Question écrite concernant l’effet de la crise du coronavirus sur le nombre de grossesses en Région de Bruxelles-Capitale.
- de
- Bianca Debaets
- à
- Elke Van den Brandt et Alain Maron, membres du Collège réuni en charge de l'action sociale et de la santé (question n°329)
| Date de réception: 06/01/2021 | Date de publication: 18/03/2021 | ||
| Législature: 19/24 | Session: 20/21 | Date de réponse: 18/03/2021 | |
| Date | Intitulé de l'acte | de | Référence | page |
| 01/02/2021 | Recevable | p.m. |
| Question | Il y a quelques mois, j’ai déjà eu l’occasion de vous interroger sur le nombre de grossesses (non désirées) et d’interruptions précoces de grossesse dans le cadre de la crise du coronavirus (cf. QE n° 200). Dans la réponse donnée à l’époque, il a été indiqué qu’il n’était pas possible de donner le nombre exact de grossesses et d’interruptions de grossesse dans notre Région parce que ces chiffres ne sont pas enregistrés au niveau de Bruxelles. Il a également été confirmé qu’il était trop tôt à l’époque pour évaluer l’effet « corona » sur la problématique des naissances, le recours à la contraception et la pratique des interruptions volontaires de grossesse, mais qu’on s’y attellerait dans un futur proche. Entre-temps, les gynécologues confirment bien que la crise du coronavirus provoquera un baby boom en 2021. M. Johan Van Wiemeersch, porte-parole de l’Association flamande des gynécologues, a cité l’hôpital anversois Sint-Augustinus comme exemple concret. C’est en effet la plus grande maternité du pays et elle attend cette année 400 à 500 naissances de plus que les années précédentes - et ce alors que le nombre de naissances dans notre pays est en baisse depuis 2010. Selon M. Van Wiemeersch, on se concerte déjà en différents endroits afin d’engager davantage de sages-femmes et d’infirmières en 2021. On examine également la possibilité de renvoyer certaines femmes chez elles plus rapidement après l’accouchement. Je voudrais dès lors vous poser les questions suivantes : - Pouvez-vous confirmer qu’entre-temps, la Cocom a étudié plus avant l’effet « corona » sur la problématique des naissances, le recours à la contraception et la pratique des interruptions volontaires de grossesse ? Dans l’affirmative, comment cette étude a-t-elle été menée et sur quels constats et conclusions a-t-elle débouché ? Y a-t-il réellement des différences significatives à certains égards qui peuvent s’expliquer par la crise du coronavirus ? - Disposez-vous d’indicateurs selon lesquels un baby-boom pourrait également avoir lieu dans la Région de Bruxelles-Capitale à la suite de la crise du coronavirus ? L’administration compétente a-t-elle consulté les gynécologues, qui pourraient confirmer cette augmentation au niveau de Bruxelles ? Les hôpitaux bruxellois ont-ils déjà établi des prévisions en ce qui concerne le nombre de naissances attendues cette année ? Dans l’affirmative, dans quelle mesure ont-ils déjà adapté leur fonctionnement en conséquence ? - Si ce baby-boom se confirme également à Bruxelles, avez-vous déjà pris des mesures afin d’engager davantage de sages-femmes et d’infirmières pour faire face à ce baby-boom ? Dans l’affirmative, avec quels acteurs vous êtes-vous concertés et sur quelles mesures ou pistes de réflexion concrètes cette concertation a-t-elle débouché ? |
| Réponse | I. Petit rappel sur un point d'attention : Difficultés de chiffrer avec précision le nombre de grossesses Le nombre exact de grossesses dans notre Région est difficile à chiffrer car cette information n'est pas systématiquement enregistrée dans les données de routine, en l'occurrence les bulletins statistiques de naissances du CEPIP. Les données des bulletins statistiques de naissances ne permettent pas d’avoir des informations, ni sur les grossesses, ni sur la situation prénatale de la femme. Les grossesses qui se terminent par une interruption volontaire (IVG) tant en hôpital qu’en centre de planning familial sont, quant à elles répertoriées dans le cadre d’un enregistrement statistique et analysées dans les rapports de la commission nationale d’évaluation des IVG II. Réponse à la question 1. Grossesses non désirées et Covid-19 en Région bruxelloise Comme nous l'avons mentionné dans notre précédente réponse, les données les plus récentes relatives aux Interruptions Volontaires de Grossesse (IVG) datent de 2018-2019. La seule source authentique et fiable est « Le rapport bisannuel de la commission nationale de l’évaluation de la loi du 3 avril 1990 relative à l’interruption de grossesse », dont la dernière publication date du 11 février 2021 pour la période 2018-2019. Selon ce rapport, le taux d’avortement est stable (8.4 pour 1000 femmes en 2020) et a même une tendance à la baisse ces dernières années. Pour l’année 2019, le nombre d’Ivg en terme absolu est de 17.911 IVG pour toute la Belgique et a diminué par rapport aux années antérieures. Concernant "l’impact de la pandémie liée au Covid-19 sur les interruptions de grossesse", la collecte de données par la Fédération Laïque de Centres de Planning Familial (FLCPF) est toujours en cours, ses données n'ont pas encore été publiées. Selon la responsable du département IVG et Contraception, Madame Céline Tixier-Thomas, ils ont pour le moment repris cette collecte, pour compléter les chiffres qu'ils ont déjà, ils ont également entamé une recherche qualitative pour renforcer cette étude. Ils espèrent probablement publier le tout cet été. La COCOM n'a donc pas, jusqu'à présent, mené des recherches spécifiques sur cette thématique. Par ailleurs, la plupart des centres de planning dépendant de la COCOF (27) et pas de la COCOM (2 sur 29). 