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Question écrite concernant les mesures spécifiques à l'égard des personnes sans-abri en période de pandémie de Covid-19.

de
Farida Tahar
à
Elke Van den Brandt et Alain Maron, membres du Collège réuni en charge de l'action sociale et de la santé (question n°115)

 
Date de réception: 16/04/2020 Date de publication: 02/06/2020
Législature: 19/24 Session: 19/20 Date de réponse: 28/05/2020
 
Date Intitulé de l'acte de Référence page
24/04/2020 Recevable p.m.
 
Question    Comme vous le savez, la crise sanitaire que nous traversons actuellement touche particulièrement les personnes les plus vulnérables. Ainsi, les personnes sans domicile fixe continuent d'errer dans les rues de Bruxelles avec tous les risques que cela comporte en matière de propagation du coronavirus.

Certes des mesures, que je salue par ailleurs, ont été prises pour pallier l'absence de places dans les centres d'accueil notamment.

Néanmoins, j’aimerais vous interroger sur plusieurs demandes spécifiques du secteur travaillant avec les personnes sans-abris  :

- Quels stocks et réapprovisionnements sont prévus concernant le matériel de réduction des risques (dont les masques de protection notamment), pour les personnes qui interviennent directement en rue?

- Est-il possible de suggérer aux communes d'ouvrir à nouveau leurs fontaines d'eau potable afin de permettre leur accès aux personnes qui dorment encore en rue  ?
Le cas échéant, est-il possible de prévoir des panneaux de sensibilisation à l'usage des fontaines publiques en cette période de printemps où les températures sont plus élevées?

- L’aide alimentaire peut-elle être revue à la hausse, étant donné l'augmentation du public en situation de précarité (personnes sans-papiers, travailleuses du sexe, personnes libérées de prison)  ?

- Une politique de dépistage plus systématique et proactive est-elle mise en place pour les personnes sans-abris? Ces dernières sont-elles considérées comme un groupe prioritaire au dépistage du Covid-19 au vu de leur grande vulnérabilité  ?
 
 
Réponse    Concernant le matériel de réduction des risques pour l’ensemble des opérateurs et notamment ceux qui interviennent en rue, nous répondons de manière hebdomadaire aux demandes. Ceux-ci ont été fournis en masques en tissu, et chaque semaine reçoivent également des masques chirurgicaux pour les situations où cela est nécessaire. Une adresse mail  (facility@iriscare.brussels ) a été créée par laquelle l’ensemble des demandes sont traitées. Chaque semaine une réunion de coordination à laquelle mon cabinet participe a lieu, et une livraison est faite via les communes et via Bruss’help. Nous répondons également aux demandes urgentes qui ne peuvent pas attendre la livraison suivante.


Concernant les fontaines d'eau potable, l’accès à celle-ci est en effet très important pour les personnes vivant en rue.

Voici les informations dont je dispose à ce propos :

· Bruxelles Environnement a ré-ouvert certaines fontaines à boire en date du 27 mars 2020 à la demande de l’autorité de tutelle.

· Les fontaines à boire ré-ouvertes sont situées dans des sites où un contrôle des consignes de distanciation sociale est possible (présence régulière de gardiens).

· Les fontaines à boire ré-ouvertes sont situées dans des sites fréquentés par des publics fragilisés, notamment à proximité du centre-ville ou de bâtiments publics.

· Les fontaines à boire situées dans des lieux plus isolés, sans possibilité de contrôle social ou à proximité d’autres points d’eau potable… n’ont jusqu’à présent par encore été rouvertes (notamment aux équipements de ce type situés dans les potagers… situés à l’écart des passages de gardiens ou de patrouilles de police). Bruxelles Environnement a estimé qu’à ces endroits, plus isolés, le risque de non-respect des consignes de distanciation sociale n’était pas maîtrisé.

· Par ailleurs, les plaines de jeux étant officiellement fermées, les fontaines à boire situées dans les aires de jeux n’ont pas été réactivées, pour ne pas inciter au rassemblement sur des sites d’accès non autorisé.

· Les fontaines publiques dépendent entièrement des Communes qui décident du nombre de fontaines à installer sur leur territoire, des endroits ainsi que du planning de leurs ouvertures au printemps et fermetures en hiver. VIVAQUA n’a donc aucune vue sur la situation.

· Cela étant, en plus de la fontaine adossée à son siège social, VIVAQUA est impliquée (partiellement) dans l’exploitation de 5 fontaines à Ixelles et d’une fontaine à Uccle : VIVAQUA a développé un modèle de fontaine, qu’Ixelles et Uccle ont demandé d’installer, à leurs frais. VIVAQUA en assure les ouvertures et fermetures (purge et contrôle qualité inclus), en accord avec la commune, et vérifie leur bon état de fonctionnement. Mais l’entretien courant est du ressort des communes.

