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Question écrite concernant la fraude dans le métro (STIB).

de
Ariane de Lobkowicz
à
Elke Van den Brandt, Ministre du Gouvernement de la Région de Bruxelles-Capitale, chargée de la Mobilité, des Travaux publics et de la Sécurité routière (question n°612)

 
Date de réception: 14/10/2020 Date de publication: 11/01/2021
Législature: 19/24 Session: 20/21 Date de réponse: 09/12/2020
 
Date Intitulé de l'acte de Référence page
29/10/2020 Recevable p.m.
 
Question    En tant qu'usagère des transports en commun, j’y constate presque quotidiennement une fraude très ancienne et très pratiquée : l’usager ne disposant pas d’un ticket valable pour accéder aux lignes de métro se contente par un simple bond de sauter par-dessus le tourniquet de contrôle. Une variante de ce procédé consiste tout simplement à se coller à un ami ou, plus désagréable, à un(e) parfait(e) inconnu(e) pour franchir le tourniquet en même temps. Cette fraude par accolement, aussi appelée “tailgating” peut en effet être parfois accompagnée de pressions (insultes, menaces…) des fraudeurs sur leurs victimes.

Et la fraude a un coût, puisque dans son rapport d’activité 2019, la STIB mentionne un taux de fraude apparent de 5,45%, soit 0,18% de plus qu’en 2018.

Voici questions à propos des procédés de fraude mentionnée ci-dessus :

- Quel est le pourcentage d’usagers qui y recourt ? Nul doute que la STIB disposant de nombreuses caméras de surveillance en a bien placé quelques-unes braquées sur les tourniquets ce qui permettrait de, très vite, en étudiant les images d’une journée de telle ou telle station, connaître ce chiffre.

- Comment cette fraude est-elle combattue ? Est-ce que les agents placés derrière les écrans de surveillance signalent par radio à leurs collègues sur place les différentes infractions, avec la description du contrevenant, en vue de leur demander de procéder à un contrôle ? Est-ce que des agents présents sur place, éventuellement en civil, contrôlent les fraudeurs pris sur le fait ?

- L’an dernier, vous aviez répondu à mon collègue, M. Marc Loewenstein, que “la STIB étudie la possibilité de mettre en place un système qui intègre les caméras présentes sur le réseau et les portillons afin de lutter contre ce phénomène de tailgating”
1. Où en est l’étude de cette possibilité ? Un système plus performant de lutte contre le “tailgating” sera-t-il bientôt opérationnel ? Quand ?

- Toujours dans le cadre de votre réponse à une question adressée à mon collègue, M. Marc Loewenstein, vous aviez indiqué que “(en) 2018, la STIB a enregistré dix-sept plaintes par courriel et par téléphone, ainsi que quinze réactions négatives sur les réseaux sociaux, plus précisément dans la catégorie "portillons-abus". Cette catégorie rassemble tous les phénomènes liés aux portillons tels que l'escalade ou le "tailgating", même si, dans la majorité des cas, il s’agit bien de ce dernier cas de figure.” Disposez-vous de ces chiffres pour l’année 2019 ?


1 CRI COM (2019-2020) n° 67
 
 
Réponse    La STIB a bien évidemment connaissance du phénomène de la fraude par accolement/petit train (« tailgating ») qui se produit aux portillons de (pré)métro. Les cas de fraude par saut au-dessus des portillons sont eux marginaux par rapport à la fraude par accolement/petit train.

La STIB dispose en effet de caméras de surveillance bien placées, à proximité des portillons et braquées sur les portillons, ce qui permet de visionner toutes les lignes de contrôle. Ces images peuvent être consultées en temps réel par le dispatching compétent, qui peut à son tour piloter une équipe d’intervention si la situation le nécessite.

L’étude des images d’une journée-type semble montrer qu’il s’agit d’un phénomène récurrent et que ce type de fraude dépend de la station et du moment de la journée.

De leur côté, les portillons sont équipés d’un système qui détecte le passage par plusieurs personnes alors qu’une seule validation de titre de transport a été effectuée. Des comptages des passages d’une part et des validations d’autre part sont comptabilisés dans une base de données et permettent d’estimer un taux de non-validation, qui peut servir à un indicateur de la fraude par accolement.

Pour l’année 2019, les estimations du taux global de non-validation pour accéder à la zone contrôlée étaient de 9%. Attention, le taux de non-validation n’est pas à confondre avec le taux de fraude apparentbasé sur le nombre de verbalisations et le nombre de voyageurs contrôlés, qui lui est de 5,45%. est lui ).

La fraude est combattue par un service dédié qui a pour missions planifiées de controler les titres de transport effectuées sur le réseau de manière générale.

Les opérateurs du dispatching ne regardent pas les images des caméras pour détecter des cas de fraude, car ce n’est pas leur mission première. Ces images caméras sont surtout destinées à constater des agissements suspects et venir en aide aux équipes qui sont envoyées sur le réseau en temps réel, et cela afin de donner une description des incidents ou agissements suspects.

Le contrôle en civil par des agents de la STIB est interdit par la loi (IBZ – Service public fédéral Intérieur) qui régit le métier des agents de sécurité. La loi impose que les agents de la STIB portent un uniforme sur lequel trois inscriptions apparaissent visiblement et obligatoirement : VIGILIS, STIB et SECURITY.

Le système de contrôle du « tailgating » que la STIB est occupée à mettre en production est composé de 2 parties :
- une partie qui prend une photo de l’infraction de manière automatique à chaque fois qu’un phénomène de Tailgating est détecté.
- une autre partie – l’interface utilisateur - qui permet aux agents de de sécurité de la STIB qui sont sur le terrain de visualiser, sur leur tablette, une photo prise d’un portillon à un moment donné.

Comme les agents ne sont légalement pas autorisés à différencier les personnes/voyageurs qu'ils contrôlent (règle non-discrimination sur quelque critère que ce soit), le but de la photo est de les aider à :
- déterminer l'endroit où ils commencent leur contrôle - pour s'assurer que ces personnes/voyageurs n'essaient pas d'échapper au contrôle.
- avoir déjà une idée des personnes qui n'ont pas de billet valide.

Des tests de ce système ont eu lieu début 2020 et ont mis en avant des points d’amélioration. Ces améliorations ont entretemps été implémentées et une nouvelle version est actuellement disponible.

La STIB entre maintenant dans une nouvelle phase de tests. La mise en production est prévue pour le 1er trimestre 2021.

En 2019, la STIB a reçu 12 plaintes (mail/téléphone) et 49 réactions à sentiment négatif (Facebook & Twitter) dans la catégorie relative à l’abus des portillons, qui concerne également le phénomène du tailgating.