Logo Parlement Buxellois

Question écrite concernant la population diabétique en Région bruxelloise.

de
Mohamed Ouriaghli
à
Elke Van den Brandt et Alain Maron, membres du Collège réuni en charge de l'action sociale et de la santé (question n°456)

 
Date de réception: 19/04/2021 Date de publication: 04/10/2021
Législature: 19/24 Session: 20/21 Date de réponse: 29/07/2021
 
Date Intitulé de l'acte de Référence page
12/07/2021 Recevable p.m.
 
Question    Le diabète est une maladie chronique qui toucherait plus de 430 millions de personnes dans le monde (1). Les chiffres concernant cette maladie en Belgique sont limités car il n’existe pas d’enregistrement global sur la prévalence et le traitement du diabète (2).

On distingue généralement le diabète de type 1 qui est une maladie auto-immune et le diabète de type 2 qui est principalement lié à la malbouffe et à la sédentarité, en plus du diabète lié à la grossesse. Toutefois, certaines études, comme celle portée par les chercheurs de l’Université de Lund en Suède, rapportée dans la presse en 2018 (3), envisage jusqu’à 5 types de diabète de type 2 (qui représente 90% des cas de diabète) dans des formes sévères et plus bénignes de la maladie.

La découverte, en 1922, du rôle de l’insuline dans la stabilisation du taux de glucose dans le sang, a marqué une évolution majeure dans la gestion de la maladie. Cependant, celle-ci reste aujourd’hui incurable et il est important que les malades contrôlent leur glycémie et encadrent au mieux leurs traitements médicamenteux dont les effets secondaires sont parfois fatals.

Madame et Monsieur les Ministres,

Le diabète de type 2 est une maladie de société. La prévalence du diabète serait plus élevée en Wallonie et à Bruxelles qu'en Flandre, et elle serait plus élevée chez les personnes ayant un statut socio-économique inférieur (4).

En janvier 2021, je me suis réjouis de la décision de la Ville de Bruxelles de soutenir l’Association Pharmaceutique Belge (l’APB) dans le projet pilote « Care test » (5). Celui-ci vise à dépister gratuitement le public à risque à Laeken. Les communes de Molenbeek et d’Anderlecht avaient déjà lancé ce projet fin 2020. Vu la prévalence de la maladie, on estime que 1 million de Belges seraient « éligibles » pour cette prévention. Pouvoir se faire dépister gratuitement permettrait d’abaisser le seuil d’accès aux tests pour les personnes fragilisées.


Voici mes questions :

· Disposez-vous de données chiffrées actualisées concernant le nombre de personnes adultes atteintes de diabète dans notre Région, la part femmes/hommes, le type de diabète et les tranches d’âges concernées, le nombre de patients qui bénéficient d’un suivi médical, leur niveau socio-économique, la prévalence de la maladie et le taux de mortalité ?
Qu’en est-il des chiffres concernant les enfants ?

· Les diabétiques, comme d’autres malades, sont des victimes indirectes du Covid-19. Avez-vous une idée de l’impact provoqué par la fermeture des consultations durant le 1
er confinement sur le bon suivi du traitement par les malades et sur le dépistage des nouveaux patients ?

· Comment intégrez-vous les déterminants de la santé dans votre politique de lutte contre le diabète ? Quelles mesures concrètes avez-vous prises pour avancer dans l’objectif de diminution de la prévalence du diabète en Région bruxelloise ? Existe-t-il une politique coordonnée entre la Cocom et les autres niveaux de pouvoir ?

· Comment la prévention, la promotion et la prise en charge des maladies chroniques en général et du diabète plus particulièrement, sont-elles organisées au niveau bruxellois ? Et par les institutions qui dépendent de vos compétences ? Le Collège réuni mène-t-il des campagnes de sensibilisation ou organise-t-il des actions de promotion et de prévention sur le terrain ?

· Que pensez-vous du projet Care test ?
Une analyse préliminaire nous apprend déjà que 1/5
ème des patients devraient être renvoyés vers le médecin pour diagnostic (6). La Cocom soutient-elle ce projet ? Peut-elle le promouvoir auprès des autres communes bruxelloises ?

