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Question écrite concernant la pénurie des métiers de la petite enfance

de
Hasan Koyuncu
à
Bernard Clerfayt, Ministre du Gouvernement de la Région de Bruxelles-Capitale chargé de l'Emploi et de la Formation professionnelle, de la Transition numérique, des Pouvoirs locaux et du Bien-Être animal (question n°1144)

 
Date de réception: 13/03/2023 Date de publication: 21/04/2023
Législature: 19/24 Session: 22/23 Date de réponse: 17/04/2023
 
Date Intitulé de l'acte de Référence page
17/03/2023 Recevable
 
Question    Selon les derniers chiffres de l’ONE, il y a 43 000 enfants âgés de 0 à 3 ans qui sont en attente d’une place dans une structure de petite enfance. On y retrouve 7882 enfants inscrits dans les MAS, 5588 enfants inscrits dans les MANS, 4227 enfants recensés à l’école maternelle et donc un total de 17 697 enfants recensés ce qui représente un taux de couverture de 41,1% seulement.

La situation est critique car nous sommes face à une demande importante et à un nombre de places restreint. Et ceci s’explique d’une part, par un manque d’infrastructures et donc un manque de places en crèches. Et d’autre part, par une pénurie de personnel en l’occurrence les puéricultrices et puériculteurs.

  • Avez-vous des chiffres sur l’évolution des offres et demandes d’emplois dans le domaine du paramédical – puériculture /assistance aux soins depuis quelques années ?

  • Avez-vous une estimation du nombre de crèches en région Bruxelles-capitale qui ont fermé ou refusé des inscriptions par manque d’effectifs ?

  • Dans le dernier rapport publié par view.brussels, le métier de puériculteur/puéricultrice est classé parmi les fonctions critiques pour des causes qualitatives, quantitatives et les conditions de travail. Avez-vous pris connaissance de ce rapport ? Si oui, pouvez-vous non en dire plus sur les différents aspects qui sont à l’origine du caractère critique de la fonction ? Et quels sont les leviers à activer afin de lutter contre cette problématique ?

  • Existent-ils des pistes d’actions afin de faire face à cette pénurie ?

 

 
 
Réponse    Je vous remercie pour votre question.

1.
En 2021, Actiris a reçu 43 offres d’emploi pour des responsables de garderie et 832 pour des puériculteurs, alors que la réserve de main-d’œuvre était respectivement de 68 et 735. Sur la période octobre 2021-septembre 2022, Actiris a reçu 64 offres d’emploi pour des responsables de garderie et 1253 pour des puériculteurs, alors que la réserve de main-d’œuvre était évaluée à 104 et 679.

En raison du changement de référentiel métier dans les dossiers des demandeurs d’emploi et des offres d’emploi, la comparaison est délicate avec les années antérieures à 2021. Néanmoins, la fonction de puériculteur était critique sans discontinuer depuis 2015.

2.
Concernant l’estimation du nombre de fermetures potentielles liées au manque de personnel, je vous invite à vous adresser au Ministre Vervoort et à la Ministre Van den Brandt.

3.
Dans l’analyse des fonctions critiques en 2021, le métier de puériculteur apparaît comme critique pour des raisons quantitative (pénurie), ainsi que pour des raisons liées aux conditions d’emploi et de travail. En effet, le salaire, les horaires et les difficultés de s’organiser avec ses propres enfants, mais également sa pénibilité sont régulièrement mis en avant pour expliquer le désintérêt envers le métier et constituent autant d’enjeux à aborder pour prendre en charge les difficultés de recrutement dans ce secteur.

Les différents aspects :
- Manque de candidats pour multiples raisons (conditions de travail, simplement un désintérêt envers le métier, peu de reconnaissance, contrats ACS…)
o Les horaires : Les horaires ne sont pas toujours attractifs. Des candidats rencontrent des difficultés de s’organiser avec ses propres enfants. Les loyers sont chers à Bruxelles et le travailleur à tendance à s’éloigner de Bruxelles pour trouver un logement à loyer modéré. Les horaires d’ouverture et de fermeture ne permettent pas de maintenir un bon équilibre vie privée / vie professionnelle. De plus, en cas d’absence de collègues, il faut combler les horaires d’ouverture et de fermeture et changer son horaire à la dernière minute.
o Le salaire : Le salaire est en lien direct avec le niveau de formation (CESS). Le salaire est souvent considéré ne pas être en lien avec le niveau de responsabilité et l’exigence des tâches.
o (Non-)Reconnaissance : La profession de puériculture est parfois perçu comme un rôle de maternage pour lequel on est payé : à la limite ce n’est même pas un métier car toutes les femmes sont capables de s’occuper des enfants.
- Méconnaissance du métier :
o Il y a peu d’adéquation entre la formation et la réalité des enjeux sur le terrain. Dans la formation scolaire il n’y a pas de prise en compte de la réalité des diversités des familles et des difficultés qu’elles peuvent rencontrer : problèmes de santé mentale, de logements, d’assuétudes, de violence intrafamiliale etc..
- Autres
o Des problèmes récurrents de maladies professionnelles (tendinites) qui éloignent souvent les travailleurs du travail pour plusieurs semaines sans avoir la possibilité de les remplacer avant les 30 jours de salaire garanti.
o Turn-over important de personnel et difficulté à embaucher pour des remplacements à temps partiel. Exemple : vu que c’est un milieu féminin et jeune, il y a un taux d’écartement pour grossesse important, avec parfois des demandes de diminution de temps de travail (congés parentaux).

Les leviers au niveau de la Maison D’Enfant d’Actiris sont les suivants :
- Des avantages sociaux sont proposés comme les chèques-repas, une allocation foyer-résidence, le remboursement des trajets 100 % MTB, une assurance hospitalisation et dentaire (prochainement) ainsi qu’un nombre de jours de vacances complémentaires supérieurs au secteur,…
- Organisation de nombreuses journées de formation continue pour les travailleurs et d’accompagnement sur le terrain par la référente pédagogique, la référente des familles et l’infirmière. Les travailleurs ne sont jamais laissés seuls face aux difficultés rencontrées.
- Groupe de travail organisé pour les travailleurs nouvellement engagés mais aussi les travailleurs écartés de longue durée pour raison médicale ou de grossesse.
- Le taux d’encadrement moyen (nombre d’enfants par puériculteur) sur les sites de la MDE permet de limiter les inconvénients liés aux horaires. En effet, la norme de l’ONE est de maximum 7 enfants par puériculteur et à la MDE la moyenne est de 5 enfants/puéricultrice.
- Un travail sur l’absentéisme (soutien du travailleur durant son absence s’il le désire, maintien du contact avec lui, préparation de son retour etc…
- Des horaires à prester qui sont connus longtemps à l’avance avec des procédures claires s’il faut reprendre un horaire extrême (7h ou 18h).

4.?
Un groupe de travail a été mis en place avec mon cabinet et les Cabinets du Ministre Vervoort, et Van den Brandt pour analyser comment palier à la pénurie de puériculteurs dans les crèches, notamment subsidiées par des ACS « Plan Cigogne ». Des pistes d’assouplissement des conditions d’éligibilité sont analysées ainsi que le lancement de projet pilote de parcours de formations qualifiantes avec encadrement des entrants en formation en crèche.


Et Actiris programme aussi l’organisation le 19/06 d’une journée thématique sur la Petite Enfance à la Cité des Métiers. Le but est d’inviter les chercheurs d’emploi ciblés pour une séance d’information sur le secteur, afin de les guider vers les formations du VDAB et de Bruxelles Formation et afin de mettre à jour leur dossier en fonction de ce qu’ils veulent et peuvent faire.