2. Nombre de naissances et Covid-19 Concernant l'éventuel "baby-boom" sur la Belgique, qui pourrait également avoir lieu en région bruxelloise à la suite de la crise de la Covid-19, les indications à notre disposition et les échanges avec certains gynécologues bruxellois ne nous permettent pas d'affirmer cette hypothèse. Comme vous l'avez mentionné, la Belgique en général et la région bruxelloise en particulier ont connu une baisse de la natalité ces dernières années. En région bruxelloise par exemple, celle-ci est passée de 19.225 naissances en 2014 à 18.392 naissances en 2017 (naissances bruxelloises à Bruxelles et dans les autres régions) et la tendance s'est poursuivie certainement sur les années suivantes. En ce qui concerne les tendances en 2020, selon les données mensuelles (provisoires) publiées par Statbel le 14 janvier 2021 (données du Registre national) , cette tendance à la baisse du nombre de naissances s'est maintenue, même entre 2019 et 2020. Sur les onze premiers mois de l’année, 105.506 bébés sont nés en Belgique. Et cela représente une baisse de 0,7% par rapport à la même période de l’année d'avant. Au niveau régional, on observe une hausse de 0,6% en Flandre, une baisse de 1,3% en Wallonie et une baisse encore plus marquée en région bruxelloise (4,3%). En région bruxelloise, toujours selon les données (provisoires) de Statbel, la comparaison mensuelle entre 2019 et 2020 ne montre aucune tendance à l'augmentation, mais plutôt une tendance à la diminution, du moins vers la fin de l'année.  En outre, même si les données sont encore provisoires et pas encore publiables, nos services chargés de l'encodage des bulletins de naissance (le CEPIP), ont également confirmé cette tendance à la diminution. Ceci va d'ailleurs dans le sens de certaines publications qui avancent les hypothèses comme quoi « le climat d’incertitude et d’inquiétude pendant la période de crise devrait se traduire par une diminution de la fécondité ». Ceci risque d'être le cas pour la crise du Covid, où la plupart des gens ont perdu leurs emplois, leurs revenus, etc., à cause du confinement. Force est, par ailleurs, de constater que les données complètes 2020, issues des bulletins statistiques, sûres et consolidées, ne sont pas attendues avant la fin 2021. Celles de Statbel (via le Registre national) qui sont également objectives et probantes, ne seront pas non plus disponibles avant le printemps 2021. 1. Avis des gynécologues bruxellois sur une éventuelle Baby-boom Certains gynécologues, à l'instar de M. Johan Van Wiemeersch, porte-parole de l'Association flamande des gynécologues ont, en effet, annoncé un baby-boom attendu en 2021, à partir d'un constat fait dans un de leurs hôpitaux, une déclaration qui a été largement relayée dans les médias. Cependant, les prévisions plus globales, comme celle du bureau fédéral du plan ne vont pas dans le même sens. Elles prévoient plutôt une baisse de la natalité pour 2020 et 2021 à cause de cette crise du Corona. Sur Bruxelles, une analyse du Dr Thomas Pezin, chef de clinique d’obstétrique aux hôpitaux Iris Sud, interrogé par Le Soir, va dans le sens contraire à celui du Dr Van Wiemeersch: « Nous sommes nombreux à avoir eu cette impression d’une hausse des grossesses juste après le premier confinement. Mais les chiffres montrent qu’il n’y a pas de réelle augmentation des grossesses, même plutôt une tendance à la baisse ». Nous avons également interrogé d'autres gynécologues bruxellois, à l'instar du Dr Patricia Barlow (CHU Saint Pierre et Hôpital César De Paepe) qui affirme aussi n'avoir pas constaté d'indications particulières qui feraient penser à un éventuel baby-boom en 2021, mais que la tendance serait plutôt à la baisse. En guise de conclusion, il serait plus prudent d'attendre encore un peu, avant de pouvoir infirmer ou de confirmer cette hypothèse, du moins en région bruxelloise. 1.https://statbel.fgov.be/fr/themes/population/naissances-et-fecondite 2.https://statbel.fgov.be/nl/themas/bevolking/geboorten-en-vruchtbaarheid 3. https://www.plan.be/uploaded/documents/202003030902350.FOR_POP1970_12071_F.pdf 4. https://plus.lesoir.be/339976/article/2020-11-25/limpact-du-coronavirus-sur-la-natalite-en-belgique 5.https://www.rtbf.be/vivacite/emissions/detail_le-8-9/article_le-baby-boom-du-covid-serait-il-le-fruit-d-une-perception-subjective?id=10640192&programId=4003 6.https://www.plan.be/uploaded/documents/202003030902350.FOR_POP1970_12071_F.pdf 7.https://plus.lesoir.be/339976/article/2020-11-25/limpact-du-coronavirus-sur-la-natalite-en-belgique 8.https://www.rtbf.be/vivacite/emissions/detail_le-8-9/article_le-baby-boom-du-covid-serait-il-le-fruit-d-une-perception-subjective?id=10640192&programId=4003 (vrije vertaling) |