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Question écrite concernant le nombre de cas de troubles alimentaires en Région de Bruxelles-Capitale et la politique de coordination de la Cocom à cet égard

de
Bianca Debaets
à
Elke Van den Brandt et Alain Maron, membres du Collège réuni en charge de l'action sociale et de la santé (question n°636)

 
Date de réception: 12/10/2022 Date de publication: 20/12/2022
Législature: 19/24 Session: 22/23 Date de réponse: 07/12/2022
 
Date Intitulé de l'acte de Référence page
27/10/2022 Recevable
 
Question   

Un reportage de l'émission Pano de la VRT a révélé fin septembre que le nombre de jeunes de moins de 16 ans souffrant d’un trouble alimentaire a clairement augmenté depuis le début de la crise du covid. L’émission a révélé que cette augmentation était perceptible dans les institutions de soins partout en Flandre; mais le PAika, l'unité de pédopsychiatrie de l'UZ Brussel, a également confirmé recevoir trois à quatre nouveaux cas par semaine. Soit pas moins du double, par rapport à la période pré-covid. En outre, l'âge moyen des jeunes présentant un trouble alimentaire diminue, ce qui est également très inquiétant puisque, selon les experts, il faut en moyenne sept ans pour s'en remettre (physiquement et mentalement).

Je voudrais donc vous poser les questions suivantes :

  • Disposez-vous de chiffres indiquant le nombre de cas de troubles alimentaires en Région de Bruxelles-Capitale ? Pouvez-vous ventiler ces chiffres en fonction du trouble alimentaire en question, du sexe et de la tranche d'âge du patient en question, ainsi que de sa commune de résidence ? Quelle évolution notez-vous dans ces chiffres ? Y a-t-il des éléments indiquant que l’ampleur de ce problème a changé à la suite de la crise du covid? Dans l’affirmative, pouvez-vous en dire plus ?

  • Disposez-vous de chiffres vous permettant de comparer l'ampleur de ce problème dans la Région de Bruxelles-Capitale avec la situation dans les autres Régions ou d'autres grandes villes ? Dans l’affirmative, pouvez-vous détailler ?

  • Pouvez-vous expliquer quel budget la Cocom libère pour la coordination et le traitement des troubles alimentaires ? Pouvez-vous le ventiler par poste budgétaire ? Quelles initiatives propres la Cocom a-t-elle lancées à cet égard ?  L’a-t-elle fait par le biais d'appels à projets ? Dans l'affirmative, pouvez-vous donner un aperçu des projets sélectionnés ? Comment les initiatives des Communautés en la matière ont-elles été soutenues ?

  • Comment la Cocom coopère-t-elle avec le niveau fédéral ou certains acteurs (para)médicaux sur cette question, comme les diététiciens, les médecins généralistes, les hôpitaux, les infirmières, les pharmaciens, etc. ?

  • Comment la Cocom contribue-t-elle à la recherche scientifique sur les troubles alimentaires, en particulier pour leur traitement et la lutte contre ces troubles au sein de la Région de Bruxelles-Capitale ? Quels actions et moyens sont-ils prévus à cet effet ?

 

 
 
Réponse    Les enquêtes de 2013 et 2018 menées par Sciensano nous montre que :
- le pourcentage de la population belge qui présente des signes de troubles du comportement alimentaire est plus élevé dans le groupe d'âge le plus jeune (15 à 24 ans) (13,7% et 16% pour les filles) et diminue avec l'âge (25-34 ans : 10,2% ; 35-44 ans : 7,7% ; 45-54 ans : 7,7% ; 55-64 ans : 5,2% ; 65-74 ans : 2,4% ; 75+ : 3,2%).
- le pourcentage de femmes belges (8,6%) présentant un trouble alimentaire est significativement différent du pourcentage d'hommes (5,7).

En ce qui concerne les troubles du comportement alimentaire pendant la période COVID, les résultats de la 6e enquête de santé pendant la crise covid montrent que par rapport à 2013 (8%) et 2018 (7%), il y a une augmentation du pourcentage (11%) de personnes dans la population belge qui présentent des signes d'un trouble alimentaire. En outre, les études internationales indiquent également que le risque relatif d'être diagnostiqué comme souffrant d'un trouble alimentaire a également augmenté tout au long de l'année 2020. Le risque était particulièrement accru chez les femmes âgées de 10 à 19 ans et plutôt associé au diagnostic d'anorexie mentale.

