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Question écrite concernant les sources hydrauliques bruxelloises.

de
Clémentine Barzin
à
Alain Maron, Ministre du Gouvernement de la Région de Bruxelles-Capitale chargé de la Transition climatique, de l'Environnement, de l'Énergie et de la Démocratie participative (question n°187)

 
Date de réception: 27/01/2020 Date de publication: 23/04/2020
Législature: 19/24 Session: 19/20 Date de réponse: 20/04/2020
 
Date Intitulé de l'acte de Référence page
13/03/2020 Renvoi commission environnement et énergie p.m.
13/03/2020 Recevable Bureau élargi du Parlement
 
Question    Autrefois, chaque village bruxellois avait sa source, souvent dédiée à son Saint-Patron. Aujourd’hui, ces sources ont en partie disparu, sont plutôt méconnues, voir délaissées.

A Bruxelles, un travail collaboratif veut les recenser et les faire mieux connaitre pour leur rendre la place qu’elles méritent dans notre patrimoine collectif.

En revalorisant ce patrimoine, on pourra d’une part soulager les égouts surchargés des risques d’inondation et de l’autre alimenter des points d’eau anciens et ainsi par exemple réinventer le bassin de la Senne.

Je souhaiterais vous poser les questions suivantes :

- L’Asbl Coordination Senne aurait répertorié sur une carte en ligne une septantaine de sources et pourtant seules 21 sources sont officiellement répertoriées dans toute la Région bruxelloise. Quelles sont les raisons de cet écart ? Quels sont les critères de reconnaissance officielle d’une source hydraulique ? La dernière carte qui répertorie ces sources date de 2015. Selon des informations qui nous sont parvenues, une nouvelle carte devrait être éditée ? Pourriez-vous nous dire quand elle sera rééditée? Dans cette réédition, est ce que l’écart s’est résorbé ?

- Une analyse de ces sources a-t-elle été réalisée ? Si oui, ces sources sont-elles potables ? Dans la négative, est-il prévu de les analyser à l’avenir ?

- Depuis 2005, on parle du projet de réouverture de la Senne du parc Maximilien. A l’époque, une étude menée à l’initiative de l’asbl ZenneSenne avait montré qu’un emplacement, à proximité de la Petite Ceinture, était adapté pour y faire revenir la Senne à l’air libre. Récemment, vous aviez déclaré dans la presse vouloir relancer le projet. A cet égard, il semblerait que la Ville de Bruxelles, la Région et Bruxelles Environnement, sont en pourparlers pour repenser le parc Maximilien et y rouvrir la Senne sur 700 mètres. Où en sont les pourparlers de ce projet ? Une étude est-elle en cours ? La presse évoque l’organisation d’un concours international pour choisir le projet définitif. Quand aura lieu ce concours ? Quelle date est prévue pour le lancement du projet? La durée des travaux a-t-elle déjà été estimée ?

- En général, d’autres cours ou sources d’eau seront-ils ouverts au grand public ? Si oui lesquels ?

- Qu’est-il mis en place par Bruxelles Environnement pour revaloriser ce patrimoine hydraulique ? Quels sont les moyens mobilisés à cet effet ?

Monsieur le Ministre, à l’heure du réchauffement climatique, les espaces verts et les points d’eau doivent être plus que jamais revalorisés.
 
 
Réponse    Vous m’interrogez sur l’écart entre le nombre de sources répertoriées par l'AsbI Coordination Senne et les 21 sources officiellement répertoriées dans la Région bruxelloise, et me demandez quels sont les critères de reconnaissance officiels d'une source hydraulique.

Pour qu’une source soit considérée d’un point de vue hydrogéologique, elle doit nécessairement être caractérisée comme étant un point d’exutoire des eaux souterraines, donc une porte de sortie d’une nappe phréatique.

De ce fait, l’observation de venues d’eau provenant du sol doit faire l’objet d’une analyse hydrogéologique préliminaire afin de valider la présence d’une nappe phréatique affleurante alimentant ce point d’eau.

Cette validation a pu être assurée sur l’ensemble des 21 sources répertoriées par Bruxelles-Environnement et devrait être réalisée sur les points d’eau complémentaires observés par l’asbl Coordination Senne.

Rappelons que parmi la septantaine de ‘sources’ répertoriées par Coordination Senne, un bon nombre concerne des sources historiques « disparues », et d’autres sont encore à identifier.

Vous m’interrogez également sur la réédition d’une nouvelle carte répertoriant ces sources.

