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Question écrite concernant la persistance de regroupements de personnes sur le Square de l'Aviation et dans les alentours du bâtiment du Samusocial du boulevard Poincaré dans le contexte de la crise du Coronavirus

de
Gaëtan Van Goidsenhoven
à
Elke Van den Brandt et Alain Maron, membres du Collège réuni en charge de l'action sociale et de la santé (question n°89)

 
Date de réception: 06/04/2020 Date de publication: 19/05/2020
Législature: 19/24 Session: 19/20 Date de réponse: 14/05/2020
 
Date Intitulé de l'acte de Référence page
07/04/2020 Recevable p.m.
 
Question    Dans le contexte sanitaire que nous connaissons, afin d’éviter la propagation du virus COVID-19, les rassemblements de plus de deux personnes dans les espaces publics ont été interdits.

Je me permets dès lors d’attirer votre attention sur une situation particulièrement préoccupante.

A Anderlecht, le square de l’Aviation et ses alentours immédiats sont actuellement très fréquentés, de jour comme de nuit, par un certain nombre de personnes qui attendent qu’une décision les concernant soit prise par le Samusocial. En effet, le bâtiment qui se trouve sur le boulevard Poincaré, est situé dans les alentours immédiats.

Outre qu’il s’agisse d’un lieu d’occupation temporaire et que ce bâtiment, dont la Région bruxelloise est propriétaire, ne possède toujours pas de permis pour devenir un véritable lieu de résidence, la situation actuelle pose évidemment de sérieux problèmes sanitaires.

Les nombreux sans-abris qui se rassemblent sur le square de l’Aviation, sans respecter les règles de distanciation sociale imposées, risquent malheureusement de se transmettre le virus. Etant donné qu’il s’agit d’un public particulièrement fragilisé sur le plan de la santé physique, les risques pourraient être considérables.

En outre, ces malheureuses personnes font également courir un risque de transmission pour les riverains, qui ne comprennent pas comment il est possible que cette situation perdure depuis plusieurs semaines.

J’aurais dès lors souhaité vous poser les questions suivantes :

1) Cette situation est-elle connue de vos services ?

2) Une concertation avec la Ville de Bruxelles, dont dépend le Samusocial, a-t-elle été réalisée sur ce point ?

3) Une concertation a-t-elle eu lieu avec la commune d’Anderlecht, dont la police a jusqu’à présent tenté à plusieurs reprises d’éloigner ces personnes du square, sans leur proposer de solution alternative ?

4) Quelles mesures les services de la Commission communautaire commune ont-ils prises jusqu’à présent pour tenter de pallier cette situation désastreuse sur le plan sanitaire ?

5) A-t-il été envisagé de construire un abri d’urgence pour ces personnes, qui demeurent dans l’attente d’une décision du Samusocial ? En particulier, la piste d’une installation provisoire sur la bande centrale du boulevard Poincaré, située en face du bâtiment du Samusocial, a-t-elle été envisagée ?

6) L’ouverture prochaine du centre de triage et d’accueil pour personnes vulnérables sur le site de Tour & Taxis par Médecins Sans Frontières pourrait-il être de nature à apaiser la situation dans les alentours du boulevard Poincaré ?
 
 
Réponse    J’ai en effet été interpelé par rapport à cette question et ai immédiatement contacté le New Samusocial pour examiner quelles sont les mesures mises en place ou à venir pour pallier cette difficulté.

Pour clarification, aucune démarche n’a été entreprise à l’égard de la Ville de Bruxelles étant donné que ce site n’est pas sur son territoire et que le New Samusocial ne dépend pas de la Ville de Bruxelles comme vous l’évoquez.

Par contre, de nombreux contacts ont eu lieu entre le New Samusocial et la commune d’Anderlecht (zone de police et commune).

Il ressort de cette concertation que diverses mesures, déjà décidées depuis plusieurs semaines et qui ont été mises en place ou le seront très prochainement, sont de nature à améliorer la situation :

- D’une part, le nombre de personnes accueillies par le New Samusocial au sein du bâtiment «Poincaré » a été fortement diminué, à l’instar de l’ensemble des centres d’accueil d’urgence. Ainsi, alors que le centre hébergeait 180 personnes (capacité déjà réduite afin de respecter les règles de distanciation sociale, le centre hébergeant habituellement en période hivernale jusqu’à 300 personnes), il a été décidé de limiter sa capacité à 120 personnes.

- Les personnes hébergées au centre Poincaré, plus particulièrement les femmes sans-abri, seront transférées vers un nouveau centre situé sur le Square de Meeûs, dans le cadre d’une convention conclue avec le Parlement européen. Ce centre ouvrira ses portes à partir du 27 avril 2020 jusqu’au 31 juillet 2020.

- Il a également été convenu d'augmenter les passages de la police sur le square de l’aviation afin limiter les rassemblements qui y prennent place.

Concernant la COCOM, de nombreuses mesures ont été prises afin d’éviter que les personnes sans-abri, suspectées ou non d’avoir le Covid-19, se retrouvent en rue.

- Mobilisation de capacités hôtelières/structures collectives pour l’accueil de personnes sans abri dans les 19 communes de Bruxelles


En date du 23 mars 2020, un courrier a été adressé aux bourgmestres des 19 communes de Bruxelles afin de dégager, en collaboration avec les communes, les CPAS, des structures hôtelières et des opérateurs associatifs, des solutions d’hébergement pour les personnes sans-abri.

