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Question écrite concernant le nombre de grossesses (non désirées)

de
Bianca Debaets
à
Elke Van den Brandt et Alain Maron, membres du Collège réuni en charge de l'action sociale et de la santé (question n°665)

 
Date de réception: 13/01/2023 Date de publication: 20/03/2023
Législature: 19/24 Session: 22/23 Date de réponse: 15/02/2023
 
Date Intitulé de l'acte de Référence page
19/01/2023 Recevable
15/02/2023 Annexe à la réponse p.m. Annexe
 
Question   

Avoir un enfant est souvent l'un des événements les plus marquants de la vie d'une personne. Pendant la crise du covid, plusieurs experts ont encore mis en garde contre un éventuel baby-boom, étant donné qu’en raison des périodes de confinement, les gens étaient souvent obligés de rester ensemble jour et nuit. L'anxiété et le stress de ces périodes ne constituaient pas un environnement favorable à d'éventuelles grossesses, a-t-on immédiatement rétorqué.

Bien sûr, toutes les grossesses ne sont pas planifiées ou souhaitées. En effet, les chiffres officiels sur l'avortement sont rares. Les statistiques de 2017 montraient encore qu'un cinquième du nombre total d'avortements en Belgique avait lieu en Région de Bruxelles-Capitale. Près de 10 % de tous les avortements pratiqués dans notre pays à cette époque concernaient des filles âgées de 15 à 19 ans.

Je voudrais donc vous poser les questions suivantes :

  • Disposez-vous de chiffres indiquant le nombre total de grossesses et d'avortements en Région de Bruxelles-Capitale pour 2022 ? Dans l’affirmative, ces chiffres sont-ils comparables à ceux des années précédentes ? Pouvez-vous préciser si on note un "effet coronavirus" dans ces chiffres ? Connaissez-vous le profil moyen des femmes qui interrompent leur grossesse ?

  • Quelle est votre politique de suivi de la grossesse et de planning familial en Région de Bruxelles-Capitale ? Comment évaluez-vous cette politique ?

  • Comment misez-vous en particulier sur le suivi de la grossesse et la sensibilisation aux grossesses non désirées ou non planifiées ? Quelles concertation structurelle et quelle coopération existe-t-il à cet égard avec les Communautés, les hôpitaux et les autres organisations concernées ? Des actions spécifiques ont-elles été entreprises à cet égard, dans le cadre de la crise du covid et du confinement ?

 

 

 
 
Réponse    Q1

(Annexe 1)
Si l'on observe le nombre annuel d'enfants nés vivants en Région de Bruxelles-Capitale entre 2012 et 2022, on arrive à la conclusion que le nombre de naissances (et donc le nombre de grossesses aussi) est en baisse depuis un certain temps. Ce graphique ne va que jusqu'en 2021, les chiffres pour décembre 2022 n'étant pas encore disponibles. Cependant, sur la base des chiffres de janvier 2022 à novembre 2022, il semble que cette baisse se soit poursuivie en 2022.

Il n'est pas possible de répondre de manière univoque à la question de savoir si on peut constater un effet de la crise sanitaire : après tout, les taux de natalité sont toujours sujets à des fluctuations. Les baisses que nous observons en 2020 et 2021 ne sont pas suffisamment importantes pour suggérer qu'elles sont réellement liées à la crise sanitaire. Certains chiffres attirent le regard : en janvier 2021, par exemple, le nombre de naissances a été inférieur à ce qui est normalement le cas pour ce mois. Janvier 2021 a donc eu lieu environ 9 mois après le début de la pandémie et le premier confinement. Cependant, il est difficile d'attribuer une cause exacte sur la base de tels chiffres : s'agit-il du simple fait que les personnes avaient moins de liberté de mouvement et se voyaient moins ? Les couples ont-ils pris la décision consciente de retarder la grossesse (en raison de l'incertitude quant à l'évolution de la pandémie) ? De tels chiffres ne peuvent pas apporter de réponses à ces questions. En général, il faut veiller à ne pas surinterpréter les chiffres de la population. Des recherches ciblées (qualitatives) sont nécessaires pour mieux comprendre ce phénomène.
(Annexe 2)

Il n'existe actuellement pas encore de chiffres officiels sur le nombre d'interruptions de grossesse dans la Région de Bruxelles-Capitale entre 2020 et 2022. La Commission nationale d’évaluation interruption de grossesse rédige un rapport officiel tous les deux ans. La prochaine version, qui couvrira les années 2020 et 2021, sera rédigée d'ici fin février 2023, puis soumise au Parlement fédéral. Plus de données seront disponibles pour le grand public à partir de mars 2023.