La carte « Bruxelles, ville d’eau » diffusée largement en version ‘papier’, date en effet de 2015 et est en cours de révision. Une nouvelle édition devrait être disponible courant de cette année. S’il s’avère que des sources recensées par Coordination Senne répondent aux critères hydrogéologiques susmentionnés, Bruxelles Environnement les renseignera sur ces outils de communication (page web, cartes papier,…).

Concernant la réalisation d’analyse de ces sources et le fait qu’elles soient potables ou non, depuis 2004, 14 des 21 sources recensées officiellement ont fait l’objet d’un suivi qualitatif à un moment donné. Parmi celles-ci, 7 ont été intégrées dans les programmes de surveillance qualitatifs des eaux souterraines de la masse d’eau des Sables du Bruxellien. Depuis 2012, la mesure du débit des sources complète ce programme de surveillance (état quantitatif analysé pour 11 sources).

La surveillance qualitative des sources se poursuit et se développe progressivement. Cependant, tous les paramètres qualitatifs pour répondre aux exigences en matière de potabilité de l’eau ne sont pas suivis dans le cadre de la surveillance des sources, notamment en ce qui concerne les paramètres microbiologiques.

Malgré la relativement bonne qualité de certaines de ces eaux de source et compte tenu de l’absence de zones de protection spécifique et de la forte pression anthropique que certaines subissent, il convient de considérer par mesure de précaution que ces sources ne sont pas de l’eau potable.

En réponse à votre question concernant l’ouverture d'autres cours ou sources d'eau au grand public, j’attire votre attention sur le fait que les sources suivies dans le cadre du monitoring qualitatif sont pour la plupart ouvertes au public car elles se situent soit sur des terrains appartenant à des pouvoirs publics et principalement dans des parcs et zone Natura 2000 en Forêt de Soignes, soit le long de voiries.

Vous m’interrogez également sur ce qui est mis en place par Bruxelles Environnement pour revaloriser ce patrimoine hydraulique.

Les sources étant des exsurgences de la masse d’eau des Sables du Bruxellien, toutes mesures de restauration prises pour améliorer cette masse d’eau souterraine ont un effet direct sur la qualité des sources.

La première mesure de revalorisation de ce patrimoine consiste donc en la restauration des eaux souterraines, et particulièrement de la masse d’eau des Sables du Bruxellien (nappe phréatique la plus superficielle du sous-sol bruxellois). Cette action est reprise dans le cadre du Plan de Gestion de l’Eau.

D’autre part, les sources sont considérées comme point d’origine des cours d’eau et sont à ce titre protégées et à mettre en valeur.

Or, par le passé, de nombreuses sources ont été détournées et connectées aux égouts. Bruxelles Environnement veille à reconnecter ces sources au réseau hydrographique (cours d’eau et étangs) dans le cadre du programme de « Maillage bleu » mis en œuvre depuis 1999. Cela a également pour effet d’éviter la saturation du réseau d’égouttage par des eaux propres (dans l’optique de prévenir les risques d’inondation) et d’améliorer le rendement épuratoire des stations d’épuration.

Le Département Eau de Bruxelles Environnement gère la quasi-totalité du réseau hydrographique bruxellois. La mise en valeur et la protection des sources fait également partie de ses missions. Ainsi, souvent en collaboration avec les communes, de nombreuses sources font l’objet d’investigation, de mise en valeur et/ou d’entretien régulier. On peut nommer, en exemple, les réalisations suivantes:

- l’identification de la source du Maelbeek dans l’Abbaye de la Cambre qui est pour le moment « enfouie en pertuis » ;
- à Forest, la recherche des sources du Leibeek à l’Abbaye de Forest et du Calvaire ;
- le travail de mise en valeur des sources présentes dans le parc Josaphat à Schaerbeek.

Dans le cadre d’une nouvelle ordonnance relative à la gestion et à la protection des cours d’eau non navigables – entrée en vigueur le 1
er janvier 2020 –, le Gouvernement sera amené à se prononcer sur le classement des cours d’eau et à procéder à la révision de l’Atlas du réseau hydrographique. Le Gouvernement aura également la faculté de conférer un statut particulier de protection à certains éléments du patrimoine ‘bleu’. La mise en œuvre de ces habilitations légales doit débuter prochainement. Une mise à jour de la cartographie des cours d’eau jusqu’à leur source située en Région bruxelloise permettra de leur conférer un caractère officiel et impliquera un devoir de protection à leur égard.