En ce qui concerne Bruxelles, une prise en charge spécialisée des troubles alimentaires existe dans les unités pédopsychiatriques des hôpitaux suivants: Erasme, HUDERF, Cliniques universitaires Saint Luc, La Ramée ainsi qu’à l’UZ Brussel. Pour ce qui est des chiffres, il faudra adresser votre question au fédéral mais il nous revient que ces indications sont en augmentation. Cette offre hospitalière est suprarégionale et il est dès lors compliqué de comparer notre activité par rapport aux autres régions. On sait par exemple que l’UZ accueille en moyenne 80 à 90% de néerlandophone dans leurs unités de soin psychiatrique.



Cette offre spécialisé est donc hospitalière et dépend donc du fédéral. Au niveau ambulatoire, il n'y a pas de projet spécifique financé par la Cocom en matière de troubles alimentaires concernant les jeunes. Néanmoins, dans le cadre des missions générales des services de santé mentale, entre en compte naturellement les prises en charge de cette problématiques et aussi de travailler avec le réseau du jeune, de collaborer avec le tissu hospitalier.


Ainsi, cette problématique de troubles alimentaires est largement abordée au sein du groupe de travail intercabinet "Soins de santé mentale" et aussi au sein du Comité de la politique de Santé Mentale pour les Enfants, les Adolescents et les jeunes adultes (COMSMEA). Au sein de ce comité, les représentants du gouvernement fédéral, des communautés et des régions, ainsi que les représentants des secteurs, experts et acteurs concernés formulent des recommandations qui sont mises à l'ordre du jour, discutées et validées lors de la Conférence interministérielle de la santé publique.

A ce stade, notre ambition, est de se concentrer sur des points très concrets en vue de s’inscrire dans le programme de soins troubles alimentaires au niveau régional (et communautaire), et ceci dans le but de répondre à un constat soulevé au sein du Groupe de Travail (GT) Troubles alimentaires (TA). Les objectifs bruxellois étant de:
- diffuser les recommandations du GT TA auprès des secteurs agréés, concernés directement et indirectement;
- sensibiliser par une communication adéquate les opérateurs pour qu’ils puissent intégrer ces guidelines à chacun des niveaux concernés (promotion et prévention, première ligne d’aide et de soins, soins en santé mentale ambulatoire/Service de santé mentale-SSM et revalidation/centre de revalidation fonctionnelle-CRF) et en tenant compte des opérateurs du secteur du handicap;
- s’assurer que le secteur hospitalier, ressource principale en matière de prise en charge aigue des troubles des conduites alimentaires-TCA, tient compte dans sa pratique thérapeutique et de réseau (ne pas se limiter à la psychiatrie et la pédopsychiatrie) de ces guidelines;
- encourager l’ensemble des partenaires à faire des propositions ou à faire connaitre leurs pratiques vis-à-vis du public cible, pour renforcer le programme;
- développer les moyens de former et d’informer (sensibilisation et formation des acteurs de première ligne, et des acteurs de l’accompagnement et du soin);
- collaborer avec la FWB pour répondre adéquatement et assurer une couverture complète des besoins, y compris pour
- réaliser un cadastre des ressources en matière de prise en compte des TCA à tous les niveaux en matière de Formation – Sensibilisation / Actions préventives / détection et intervention suffisamment précoces / soins de santé mentale ambulatoire et soins de 3ème ligne aigus et spécialisés / réadaptation;
- développer parallèlement un système d’enregistrement des données utiles en matière de TCA pour la première ligne (en particulier les MG et les projets personnalisés de scolarisation - PPS), les services sociaux, Centre Psycho-Médico-Social (PMS) et les services de santé mentale-SSM (non exhaustif).
- se doter d’un centre d’expertise et de référence qui accueille et prenne en charge les demandes d’aide, de conseil et d’encadrement, de diagnostic et d’orientation pour répondre à la nécessité d’optimiser la prise en compte et la prise en charge des TCA pour les bénéficiaires, leur entourage et leur contexte.