Logo Parlement Buxellois

Question écrite concernant le nombre de grossesses (non désirées) pendant la crise du coronavirus

de
Bianca Debaets
à
Elke Van den Brandt et Alain Maron, membres du Collège réuni en charge de l'action sociale et de la santé (question n°200)

 
Date de réception: 31/08/2020 Date de publication: 10/11/2020
Législature: 19/24 Session: 19/20 Date de réponse: 14/10/2020
 
Date Intitulé de l'acte de Référence page
01/09/2020 Recevable p.m.
 
Question    Au début de la crise du coronavirus et de la période de confinement qui a suivi, plusieurs médecins, psychologues et spécialistes ont mis en garde non seulement contre des tensions accrues dans les relations mais aussi contre un possible baby-boom. Tout à coup ensemble jour et nuit, de nombreux couples ont été soumis à une sorte d’épreuve du feu lors de la période de confinement. D’autres ont prévenu que la peur et le stress ne forment pas un climat favorable à une grossesse.
Bien entendu, toutes les grossesses ne sont pas prévues ou souhaitées. Les chiffres officiels sur l’interruption de grossesse sont rares, aussi les statistiques les plus récentes datent-elles de 2017. Cette année-là, 17.257 interruptions de grossesse ont été pratiquées en Belgique. Dans 1.544 de ces cas, il s’agissait de jeunes filles de la catégorie d’âge des 15-19 ans. Un cinquième du nombre total d’avortements a eu lieu dans la Région de Bruxelles-Capitale.
C’est pourquoi je voudrais vous poser les questions suivantes :
- Disposez-vous de chiffres pouvant indiquer le nombre total de grossesses dans la Région de Bruxelles-Capitale cette année ? Dans l’affirmative, note-t-on une augmentation depuis le début de la période de confinement, au début de l’année ? Où ces chiffres se situent-ils par rapport à ceux des années précédentes ?
- Savez-vous combien d’interruptions précoces de grossesse ont été pratiquées en Région de Bruxelles-Capitale cette année ? Pouvez-vous ventiler ces chiffres en fonction de l’âge et de la situation socio-économique de la femme en question ? Dans combien de cas l’avortement a-t-il eu lieu pour des raisons médicales ? Quels sont les autres motifs les plus fréquents de ces interruptions de grossesse ? Où ces chiffres se situent-ils par rapport à ceux des années précédentes ? Comment évaluez-vous cette évolution ? Note-t-on un « effet coronavirus » dans ces chiffres ?
- Quelle politique menez-vous afin de réduire davantage le nombre de grossesses non désirées en Région de Bruxelles-Capitale ? Comment misez-vous spécifiquement sur l’accompagnement en matière de grossesse et sur la sensibilisation aux grossesses non désirées ou non planifiées ? Quelle concertation structurelle et quelle coopération y a-t-il avec les Communautés, les hôpitaux et autres organismes concernés ? Des mesures spécifiques ont-elles également été prises dans le cadre de la crise du coronavirus et de la période de confinement ?
 
 
Réponse    En juillet 2020, 10.298 naissances ont eu lieu en Belgique : 5.817 en Flandre, 3.106 en Wallonie et 1.375 en région de Bruxelles-Capitale.

Sur les sept premiers mois de l’année 2020, 67.469 bébés sont nés en Belgique. Cela représente une hausse de 1,1% par rapport à la même période de l’année passée. Au niveau régional, on observe une hausse de 2,7% en Flandre, de 0,1% en Wallonie et une baisse de 2,6% en Région de Bruxelles-Capitale.

Ces chiffres ressortent des résultats mensuels provisoires des statistiques des naissances calculée à partir de 
Demobel, la base de données démographique de Statbel (source: Registre national).

Concernant le nombre d’IVG en Région de Bruxelles-Capitale, la commission nationale d’évaluation de la loi du 3 avril 1990 relative à l’interruption volontaire de grossesses publie tous les deux ans un rapport détaillé.
Le plus récent est celui publié le 11 février 2020, qui présente les statistiques sur les IVG en Belgique pour l’année 2016 –2017.
En tout,
17.257 IVG ont été pratiquées en Belgique en 2017. Selon le rapport, les interruptions volontaires de grossesse sont en recul par rapport aux années antérieures, et leur nombre baisse chaque année : 19.578 en 2011 ; 19.013 en 2015 ; 17.257 en 2017.

