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Question écrite concernant l'état de la situation des scènes musicales en Région bruxelloise et les concertations envisagées.

de
Pierre-Yves Lux
à
Rudi Vervoort, Ministre-Président du Gouvernement de la Région de Bruxelles-Capitale, chargé du Développement territorial et de la Rénovation urbaine, du Tourisme, de la Promotion de l'Image de Bruxelles et du Biculturel d'intérêt régional (question n°859)

 
Date de réception: 03/06/2022 Date de publication: 05/08/2022
Législature: 19/24 Session: 21/22 Date de réponse: 26/07/2022
 
Date Intitulé de l'acte de Référence page
14/07/2022 Recevable p.m.
 
Question    La crise sérieuse qu’a connue le secteur culturel en raison des mesures – nécessaires – qui furent prises pour enrayer la pandémie, ressemble aujourd’hui presque à un mauvais souvenir pour les usagers et usagères culturel·le·s. Ainsi les salles de concert ont relancé une programmation riche, tandis que les festivals nous proposent cette année des affiches alléchantes .

Et pourtant lorsque l’on écoute les opérateurs du secteur musical bruxellois, le tableau n’est pas tout rose, et ce pour plusieurs raisons. Premièrement, c’était attendu, la mise sur pause forcée du secteur de la musique a engendré un report des concerts et par là un embouteillage dans les propositions lorsque les activités ont pu reprendre. Cela se combine à un changement de comportement des usagers et usagères de la culture : alors que le phénomène du no-show prend de l’ampleur, on remarque égaement une plus grande versatilité des spectateur·trice·s qui n’hésitent pas à attendre la dernière minute avant de réserver des places, ce qui peut être problématique pour les finances d’un opérateur. A cela s’ajoute une troisième ombre au tableau, qui a été pointée par plusieurs articles parus1 en avril et en mai : la suroffre engendrée par l’apparition de « nouvelles initiatives ».

Le terme « nouvelles initiatives » désigne en fait les nouveaux festivals bruxellois, dont le nouveau Core Festival, qui s’est tenu dans le parc d’Osseghem fin mai, et l’Atom Festival qui aura lieu fin août. Le bourgmestre de la Ville de Bruxelles, Philippe Close, se réjouit de la venue ce ces nouveaux festivals et les soutient. Mais tout le monde ne partage pas son enthousiasme. En effet les opérateurs, aussi bien organisateurs de festivals et directeurs de salles, dénoncent, eux, un manque de concertation et une offre pléthorique qui pourraient rendre vulnérable le secteur et surtout privilégier les grosses structures au détriment des petits opérateurs qui mettent en avant des nouveaux artistes.

A cela s’ajoutent les futurs investissements que devront consacrer les salles pour un appareillage en renouvellement d’air leur permettant d’être aux normes voulues par l’arrêté royal en projet – celui-ci faisant passer la norme de ventilation des lieux accueillant du public de 900 à 1200 ppm (particules de CO2 par million de particules).

La conclusion de l’article de L’Echo2 touche le coeur du problème : le manque de communication auquel le secteur est confronté ; et vient avec une proposition avancée par le directeur du Volta : la création d’une assemblée des salles de concert à Bruxelles.

Par ailleurs, plusieurs articles évoquent le projet d’une salle de concert de 25 000 places que le bourgmestre de la Ville de Bruxelles appelle de ses vœux pour, dit-il, « faire basculer Bruxelles dans la "première division" ».

Monsieur le Ministre-Président, voici mes questions :

  • Avez-vous pris connaissance de cet article ? Si oui, quelle analyse en avez-vous tirée, tant au sujet de l'exposé de la situation globale, des constats posés, des difficultés identifiées que des pistes de solutions proposées ?

  • Avez-vous déjà réfléchi à une structure propice à une concertation entre les salles de concerts et, si oui, quel est le fruit de cette réflexion et quel serait le rôle de la région à ce sujet ?

