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Question écrite concernant le manque de chiffres concernant l'entreprenariat des femmes.

de
Leila Agic
à
Barbara Trachte, Secrétaire d'État à la Région de Bruxelles-Capitale, en charge de la Transition économique et de la Recherche scientifique (question n°355)

 
Date de réception: 11/02/2021 Date de publication: 12/05/2021
Législature: 19/24 Session: 20/21 Date de réponse: 12/05/2021
 
Date Intitulé de l'acte de Référence page
30/03/2021 Recevable p.m.
 
Question    Lors de la dernière édition du baromètre de Women in Business concernant l’entreprenariat des femmes, les chiffres paraissaient en faveur de ces entrepreneuses.

Il en ressortait par exemple qu’une femme sur 10 est indépendante à Bruxelles, soit le taux le plus élevé de Belgique. En dix ans, le nombre de femmes indépendantes a progressé de 30% en Région de Bruxelles-Capitale, voire même plus de 50% en ce qui concerne les indépendantes complémentaires.

Cependant, ces chiffres sont à prendre avec des pincettes car ils incluent aussi bien les indépendantes à temps plein que les indépendantes à temps partiel.

Selon la dernière édition toujours, il est inscrit que 26% des femmes entrepreneuses sont des cheffes d’entreprises. Ce chiffre risque d’être baisé dans la mesure où pour être cheffe d’entreprise il faut détenir plus de 50% des parts de la société. Cependant, dans les faits, on remarque que les femmes sont très rarement effectivement aux manettes.

Je félicite l’instauration de ce baromètre bisannuel mais j’insiste sur la nécessité de produire plus de chiffres, des chiffres plus représentatifs, des chiffres plus précis à propos de l’entreprenariat par des femmes. Ces chiffres sont essentiels à la promotion de l’entreprenariat des femmes et permettront de mettre le doigt sur les difficultés qu’elles rencontrent afin de pouvoir efficacement lutter contre celles-ci.

Nous disposons actuellement de données sur les faillites. Il s’agit cependant d’un facteur non relevant dans la mesure où la gestion d’entreprise diffère selon si une femme ou un homme la dirige. En effet, les femmes auront tendance à diminuer leur croissance car elles sont en général plus prudentes et prennent moins de risques et cela a pour conséquence qu’elles provoquent moins de faillites dans la mesure où elles préféreront s’arrêter avant d’en arriver là.

Je finirai par mettre le doigt sur le fait qu’au niveau des incitants financiers rien n’est prévu spécifiquement pour les entrepreneuses car les primes ont vocation à être neutres. Il serait intéressant d’analyser si, dans les faits, les primes sont vraiment neutres et si les entrepreneuses disposent des mêmes chances de les obtenir que les entrepreneurs.

De plus, dans le même ordre d’idée, dans le cadre des discussions sur le budget 2020, l’organisme Finance.Brussels n’a fourni aucun chiffre dans le cadre de la note genre rédigée sur base des critères de l’ordonnance du 29 mars 2012 portant l’intégration de la dimension de genre dans les lignes politiques de la Région.

Mes questions sont les suivantes :

1) Disposez-vous des chiffres suivants : Dans quoi investissent les entrepreneuses ? Combien elles demandent d’argent lors d’une demande de subsides ou d’un prêt bancaire ? Combien reçoivent-elles effectivement ? Quel pourcentage cela représente-t-il par rapport aux entrepreneurs ? Quelle est la moyenne des femmes fondatrices de Start-up en région de Bruxelles-Capitale ? La liste n’est pas exhaustive mais donne une idée sur la précision des chiffres souhaités. Dans le cas négatifs, allez-vous commander une enquête afin de pouvoir produire ces chiffres prochainement ? Allez-vous consulter des professionnels en la matière afin de travailler de manière efficace et collaborative avec des personnes sensibilisées aux difficultés du terrain ?

2) Le baromètre de Women in Brussels est publié tous les deux ans. Envisagez-vous une publication annuelle ?

3) En application de l’ordonnance du 29 mars 2012 portant l’intégration de la dimension de genre dans les lignes politiques de la Région, la Région a demandé aux institutions publiques de disposer de statistiques genrées pour leurs actions menées envers les entrepreneuses et les entrepreneurs. Est-ce effectivement le cas ? Disposez-vous de ces chiffres ?

4) Avez-vous prévu de commander une enquête concernant l’entreprenariat des femmes en période de crise sanitaire. Comment s’en sortent-elles par rapport aux hommes ? Quelles difficultés elles rencontrent ? etc.
 
 
Réponse    J’ai commandé une étude, via hub.brussels, sur l’impact de la crise sur les entrepreneuses, qui devrait être finalisée très prochainement. Cette étude contiendra notamment des chiffres sur les secteurs d’activités et l’accès aux mesures de crise par les entrepreneuses.

Le baromètre bisannuel de hub.brussels nous indique que les indépendantes représentaient à Bruxelles, en 2019, 28,4% des indépendants à titre principal. Elles étaient près de 64,5% présentes dans le secteur des services et professions libérales et 24% dans le secteur Horeca et commerce – des secteurs où le capital est moins établi et qui sont, d’ailleurs, des secteurs très concurrentiels. Elles sont moins représentées dans les secteurs considérés comme à haut potentiel économique, comme la nouvelle technologie ou l’innovation.

Les femmes font face encore aujourd’hui à de nombreux freins structurels qui les empêchent bien souvent d’entreprendre et/ou de prospérer dans le monde entrepreneurial (conciliation vie privé-vie professionnelle, difficultés d’accès au financement, manque de role models et de réseau). En ce qui concerne le financement, le Baromètre Fédéral de l’Entrepreneuriat féminin de 2018 avait mis en exergue les chiffre de Febelfin concernant l’octroi de crédits et les différences qui existent encore dans ce secteur. Pour les femmes, le taux de refus était de 12% alors que pour les hommes celui-ci était de 8%. On peut donc constater une différence de 4% entre les hommes et les femmes.

Women In Business.brussels (WIB) travaille, avec ses partenaires, à lever les freins à l’entrepreneuriat auxquels font face les femmes, dont l’accès au financement. Pour améliorer cet accès, WIB a mis en place, par exemple, le programme « Invest 4 She », en collaboration avec Finance&invest.brussels et Be Angels. Ce programme consiste dans des séminaires permettant de démythifier le capital-risque, de mieux comprendre les différents modes de financement existants en Région bruxelloise (business angels, crowdfunding, financement publique, fonds d'investissement, etc.) et d’apprendre à pitcher son projet devant des experts financiers.

Women In Tech.brussels a été créé en 2017 afin de soutenir les femmes dans la création de start-ups, augmenter leur présence dans les secteurs innovants, mais aussi sensibiliser avec ses partenaires les femmes et jeunes filles aux études STEM. Grâce à l’action de Women In Tech.brussels et de ses partenaires, le nombre de start-ups crées par une femme est passé de 8% à 18% ces dernières années.

Le baromètre de l’Entrepreneuriat Féminin édité par WIB montre la situation et l’évolution de l’entrepreneuriat féminin à Bruxelles en se basant sur des chiffres de sources différentes dont certaines sont bisannuelles. De ce fait, une publication annuelle impliquerait d’utiliser deux fois les mêmes chiffres, ce qui aurait peu de valeur ajoutée. Equal.brussels rassemble par ailleurs des statistiques genrées dans différents domaines.