Cependant, le graphique ci-dessus indique qu'il y a apparemment eu une légère diminution du nombre d'interruptions de grossesse dans la Région de Bruxelles-Capitale entre 2014 et 2019, mais ces chiffres sont aussi sujets à des fluctuations (le chiffre était plus élevé en 2018 qu'en 2017 et 2019, par exemple).
(Annexe 3)


Pour avoir une vision un peu plus précise du nombre d'interruptions de grossesse à Bruxelles depuis le début de la crise sanitaire, nous avons contacté VUB-Dilemma, le centre néerlandophone pour l'avortement et les grossesses imprévues de la Région de Bruxelles-Capitale. En moyenne, environ 1 interruption de grossesse sur 5 par an à Bruxelles est réalisée dans ce centre. Il faut également interpréter ces chiffres avec prudence, car ils ne sont qu'une approximation de toutes les interruptions de grossesse qui ont eu lieu à Bruxelles au cours de ces années.

Le graphique ci-dessus suggère que le nombre d'interruptions de grossesse (réalisées par VUB-Dilemma) est resté stable entre 2018 et 2021 (682 par an en moyenne), l'année 2022 montrant une légère augmentation avec 763 interruptions de grossesse réalisées. Là encore, la prudence s'impose : ce type de chiffres semblant fluctuer, ne donne pas une image complète pour l'ensemble de Bruxelles et il est difficile de dire avec certitude quelle est la cause de cette augmentation tant que tous les chiffres de la RBC ne sont pas disponibles et que le rapport de la Commission nationale d’évaluation interruption de grossesse ne permet pas de mieux connaître le profil des femmes qui décident d'interrompre une grossesse et les motifs qu'elles invoquent pour le faire.


En ce qui concerne le profil moyen, il convient tout d'abord de rappeler qu'à ce stade, on attend toujours (en mars 2023) le rapport de la Commission nationale d’évaluation interruption de grossesse qui portera sur les années 2020, 2021 et 2022. Néanmoins, nous pouvons volontiers vous donner un bref aperçu de certains chiffres ci-dessous, qui concernent tous l'année 2019 (l'année la plus récente pour laquelle des données complètes sont disponibles). Ces chiffres portent sur l'ensemble de la population belge.

- Domicile : environ 1 interruption de grossesse sur 5 (19,8%) en Belgique a eu lieu chez des femmes vivant dans la Région bruxelloise. Cela n'est pas surprenant en soi, car Bruxelles est non seulement de loin la plus grande ville de Belgique, mais sa structure démographique est également beaucoup plus jeune que celle des autres régions. Les femmes plus jeunes sont tout simplement plus susceptibles de subir une interruption de grossesse, ce que le rapport montre aussi clairement.

- Âge : comme en 2017, près de 1 avortement sur 10 en Belgique en 2019 a eu lieu chez des filles âgées de 15 à 19 ans. Par ailleurs, la plupart des interruptions de grossesse (près de 1 sur 5) se produisent dans la tranche d'âge des 25-29 ans.

- Situation familiale : la grande majorité des femmes qui subissent une interruption de grossesse sont célibataires (75,7%). En outre, 43,9% de toutes les interruptions de grossesse ont lieu chez des femmes qui n'ont pas encore d'enfants.


En 2019, les trois raisons les plus fréquemment mentionnées pour procéder à une interruption de grossesse sont les suivantes :
- 17,9 % ont déclaré qu'elles ne souhaitaient pas avoir d'enfants pour le moment.
- 9,5 % ont déclaré avoir déjà une ‘famille complète’.
- 5,8% ont déclaré qu'elles se sentaient encore trop jeunes pour être mères.


