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Question écrite concernant la mise à disposition de casiers pour les sans-abris.

de
David Weytsman
à
Elke Van den Brandt et Alain Maron, membres du Collège réuni en charge de l'action sociale et de la santé (question n°264)

 
Date de réception: 09/11/2020 Date de publication: 14/01/2021
Législature: 19/24 Session: 20/21 Date de réponse: 19/11/2020
 
Date Intitulé de l'acte de Référence page
10/11/2020 Recevable p.m.
 
Question    En novembre 2018, le cinquième dénombrement organisé par le Centre d'appui au secteur bruxellois de l'aide aux sans-abri (La Strada) a eu lieu. Les chiffres sortis début 2019 indiquent que 4175 personnes vivent sans abri en Région bruxelloise. Pourriez-vous déjà m’indiquer quand le prochain comptage aura lieu ? Peut-être disposez-vous d’une approximation plus récente du nombre de sans-abris ?

En janvier 2020 vous évoquiez 2149 places actives toute l’année, étendues à 3199 places d’hébergement de nuit en hiver. Le nombre de places disponibles pour l’hiver 2020-2021 a-t-il évolué ? Par ailleurs, avez-vous créé de nouvelles places au vu des conditions exceptionnelles engendrées par la crise du Coronavirus ? Estimez-vous suffisant le nombre de places disponibles, notamment au vu de l’hiver qui arrive ?

Pour ces personnes sans logement, sans cesse plus nombreuses, un problème est particulièrement prégnant : « Où ranger ses affaires personnelles ? ». La plupart du temps, les quelques rares affaires qui leur appartiennent sont cachées dans des endroits publics ou emportées avec eux dans des sacs plastiques partout où ils se rendent. La crainte est en effet grande de se faire voler ou de perdre ses affaires. Cette question se pose peut-être davantage encore avec la crise du Coronavirus. En effet, ces Bruxellois ne disposent pas d’endroits propres et désinfectés pour y laisser leurs effets personnels.

Certes une dizaine de lieux existent où les sans-abris peuvent déposer leurs effets personnels. Mais ceux-ci sont concentrés dans certaines communes, rendant l’accès compliquée pour les personnes ayant du mal à se mouvoir dans Bruxelles. Les casiers disponibles sont d’ailleurs exclusivement installés dans les centres de jour, ce qui n’en facilite pas plus l’accès.

Je ne vous apprends peut-être pas qu’il existe en France une initiative originale et particulièrement adaptée à cette problématique : la mise à disposition de casiers pour SDF sur le moyen terme. Concrètement, la personne sans-abri se voit attribuer un casier de rangement pour une durée de 6 mois, renouvelable après évaluation. Ce dernier lui permet, grâce à une clef, d’avoir un endroit sécurisé, personnel et propre où stocker ce qu’il souhaite. Ce dispositif permettrait notamment aux personnes ne fréquentant pas les centres de jour bruxellois de ranger leurs effets personnels en toute sécurité.

En Belgique également, des initiatives encourageantes en la matière voient le jour. C’est notamment le cas dans les villes d’Ath et Liège.

Outre la perte ou le vol, les avantages sont nombreux. Nous pouvons entre autres citer :
- En termes d’image, dans ses démarches administratives ou lorsqu’il se balade en rue, le SDF n’est pas constamment regardé et jugé à cause des sacs en plastique ou autre couverture qu’il trimballe avec lui.
- La ville qui met ce genre de casiers à disposition ne voit plus s’entasser des affaires devant les commerces et autres halls. Il s’agit d’un réel souci à Bruxelles, au cœur même du centre-ville.

J’en viens donc à mes questions :

- Quelles mesures avez-vous prises afin d’aider les SDF à ranger ou protéger leurs effets pendant la journée et/ou la nuit ?

- Votre politique diffère-t-elle à ce sujet de celle de votre prédécesseur ?

- Avez-vous décidé de mettre en place ou financer, par exemple, ce type de casiers à disposition des SDF en Région bruxelloise, en partenariat avec les communes et/ou les CPAS ? Si oui, qu’est-il prévu concrètement ? Dans quels endroits et à partir de quelle date ces dispositifs seraient-ils opérationnels ?

