Logo Parlement Buxellois

Question écrite concernant le nombre de cas d’obésité en Région de Bruxelles-Capitale et la politique de coordination de la Cocom à cet égard

de
Bianca Debaets
à
Elke Van den Brandt et Alain Maron, membres du Collège réuni en charge de l'action sociale et de la santé (question n°389)

 
Date de réception: 15/03/2021 Date de publication: 28/06/2021
Législature: 19/24 Session: 20/21 Date de réponse: 09/06/2021
 
Date Intitulé de l'acte de Référence page
23/04/2021 Recevable p.m.
 
Question    Le mardi 2 mars, l’hôpital Saint-Jean a appelé à ne plus considérer comme non urgentes l’obésité et les interventions chirurgicales destinées à la combattre. La crise du coronavirus a déjà montré à plusieurs reprises que les personnes obèses sont souvent plus susceptibles d’avoir des problèmes graves lorsqu’elles sont contaminées par le coronavirus.
L’obésité peut entraîner de graves problèmes physiques, psychologiques et sociaux. La maladie est certes traitable, mais elle nécessite un traitement médical ou chirurgical spécifique et un suivi à long terme. Selon les médecins de l’hôpital Saint-Jean, le traitement chirurgical de l’obésité, telle que le bypass gastrique, ne peut plus être considéré comme une « opération de confort » non urgente.
Je voudrais dès lors vous poser les questions suivantes :
- Disposez-vous de chiffres sur le nombre de cas d’obésité dans la Région de Bruxelles-Capitale ? Pouvez-vous ventiler ces chiffres en fonction du sexe et de la tranche d’âge du patient, ainsi que de sa commune de résidence ? Quelles évolutions pouvez-vous relever dans ces chiffres ? Y a-t-il des indications selon lesquelles l’ampleur du problème a changé à la suite de la crise du coronavirus ?
- Disposez-vous de chiffres permettant de comparer l’ampleur du problème dans la Région de Bruxelles-Capitale avec la situation dans d’autres Régions ou d’autres grandes villes ? Dans l’affirmative, pouvez-vous en dire plus ?
- Avez-vous déjà examiné comment les indicateurs socio-économiques peuvent influer sur le risque d’obésité en Région de Bruxelles-Capitale ? Dans l’affirmative, pouvez-vous en dire plus ?
- Quel budget la Cocom débloque-t-elle pour la coordination et le traitement du problème de l’obésité ? Pouvez-vous le ventiler par poste budgétaire ? Quelles initiatives propres la Cocom a-t-elle lancées ? L’a-t-elle fait par le biais d’appels à projets ? Dans l’affirmative, pouvez-vous donner un aperçu des projets sélectionnés ? Comment les initiatives concernées de la Cocof et de la VGC en la matière ont-elles été soutenues ?
- Comment la Cocom collabore-t-elle avec le niveau fédéral ou certains acteurs (para)médicaux, tels que les diététiciens, les médecins généralistes, les infirmiers, les pharmaciens, etc. ?
- Comment la Cocof contribue-t-elle à la recherche scientifique sur l’obésité, en particulier pour son traitement et son contrôle dans la Région de Bruxelles-Capitale ? Quelles actions et quels moyens sont-ils prévus à cette fin ?
 
 
Réponse   

Je vous remercie, Madame la Députée, pour votre question.

 

Q1 et 2

Total :

Nombre estimé d'adultes (18 ans et plus) souffrant d'obésité (IMC >30) en 2018 : 128.413

Nombre estimé d'adultes (20 ans et plus) souffrant d'obésité (IMC >30) en 2018 : 124.767

 

 

Sexe

 

Nombre de Bruxellois, 2018*

% d’obésité (IMC >30) à Bruxelles, Enquête de Santé 2018

Nombre estimé de Bruxellois souffrant d’obésité

Femmes (20 ans ou plus)

465106

14,5

67440

Hommes (20 ans ou plus)

432500

13,3

57523

Total (20 ans ou plus)

897606

13,9

124767

*Statbel, via wijkmonitoring.be

 

 

 

Sur la base de l'Enquête de Santé, on estime que 14,5% des femmes adultes bruxelloises sont obèses (IMC >30), ce qui correspond à 67.440 femmes âgées de 20 ans ou plus. Pour les hommes, il s'agit respectivement de 13,3% de la population.

 

Le tableau suivant présente les données pour les personnes de 20 ans et plus (et non 18 ans et plus) en raison de la disponibilité des données de population.

Âge

 

Nombre de Bruxellois, 2018

% d’obésité (IMC >30) à Bruxelles, Enquête de Santé 2018

Nombre estimé de Bruxellois souffrant d’obésité

20-24 ans

76119

2,4

1827

25-34 ans

204623

12,5

25578

35-44 ans

185323

11,8

21868

45-54 ans

155115

17

26370

55-64 ans

118794

20,3

24115

65-74 ans

80914

21,9

17720

75+

76718

13,2

10127

Total 20+

897606

13,9

124767

*Statbel, via wijkmonitoring.be

 

 

 

Le risque d'obésité varie fortement selon les groupes d'âge. Par exemple, la prévalence chez les 20-24 ans n'est "que" de 2,4 %, alors que les prévalences les plus élevées sont observées chez les 55-74 ans. Le tableau montre le nombre estimé de Bruxellois par groupe d'âge.