Q2

'Born in Brussels', une plateforme d'information périnatale destinée au grand public et aux professionnels, a été lancée en septembre 2022 avec l'aide de nombreux professionnels médicaux, paramédicaux et sociaux du secteur périnatal. ‘Born in Brussels’ vise également à renforcer l'existence d'un réseau professionnel périnatal bruxellois en offrant une plateforme où les collègues peuvent s'informer, poser des questions ou proposer des partenariats. Ce réseau de professionnels vise également à renforcer l'échange et le partage de bonnes pratiques (au-delà des frontières linguistiques et sectorielles). Le projet est nouveau et (même s'il a bénéficié d'une campagne de promotion) encore en développement.

Le public peut également poser des questions auxquelles l'équipe de Born in Brussels’ répond, avec l'aide d’acteurs de soins et de soutien. Ces questions sont également l'occasion pour l'équipe élargie de l'Observatoire de la Santé et du Social de mieux comprendre les besoins des futurs et jeunes parents ou des professionnels du secteur périnatal en Région bruxelloise.

Le site web ‘Born in Brussels’ comporte plusieurs rubriques. Elles fournissent des informations de la préconception à l'âge de 2,5 ans. Voici quelques exemples:

- ‘Avant la grossesse > Désir d’enfant et grossesse’ offre des informations sur les grossesses non planifiées ou non désirées.
- ‘Suis-je enceinte’ comprend des informations sur les tests de grossesse, les procédures, notamment pour les mineures enceintes.
- ‘Difficultés dans le couple’ propose des informations sur les difficultés dans le couple (par exemple, la violence domestique) pour attirer l'attention sur la nécessité de réfléchir à la décision d'avoir un enfant.

Afin d’accompagner au mieux le public, la rubrique ‘Qui peut m'aider à Bruxelles ?’ figure en haut de chaque page du site web ‘Born in Brussels’. Dans cette rubrique, on trouve une liste pratique de toutes sortes de professionnels, d'associations, d'organisations, de centres de soins et de centres de soutien à la parentalité.
Nous tenons également à souligner que ‘Born in Brussels’ ne doit pas être confondu avec le projet ‘Born in Belgium Pro’, un outil numérique proposé aux professionnels impliqués dans la prise en charge des femmes enceintes. Cette plateforme en ligne centralise les informations sur la situation psychosociale des femmes enceintes pour les travailleurs (para)médicaux et sociaux du secteur périnatal en Belgique.

Concertation et coopération :
‘Born in Brussels’ tient évidemment compte des avis des professionnels qui consultent le site web et de nombreux professionnels ont contacté ‘Born in Brussels’ depuis sa création pour faire des présentations, envoyer des affiches du projet ou conclure plusieurs partenariats. Vous trouverez ci-dessous une liste d'exemples de concertation et de coopération structurelles :

- Tous les bourgmestres et échevins impliqués dans la petite enfance et les CPAS de la Région bruxelloise ont reçu une lettre d'information et des affiches sur Born in Brussels.
- La maternité de Saint-Pierre a proposé de participer à la rédaction d'un nouveau contenu concernant les bébés prématurés.
- Born in Brussels, ainsi que ses partenaires, dont le Expertisecentrum Kraamzorg Volle Maan, ont eu l'occasion de présenter le projet lors d'une réunion bisannuelle du Perinataal Netwerk Brussel en octobre 2022.

- Le CPAS de Watermael-Boitsfort a invité ‘Born in Brussels’ à présenter le projet lors d'une réunion de la commissie Kinderopvang le 21 septembre 2022.

