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Question écrite concernant la lutte contre les algues bleues.

de
David Weytsman
à
Alain Maron, Ministre du Gouvernement de la Région de Bruxelles-Capitale chargé de la Transition climatique, de l'Environnement, de l'Énergie et de la Démocratie participative (question n°23)

 
Date de réception: 10/09/2019 Date de publication: 22/10/2019
Législature: 19/24 Session: SO19 Date de réponse: 22/10/2019
 
Date Intitulé de l'acte de Référence page
09/10/2019 Recevable p.m.
 
Question    Durant l’été qui vient de s’achever, la presse s’est fait le relais de différentes informations concernant la présence d’algues bleues dans les étangs de la Région Bruxelloise. Il semblerait que depuis quelques années, ces cyanobactéries, plus connues sous le nom d’algues bleues, soient massivement présentes dans les étangs et lacs de la Région bruxelloise. Le développement de ces bactéries est notamment favorisé par les changements environnementaux (canicule, sécheresse, eaux troubles…).

Au mois de juillet, des analyses ont démontré également la présence d'algues bleues, potentiellement toxiques, dans le canal de Bruxelles.

Le contact avec ces cyanobactéries peut être dangereux pour les humains et les animaux. Il peut en effet provoquer des irritations des yeux ou de la peau mais également avoir des conséquences plus sérieuses telles que de graves troubles gastriques ou intestinaux. Dangers qui ont d’ailleurs entraîné durant l’été une interdiction totale de baignade à plusieurs endroits en Région bruxelloise.

Monsieur le Ministre, cet état de fait amène plusieurs questions :

I/ Pouvez-vous nous faire un état des lieux post estival sur l’ensemble des données recueillies concernant les algues bleues : où sont elles présentes? En quelle quantité? Quelle comparaison peut-on faire avec les années précédentes? Quelles décisions ont été prises pour protéger la population ou la faune et la flore?
II/ Pouvez-vous nous dire ce qui a été fait pour contrer cette « invasion » d’algues bleues? La Région flamande essaye de réduire leur présence notamment avec une nouvelle technique dite des « tapis de plante ». Est-ce que cela est prévu en Région bruxelloise?
 
 
Réponse    L’été 2019 a été le plus chaud jamais enregistré en Belgique (code rouge IRM) et il a connu peu de jours de précipitations ce qui a provoqué une prolifération de cyanobactéries communément appelées « algues bleues », particulièrement visible dans le Canal.

Les cyanobactéries, ou algues bleues, sont des bactéries formant des structures de type micro-algues qui se développent dans les eaux stagnantes (canal, étangs…). Sous certaines conditions, elles peuvent proliférer très rapidement et former des efflorescences (ou « blooms »), en particulier en cas de forte concentration en nutriments, de hautes températures, d’eaux troubles et de faible renouvellement d’eau. Certaines cyanobactéries produisent des toxines qui peuvent être dangereuses pour l’homme (rares cas de mortalité), et dans une plus grande mesure pour les animaux de compagnie et la faune liée au milieu aquatique. En outre, un grand nombre de cyanobactéries associé à des plantes respirant de l’oxygène la nuit peut entraîner une chute temporaire du niveau d’oxygène, ce qui est problématique pour les autres formes de vie aquatique.

Bruxelles Environnement ne dispose pas encore des résultats du monitoring biologique trisannuel quant à la présence de cyanobactéries dans le Canal et les 3 étangs suivis (l’étang de Boitsfort, l’étang long du Parc de Woluwe et le grand étang Mellaerts).
Toutefois, même en l’absence de ces résultats, il a pu être constaté que 5 des 54 plans d’eau gérés par Bruxelles Environnement ont été touchés par un bloom d’algues bleues. Il s’agit de
- L’étang du Leybeek, à W-B ;
- L’étang Parc Roi Baudouin Phase 1, à Jette ;
- L’étang des Pêcheries Royales, à W-B ;
- L’étang du Rouge-Cloître 3, à Auderghem (mousse dans la partie aval) ;
- L’étang de Tercoigne, à W-B (début de mousse dans la partie aval).

Les étangs communaux qui ont été le plus touché cet été sont :
- L’étang du parc des Etangs (Etang Marius Renard) à Anderlecht ;
- Le moyen étang de la Pede à Anderlecht.

Bruxelles Environnement privilégie la gestion préventive des crises de cyanobactéries, notamment via:
- La suppression des déversements du réseau d’égout ou point de rejet encore existants (en collaboration avec Vivaqua) ;
- La sensibilisation des usagers quant à l’interdiction de nourrir les oiseaux ;
- Le contrôle des populations de poissons et la limitation du nourrissage
- le renouvellement de l’eau en reconnectant les étangs au réseau hydrographique et en envoyant les eaux de pluie aux étangs
- Le renforcement de la capacité d’autoépuration des étangs en végétalisant certaines parties (végétalisation des berges, installation de roselière, installation d’île flottante végétalisée,…)

Dès qu’un risque de prolifération de cyanobactéries est identifié, Bruxelles environnement installe des panneaux d’affichage ainsi qu’une fiche didactique autour de l’étang afin de mettre en garde et informer les usagers des parcs.
Au niveau curatif, des mesures d’urgence peuvent être prises comme la mise à sec de l’étang à titre exceptionnel, en cas de risque pour la santé publique lorsque nous sommes en présence de cyanobactéries produisant des substances toxiques. Cette mesure a été mise en oeuvre de manière conjointe par Bruxelles Environnement et la commune d’Anderlecht pour l’étang moyen de la Pede.

Le Port de Bruxelles a communiqué que les concentrations relevées dans le Canal au plus fort de la canicule ne dépassaient pas le seuil sanitaire mais la présence d’algues bleues fut la plus impressionnante au regard des étés précédents. Les fortes chaleurs conjuguées à de faibles précipitations et à une navigation quasi à l’arrêt ont été propices à leur développement. Bruxelles Environnement évalue actuellement la possibilité de former son personnel de laboratoire à l’identification des cyanobactéries.

Il n’est pas aisé de lutter contre une efflorescence de cyanobactéries déjà en place. Les mesures les plus efficaces et à privilégier sont préventives et consistent en la restauration du fonctionnement naturel de l’écosystème :
- suppression du nourrissage (lutte contre l’eutrophisation),
- restauration du réseau hydrographique et reconnexion des voies naturelles d’écoulement des eaux pluviales (afin d’apporter de l’eau fraîche oxygénée),
- renaturation des berges en présence de plantes épuratrices et oxygénantes,
- rétablissement de l’équilibre et de la biomasse des populations de poissons (certains poissons fouisseurs remettent en suspension les sédiments, ce qui réduit la quantité de lumière disponible pour les plantes aquatiques et favorise les fortes concentrations en nutriments).

On a constaté que l’étang de Rouge-Cloître 2 est resté transparent tout l’été et n’a pas connu de prolifération d’algues. Cela est sans doute dû au retrait des poissons (800 kg) qui a été opéré durant l’hiver 2018-2019.

La restauration de l’équilibre de l’écosystème permet à la masse d’eau de mieux résister aux épisodes climatiques extrêmes et aux pollutions. Par ailleurs, il est possible d’installer des aérateurs qui améliorent localement la circulation d’eau et la quantité d’oxygène dans l’eau. Les tapis flottants de plantes aquatiques tels que ceux installés par la Ville d’Ypres ont le même rôle que les plantes épuratrices et oxygénantes vivant sur la berge ou au fond des étangs ; cette solution est également à l’étude en région bruxelloise, en particulier sur le Canal où la navigation implique de fortes contraintes sur les berges.