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Question écrite concernant la poursuite des politiques d'éducation et de sensibilisation à l'environnement.

de
Gladys Kazadi
à
Alain Maron, Ministre du Gouvernement de la Région de Bruxelles-Capitale chargé de la Transition climatique, de l'Environnement, de l'Énergie et de la Démocratie participative (question n°230)

 
Date de réception: 21/02/2020 Date de publication: 19/05/2020
Législature: 19/24 Session: 19/20 Date de réponse: 15/05/2020
 
Date Intitulé de l'acte de Référence page
13/03/2020 Recevable Bureau élargi du Parlement
 
Question    L’éducation à l’environnement est une politique incontournable pour améliorer la qualité de vie des citoyens. En plus de faire évoluer les comportements des jeunes, elle doit également impacter les familles et être inclusive en ce sens qu’elle doit toucher et sensibiliser toutes les franges de la population. Il est important, pour atteindre ces objectifs, de s’appuyer sur le secteur associatif ainsi que les écoles.

Le 16 octobre dernier, je vous interpellais sur vos politiques en matière d’éducation à l’environnement. Je souhaite faire le point sur les avancées en la matière. Je souhaiterais dès lors vous poser les questions suivantes :

- Comment évolue la politique d’éducation à l’environnement au sein des écoles ? Vous m’indiquiez lors de ma précédente interpellation qu’un programme d’enseignement dans la nature serait mis en place en partenariat avec des écoles volontaires ? Le programme est-il désormais en place ? Combien d’écoles participent-elles à ce programme ?

- Concernant les interventions matérielles dans les écoles, où en est l’étude du programme de végétalisation des cours de récréation au sein des 8 écoles choisies ?

- Vous nous aviez fait part de votre volonté de vous inspirer de ce qui se fait en Wallonie en tentant de les mettre en œuvre au sein de la Région. Quels sont ces programmes et projets dont vous souhaitez vous inspirer ? Quels projets ont finalement été sélectionnés ? Quel est le calendrier prévu ?

- Qu’en est-il de l’étude de Bruxelles Environnement sur la création d’un secrétariat permanent avec la Région wallonne et la Fédération Wallonie-Bruxelles afin de favoriser les avancées en matière de gestion écologique des écoles et d’intégration de l’environnement dans le cursus scolaire. L’étude a-t-elle été lancée ?

- Quels efforts de sensibilisation supplémentaire depuis votre entrée en fonction ont été entrepris notamment auprès des publics les plus fragilisés socio économiquement et moins sensibilisés aux questions environnementales ?

- Nous savons qu’en dehors du cadre scolaire, il y a également une responsabilité parentale quant à l’éducation et la prise en compte des enjeux environnementaux. Quels sont les outils développés pour sensibiliser les parents à adopter des modes de vie plus sains et respectueux envers l’environnement ?

- Pouvez-vous nous garantir que le budget alloué à cette politique sera maintenu et/ou augmenté lors de l’ajustement ?
 
 
Réponse    1) Comment évolue la politique d’éducation à l’environnement ?

L’éducation relative à l’environnement vise deux objectifs en Région bruxelloise : d’une part améliorer la qualité environnementale des écoles, d’autre part mobiliser les jeunes face aux enjeux environnementaux et, plus spécifiquement, climatiques.

La stratégie se déploie par une large offre de sensibilisation, un accompagnement technico-pédagogique des écoles et le soutien à des projets de mobilisation des jeunes portés par les associations.

Sur une année scolaire, ce sont 279 écoles qui sont accompagnées et 40.573 élèves mobilisés.

En 2019, BELEXPO a accueilli environ 17.000 visiteurs : classes, jeunes et familles.

A ces chiffres s’ajoutent les multiples sensibilisations des associations subsidiées : fermes pédagogiques, IRScNB, CRIE, etc, soit 15.000 à 20.000 personnes, majoritairement des jeunes.


2) Le programme d’éducation dans la nature est-il désormais en place ? Combien d’écoles y participent ?

Le programme d’apprentissage dans la nature vise à développer d’une part le sentiment d’appartenance et de responsabilité envers l’environnement, d’autre part la qualité des apprentissages et l’épanouissement complet des jeunes.

Un dispositif d’accompagnement vit sa première édition 2019-2020.

Neuf écoles francophones fondamentales y participent : 37 classes - 883 élèves.

Il sera relancé l’année scolaire prochaine après évaluation et adaptation.

En outre, les formations d’une journée ont mobilisé plus de 150 enseignants, de tous réseaux et communes, uniquement en français ; les néerlandophones bénéficient de leur propre projet « beter buiten leren » coordonné par MOS.