- La présentation de Born in Brussels au Vroedvrouwenkring Brussel est prévue pour le 14 mars 2023. Les sages-femmes de ce réseau néerlandophone recevront une démonstration du site web et des informations sur l'utilisation de l’agenda périnatal.
- Un article sur les fonctions du nouvel agenda périnatal sera diffusé par le biais de la lettre d'information de Born in Brussels et des présentations personnalisées seront proposées aux professionnels souhaitant utiliser l'agenda.
- Un agenda commun entre ‘Born in Brussels’ et ‘Born in Belgium Pro’ est en cours de finalisation et sera opérationnel à la fin du mois de janvier. Il permettra aux professionnels d'ajouter des événements destinés tant aux professionnels qu'aux futurs et jeunes parents.
- Une rubrique ‘
Hôpitaux avec pédiatrie’ est disponible via le site web hospichild.be et rassemble des informations pertinentes sur les hôpitaux disposant de services de maternité, d'urgences pédiatriques, de services pédiatriques, de services pédopsychiatriques, ainsi qu'une série d'informations pratiques. Ces informations sont collectées avec l'aide des hôpitaux. Des lettres d'explication et des affiches du projet ont été envoyées à chaque hôpital concerné. Un suivi aura lieu au cours de l'année 2023 pour renforcer le partenariat avec les services de maternité en particulier.


Actions spécifiques pendant la crise sanitaire et le confinement :
Dans la rubrique ‘Grossesse, bien-être > Suivi prénatal - préparation à l'accouchement’, un article est consacré aux informations et recommandations concernant la grossesse, l'accouchement et la Covid-19. Ces informations seront bien sûr mises à jour en fonction des nouvelles connaissances.
Il est important de noter que le site web de ‘Born in Brussels’ a été lancé après la crise sanitaire et les mesures de confinement ayant le plus grand impact.

Nous avons également en 2022 lancé une initiative de soutien aux équipes de sages-femmes en première ligne, en subsidiant des équipes afin de mieux répondre aux besoins de santé primaire des bruxelloises (comme par exemple la planification des naissances). Ce subside couvre les frais d’organisation non prévus par le financement fédéral des soins de santé, typiquement : les frais de coordination d’équipe et les contacts avec les autres professionnels de première ligne et ceux des hôpitaux.

Pour l’octroi de ce subside nous tenons compte de la couverture territoriale (au moins 4 communes) de l’équipe, aux services offerts (par exemple garantir la continuité des soins pré et postnataux avec l’hôpital, organiser des consultations prénatales), et le suivi d’indicateurs (par exemple, le nombre de complications potentielles dépistées, le nombre de contacts avec des gynécologues pour passer la main, etc.). Nous exigeons également que ces équipes passent des conventions de collaboration avec les hôpitaux et qu’elles échangent des bonnes pratiques avec les planning familiaux et les maisons médicales.

Le budget de ce subside était en 2022 de 60 000€ pour 2 équipes, et en 2023 il devrait être de 360 000 € pour 4 ou 5 équipes.
En 2023, dans le cadre du PSSI, nous allons également commencer à construire avec tous les acteurs concernés une meilleure stratégie périnatale à Bruxelles.

Le nombre de naissances est en réalité (légèrement) plus élevé que dans les statistiques officielles publiées par Statbel : les candidats réfugiés, les personnes ayant un statut diplomatique et les personnes en situation irrégulière, par exemple, ne sont pas inclus dans ces chiffres.

https://www.bornin.brussels/avant-la-grossesse/desir-denfant-et-grossesse/interruption-volontaire-de-grossesse/
https://www.bornin.brussels/avant-la-grossesse/suis-je-enceinte/
https://www.bornin.brussels/avant-la-grossesse/difficultes-dans-le-couple/
Het aantal geboortes ligt in werkelijkheid (iets) hoger dan in de officiële statistieken gepubliceerd door Statbel: kandidaat-vluchtelingen, personen met een diplomatiek statuut en onregelmatig binnengekomen of verblijvende personen worden bijvoorbeeld niet in deze cijfers opgenomen.
https://www.bornin.brussels/nl/voor-de-zwangerschap/kinderwens-en-zwangerschap/vrijwillige-zwangerschapsonderbreking/
https://www.bornin.brussels/nl/voor-de-zwangerschap/ben-ik-zwanger/
https://www.bornin.brussels/nl/voor-de-zwangerschap/relatieproblemen/