Au 1er janvier 2019, l’Institut Bruxellois de Statistique comptait ainsi 279.388 personnes de plus de 55 ans sur 1,2 million de Bruxellois.

En septembre 2021, Amnesty International publiait les résultats d'un sondage sur l'âgisme concernant les personnes de plus de 55 ans en Belgique francophone. On y apprenait que plus d’un aîné sur quatre est confronte? a? au moins un type de maltraitance, et sept seniors sur dix sont victimes de préjugés en raison de leur âge.

Selon le dernier rapport des Nations Unies consacré à l’âgisme, une personne sur deux dans le monde aurait des attitudes âgistes, ce qui a des conséquences négatives sur la santé physique et mentale des personnes âgées, ainsi que leur qualité de vie. 

A l'instar de la réglementation fédérale, la réglementation régionale reprend l’âge comme critère de discrimination en matière de fonction publique, de logement, d’emploi, de biens et de services.

Voici mes questions :

  1. Quelles mesures concrètes prenez-vous pour faire reculer les discriminations a? l’égard des personnes âgées dans le monde du travail ?

  2. A. Quel est le taux de chômage des plus de 55 ans à Bruxelles ?

B. Ce taux est-il, proportionnellement à la population des plus de 55 ans, en phase avec les autres segments de la population ou ces personnes sont-elles plus durement affectées par le chômage ?

  1. Quelle est l’évolution des taux de chômage de plus de 55 ans ces 20 dernières années ?

  2. Quel travail menez-vous, de concert avec votre collègue Secrétaire d’Etat Mme Nawal Ben Hamou, pour lutter et sensibiliser contre l’âgisme en entreprise ?

 

 

 

 
 
Réponse    Dans le cadre de l’édition 2021 de l’appel à projets innovants « Lutte contre les discriminations à l’embauche et Promotion de la diversité en emploi», la thématique de l’âge était prioritaire.


A cet effet, sur base du classement par un jury indépendant, le Gouvernement bruxellois a soutenu les projets suivants :

LEAD - Be My Coach
Il s'agit d'un programme de coaching par de jeunes professionnels qui s'adresse aux personnes de plus de 50 ans afin de leur apprendre les dernières techniques sur le marché de l'emploi. Le projet comprend à la fois des formations, des ateliers et des événements de réseautage. L'objectif est ainsi d'augmenter les possibilités des personnes de plus de 50 ans sur le marché de l'emploi.

Le budget introduit s'élève à 69.500 euros.

Aksent - eLearning
Le projet consiste à proposer 5 formules d'e-learning dans le cadre d'un projet pilote existant, visant à renforcer les softskills des personnes (65 ans et plus) et à former 2 collaborateurs Aksent pour qu'ils puissent poursuivre le projet de manière indépendante. Les collaborateurs du groupe cible sont tous issus de l'immigration et peu qualifiés.

Les 5 modules sont les suivants : communication non violente, assertivité et poser des limites, communication interculturelle, comment postuler sur le marché de l'emploi actuel, le néerlandais (axé travail).

Le budget introduit s'élève à 18.200 euros.


Interface 3
Le projet vise à trouver un emploi pour 30 femmes de plus de 45 ans ("seniors") ayant peu ou pas de qualifications, d'origine étrangère et à la recherche d’un emploi depuis au moins un an. Il s'agit d'organiser deux groupes d'entraînement axés sur des emplois administratifs, informatiques et techniques, qui sont accompagnés durant le trajet par un entraîneur Interface3 (évaluation des compétences, orientation professionnelle, cours de rafraîchissement informatique, module d'intégration), le programme étant complété par 6 mois d'encadrement.

Le budget s'élève à 20 000 euros.


Randstad
Le projet consiste à organiser des speed dates entre des entreprises et des demandeurs d'emploi de différents horizons. Ainsi, le but est de faciliter le contact entre les demandeurs d'emploi et les entreprises et de favoriser l'embauche. Le programme sera composé de deux axes, réparties sur 3 thèmes :
1. Les obstacles à l'intégration liés à l'âge (spécifiquement 50+)
2. La question de la diversité en termes de genre et d’orientation sexuelle dans les entreprises
3. La diversité comme culture d'entreprise positive, en vue de renforcer l'inclusion et la cohésion

Le budget introduit s'élève à 37.375 euros.

Les autres projets se concentraient plutôt sur les jeunes demandeurs d’emploi.