- La mise en place d’une gestion globale des casiers en Région bruxelloise est-elle à l’agenda, afin de décharger les centres de jour de cette compétence ?
 
 
Réponse    Je vous informe que le dénombrement mis en place par Bruss’help aura lieu la première semaine de novembre 2020.

Je ne dispose pas de chiffres plus récents que ceux émanant du dernier dénombrement réalisé en novembre 2018.

Concernant le nombre de places disponibles pour les mois à venir, comme vous le savez, étant donné le contexte sanitaire, la capacité d’accueil de nuit a été largement augmentée.

Ainsi, en comparaison avec la capacité au 1er octobre de 2019, le nombre de places d’accueil est aujourd’hui de 2807 places (elle était de 1817 places il y a un an).

Il y a lieu d’ajouter à cette capacité les 350 places d’accueil destinées à un public dit de « migrants en transit » ainsi que les 100 places de confinement permettant d’accueillir les personnes sans abri diagnostiquées covid+.

En parallèle, dans le cadre du plan de relance, 110 personnes et familles pourront être relogées dans des logements mis à disposition du public sans abri (activation  progressive à partir du 1/10/2020). 

Ces personnes et familles bénéficieront toutes d’un accompagnement psychosocial adapté.

Par ailleurs, et ceci a un impact direct sur la question des espaces de stockage permettant aux personnes sans abri de protéger leurs effets pendant la journée et/ou la nuit, toute cette capacité d’accueil est organisée 24h/24.

Voici les dispositifs mis en place à ce jour pour accueillir les effets personnels des personnes sans abri : il y a en permanence une offre de casiers dans les services d’accueil de jour et les dispositifs de prévention communaux suivants: Doucheflux, Latitude Nord, Bij Ons, Art 23, Jamais sans toit, La Fontaine, Le Clos.

Un renforcement de ces dispositifs est prévu afin de maintenir un service qui avait été réduit durant le lock down.

Par ailleurs la fonction "casiers" est étudiée et sera présente dans les centres polyvalents d'aide qui seront mis en place durant l'hiver 2020-21.

Ce besoin est systématiquement évalué par Bruss'help.

Depuis 2019, l’asbl New Samusocial a également mis en place des espaces de stockage dans tous ses centres d’hébergement.

En fonction de l'infrastructure du bâtiment ou encore du type de public accueilli, les personnes hébergées ont la possibilité de stocker leurs affaires en chambre ou dans des consignes/casiers prévus à cet effet.

Différents modèles de casiers existent au sein des centres.

Le New Samusocial est actuellement dans une phase test afin de connaître les besoins exacts des personnes et le type de casier adapté à ces besoins : quelle taille, avec ou sans prise, accès à distance/cadenas/clé, etc.

Le NSS est également en train d'investiguer quel type de casier permet une gestion facile et économique.

Le New Samusocial utilise aussi des « casiers médicaux » qui permettent la distribution des piluliers aux hébergés en absence de service infirmier.

Ce système permet également une autonomisation de la personne en ce qui concerne la prise de son traitement.

Les casiers médicaux seront normalement mis en place dans chacun de ses centres pour la fin de cette année.

Vous aurez compris, que, conformément à l’accord du gouvernement, j’ai fait le choix de privilégier la recherche de solutions de relogement durable plutôt que de structuraliser des espaces de stockage d’effets dans des casiers hors structures d’accueil.

En effet, d'une part, la localisation des casiers au sein d'une structure dispensant de l'aide est un maillon important du lien avec les personnes sans abri utilisant ces services et partant, de réaccrochage aux droits sociaux/à l'entame d'un accompagnement psycho-social; d'autre part, la vision aménagiste de l'espace public avec des casiers extra-muros favorise une naturalisation du fait de "vivre en rue", la création ex nihilo de poches urbaine hors droits communs avec des services minimaliste et froids, tout en éloignant les personnes des services leur venant en aide.