Le programme d’accompagnement comprend des rencontres collectives et un coaching personnalisé.

Les écoles ont aussi eu la possibilité de remettre une demande de subside pour acheter du matériel.

Les premiers retours sont positifs.


3) Où en est l’étude de végétalisation des cours de récréation au sein des 8 écoles choisies ?

Le programme de végétalisation des cours de récréation répond à l’objectif d’amélioration de la qualité environnementale des écoles, non seulement d’un point de vue des infrastructures, mais aussi dans ses dimensions pédagogiques et d’ouverture au quartier.

Pour rappel, ce programme se fonde sur une collaboration entre Bruxelles Environnement et Perspective Brussels qui vise l’amélioration des cours de récréation.

La première étape consiste en une mission d’étude et d’élaboration d’un guide.

Cette étude est composée de 3 volets :

Volet 1
: Inventaire et analyse des bonnes pratiques.

A travers des entretiens, visites et revues de case studies, le bureau d’étude a récolté divers points d’intérêt, notamment : le processus participatif de réaménagement, l’entretien et la gestion des espaces aménagés, la diversité des lieux et leur échelle, la durabilité des matériaux, etc.

L’inventaire est complété par un catalogue d’interventions inspirantes dans les trois régions du pays et dans quelques pays européens.

Ce volet est clôturé.

Volet 2 : Elaboration d’un programme d’investissement pour 8 établissements scolaires sélectionnés sur base de critères de localisation (ZRU, zone de carence), du niveau d’enseignement et du réseau.

La
participation est un élément central de ce volet.

Les propositions ont été co-construites via des ateliers participatifs avec le corps enseignant, les éducateurs, la direction et le PO ainsi qu’avec les élèves, et ensuite avec les experts de Bruxelles Environnement.

Ce volet s’achève ; les 8 écoles ont reçu un dossier de propositions d’aménagement de leur cour de récréation avec un plan d’investissement.

Volet 3 : Élaboration d’un guide pratique à destination des écoles, architectes et bureaux d’étude.

Cet outil présentera sous forme de fiches didactiques, les recommandations régionales pour une cour de récréation de qualité, ainsi que des aménagements permettant de renforcer la biodiversité des espaces de l’école.

La parution du guide est prévue en juin 2020.

Pour la suite, Bruxelles Environnement et Perspective Brussels sont chargés de concevoir et mettre en place une structure pour la rédaction de dossiers d’exécution précis, ainsi que des formules de financement et d’accompagnement afin de déployer le programme à l’échelle régionale.


4) Vous nous aviez fait part de votre volonté de vous inspirer de ce qui se fait en Wallonie en tentant de les mettre en œuvre au sein de la Région. Quels sont ces programmes et projets dont vous souhaitez vous inspirer ? Quels projets ont finalement été sélectionnés ? Quel est le calendrier prévu ?

Comme expliqué ci-dessus, le volet 1 de l’étude reprend des projets inspirants, dont certains proviennent de Wallonie :

- Ecole libre du Sacré-Cœur de bois de Villers, Profondeville : lieux calmes / lieux actifs – classe en plein air – porosité du sol ;

- Ecole le Grand Vivier, Chièvres : Création participative de l’aménagement de la cour – lieux calmes / lieux actifs – hôtel à insecte ;

- Ecole Sainte-Gertrude, Brugelette > lieux à l’échelle des enfants - lieux calmes / lieux actifs – diversité de la végétation– sols poreux ;

- Ecole Saint-Joseph, Saint Servais > diversité de la végétation – sols poreux.

Plus généralement, l’Accord de Coopération permettra les échanges et les inspirations issues des Régions et Communautés, notamment lors de l’établissement d’un programme 2021-2024. (voir ci-dessous)



5) Qu’en est-il de l’étude de Bruxelles Environnement sur la création d’un secrétariat permanent avec la Région Wallone et la Fédération Wallonie Bruxelles afin de faciliter les avancées en matière de gestion écologique des écoles et d’intégration de l’environnement dans le cursus scolaire. L’étude a-t-elle été lancée ?

L’éducation à l’environnement étant une compétence partagée avec les Communautés, nous maintenons le dialogue avec ses responsables et avec les réseaux d’enseignement, notamment à travers l’Accord de Coopération.

Récemment, nous avons invité Madame la Ministre Désir à reprendre la présidence tournante de cet Accord.

La question d’un secrétariat permanent sera discutée dans le cadre de la définition du programme 2021-2024.


6) Quels efforts de sensibilisation supplémentaire depuis votre entrée en fonction ont-ils été entrepris, notamment auprès des publics les plus fragilisés économiquement et les moins sensibilisés aux questions environnementales ?

