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Question écrite concernant l'impact des mesures de confinement sur la qualité des eaux.

de
Ariane de Lobkowicz
à
Alain Maron, Ministre du Gouvernement de la Région de Bruxelles-Capitale chargé de la Transition climatique, de l'Environnement, de l'Énergie et de la Démocratie participative (question n°308)

 
Date de réception: 12/05/2020 Date de publication: 16/06/2020
Législature: 19/24 Session: 19/20 Date de réponse: 15/06/2020
 
Date Intitulé de l'acte de Référence page
18/05/2020 Recevable p.m.
15/06/2020 Annexe à la réponse p.m. Annexe
15/06/2020 Annexe à la réponse p.m. Annexe
 
Question    Les évènements que nous connaissons auront immanquablement des conséquences à de multiples niveaux.

Ce sera aussi le cas pour notre environnement.

On parle tantôt de conséquences positives, tantôt de conséquences négatives.

Je voudrais vous interroger sur l’influence des mesures de confinement sur la qualité des eaux qu’elles soient de surface ou souterraines.

Le confinement a fait en sorte que les Bruxellois sont restés beaucoup plus longtemps à la maison qu’en temps normal.

Alors qu’un certain nombre d’habitations sont encore dans des zones non épurées ou non raccordées aux égouts publics, la quantité des eaux usées est plus grande qu’en temps ordinaire. Et comme le niveau des eaux de surface est fort bas, il n’a pas plu ces dernières semaines, il m'apparaît clair que le pourcentage des eaux usées par rapport à celui des eaux propres est en augmentation.

Est-ce que votre administration a fait le même constat ? Et si oui, est-ce que des mesures ont pu être envisagées ou, au contraire, la seule solution a consisté à attendre rapidement un retour à la normale ?
 
 
Réponse    Vous évoquez des zones non encore épurées, il convient tout d’abord de rappeler que cette situation de fait est marginale dans la mesure où les eaux usées de 98% des « équivalents-habitants » bruxellois sont collectées collectivement et traitées en station d’épuration.

Les eaux de surface sont en revanche effectivement à un niveau d’étiage très bas, ce qui accentue les incidences négatives (chute du taux d’oxygène,…) de la charge polluante résiduaire dans le milieu aquatique (principalement la Senne, comme milieu récepteur des deux stations d’épuration régionales.)

S’agissant de l’éventuelle augmentation de la production d’eaux usées en cette période de confinement, ce constat est à tempérer pour deux raisons :

- D’une part, l’activité économique de la Région a également connu un ralentissement, or, elle est majoritairement le fait du secteur tertiaire (85% des entreprises), dont les émissions d’eaux usées ne diffèrent pas significativement de celles des ménages (« eaux usées de type domestique »).
- D’autre part, si on considère la réduction des flux de navetteurs entrants et sortants de la Région durant la période de confinement, vu le travail accru à domicile, c’est potentiellement jusqu’à 21% des eaux usées produites en journée qui disparaissent.

Néanmoins, la SBGE n’observe pas de différence dans les volumes d’eaux usées arrivant à la station d’épuration Bruxelles-sud (dont elle est gestionnaire) avec la période de confinement.

La charge polluante (concentration en matières en suspension et charge organique) de ces eaux usées s’avère légèrement supérieure durant le confinement, mais il n’est pas possible de tirer un constat clair de la situation car cette période a coïncidé avec une pluviosité extrêmement faible.

Or, le peu de dillution des eaux usées avec les eaux de pluie (eaux résiduaires urbaines) peut expliquer ces concentrations plus importantes.

Si l’on regarde les données de consommation d’eau potable fournies par VIVAQUA (en annexe, à toutes fins utiles), on ne constate par une augmentation de la consommation pour les semaines de confinement.

C’est même une diminution des volumes d’eau distribués qui est constatée dans un premier temps avant que la consommation ne reparte à la hausse (fin mai).

En conclusion, Bruxelles Environnement ne disposant pas encore des résultats de la surveillance des eaux de surface pour la période de confinement, il ne peut être tiré de constats clairs à ce stade sur l'impact des mesures de confinement sur la qualité des eaux.

A ce titre, aucune mesure particulière n’a encore été mise en œuvre.

Il n’est toutefois pas attendu que la période de confinement voit la qualité des eaux de surface, réceptrices des eaux épurées, sensiblement différer d’une période d’activité normale, à deux différences près :

- certains polluants spécifiques sont émis par le trafic ou par des activités industrielles (dont les rejets sont – pour ces dernières - réglementés pour ne pas impacter le milieu récepteur (normes de rejet dans les permis d’environnement). C’est le cas par exemple du nickel ou des hydrocarbures aromatiques polycycliques). Ces émissions ont effectivement été réduites durant le confinement.

On ne pourrait donc exclure qu’une réduction ponctuelle de ces charges polluantes spécifiques soit observée dans les eaux de surface durant cette période, mais l’incidence anthropique principale sur les eaux de surface bruxelloises (à savoir les effluents des stations d’épuration) ne devrait pas sensiblement différer pour les raisons soulignées ci-dessus.

- des déchets inappropriés sont retrouvés en quantités très supérieures à la normale dans les eaux usées. C’est le cas notamment des lingettes hygiéniques qui créent des dysfonctionnements dans le réseau d’égouttage et au niveau des stations d’épuration. Un événement pluvieux du 18 avril a occasioné une arrivée massive de ces déchets éliminés érronément dans les toilettes au niveau des stations d’épuration engendrant ainsi des dégâts aux installations. Ce type d’événements peut avoir des répercussions sur les eaux de surface.