Une série de mesures sont prises en Région de Bruxelles-capitale pour faciliter l’insertion sur le marché de l’emploi des personnes âgées de 50 ans et plus. Citons par exemple

v
« la réduction 57+ ». Cette mesure tend à promouvoir l’engagement et le maintien à l’emploi des travailleurs âgés en évitant que le coût salarial de ces travailleurs ne représente un frein à l’embauche.
Elle consiste en une réduction des cotisations patronales pour l’employeur d’un montant maximal de 1000 euros par trimestre.


v
Mesure de partenariat 50+

Actiris collabore avec 7 partenaires afin de proposer un accompagnement spécifique et adapté aux chercheurs d’emploi âgés de 50 ans et plus. Cette mesure de partenariat vise l’accompagnement annuel de quelque 1185 personnes.

v
Le plan d’embauche Activa.brussels 
La période d’inoccupation requise pour accéder à cette attestation se voit réduite à un jour pour les travailleurs de  plus de 57 ans.

Cette aide d’emploi consiste en un avantage financier pour l’employeur car il peut déduire l’allocation activa du salaire net de son travailleur. Il peut donc engager du personnel  supplémentaire sans faire exploser les coûts salariaux.
L’objectif poursuivi est donc de favoriser l’insertion de ce public cible au travers d’un incitant financier.
L’allocation s’élève à un montant global de 15.900 euros sur 30 mois. Cette allocation est renforcée en cas d’aptitude réduite.
Elle s’élève alors à un montant  global de 23.400 euros sur 36 mois. 

v Le contrat ALE 
Tout comme l’activa.brussels, le contrat ALE poursuit l’objectif initial de favoriser l’insertion sur le marché du travail du public éloigné de l’emploi, qui comptabilise une longue période d’inactivité. La période d’inoccupation requise pour en bénéficier est réduite pour le public âgé de 45 ans et plus. Alors que les personnes de moins de 45 ans doivent être au chômage complet depuis au moins 2 ans. Celles qui sont âgées de 45ans et plus ne doivent l’être que depuis 6 mois.  
Ce type de contrat permet de travailler au niveau local et d’accéder à un complément de revenus en plus des allocations de chômages.

v
Outplacement 
L’outplacement intervient après un licenciement notifié par l’employeur qui ne peut pas être causé par un motif grave et offre un ensemble de services et de conseils de guidance fournis individuellement ou en groupe afin de permettre à un travailleur de retrouver lui-même et le plus rapidement possible un nouvel emploi ou de développer une activité professionnelle en tant qu’indépendant.

Cette mesure est applicable aux personnes licenciées âgées d’au moins 45 ans.
Parallèlement à cela, Actiris travaille en partenariat avec
l’ASBL Duo for a job qui par la mise en relation d’un mentor expérimenté permet de valoriser les compétences, savoirs, connaissances des personnes plus âgées et ainsi lutter contre les préjugés et stéréotypes touchant cette catégorie d’âge.

Par ailleurs, le service anti-discrimination d’Actiris comprend au sein de son équipe une personne en charge spécifiquement de la thématique de la discrimination sur base de l’âge dont celle concernant les personnes expérimentées.

Le service anti-discrimination informe et sensibilise les chercheurs d’emploi sur cette forme de discrimination, les oriente également si la situation le nécessite vers UNIA ou d’autres partenaires spécialisés dans cette thématique.

Sur le thème de la discrimination envers les aînés le service anti-discrimination organise également chaque mois en collaboration avec la cité des métiers de Bruxelles un atelier intitulé
"La discrimination sur base de l’âge : un frein à votre recherche d’emploi?".

Cet atelier est gratuit et destiné à toute personne désireuse de s’informer sur ce sujet.
Son contenu se veut à la fois théorique et pratique. Il fournit des informations sur le cadre légal de la discrimination sur base de l’âge, des éléments de contexte sur la manière dont le vieillissement de la population à impacté le marché du travail et la manière dont celui-ci a été géré à travers le temps.

Le service Diversité d’Actiris accompagne les entreprises dans l’établissement de plans de diversité et fait la promotion de l’inclusion dans l’environnement professionnel de groupes cibles spécifiques dans lesquels figurent “les personnes expérimentées”

v Atelier 50+ : Redynamiser sa recherche d’emploi organisé au sein de la Cité des métiers
Cet atelier s’adresse aux personnes âgées de 50 ans et plus. Il poursuit les objectifs suivants :
· Informer sur l’offre de services destinés spécialement aux personnes de 50ans et plus
· Apprendre à faire face aux stéréotypes et à reprendre confiance en soi

