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Question écrite concernant l'accompagnement victimes de viols/d'abus sexuels à Bruxelles -#BalanceTonWilly.

de
Gladys Kazadi
à
Nawal Ben Hamou, Secrétaire d'État à la Région de Bruxelles-Capitale en charge du Logement et de l'Égalité des Chances (question n°304)

 
Date de réception: 20/08/2020 Date de publication: 24/11/2020
Législature: 19/24 Session: 19/20 Date de réponse: 23/10/2020
 
Date Intitulé de l'acte de Référence page
28/09/2020 Recevable p.m.
 
Question    Depuis le 12 août, des témoignages de viols, d’abus sexuels ou encore de revenge porn sont publiés sur un compte Twitter intitulé #BalanceTonWilly. Ce nouvel hashtag permet de dénoncer ces faits. Ce compte a vu le jour pour donner aux victimes, principalement des femmes, une tribune d’expression en leur permettant de dénoncer plus facilement et ce de manière anonyme, les abus qu’elles ont subis. La jeune bruxelloise, étudiante en sociologie à l’initiative de la démarche indique que l’idée lui est venue suite aux nombreux cas qui lui avaient été rapportés.

Depuis l’ouverture de ce compte, ce sont plus d’une centaine de témoignages par jour qui sont recueillis par cette étudiante, particulièrement pour des cas d’abus s’étant déroulés à Bruxelles. Les témoignages qu’on y retrouve font froid dans le dos et confirme malheureusement que les agressions sont encore pratique courante.

On le sait, très peu sont les victimes qui osent porter plainte. Nombreuses sont celles qui ne portent pas plainte d’une part parce qu’elles pensent que cela n’aboutira pas et d’autre part, par peur des représailles. C’est donc très souvent seules que ces femmes se retrouvent face aÌ leur impuissance.

L’initiatrice de ce projet prévoit d’apporter une aide à ces femmes. Elle envisage de créer une plateforme permettant d’aider les victimes à trouver les informations, à être écoutées et orientées.

Ce type d’aide existent déjà. En effet, le centre de prise en charge des violences sexuelles (CPVS) accueille toutes les victimes de violence sexuelle 24h/24 et 7 jours/7. Il propose une prise en charge médicale, médico-légale ainsi qu’un soutien et un suivi psychologique aux victimes.” Cependant, son existence n’est pas suffisamment connue du public.

Je souhaite vous poser les questions suivantes :

- Avez-vous pris connaissance de ce nouveau mouvement #BalancetonWilly ? Des contacts ont-ils été pris avec l’initiatrice de ce mouvement ?

- Une stratégie de promotion visant à davantage faire connaître le Centre de prise en charge des violences sexuelles est-elle initiée ? Combien de plaintes ont été recensées par ce centre ? Quelle est la fréquentation de consultation du centre ?

- Qu’avez-vous mis en place depuis votre entrée en fonction pour remédier à ces comportements inappropriés et récurrents ?

- Une campagne permettant d’encourager les victimes de viols et/ou d’abus sexuels ou encore de revenge porn à porter plainte est-elle prévue ?
 
 
Réponse    Tout comme vous, les témoignages de ces centaines de filles et de femmes partagés sur les réseaux sociaux durant ces derniers mois via le hashtag #balancetonwilly, m’ont profondément choquée.

Cette initiative #balancetonwilly est évidemment à saluer, tout comme chaque initiative qui aide les victimes à s’exprimer publiquement de la manière qu’elles le souhaitent.

Cela montre une fois de plus à quel point l’abus sexuel et la violence sexuelle sont répandus.

Les chiffres issus de l’étude menée par equal.brussels relative à la violences envers les femmes (Rapport d’étude :
https://equal.brussels/nl/publications/ ) le prouvent également. Voici ce qu’il ressort:
- À la question: a)
A essayé de vous forcer à avoir des rapports sexuels* en vous maintenant immobilisée ou en vous faisant mal, de quelque manière que ce soit, 8,1% des répondantes ont répondu oui;
- À la question: b) Vous a forcée à avoir des rapports sexuels* en vous maintenant immobilisée ou en vous faisant mal, de quelque manière que ce soit, 4,5% des répondantes ont répondu oui;
- À la question: c) Vous a fait participer à toute forme d'actes sexuels alors que vous ne vouliez pas ou que vous n'étiez pas en mesure de refuser, 3,6% des répondantes ont répondu oui
- À la question: d) Avez-vous consenti à des actes sexuels par peur des conséquences si vous refusiez ?, 3,1% des répondantes ont répondu oui

Comme vous le savez, j’ai lancé, dans le sillage de la présentation du plan régional contre la violence envers les femmes, un appel à projets à l’attention des associations bruxelloises qui veulent organiser des projets autour de ce thème. Dans le cadre de cet appel à projets, equal.brussels a reçu plus de 40 demandes, que la direction est en train d‘analyser et de traiter.

Plus particulièrement, cet appel à projets a encouragé des associations à élaborer des projets autour d’actions dont les thématiques sont les suivantes:
- L’action 18 : exécuter des campagnes de sensibilisation ;
- L’action 19 : communiquer les instruments pour la prévention de la violence;
- L’action 20 : Sensibilisation à l'intimidation sexuelle lors des festivals bruxellois ;
- L’action 40: Diffuser des informations multilingues sur les plaintes concernant la violence.

D’autres actions du Plan régional relatives aux problèmes de viol et de violence sexuelle, et exécutées par des acteurs régionaux, sont également à souligner, comme par exemple:
- prévoir une enquête sur l’intimidation sexuelle dans les transports en commun par Bruxelles Prévention et Sécurité et Bruxelles Mobilité;
- des modules de formation autour de l’intimidation sexuelle pour les acteurs de la chaine de prévention et de sécurité, ainsi que pour le personnel de la STIB;
- une sensibilisation à l'intimidation sexuelle et à la violence sexuelle lors des festivals bruxellois;
- différentes actions sur la prise en compte de la prévention de la violence sexuelle et de l’intimidation sexuelle dans l’aménagement du territoire et les contrats de quartiers, par exemple, Security by Design;
- une évaluation des lignes d’assistance et de soutien actives à Bruxelles;
- la création d’une cellule spécialisée autour de la violence familiale et sexuelle dans les zones de police bruxelloises.

Comme vous le mentionnez dans votre question, l’aide au Centre de prise en charge des violences sexuelles (CPVS) fait partie du Plan d’Action bruxellois. Cette aide se présente sous différentes formes:
- Au début de la crise COVID-19, equal.brussels a aidé le CPVS à diffuser son message disant que le Centre restait joignable et accessible malgré le confinement, y compris par chat et par téléphone pour les victimes qui ne savent pas immédiatement se rendre sur place;
- equal.brussels fait partie du groupe de travail ‘entités fédérées’ du CPVS et assure ainsi l’échange à l’intérieur de la RBC selon les nécessités.

Quant à votre question concernant les chiffres des plaintes et des consultations, celle-ci relève des compétences fédérales.

Enfin, en ce qui concerne l’exécution de campagnes de sensibilisation autour de la violence sexuelle, je peux en effet vous confirmer que mes services travaillent actuellement sur une campagne qui aide les victimes à faire le pas vers l’assistance et le signalement.