Premièrement, le projet de végétalisation des cours de récréation se concentre sur les zones de carence et les zones de rénovation urbaine, qui accueillent les publics les moins favorisés.

Deuxièmement, l’accessibilité de BELEXPO a été renforcée par une baisse des prix, une promotion auprès des groupes cibles (en cours) et la remise de chèques familles à tous les enfants ayant visité l’exposition avec leur classe.

Nous en voyions déjà les premiers effets avant la crise du coronavirus.

Des groupes d’alphabétisation et d’insertion socio-professionnelle sont également visiteurs.

Troisièmement, le projet « Semeurs d’Idées Durables » prévoit différentes actions en vue de sensibiliser les jeunes de 15 à 20 ans qui n’ont pas réellement été touchés par la vague de manifestations climatiques, début 2019 :

- Le développement d’animations en « duo » réunissant des animateurs d’associations environnementales et de jeunes « ambassadeurs d’expression citoyenne » ;

- L’organisation de cycles de joutes verbales réunissant des écoles diversifiées de Bruxelles ;

- Le soutien au développement de projets concrets dans les écoles ;

- La mise en place d’une stratégie de communication par les jeunes et pour les jeunes sur les questions climatiques.

Lors de cette première année, deux cycles ont rassemblé 8 classes d’enseignement secondaire général et professionnel.

165 élèves ont suivi le cycle.

15 jeunes ont été impliqués comme ambassadeurs auprès des autres jeunes.

400  personnes ont assisté aux finales des joutes verbales.

Le projet sera reconduit l’année scolaire prochaine.


7) Quels sont les outils développés pour sensibiliser les parents à adopter des modes de vie plus sains et respectueux de l’environnement ? »

La relation école-famille peut constituer un levier d’éducation à l’environnement, à condition qu’elle soit inclusive, non moralisatrice et qu’elle prenne en compte la multiculturalité bruxelloise.

A cet égard, Bruxelles Environnement mène cette année une expérience pilote, intitulée « Jim Carotte ».

Il s’agit d’un outil de sensibilisation à une alimentation saine et respectueuse de l'environnement, qui s’inscrit dans la stratégie Good Food.

Celle-ci  vise à faire changer les habitudes alimentaires des Bruxellois.

Jim Carotte s’adresse aux enseignants, aux enfants de 5 à 8 ans ainsi qu’à leurs parents.

Afin que les outils et les messages soient adaptés aux élèves, enseignants et parents, Bruxelles Environnement teste le dispositif durant l’année scolaire 2019-2020 avec une cinquantaine de classes de 3ème maternelle, 1ère primaire et 2ème primaire.

L’outil Jim Carotte se décline à travers :

- Un calendrier à destination des parents, pour affichage à la maison. A chaque mois un thème différent qui illustre la stratégie Good Food, mais aussi une recette délicieuse et les bons plans de Jim pour la maison ;

- Un calendrier de classe annuel grand format ;

- Une brochure d’activités pédagogiques ;

- Une mascotte Jim Carotte pour la classe.

L’évaluation effectuée auprès des professeurs a confirmé la pertinence de l’outil en matière de changements des comportements (sur la collation et la boite à tartines) et en matière de multiculturalité.

A titre d’exemple, plusieurs écoles font état de la mise en place d’un cahier de recettes qui circule entre les élèves d’une classe durant les week-ends.

Les recettes de toutes les cultures sont valorisées, en mettant l’accent sur les principes Good Food.

Une communication multilingue, via des applis dédiées, est aussi employée dans certaines écoles.

Bruxelles Environnement diffusera largement « Jim Carotte » dans les écoles bruxelloises en début d’année scolaire 2020-2021.

L’objectif de diffusion est qu’environ ¼ des écoles bruxelloises participent à l’action, soit plus de 9.000 élèves issus de l’enseignement francophone et 3.400 élèves de l’enseignement néerlandophone.


8) Pouvez-vous nous garantir que le budget alloué à cette politique sera maintenu et/ou augmenté lors de l’ajustement ?

L’exécution finale en Education à l’environnement en 2019 se monte à un engagement de 2.110.479 € et une liquidation de 2.307.938 €.

Les budgets prévus pour 2020 (avant contrôle budgétaire et avant la crise du coronavirus) sont de 2.390.926 € en engagement et de 2.575.650€ en liquidations.

Ces montants, en hausse par rapport à 2019, incluent les premières actions pour la conception d’une expérience de visite éducative sur le site de l’hippodrome, qui deviendra, à terme un pôle de sensibilisation important.