Cet appel a permis de mobiliser 1000 places supplémentaires.

La capacité d’accueil de nuit atteinte grâce à ces différentes mobilisations est aujourd’hui de 3644 places, en ce inclus les 1277 places en maison d’accueil et les 269 places confinement COVID-19.


Au sein de l’ensemble des centres, l’accueil est organisé 24h/24 afin d’éviter que les personnes n’aient à circuler dans la ville durant la journée.

Les coordonnées et capacités des différents sites mobilisés ont été communiquées et diffusées à l’ensemble des communes, CPAS et services de police.

Il leur a été demandé de ne pas orienter directement les personnes vers les différents sites et de veiller à ne pas rendre publics les noms et adresses des hôtels auprès desquels un engagement de confidentialité a été pris.

La coordination de l’ensemble des dispositifs et l’orientation des personnes en fonction des disponibilités et des profils est assurée par le dispatching centralisé, cogéré par Bruss’help et le New Samusocial.

Pour chacune des implantations, il a été veillé à informer l’ensemble des interlocuteurs (notamment services de police et riverains), ainsi qu’à mettre en place des mesures de protection des personnes hébergées et des abords des sites.

En cas d’interpellations, les services de police, les communes, etc. ont la possibilité de les signaler à l’asbl Bruss’Help (
covid19pro@brusshelp.org).

- Prolongation du dispositif hivernal de l’asbl New Samusocial

L’ensemble des sites gérés par l’asbl New Samusocial dans le cadre du dispositif hivernal 2019-2020 seront ouverts jusqu’au 30 juin 2020.

- Renforcement des capacités d’accueil de jour des dispositifs existants et déploiement de nouveaux site d’accueil de jour.

Le dispositif hivernal 86.400 géré par l’asbl AMA, permettant l’extension des horaires et services des centres de jour, a été prolongé jusqu’au 30 juin 2020, en lieu et place du 30 mars 2020.

De plus, une structure supplémentaire a été ouverte sur le site de l’auberge de jeunesse Jacques Brel, pour la période du 6 avril au 30 juin 2020.

Ce lieu met à disposition des personnes sans-abri un endroit pour se reposer, un restaurant, des sanitaires, des machines à laver et des sèche-linges.

Médecins du Monde et Bruss’help assurent en outre la sécurité des lieux et l’encadrement psychomédicosocial des personnes accueillies.

- Mise en place d’un service d’intervention mobile


Depuis le 17 mars, un service mobile d'intervention (incluant du personnel médical et actif en journée et soirée) a été mis en place par l’asbl New Samusocial.

Il permet d’assurer le transport sécurisé vers l’hôpital ou les places d’accueil de nuit.

Une maraude sanitaire venant au contact des personnes éloignées des centres d'aide et en rue a également été organisée.

- Mise en place de centres médicalisés pour les personnes sans abri atteinte du Covid-19

* centre avancé médicalisé sur le site de Tour et taxis

Médecins Sans Frontières Belgique a mis en place une structure de triage et d'accueil d'une capacité de 150 lits pour les personnes sans abri, où elles peuvent être isolées, recevoir le suivi médical nécessaire et, si nécessaire, être transférées dans des établissements médicaux de la ville.

Bruss’help assure la récolte des signalements des centres sans-abri, l’envoi de médecins de référence (consultations à distance et sur sites) seuls habilités à prendre la décision d’orientation vers le centre avancé médicalisé, l’organisation des transferts et le reporting journalier de la situation.

L’ambulance du New Samusocial assure les transferts des usagers vers ce centre.

* centre géré par la Croix rouge

Cet hôtel permet d’accueillir 100 personnes sans abri diagnostiquées COVID-19 réparties dans 58 chambres depuis le 18 avril.

La Croix Rouge fournit les repas pour les personnes sans abri, assure la sécurité des lieux ainsi que le suivi psychomédicosocial.

* centre Rempart 7 géré par l’asbl new Samusocial


Depuis le samedi 21/03/2020, 19 places de confinement sont ouvertes auprès du New Samusocial de Bruxelles, réparties dans 6 chambres.

Ce “sas” permettra d'isoler les personnes hébergées dans les centres du Samusocial qui sont suspectées d'être infectées par le Covid-19.

Les autres centres du secteur sans-abri bruxellois pourront quant à eux continuer à orienter les personnes suspectées d'être infectées vers le centre de confinement géré par la Croix-Rouge (rue de Trèves).

- Reporting centralisé par l’asbl Bruss’Help et coordination du trajet d’orientation

L’asbl Bruss’Help assure le reporting des différentes structures (jour et nuit) en termes de capacité d’accueil et/ou d’hébergement ainsi qu’en termes de contaminations ou suspicions de cas Covid 19 parmi les usagers ou les membres du personnel.

L’ensemble de ces mesures, mises en place dans un délai très court grâce à la collaboration constructive entre la COCOM, les opérateurs de terrain, les communes et les CPAS est de nature à éviter les rassemblements en journée que ce soit aux alentours du centre Poincaré ou dans les environs sur l’ensemble du territoire bruxellois.