Le taux de chômage des 55 ans et plus est de 18,7% en Région de Bruxelles-Capitale en moyenne annuelle en 2021, contre 15,5% tous âges confondus.
Les statistiques disponibles via View.brussels renseignent les chiffres suivants (avril 2022) :
Sur un total de 84.459 DEI (demandeurs d’emploi inoccupés), 23.752 sont âgés de 50 ans et +.
Parmi ceux-ci, 7.837 ont entre 55 ans et 59 ans et 7.321 ont plus de 60 ans.
Notons une diminution en un an du taux de chômage des deux derniers groupes (-2,00% pour les 55-59 et -4,3% pour les 60 ans et plus)

Le taux de chômage des 55 ans et plus (18,7%) se situe à un niveau plus élevé que celui des catégories 25-34 ans (14,5%), 35-44 ans (14,1%), 45-54 ans (14,0%) en RBC. Il est à noter donc que les Bruxellois de 55 ans et plus sont proportionnellement plus nombreux au chômage que les 25 à 54 ans.
Il faut cependant noter que le taux de chômage sous-estime les difficultés des plus âgés. En effet, il est important de prendre en compte que le taux de sortie des demandeurs d’emploi soit la probabilité pour les DEI de sortir du chômage, diminue quand l’âge augmente. Alors que les jeunes tendent à sortir du chômage assez souvent (taux de sortie de 42,5% pour les moins de 30 ans, données sur DEI de 2018), les plus âgés sortent rarement du chômage (taux de sortie de seulement 10,5% pour les 50 ans et plus). Ceci met en évidence que si le taux de chômage est plus élevé chez les jeunes, la mobilité entre les statuts de ceux-ci est également plus importante. Les jeunes rentrent souvent dans le chômage mais ils en sortent également souvent (mobilité entre statut à l’emploi, aux études, en formation, en stage…), contrairement aux 55 ans et plus qui ont beaucoup plus de mal à trouver un emploi ou vont moins vers un autre statut et s’enlisent donc plus fréquemment dans le chômage. Les plus âgés font en effet face à de nombreux obstacles pour retrouver un emploi (prétentions salariales élevées, compétences à mettre à jour ou obsolètes,…).

Le taux de chômage des 55 ans et plus a diminué sur ces 20 dernières années.
En effet, au cours de ces 20 dernières années, de très nombreuses réformes ont eu lieu visant à accroître l’activité des travailleurs de 50 ans ou plus : l’âge effectif du retrait de la vie active a été retardé, le régime des prépensions modifié, l’âge de départ effectif à la retraite postposé ou encore les conditions d’accès à la dispense du statut de demandeur d’emploi modifiées (chômeurs âgés dispensés de l’inscription comme CE). Elles ont eu pour conséquence d’accroitre le nombre de personnes de 50 ans et plus à l’emploi mais aussi au chômage. En effet, la suspension de la dispense des 50 ans et plus à s’inscrire comme demandeur d’emploi intervenue en juillet 2002 a joué un rôle majeur dans l’augmentation du nombre des DEI de 50 ans et plus inscrits chez Actiris.
Le tableau en annexe 1 présente l’évolution des taux de chômage des 55 ans et plus ainsi que tous âges confondus de 2010 à 2021.
La modification de la législation intervenue en juillet 2002, qui visait à accroître l’activité des travailleurs de 50 ans ou plus en supprimant la dispense d’inscription comme demandeur d’emploi, a eu un impact important sur le chômage de cette tranche d’âge. Toutefois, il est également a constater que l’effet de ce changement de législation s’est réduit depuis le premier trimestre 2011. Une autre explication peut être le changement législatif du 1er janvier 2013 qui porte à 60 ans au lieu de 58, l’âge à partir duquel une dispense d’inscription comme chercheur d’emploi s’avère possible.
Depuis début 2017, le niveau de chômage de cette catégorie d’âge augmentait à nouveau un peu mais cette tendance s’inverse pour la première fois en juin 2020, où l’on constate une légère diminution des demandeurs d’emploi de plus de 50 ans de -0,9% par rapport à juin 2019. 

Sachez que le 31 mai, j’ai pu concerter les partenaires sociaux sur les 15 engagements que je propose pour lutter contre les discriminations à l’embauche et promouvoir la diversité en emploi. C’est un chantier mené en priorité partagé dans le cadre de la Stratégie Go4Brussels2030 avec la Secrétaire d’Etat en charge de l’égalité des chances.
L’accueil a été très favorable.

Dès la contribution reçue de Brupartners, je serai en mesure de déposer sur la table du Gouvernement ces 15 engagements qui viseront bien évidemment à stimuler l’emploi des personnes peu importe leur âge. Je ne manquerai pas ensuite de vous présenter les axes de travail.