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Question écrite concernant la consommation d'antidépresseurs en Région de Bruxelles-Capitale et la politique de coordination de la COCOM en la matière

de
Bianca Debaets
à
Elke Van den Brandt et Alain Maron, membres du Collège réuni en charge de l'action sociale et de la santé (question n°607)

 
Date de réception: 21/07/2022 Date de publication: 20/09/2022
Législature: 19/24 Session: 21/22 Date de réponse: 19/09/2022
 
Date Intitulé de l'acte de Référence page
18/08/2022 Recevable
14/09/2022 Annexe à la réponse p.m. Annexe
 
Question   

Selon une étude des mutualités libérales, la crise du coronavirus a entraîné une forte augmentation de la demande d'antidépresseurs. En 2020, on a noté une augmentation de 10 % dans la tranche d'âge des 19 à 24 ans par rapport à l'année précédente. Globalement, le nombre de Belges sous antidépresseurs serait resté stable entre 2018 et 2020, selon Sciensano. Quelque 9 % de la population, principalement des femmes, prendraient des antidépresseurs.

C'est pourquoi je voudrais vous poser les questions suivantes :

  • Disposez-vous de chiffres sur la consommation d’antidépresseurs en Région de Bruxelles-Capitale ? Confirment-ils les conclusions de l'étude des mutualités libérales ? Pouvez-vous ventiler ces chiffres en fonction du sexe et de la tranche d'âge du patient ? Quelle évolution notez-vous dans ces chiffres ? Y a-t-il des indications selon lesquelles cette consommation et/ou le nombre d'antidépresseurs prescrits ont changé à la suite de la crise du coronavirus ? Comment évaluez-vous l'ampleur de ce problème ? Quelles mesures le Collège prend-il dans ce cadre afin de s'assurer que la consommation d’antidépresseurs soit correcte ou afin de la réduire si possible ?

  • Disposez-vous de chiffres permettant de comparer la consommation d'antidépresseurs dans la Région de Bruxelles-Capitale avec la situation dans les autres Régions ou d'autres villes (internationales) ? Dans l’affirmative, pouvez-vous en dire plus ?

  • Quel budget la Cocom alloue-t-elle à la coordination de la consommation d’antidépresseurs ? Quelles campagnes concrètes sont-elles menées à cet égard ? Dans ce dossier, comment coopère-t-on avec le niveau fédéral ou certains acteurs (para)médicaux, tels que les médecins généralistes, les hôpitaux, les infirmières, les pharmaciens, etc. ?

  • Comment la Cocom contribue-t-elle à la recherche scientifique sur la consommation d’antidépresseurs ? Quelles actions et quels moyens sont-ils prévus à cette fin ?

 
 
Réponse    Q1
Tout d'abord, il est important de faire la distinction entre l'utilisation de soins de santé (mentale)/médicaments et l'état de santé mentale. En Région bruxelloise, bien plus que dans les autres régions, on constate une importante sous-consommation de soins. Les personnes rencontrent toutes sortes d'obstacles (financiers, socioculturels, d’offre, etc.) qui les empêchent d'être diagnostiquées et/ou de recevoir les médicaments et/ou la thérapie nécessaires. L'Observatoire de la Santé et du Social de Bruxelles-Capitale l'a clairement démontré dans le dossier sur les inégalités sociales de santé :
Dossier 2019/2 – Tous égaux face à la santé à Bruxelles? Données récentes et cartographie sur les inégalités sociales de santé :

p. 18 « Bien que la prévalence de la dépression soit supérieure parmi les groupes socioéconomiques les moins favorisés, la consommation d’antidépresseurs (≥ 90 DDD, N06A) est moins élevée pour ces mêmes groupes (voir figure 12a ; part totale parmi les Bruxellois : 6,37/100). Les différences ne sont pas très importantes, mais significatives. Ainsi, le groupe le moins favorisé a un risque de 9,5 % inférieur à la moyenne de consommer des antidépresseurs, tandis que le groupe “revenus hauts” a un risque de 6,4 % supérieur à la moyenne. Cette sous-consommation d’antidépresseurs par rapport à la moyenne parmi les trois groupes socioéconomiques inférieurs ne s’observe pas en Flandre et en Wallonie. »


En ce qui concerne la consommation de médicaments, les chiffres les plus récents sont disponibles auprès de l'Agence InterMutualiste, qui compile les différentes données de remboursement de toutes les mutualités :
https://atlas.ima-aim.be/ - TABLEAU 1

Cependant, nous ne voyons pas encore de nette augmentation de l'utilisation des antidépresseurs en 2020 et ce, dans toutes les régions. Cela s'explique par le fait que les chiffres de l'AIM sont toujours basés sur la période comptable de janvier de l'année civile -1 à mars de l'année civile, et ce tant pour les chiffres basés sur la base de données Soins de santé que sur la base de données Pharmanet (voir :
CONCEPTUALISATION du sous-projet 001 : statistiques de référence pour la population (ima-aim.be)). Pour 2020, il s'agit alors de la période comptable allant de janvier 2019 à mars 2020. Autrement dit, la crise du Covid-19 n'est pas encore prise en compte dans les chiffres de 2020.


En ce qui concerne l’état de santé mentale, les enquêtes de santé Covid de Sciensano sont une bonne source. Celles-ci ont en effet montré que la crise du Covid a eu un fort impact sur la santé mentale des Bruxellois, tout comme sur celle des Belges. La santé mentale a varié selon les différentes vagues de l'épidémie (chiffres belges): TABLEAU 2

Les chiffres pour les différentes régions sont disponibles auprès de l'Agence InterMutualiste.  On constate que l'utilisation d'antidépresseurs est plus faible à Bruxelles qu'en Flandre et en Wallonie.


Le remboursement de la consommation de médicaments est une compétence fédérale. Le Plan Santé Social intégré (PSSI) contient des sections importantes sur la santé mentale et sur la coopération entre les soins de première et de deuxième ligne.

L’Observatoire de la Santé et du Social de Bruxelles-Capitale a pour mission de suivre systématiquement l'état de santé des Bruxellois, y compris la santé mentale. La COCOM subventionne également plusieurs associations de lutte contre la toxicomanie, comme la Plateforme Bruxelloise pour la Santé mentale (la subvention est accordée pour le fonctionnement général, la coordination et la concertation en matière d’addictions).