· Dans le cadre de la crise COVID-19, 2 de ces fontaines ont été rouvertes le jeudi 26 mars dernier (Place F. Cocq et Etangs d’Ixelles), et 2 autres sont opérationnelles depuis le 10/04 (Place Adolphe Sax et Avenue Buyl). Ces ouvertures se sont faites en concertation avec les autorités Communales.

· N’ayant pas la responsabilité de l’exploitation de ces fontaines, VIVAQUA a néanmoins attiré l’attention des autorités communales sur l’intérêt de désinfecter régulièrement le bouton poussoir et l’embout du robinet. VIVAQUA garantit cependant la potabilité de l’eau directement en amont de la fontaine.


Concernant les panneaux de sensibilisation à l'usage des fontaines publiques :

· Les fontaines ornementales les plus emblématiques telles que le parc du Cinquantenaire, le jardin Botanique, le palais des académies, la drève Sainte-Anne à Laeken, le Rouge cloître et le parc du Petit Sablon (fermé au public) sont actuellement en fonctionnement. Il s’agit de sites emblématiques de la capitale qui bénéficient d’une présence régulière de gardiens et d’installations où le risque de proximité est aisément maîtrisable.

· Les fontaines moins emblématiques (ou plus confidentielles) n’ont pas été remises en fonction après la période d’hivernage.

· Les fontaines ludiques, propices au rassemblement de foule, n’ont pas été rouvertes à ce stade

· Les fontaines d’agrément les plus fréquentées par période de beau temps disposent de panneaux « eau non potable » qui n’incitent pas à venir s’y rafraîchir.

· Sur tous les sites gérés par Bruxelles Environnement, des panneaux temporaires ont été fabriqués et ajoutés aux règlements de parc habituels, pour informer et rappeler les consignes sanitaires d’hygiène et de distanciation. De plus, les gardiens ont reçu des instructions très précises pour leur permettre de faire respecter ces consignes par le public (tant que faire se peut et avec l’aide des forces de l’ordre… si nécessaire).

· Par ailleurs, en cette période de sécheresse, provoquée par le beau temps et la hausse des températures, les installations d’arrosage ont été réactivées sous le contrôle du personnel jardinier (avec des horaires particuliers limités dans le temps), en sachant que ces installations - essentiellement souterraines et peu visibles - ne sont pas réellement accessibles au public.


Concernant la politique de dépistage spécifiquement mise en œuvre dans le secteur sans abri, je vous confirme que depuis le début de la crise, ce public a été considéré comme prioritaire au vu de leur grande vulnérabilité. C’est pourquoi une concertation, coordonnée par Bruss’Help afin d’établir une stratégie de dépistage s’est organisée entre le cabinet et les principaux acteurs médicaux du secteur depuis le 3 avril (Bruss’Help, Médecins du Monde, Médecins Sans Frontières, Infirmiers de Rue, Centre de garde Athéna, Samu Social, Croix Rouge). Cette concertation a mené à un début du dépistage dans le centre de confinement à Tour et Taxis, à l’initiative de MSF, le 13 avril, et dans les différents centres d’hébergement pour sans-abris à partir du 20 avril. Un monitoring des cas suspectés et orientés vers les centres de confinement est par ailleurs réalisé par Bruss’Help, qui est en lien avec le cabinet et les services hygiène de la COCOM à ce sujet. Ce monitoring nous est indispensable pour établir une réelle stratégie de dépistage dans ces centres.


Concernant la révision à la hausse de l’aide alimentaire:

Pour le public sans abri, grâce au renforcement des subventions octroyées aux centres de jour, les dispositifs de jour actifs dans le cadre du dispositif hivernal peuvent poursuivre leurs activités jusqu’au 30 juin prochain.

Par ailleurs, au sein de l’auberge de jeunesse Jacques Brel a été mis en place un dispositif intégré de jour (soins primaires, douches, sanitaires, aide alimentaire + lits de répit + orientation vers les capacités d’accueil de nuit). Sous l’impulsion de Bruss’help, ce lieu est coordonné par Médecins du Monde et associe 4 opérateurs (Rolling Douche, Bulle, La Source et le Centre Athéna Centrum) + 40 bénévoles. Il permet d’accueillir 90 personnes par jour.

Par ailleurs, les repas sont prévus pour l’ensemble des 850 personnes accueillies dans les capacités hôtelières mobilisées dans le cadre de la crise covid.

Pour les autres publics (travailleurs-ses du sexe, sans-papiers, …), différentes mesures ont été prises pour augmenter les capacités du secteur de l’aide alimentaire :

- Un budget de 420.000 € a été dégagé pour la mise en place d’une réponse territoriale, structurée et coordonnée qui couvrira les zones non couvertes par l’aide alimentaire et qui renforcera les points de distribution qui ont besoin d’aide. Tout ce travail se fera en étroite collaboration avec les associations du secteur, les communes, les CPAS et les nouvelles initiatives privées misent en place depuis le début du confinement.

- Un budget de 250.000 € a été octroyé au secteur de l’aide aux travailleurs-ses du sexe dont une grande partie est dédiée à l’aide alimentaire.