 

Sur la base de l'Enquête de Santé, il n'est pas possible de ventiler les données par commune (pour des raisons de représentativité). On peut supposer que la prévalence sera plus élevée dans les communes plus pauvres de Bruxelles puisque, de manière générale, les plus démunis ont plus de risques de développer de l'obésité (voir plus loin). 

 

Évolution (y compris pendant la crise du coronavirus) :

La prévalence de l'obésité augmente de façon linéaire et significative dans les trois régions :

- Région flamande :

de 9,6% en 1997 à 15,0% en 2018

- Région de Bruxelles-Capitale :

de 9,2% en 1997 à 13,9% en 2018

- Région wallonne :

de 13,7% en 1997 à 18,0% en 2018.

 

En outre, la crise du coronavirus a amené les gens à adopter des habitudes alimentaires plus malsaines (consommation accrue de snacks sucrés et salés) et à faire moins d'exercice, ce qui a entraîné une prise de poids (Drieskens et al., 2021*, étude basée sur la 2ème Enquête de Santé COVID-19).

 

La deuxième Enquête de Santé a été lancée à la mi-avril (16 avril 2020-23 avril 2020), soit environ 1 mois après le premier confinement. Un quart (25,6%) de tous les répondants (chiffres pour la Belgique) à l'Enquête de Santé COVID-19 déclare avoir pris du poids au cours du mois écoulé depuis le 13 mars 2020. Par conséquent, la prévalence de l'obésité aurait augmenté dans toutes les régions (voir tableau). Les chiffres doivent être interprétés avec prudence, car la méthodologie des Enquêtes de Santé COVID-19 diffère de celle de l'Enquête de Santé "normale". Ils donnent néanmoins une bonne indication de l'ampleur (de l’augmentation) du problème.

 

COVID 2 (avril 2020): Prévalence pop 18+ souffrant d’obésité, Belgique

 

% (brut)

CI 95%

 brut

% (Corr*)

CI 95%

 stand

N

Région flamande

17,8

(17,0-18,7)

16,6

(15,7-17,6)

19062

Région bruxelloise

18,2

(16,1-20,4)

17,8

(15,7-20,2)

4159

Région wallonne

21,3

(20,2-22,5)

20,4

(19,1-21,7)

13792

Source : Enquête de Santé COVID-19, Belgique, 2020

*Correction pour âge et/ou sexe sur base d'un modèle de régression logique (Population belge de 2019 comme référence)

*Référence : Drieskens S, Berger N, Vandevijvere S, Gisle L, Braekman E, Charafeddine R, De Ridder K, Demarest S. Short-term impact of the COVID-19 confinement measures on health behaviours and weight gain among adults in Belgium. Arch Public Health. 2021 Feb 22;79(1):22. https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/33618770/

 

 

Bruxelles vs. les régions

 

Non standardisé, 2018

Standardisé pour l’âge et le sexe, 2018

Région flamande

15,0%

13,5%

Région bruxelloise

13,9%

13,4%

Région wallonne

18%

16,7%

 

 

 

La proportion des plus de 18 ans souffrant d’obésité à Bruxelles (13,9%) est légèrement inférieure à celle de la Flandre (15%) et nettement inférieure à celle de la Wallonie (18%). Toutefois, si l'on tient compte de la structure différente des âges et des sexes entre les régions (et que l'on examine donc les chiffres standardisés), les différences entre les régions diminuent (Bruxelles est nettement plus jeune que les autres régions, et les jeunes souffrent moins d’obésité).

Des différences similaires entre les régions ont également été constatées lors de la crise du coronavirus.

 

Q3

Il existe également d'importantes différences socio-économiques dans la prévalence de l'obésité à Bruxelles comme dans les autres régions. Le pourcentage d'adultes obèses (IMC >30) est significativement plus faible chez les personnes ayant un niveau d'instruction supérieur (10%), que chez celles ayant un niveau d'instruction inférieur, respectivement 17,4% chez les personnes ayant, au mieux, un diplôme de l'enseignement secondaire supérieur, 22,4% chez celles ayant, au mieux, un diplôme de l'enseignement secondaire inférieur, et 18,9% chez celles ayant au mieux un diplôme de l'enseignement primaire (chiffres 2018, basés sur l'Enquête de Santé). Des différences significatives existent également lorsqu'on examine les inégalités en fonction des revenus, avec une prévalence plus élevée de l'obésité (20,7%) chez ceux qui ont des difficultés à joindre les deux bouts contre 12,8% chez ceux qui ont s’en sortent en général à finir le mois et 10,5% chez ceux qui s’en sortent facilement (chiffres 2018, basés sur l'Enquête de Santé).

 

Q4

La plupart des projets menés pour lutter contre l’obésité concerne des actions en prévention et promotion de la santé (COCOF ou VGC) et de Good food (Bruxelles Environnement) au niveau régional. Le traitement « curatif » de l’obésité est du ressort du fédéral.

 

 

Q5

L'autorité fédérale et les entités fédérées contribuent au financement d'une enquête de consommation alimentaire portée par Sciensano.

 

 

Q6

Voir question 4.