  • Avez-vous déjà pris contact avec le bourgmestre de Bruxelles afin de l’associer à la réflexion et de garantir une réflexion élargie à l’ensemble de la région ?

  • Quelle est votre analyse quant à la pertinence de voir apparaître une salle de 25.000 personnes ? Quels risques identifiez-vous ? A ce propos, une concertation politique existe-t-elle, notamment entre la ville de Bruxelles et la Région ?

  • Y a-t-il déjà eu des discussions au sein du gouvernement bruxellois à propos d’un éventuel train d’aides au secteur musical pour faire face aux dépenses à engager en cas de révision des normes de ventilation ?

1Dans l’Echo : https://www.lecho.be/culture/musique/a-bruxelles-la-reprise-des-concerts-exacerbe-les-tensions-dans-le-secteur/10384552.html (publié le 30 avril) ; dans la Libre Belgique : https://www.lalibre.be/culture/musique/2022/05/24/core-couleur-cafe-atom-la-concurrence-est-rude-TWHRFLIPSREUBJCOWZI6SW4OVM/ (publié le 24 mai) ; dans le Soir : https://www.lesoir.be/443535/article/2022-05-20/le-combat-des-festivals-au-core-de-bruxelles?referer=%2Farchives%2Frecherche%3Fdatefilter%3Dlastyear%26sort%3Ddate%2Bdesc%26word%3DLe%2Bcombat%2Bdes%2Bfestivals  (publié le 20 mai)

2https://www.lecho.be/culture/musique/a-bruxelles-la-reprise-des-concerts-exacerbe-les-tensions-dans-le-secteur/10384552.html

 
 
Réponse    Votre question m’étant adressée, je dois bien sûr rappeler le cadre de ce débat que sont les compétences institutionnelles.

La Région n’est compétente que pour des initiatives dites biculturelles d’intérêt régional. Mais, bien entendu j’accorde énormément d’importance à la vitalité culturelle sur notre territoire.

A cet égard, j’ai bien pris connaissance de l’article qui soulève plusieurs débats. On ne peut que se réjouir de la reprise de la culture et que l’offre soit foisonnante. Tant dans nos compétences régionales que via les commissions communautaires, nous n’encourageons une suroffre culturelle ou une concurrence culturelle, mais soutenons le secteur, notamment pour garantir l’accès à tous à la culture.

Quant au constat de la frilosité d’un certain public, à travers mes compétences (également au niveau COCOF), je soutiens de nombreux projets de médiation permettant de faire venir les publics à la Culture et surtout ceux qui en sont le plus éloignés.



Concernant votre question sur une structure de concertation entre les salles de concerts, j’encourage vivement les opérateurs à se parler. L’espace de dialogue peut être le RAB/BKO (réseau des arts à Bruxelles) qui en regroupe un grand nombre. Je soutiens cette structure financièrement pour organiser la rencontre et l’échange. Je ne peux évidemment forcer personne à en être membre.



Concernant votre question sur une salle de concert de 25.000 personnes, contrairement à vous, je ne pense pas que ce projet soit une menace. C’est une opportunité pour notre Région, qui se veut être la Capitale européenne de la Culture à l’horizon 2030, cela se fait aussi en soutenant la diversité et le foisonnement culturel.

Vous soulignez la vulnérabilité de petits opérateurs, au niveau régional, nous soutenons tout projet qui renforce l’image de Bruxelles et au niveau des commissions communautaires, mon collègue Pascal Smet et moi-même soutenons les projets visant à faire venir les Bruxelloises et Bruxellois à la Culture.



Je ne me prononcerai par ailleurs pas sur les choix posés par la Flandre ou la Fédération Wallonie-Bruxelles, je vous laisse faire le relais dans d’autres assemblées.

Enfin, je rappelle que la Fédération Wallonie-Bruxelles a mis en place une aide à l'acquisition de dispositifs d’amélioration de la qualité de l’air, l’appel étant en cours, il ne semble pas pertinent d’envisager un nouveau train d’aides à ce propos.