Selon le domicile des parturientes, ce rapport montre que Bruxelles-Capitale a comptabilisé 3.500 IVG en 2017 (Commission IVG 2016-2017 p.21). Ce chiffre est plus élevé que dans les autres provinces et s’explique aisément par le fait que Bruxelles accueille un certain nombre de femmes venues des autres Régions, par facilité au regard du nombre élevé de centres de planning familial (29) ou par désir de garder l’anonymat.



Concernant la ventilation en fonction de l’âge : la moyenne d’âge pour les femmes qui recourent à l’IVG a légèrement augmenté ces dernières années, passant de 27,6 ans 2012 à 28,5 ans en 2017.

On observe, par ailleurs, une baisse remarquable des IVG chez les jeunes de 15-19 ans et les jeunes adultes de 20-24 ans. Le groupe qui recourt le plus aux IVG reste donc la tranche d’âge de 25 à 35 ans.

Selon la Commission, cette baisse s’expliquerait, entre autres, par un meilleur remboursement des moyens contraceptifs pour les jeunes de moins de 21 ans (à partir de 2013) et une meilleure sensibilisation des médecins et gynécologues à la diversité contraceptive, et notamment aux contraceptifs de longue durée.

Selon les experts de la Commission, ces mesures jouent un rôle important dans la prévention de grossesses non désirées.
Ce rapport montre, par ailleurs, que c’est à Bruxelles et à Anvers qu’ont lieu la majorité des IVG. Près de 20% des IVG ont été pratiquées dans la capitale, alors que 16% l’ont été à Anvers.

Selon le rapport de la commission, les raisons principalement invoquées sont liées aux problèmes de santé de la mère, aux problèmes de santé de l’enfant, mais aussi à «
l’état de détresse » de la femme (psychologique, personnelle ou matérielle, etc.), tel que les problèmes de couple, les grossesses suite à un viol ou un inceste, etc.

NB : En 2020, la Commission a élaboré un nouveau formulaire d'enregistrement des avortements, destiné aux médecins. Celui-ci permettra de mieux saisir les difficultés ayant amené la femme à recourir à une IVG. Le formulaire comprend notamment une liste allongée des situations précises.

Il est actuellement trop tôt pour évaluer l’effet « Corona » sur la problématique des naissances, le recours à la contraception et la pratique des Interruptions Volontaires de Grossesses mais nous nous attèlerons à le faire dans un futur proche.

Concernant votre question relative aux politiques de santé publique que la Cocom entend mener « pour réduire le nombre de grossesses non désirées en Région de Bruxelles-Capitale », il s’agit tout d’abord de généraliser les animations dites « EVRAS » à l’école afin d’informer aux mieux les jeunes sur les moyens contraceptifs ou les thématiques entourant le désir, le corps, le consentement, les limites, la sexualité et les grossesses désirées ou non. Ensuite, la Cocom et la Cocof entendent également soutenir et renforcer les centres de plannings familiaux qui effectuent un immense travail de sensibilisation, d’information sur les droits sexuels et reproductifs, délivrent des contraceptifs, la pilule d’urgence, proposent des consultations gynécologiques et proposent des IVG.


Durant le confinement, la Cocom a soutenu les deux centres de planning agréés en Cocom (Rosa et City plannings) en matériel de protection sanitaire (masque, gants, gel hydroalcoolique, etc.) afin qu’ils puissent rester disponibles pour leurs patientes et continuer à accompagner les femmes dans le besoin.

https://www.health.belgium.be/sites/default/files/uploads/fields/fpshealth_theme_file/rapport_fr_2016-2017.pdf
https://www.health.belgium.be/sites/default/files/uploads/fields/fpshealth_theme_file/rapport_fr_2016-2017.pdf