· Enfin, la problématique du diabète a été insérée dès 2006 dans le Plan national nutrition santé mais il n’existe pas de Plan national propre au diabète, à ma connaissance. Le Collège réuni plaide-t-il en cette faveur ?

https://www.arte.tv/fr/videos/080158-000-A/diabete-une-addition-salee/
https://www.sciensano.be/fr/sujets-sante/diabete
https://www.dhnet.be/actu/sante/voici-combien-il-y-aurait-de-types-de-diabete-5aa40f1dcd702f0c1a3cb51c
Idem
https://www.apb.be/fr/corp/Pages/default.aspx
https://www.dhnet.be/regions/bruxelles/diabete-les-habitants-de-laeken-molenbeek-et-anderlecht-peuvent-se-faire-depister-gratuitement-600a9faad8ad5844d19f8012
 
 
Réponse    Sur base de l’enquête santé par interview de 2018 sur base des données de l’agence intermutualiste, nous pouvons estimer que près de 6% des Bruxellois sont atteints de diabète. Attention ces chiffres sont basés, pour l’un sur une déclaration par la personne elle-même, pour l’autre sur base de la consommation de médicaments antidiabétiques. Il s’agit donc d’une sous-estimation car l’on sait que nombre de patients diabétiques s’ignorent. De plus ces données concernent des personnes inscrites au registre national et qui ont accepté de répondre à l’enquête ou des personnes inscrites auprès d’une mutuelle. Il y a donc un biais de sélection probable avec une sous-représentation des catégories de personnes les plus vulnérables.

Le diabète touche particulièrement les personnes à partir de 45 ans. Avant 25 ans, cela concerne moins d’un demi-pourcent des Bruxellois. Entre 65 et 74 ans cela touche plus de 17% des femmes et 24% des hommes.

Avant 45 ans, les femmes sont plus souvent affectées tandis qu’au-delà, la maladie est plus souvent présente chez les hommes.

Le suivi médical n’est pas toujours optimal. Selon l’enquête santé, 5% de la population a un diabète soit méconnu soit insuffisamment pris en charge.

Au niveau des inégalités socio-économique, on observe une fréquence plus élevée du diabète lorsque le revenu de la personne diminue. Les 20% de personnes les plus pauvres ont 47% de risque en plus d’être suivies pour un diabète que la moyenne Bruxelloise. Ce risque diminue au fur et à mesure que l’on monte dans les catégories de revenus. Pour plus de détails à ce sujet, permettez-moi de vous renvoyer vers la très bonne étude sur les inégalités sociales de santé en région bruxelloise publiées par l’Observatoire de la Santé et du Social en 2019.

Malheureusement, nous ne disposons pas d’informations sur l’impact du covid19 sur le suivi des patients diabétiques. La société health One qui édite un logiciel médical a annoncé une diminution de 7% des consultations en médecine générale en 2020 par rapport à 2019 mais rien ne permet de dire que cela a eu un impact sur le diabète en particulier.

Vous l’avez dit, les causes sous-jacentes du diabète sont à rechercher dans les déterminants sociaux de la santé. C’est dans ce cadre qu’il faut voir notre action dans la lutte contre la pauvreté, les actions que je porte en région dans le cadre du plan good food, y compris la promotion d’une alimentation saine et accessible à tous, les projets de réduction de l’exposition aux perturbateurs endocriniens, la réduction de la pollution de l’air par exemple.

Un protocole d’accord a été signe en mars 2016 en CIM santé définissant les domaines de collaboration entre entités dans le domaine de la prévention et la nutrition est un des axes de travail. Il n’y a cependant, vu la crise que nous connaissons, pas encore eu de réunion de travail sur les suites de ce plan.

La COCOF et la Vlaamse Gemeenschap travaillent aussi ces questions au bénéfice de la population bruxelloise.

La COCOM, en collaboration avec l’autorité Fédérale développe une approche intégrée des soins pour les malades chroniques à travers le projet BOOST coordonné par Brusano. Le diabète est l’une des quatre pathologies prioritaires du projet.

Le projet développe une vision centrée sur les objectifs du patient et prenant en compte ses besoins dans une définition large de la santé.

Je n’ai pas d’informations au sujet du projet caretest de la Ville de Bruxelles à ce stade.

La vision que nous portons de la promotion de la santé est une vision plus large visant à agir sur le bien-être global de la personne et pas spécifiquement sur la prévention de l’une ou l’autre pathologie. Dans ce cadre, il ne semble pas opportun de développer un plan « diabète » mais plutôt de l’intégrer dans notre approche holistique.